Inventaire d'archives : Culture ; Délégation aux arts plastiques ; Sous-direction de la formation, des productions artistiques et des achats ; Bureau...

Titre :

Culture ; Délégation aux arts plastiques ; Sous-direction de la formation, des productions artistiques et des achats ; Bureau achats (1910-1987)

Contenu :

A- INTRODUCTION ET HISTORIQUE DU SERVICE
Pour se repérer dans les différentes évolutions, se reporter aux annexes que j'ai établies à la fin de cette introduction (chronologie et organigrammes).
I- Les achats et commandes avant 1959 : définition
Le processus de la commande publique est complexe et évolutif et est nécessairement lié au fonctionnement interne des bureaux, à leurs modes de financement et à leur rattachement à tel ou tel service central. D'emblée, précisions que l'on entend les achats et commandes d'oeuvres d'art au sens d'achats et commandes à des artistes vivants, ce qui élimine une ambiguïté, celle de l'achat par les musées, par exemple, de tableaux de maîtres anciens ou décédés, notion sur laquelle on reviendra, lorsqu'il sera question des organismes officiels d'achat aujourd'hui.
Il est admis que de tous temps, l'Etat, de diverses manières et de façon plus ou moins dynamique, a eu un rôle à jouer en tant qu'acheteur d'oeuvres d'art à des artistes vivants, et ce, dans deux buts qui se complètent :
- le premier est de susciter la création sous toutes ses formes (peinture, sculpture, mobilier etc.). Les rois avaient leurs artistes "officiels", tout comme leurs poètes de cour. Ce mécénat royal, qui avait son pendant du côté des grands personnages de la cour, fut longtemps confiné à l'administration des bâtiments royaux et à la maison du roi. La Révolution a aussi eu son peintre quasi officiel dans la personne de David, et Geneviève Pesson, adjointe du chef de l'actuel bureau des achats et commandes d'oeuvres d'art, déclare même qu'il existait bien un bureau spécialisé dans ces fonctions, dès la Révolution . Les commandes faisaient vivre les artistes, et c'est cette double composante que l'on retrouve encore aujourd'hui, dans les attributions des différents bureaux de la sous-direction de la création artistique (bureau des achats et commandes, bureau de l'action sociale pour ne citer qu'eux).
Geneviève Pesson, , mémoire pour le D.E.S.S. d'organisation administrative, 30 septembre 1987, p. 12. L'Etat et ses oeuvres
- le second objectif est de meubler les résidences royales, puis de la Nation, grâce à ces commandes. Le garde meuble de la couronne ou autres dépôts d'oeuvres d'art de l'Etat, qui existent depuis la Révolution, sont destinés à stocker meubles, marbres et tableaux, en vue, soit d'une utilisation par le roi ou les fonctionnaires de l'administration centrale, selon les époques (Révolution, Empires, monarchies du XIX° siècle), soit d'une exposition dans les Musées nationaux où chaque citoyen a accès.
L'on voit donc très clairement qu'il existe d'entrée de jeu deux aspects de la commande publique, répartis tant bien que mal avant 1959 : l'achat sur pièce ou la commande sur projet, et la gestion dans des dépôts des achats et commandes. Les dépôts eux-mêmes sont de plusieurs sortes, selon la nature des oeuvres qu'ils renferment et leur destination. L'enceinte abritant les manufactures des Gobelins renferme des tapisseries, mais aussi des meubles du Mobilier national, installé là pour la première fois en 1943 puis définitivement en 1947 . Il existe un dépôt à Beauvais. Pour les marbres, il en exista un, près du Musée d'Orsay . Quant aux oeuvres d'art de premier ordre, elles sont principalement au dépôt des oeuvres d'art de l'Etat, encore aujourd'hui au 2 rue de la Manutention dans les sous-sol du palais de Tokyo. Ce dépôt conserve les registres originaux d'entrée et de sortie des oeuvres depuis 1875, date de la création du Conseil supérieur des beaux-arts, qui supervisait ce secteur.
J.O du 21 novembre 1943.
J.O des 25 mai 1947, 5 avril et 21 novembre 1949, et enfin du 18 mai 1950.
Geneviève Pesson, l'Etat et ses oeuvres, p. 45.
