Inventaire d'archives : Industrie ; Cabinet et services rattachés au Ministre ; Cabinet ; Conseiller technique (1981-1984)

Contenu :

INTRODUCTION
Le fonds ici inventorié regroupe les archives de trois conseillers techniques, Claude Dollé, Philippe Humbert et François Blanchard, qui se succédèrent au cabinet des ministres de l'Industrie Pierre Dreyfus, Jean-Pierre Chevènement et Laurent Fabius entre juin 1981 et juillet 1984. Ces dossiers ont été retrouvés par la Mission des Archives nationales auprès du Ministère de l'Industrie en octobre 1984, avec les autres dossiers du cabinet de Laurent Fabius. Ils représentaient une masse de 40 cartons DIMAB, réduits, après tri, à 34 cartons .
Les documents éliminés sont, soit des brochures de documentation ne présentant pas de lien direct avec les dossiers, soit - et c'est le plus souvent le cas - des doubles : ainsi, les rapports étaient souvent conservés en double ou triple exemplaire ; de même les notes de la D.I.M.M.E : le conseiller technique recevait directement une photocopie, l'original passant d'abord par le directeur de cabinet, qui l'expédiait ensuite assez souvent au conseiller : celui-ci conservait alors finalement deux exemplaires de la même note. C'est bien sûr l'original que nous avons conservé, chaque fois que nous l'avons
retrouvé
Les dossiers concernent les industries mécaniques, métallurgiques (particulièrement la sidérurgie) et électriques, les matières premières, l'industrie des matériels de transport, qui relevaient de la compétence des trois conseillers. Une partie de ces secteurs rejoignent les attributions de la D.I.M.M.E (Direction des industries mécaniques, métallurgiques et électriques), une des principales directions de la D.G.I .
La D.G.I (Direction générale de l'industrie) regroupait les directions suivantes : D.I.M.M.E, D.I.E.L.I (Direction des industries électroniques et de l'informatique), D.I.C.T.D (Direction des industries chimiques, textiles et diverses), D.Q.S.I (Direction de la qualité et de la sécurité industrielles) jusqu' au 9 décembre 1986.
Présentation des conseillers : Claude Dollé, Philippe Humbert, François Blanchard
Après l'élection de François Mitterand à la présidence de la République (10 mai 1981), le gouvernement formé par Pierre Mauroy nomma Pierre Joxe au ministère de l'Industrie. Le nouveau Ministre forma un cabinet de transition très réduit de quatre conseillers techniques. Un mois plus tard, Pierre Dreyfus remplaçait Pierre Joxe. Son cabinet était un peu plus étoffé : il comprenait sept conseillers techniques, dont Claude Dollé, chargé des industries mécaniques mécaniques et métallurgiques, des métaux non ferreux et des matières premières.
Né le 16 novembre 1930 à Brest, Claude Dollé, diplômé de l'Ecole des hautes études commerciales (H.E.C, promotion 1954), avait effectué toute sa carrière, d'abord à la société Stinox - il en fut successivement attaché de direction, directeur commercial et directeur général - avant de prendre la direction de la société Covepum. Il connaissait donc particulièrement bien les difficultés de la sidérurgie française, ce qui explique ses responsabilités au cabinet : le dossier sidérurgique fut en effet le principal qu'il eut à traiter. A ces responsabilités au cabinet de l'Industrie, il joignit d'ailleurs celles de délégué du gouvernement auprès des groupes Usinor et Sacilor. Aussi n'est-il pas étonnant qu'à l'issue de la nationalisation de Sacilor, en février 1982, Claude Dollé en ait été nommé Président-Directeur général.
Pour lui succéder, Pierre Dreyfus choisit Philippe Humbert. Ce lyonnais de 44 ans (né le 11 novembre 1938), ancien élève de l'Ecole nationale d'administration (promotion 1966), avait notamment été administrateur civil au Ministère des Transports, puis rapporteur général près la commission de vérification des entreprises publiques (en 1971), avant d'exercer des responsabilités à la régie Renault, de 1978 à 1982. Il était donc spécialiste des transports.