Aujourd'hui, le ministère de la Culture se charge d'acheter ou de commander des oeuvres, mais il n'en a pas été toujours ainsi, dans la mesure où ce ministère est jeune et ne date que de 1959. Avant cette date, le processus de la commande des oeuvres d'art a été bien analysé par Elisabeth Dunan dans l'introduction de son inventaire de la série F 21 des Archives nationales (de 1833 à 1936). L'on se bornera donc à rappeler sommairement les grands ministères de rattachement et les dates de ces rattachements , à partir de la situation des années 1930. De 1934 à la seconde guerre mondiale, le "bureau des travaux d'art, musées, expositions, du Mobilier national et des manufactures" est une administration énorme, rattachée à la Direction générale des Beaux arts du Ministère de l'Instruction publique, et son rôle englobe, comme son titre l'indique, toutes les opérations d'achat et de gestion des dépôts nationaux, d'organisation des expositions, d'aide sociale aux artistes, que ce soit pour les oeuvres d'art proprement dites (peintures et sculptures) ou les objets mobiliers (tapisseries, mobilier, objets de Sèvres).
à ce propos, cf. les annexes à cette introduction. Les organigrammes tentent de simplifier la genèse administrative du processus des achats et commandes.
Cette vision globalisante qui avait commencé à s'exprimer en 1878, puisque le Bureau s'appelait alors "Bureau des travaux d'art et des manufactures", a toujours eu beaucoup de succès dans l'administration française des beaux-arts, où l'on ne faisait pas clairement la différence, au sein d'un même bureau, entre le fait d'acheter un tableau, en commission d'achat (elles existent de façon :formelle depuis la fin du XIX siècle), ou dans les salons (c'est le rôle très souvent du Conseil supérieur des beaux-arts), de commander un objet d'art décoratif aux ouvriers des manufactures nationales, de faire décorer un édifice public, ou d'aider une veuve de sculpteur en difficulté. L'on verra que des améliorations seront apportées par Malraux lors de la création du ministère, améliorations sur lesquelles on vit toujours. e
De 1945 à 1957, le Ministère de l'Education nationale, via la Direction générale des arts et lettres et ses bureaux des travaux d'art et des manufactures, gère les achats et commandes. De 1957 à 1959, on assiste à une tutelle éphémère du Ministère de la jeunesse et des sports. Enfin, en 1959, est créé, à l'instigation de Malraux, le Ministère chargé des Affaires culturelles.
1.1 Le Service de la Création artistique, naissance en 1961
88 VIII
Avant 1959, Le bureau des travaux d'art, dirigé par Pierre Goutal sous l'égide du Directeur général des arts et lettres, Gaetan Picon, et son homologue pour les manufactures, avaient déjà toutes les attributions des futurs bureaux du Service de la création artistique : établissement des budgets, achats et commandes, gestion des dépôts d' oeuvres d'art de la nation, participation à la décoration des édifices publics (loi du 1%) , et aide sociale en faveur des artistes démunis.
c'est une loi de 1951 qui décida que dans chaque établissement public scolaire. 1% du budget serait consacré à la décoration. Aujourd'hui, cette procédure s'étend, grâce à certains accords avec les ministères de l'Environement (villes nouvelles) ou de la culture (pour ses propos réalisations).
En 1961 est crée le service de la création artistique, dont les commissions d'achats sont organisées de 1963 à 1965. Les deux bureaux des travaux d'art et des manufactures lui sont subordonnés et ne changent de nom, pour le premier, qu'en 1966, et pour le second, qu'avec la réforme de 1968. Bernard Anthonioz fédère les actions de ces deux bureaux.