En juillet 1982, Pierre Dreyfus fut remplacé par Jean-Pierre Chevènement, qui réunit ainsi les ministères de l'Industrie et de la Recherche. Le cabinet de Pierre Dreyfus fut notablement étoffé : le nombre de conseillers techniques passa de sept à douze, auxquels il faut ajouter cinq chargés de mission. Mais Philippe Humbert, à l'E.N.A, avait été le camarade de promotion de Loïc Hennekine, directeur du cabinet du nouveau ministre (lequel appartenait à la promotion de l'E.N.A précédente) : il conserva ses attributions. Toutefois, dans l'intitulé de celles-ci, l'accent portait moins sur la sidérurgie et les secteurs de la D.I.M.M.E que sur les "entreprises nationales : politique générale, coordination et relations avec le secteur public".
La démission de Jean-Pierre Chevènement, en mai 1983, et son remplacement par Laurent Fabius, entraînèrent en revanche un réel changement de la politique du Ministère, manifesté d'abord par un renouvellement complet dans la composition du cabinet. Philippe Humbert quitta la rue de Grenelle pour prendre la direction d'Alcatel-Thomson. Il fut remplacé par François Blanchard.
Le nouveau conseiller était beaucoup plus jeune que son prédécesseur. Né à Amiens le 21 décembre 1949, ses études l'avaient mené à Sainte-Geneviève de Versailles, puis à Polytechnique, enfin à l'Ecole des Ponts-et-Chaussées. D'abord responsable des travaux autoroutiers à la direction départementale de l'Equipement de l'Essonne, puis chargé de mission à la direction de la construction du Ministère de l'Environnement, il fut ensuite chargé des financements des projets industriels d'Indosuez.
François Blanchard travailla au cabinet de Laurent Fabius jusqu'en juillet 1984. A cette date, Laurent Fabius fut nommé Premier Ministre : François Blanchard, comme plusieurs membres du cabinet de l'Industrie, suivit alors le nouveau chef du gouvernement à l'Hôtel Matignon. Il fut remplacé, dans le cabinet du nouveau ministre Edith Cresson, par Michel Sauzay.
Articulation
Si les dossiers des trois conseillers ont été reçus par les Archives au même moment, il convient en fait de distinguer deux fonds distincts :
- d'une part, les dossiers de Claude Dollé et Philippe Humbert, qui couvrent la période de juin 1981 à mai 1983 ;
- d'autre part, les dossiers de François Blanchard, de mai 1983 à juillet 1984.
Cette distinction - qui correspond à un changement de politique consécutif à la nomination de Laurent Fabius, et qui s'inscrit plus largement dans l'évolution de l'action du gouvernement de Pierre Mauroy - existait déjà matériellement dans les dossiers lors de leur réception. Elle devait bien sûr être respectée dans notre classement.
Mais, naturellement, on trouve, dans les dossiers de François Blanchard, des pièces émanant de ses prédécesseurs : contrairement aux grands dossiers (comme la sidérurgie), où la césure de mai 1983 et le changement de politique sont sensibles, certaines affaires mineures ont, en effet, été traitées sans solution de continuité par les trois conseillers. Il n'était bien sûr pas envisageable d'extraire ces pièces du "fonds Blanchard" pour les réintégrer dans les dossiers Dollé-Humbert. Une telle pratique, contraire au principe du respect des fonds, aurait contraint le chercheur, pour des affaires de faible volume, à recourir à deux articles différents. C'est la raison pour laquelle les dossiers de François Blanchard comprennent un nombre assez important de documents pour la période 1981 - 1983 .
De même, les archives de Michel Sauzay, le successeur de François Blanchard, conservent de nombreux articles émanant de Dollé, Humbert ou Blanchard. Toute recherche entreprise sur l'activité de ces trois conseillers devra donc se poursuivre dans le fonds Sauzay (conservé au CAC sous la cote 860483).
Nature des dossiers
Les dossiers conservés dans l'un et l'autre fonds sont principalement des dossiers d'entreprises, ainsi que des dossiers sectoriels pour les affaires importantes (sidérurgie, machine-outil, productique...). La plupart se rapportent aux secteurs relevant de la D.I.M.M.E : ils ont été classés dans l'ordre des différentes sous-directions de celle-ci .
Les sous-directions de la D.I.M.M.E sont les suivantes : Métallurgie ; industries mécaniques ; machines et équipements électriques ; machines et automatisme ; matériel de transport ; construction navale. Voir le sommaire, en page suivante.
Les dossiers comprennent principalement deux types de pièces :
- des notes de synthèse dactylographiées
Ces notes émanent ordinairement de la D.I.M.M.E. Les plus brèves comprennent deux à trois pages, mais on trouve aussi des études plus volumineuses, avec annexes et pièces justificatives. Cette documentation constitue de très loin l'essentiel des dossiers.
- de la correspondance
Mais certains documents, qu'on ne trouve pas systématiquement dans les dossiers, constituent souvent l'essentiel de l'intérêt du fonds : notes de travail manuscrites des différents conseillers, rapports officiels, brochures présentant l'activité des entreprises, pétitions, publications syndicales ou politiques.
Intérêt des dossiers
Les dossiers conservés sont donc d'abord informatifs : ils renseignent sur la situation de tel secteur, ou de telle entreprise. On saisit ainsi la manière dont travaillent les conseillers techniques : ils concentrent une masse d'informations, principalement envoyées par la D.I.M.M.E, dont le rôle est de fournir au Ministre les renseignements qui permettent de prendre des décisions. Ces éléments d'informations sur les secteurs industriels ne se retrouvent dans aucun autre fonds d'archives - sauf peut-être, en partie, celui de la D.I.M.M.E elle-même. En dépit d'inconvénients propres à ce genre de documents - une certaine redondance entre des notes ou des rapports proches chronologiquement, d'où une assez faible densité d'informations originales par rapport à la masse conservée -, ils constituent l'originalité et le principal intérêt du fonds des conseillers techniques.
Mais, si l'on conserve les informations qui ont alimenté la réflexion des conseillers, il est beaucoup plus malaisé d'appréhender leur rôle personnel. On ne peut guère analyser l'élaboration des décisions : on possède seulement, soit les informations ou les rapports préalables aux décisions, soit les coupures de presse ou la correspondance qui s'en font l'écho.
Il n'en demeure pas moins possible de suivre, à travers les archives, la politique industrielle des gouvernements de Pierre Mauroy. L'exemple de la sidérurgie est évidemment particulièrement significatif. Ce n'est pas ici le lieu de résumer la politique sidérurgique de 1981 à 1984. Pour les années 1981-1982, les grandes étapes en sont bien résumées dans une note manuscrite adressée par François Blanchard à Louis Schweitzer (directeur de cabinet de Laurent Fabius) (cart.13/4) : loi de nationalisation (sept. - oct. 1981), voyage du Président de la République en Lorraine (oct. 1981), rapport du Professeur Judet et concertation avec les syndicats (mars 1982), adoption par le Conseil des Ministres d'un plan de redressement (avril - juin 1982) suivi de la présentation des plans d'Usinor et de Sacilor (juin - sept. 1982), voyages du Premier Ministre dans le Nord, puis en Lorraine (déc. 1982 - janv. 1983). Il faudrait y ajouter le second plan de redressement préparé et mis en place en 1984. Toutes ces grandes étapes correspondent aux grandes articulations des dossiers consacrés à la sidérurgie.