1.2 Fonctionnement et attributions, gestion du Dépôt des oeuvres d'art de l'Etat, nécessité d'une réforme
88 V 11 113 et 126 (C.N.A.C.)
Le processus d'incitation à la création artistique devient de plus en plus compliqué, et surtout, l'on assiste à un développement croissant de deux domaines : celui de la décoration monumentale, pour les villes nouvelles, les grands établissements publics, les maisons de la culture des grandes villes de province, et celui de l'action sociale en faveur des artistes (aides, bourses, allocations, statut social, sécurité sociale etc.). Il était dès lors évident que le bureau des travaux d'art et celui des manufactures, aux tâches administratives nombreuses, devaient se restructurer et que l'on devait penser à répartir leurs attributions entre des bureaux bien distincts, aux noms différents, sous la houlette du chef du Service de la création artistique, Bernard Anthonioz. De 1968 à 1974, l'on a eu quatre bureaux définitivement organisés en décembre 1968, lors de la création de C.N.A.C. (Centre National d'Art Contemporain) et qui donnent une idée précise des attributions du service :
-  ; ce bureau, qui prend la suite de l'ancien bureau des manufactures, se voit confier des attributions nouvelles : il établit le budget, gère le personnel et les équipements matériels des différents dépôts. Son pouvoir, en matière de prêts et d'attributions se développe aussi, mais pour un certain type d'oeuvres seulement. En effet, depuis 1964, l'on fait une différence entre les oeuvres d'art. Certaines sont considérées comme de 1° ordre et vont au dépôt de la rue de la manutention ; elles sont destinées aux musées municipaux et nationaux, et parfois aux préfectures et mairies, et sont gérées par le bureau des achats et commandes. D'autres sont plus assimilées à du mobilier, à de l'art décoratif et sont alors entreposées au Mobilier national, avec les tapisseries et les meubles de l'Etat ; elles servent à meubler les ambassades et les ministères. Le bureau des affaires générales gère, par transfert administratif du bureau des achats et commandes, ces dépôts et attributions d'oeuvres d'art de second plan (peintures, sculptures, mobilier et céramique) du Mobilier national ou de la manufacture de Sèvres. Il est aussi chargé des relations du service avec les administrations du Mobilier national, des manufactures de Sèvres, des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. Il prépare les réunions de la Commission interministérielle du mobilier. C.A. 1 (création artistique 1) : bureau des affaires générales
- Réduit à son rôle, déjà assez compliqué, d'organisateur des séances des commissions d'achat et de gestionnaire du dépôt de la rue de la Manutention, ce bureau est l'héritier direct d'une des attributions principales du bureau des travaux d'art. Il a un rôle clé dans la création artistique, dans la mesure où il transfère, du dépôt principal des oeuvres d'art de l'Etat aux dépôts des manufactures nationales, des oeuvres achetées par lui mais qu'il ne gère plus car elles ne sont plus destinées aux musées. La commission de la création artistique a été crée de 1963 à 1965, et comporte des sections d'achat très distinctes, dont les noms suivent : C.A. 2 (création artistique 2) : bureau des achats et commandes
- 1° section : achats d'oeuvres d'art dans les salons
- 2° section : achats d'oeuvres d'art en dehors des grands salons
- 3° section : achats de cartons de tapisseries
- 4° section achats de prototypes de meubles et d'ensembles mobiliers
- 5° section : achats et commandes de cartons de vitraux
- 6° section : examen de projets de création artistique s'intégrant dans des constructions entreprises par les services publics, et notamment dans les constructions scolaires, universitaires et sportives.
- 7° section : achats et commandes de modèles de céramique.
La grande division entre achat lors des salons et achats en commission, reste de règle jusqu'en 1987.
Cette commission devient un comité en 1968-1969. Le bureau des achats et commandes voit ses attributions gonfler par l'adjonction d'un organisme acheteur spécifique, le C.N.A.C (Centre National d'Art Contemporain), qui fait des propositions d'achat, gère une association, "les amis du C.N.A.C" et organise des expositions itinérantes. Le départ du CNAC en 1976, dont les dossiers sont gérés par cette commission, provoque l'installation actuelle de tout le service de création artistique 11 rue Berryer, dans le 8° arrondissement. Les locaux de la rue Saint-Dominique sont laissés à d'autres directions du ministère. En résumé, tous les prêts pour exposition et tous les achats, toutes les expositions et la constitution d'une documentation sur les artistes sont gérées par le bureau des achats et commandes. Enfin, le bureau des achats et commandes attribue aussi les bourses de recherche.
- . Ce bureau reçoit les dossiers qu'il transmettra à la C.A.2 (6° section) C.A. 3 (création artistique 3) : bureau de la décoration des édifices publics
- C.A. 4 (création artistique 4) : bureau d'action sociale.
L'on voit donc très clairement que l'ancien bureau des travaux d'art, dans les années 1950-1960, exerçait toutes les attributions réunies de ces quatre bureaux, ce qui complique la réflexion pour le classement des archives, qui, lors du déménagement rue Berryer en 1969, ont été scindées et réparties entre les différents bureaux. L'on reviendra sur ce problème dans les deuxième partie, consacrée au classement.
1.1 Emancipation du C.N.A.C. en 1974-1975
Les quatre bureaux assurent une administration plus rationnelle de la création artistique, enfin perçue dans sa complexité. Mais le problème d'une politique dynamique d'achat d'artistes contemporains se pose toujours dans les années 1970, dans la mesure où de nombreuses critiques s'élèvent contre les choix des membres du comité d'achat. Un problème surtout est abordé, que révèle l'histoire de ces institutions : le comité d'achats achète à la fois pour les musées nationaux, et pour le centre Beaubourg. Le besoin se fait sentir alors de doter les galeries nationales d'art moderne de Beaubourg de crédits d'achat spécifiques, ce qui se réalise entre 1974 et 1975. Le C.N.A.C est : dissous en 1976 à l'ouverture du centre G.Pompitou.