En outre, les dossiers comprennent de très nombreux éléments se rapportant à l'histoire syndicale, et qui méritent d'être d'autant plus remarqués qu'ils ne sont ordinairement pas conservés dans d'autres fonds d'archives. Il s'agit non point tant de la correspondance du cabinet avec les syndicats - correspondance qui permet notamment de mesurer la prééminence de la C.G.T, en l'occurence la section métallurgie, qui intervient dans pratiquement tous les dossiers - que des brochures et tracts émanant des syndicats : signalons, à titre d'exemple, ceux que l'on retrouve dans les dossiers Mavilor (cart.7/1), Comsip (cart.12/1), International Harvester (cart.20/3) et Massey Ferguson (cart.8/4). Ces documents sont particulièrement fréquents à l'occasion des fermetures d'usines. L'histoire du syndicalisme tirera profit également des feuilles de présence émargées à l'occasion des réunions entre le cabinet et les représentants des syndicats. Il n'est pas de dossier important qui ne comprenne au moins une pièce de ce genre.
Signalons également de nombreuses pétitions, ainsi celles motivées par la fermeture de l'établissement Usinor de Neuves-Maisons : 6700 habitants ont signé pour le village de Mondeville, constituant un bel échantillon pour l'histoire de l'écriture (cart.22/3).
Les dossiers conservés intéressent encore l'histoire politique. Si les publications des partis sont peu nombreuses - on compte seulement deux études réalisées par le Parti socialiste (cart.4/3 et cart.29/2) -, la correspondance permet de mesurer l'évolution des mentalités des électeurs de la majorité gouvernementale : les espoirs suscités par la victoire de 1981 - exprimés parfois en termes lyriques - sont progressivement remplacés par les exigences des syndicats et militants proches du parti communiste, cependant que se fait jour l'inquiétude, puis la déception de certains sympathisants socialistes.
On ne saurait conclure cette liste, d'ailleurs non exhaustive, sans signaler l'intérêt présenté par ces documents pour l'histoire des entreprises. Le mode de classement retenu - classement par secteurs d'activité, cependant que les petits dossiers de correspondance sont regroupés par ordre alphabétique, tous secteurs confondus, pour les trois conseillers, à la fin du versement - souligne suffisamment cet intérêt pour qu'il ne semble pas nécessaire de s'y attarder. Ces dossiers renferment tous un échantillon varié des différents types de documents évoqués plus haut. Le fonds Blanchard est particulièrement riche : on remarquera particulièrement, outre les entreprises sidérurgiques, le dossier Creusot-Loire (cart. 18 et 19) et le dossier Renault (cart.28 et 29). D'autres dossiers, au titre pourtant prometteur, se révèlent en revanche assez décevants : ainsi pour la fermeture de l'usine S.K.F d'Ivry (cart.21/2), dont le parti communiste fit pourtant l'occasion d'une démonstration de force alors assez remarquée.
Tels qu'ils se présentent, avec leurs lacunes et leurs richesses, les fonds des conseillers Dollé, Humbert et Blanchard offrent donc d'intéressantes perspectives à la recherche historique : puisse le présent inventaire contribuer utilement à l'exploitation de leurs ressources.
Sommaire
Cabinets de Pierre Dreyfus, ministre de l'Industrie de 1981 à 1982, de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Recherche et de l'Industrie de juin 1982 à 1983 et de Laurent Fabius, ministre de l'Industrie et de la Recherche de 1983 à 1984. Art 1-30 : Dossiers de Claude Dolle, conseiller technique de 1981 à 1982, de Philippe Humbert, conseiller technique de 1982 à 1983 et de François Blanchard, conseiller technique de 1983 à 1984, chargés des industries mécaniques, métallurgiques, électriques, des matières premières et de l'industrie des matériels de transport, 1978-1984. Art 30-34 : Dossiers par entreprise (classement alphabétique), 1981-1984.

Cote :

19870344/1-19870344/34

Publication :

Archives nationales
1987

Informations sur le producteur :

Conseiller technique auprès du ministre de l'Industrie

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_014253

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