1.2 Emancipation du Mobilier National en 1974 : atelier de recherche et de création
Dans les années 1970, les professionnels réagissent aussi contre les traditions pesantes des manufactures nationales. On cherche à relancer la créativité dans les domaines de la tapisserie contemporaine, du mobilier national, et surtout des objets de Sèvres, dont les productions répètent trop souvent des modèles de la fin du XVIII° siècle. Pour le Mobilier national, l'on crée donc en 1974 un atelier de recherche et de création, au sein de l'administration du Mobilier national, chargé d'exécuter des prototypes qui seront présentés en commission d'achat. De 1959 à 1976, le bureau des affaires générales gérait les dépôts du Mobilier national, et le bureau des achats et commandes assurait l'achat des prototypes et des cartons de tapisseries. En 1976, la rupture est consommée.
1.3 Bernard Anthonioz crée le F.N.A.C. (Fonds National d'Art Contemporain) en 1976
Le Centre Beaubourg ayant ses crédits propres, les manufactures n'étant plus du ressort des bureaux d'administration centrale de la création artistique, Bernard Anthonioz , chef du service de la création artistique, décide alors de créer un organisme d'achat spécifique, le Fonds National d'Art Contemporain, recentré sur les oeuvres d'art proprement dites (peintures, sculptures et photographies, en trois sections), et de tourner alors l'action du bureau des achats et commandes et du bureau des affaires générales vers le dépôt, l'attribution ou le prêt aux musées, et en particulier les musées de province Il mène une action active en vue de l'organisation d'expositions dans les maisons de la culture et autres espaces culturels .
avec J.P. Lecat
Geneviève Pesson, ., p. 43 op. cit
1.4 Aujourd'hui, les différents organismes acheteurs
Quatre organismes jouissent de crédits propres pour l'achat d'oeuvres d'art, au sens large.
-La Direction des musées de France achète des oeuvres d'artistes décédés, des époques les plus anciennes au XIX° siècle. Elle a un rôle conservatoire.
-Le Mobilier national et Sèvres achètent à des artistes vivants, leur permettent aussi de travailler dans leurs ateliers de recherche et de création, pour un projet donné, par un système de bourses d'études, et font fabriquer aussi par leurs ouvriers des modèles. Les oeuvres gérées par elles se trouvent dans leurs dépôts et servent à la décoration des résidences officielles, comme l'avait souligné la note du Directeur de cabinet de l'époque au bureau, le 3 février 1964 .
p. 139. Ibidem,
-Le F.N.A.C achète aux artistes vivants des peintures, des sculptures et de la photographie. Une certaine confusion existe d'ailleurs depuis longtemps entre incitation à la création et "commande sociale" à de jeunes artistes en difficulté ; c'est ce que souligne en effet le rapport récent de Dominique Bozo (décembre 1987) . Toutes ces oeuvres, entreposées rue de la Manutention, sont destinées aux musées de province ou aux autres institutions culturelles (associations, maisons de la culture, ambassades, hôtels ministériels).
Le rapport de Dominique Bozo est confidentiel. Cf. . interview de Dominique Bozo par Catherine Millet, dans , avril 1988, p. 11-17. L'Etat et l'art contemporain : le bilanArt press
- Beaubourg achète pour ses propres galeries depuis 1975.
L'organisation du service de la création artistique est aujourd'hui en plein renouvellement. La création artistique s'est simplifiée de 1981 à 1986, en trois bureaux : fusion des anciens bureaux C.A. 1 et C.A. 2 en bureau des achats et commandes ; l'ancien bureau de la décoration des édifices publics est devenu le bureau du 1% et de la commande publique, l'ancien bureau d'action sociale est devenu le bureau des ateliers d'artistes. En 1987, le bureau des achats et commandes et le bureau du 1% appartiennent à deux sous-directions différentes, dans la mesure où il n'existe plus de sous-direction de la création artistique : le premier relève de la sous-direction de la formation des productions artistiques et des achats, et le second de la sous-direction de la décentralisation et du soutien à la création.
I- Le fonds de la rue Saint-Dominique :
La rue Saint-Dominique abritait d'abord le siège de la Direction Générale des Arts et Lettres, du bureau des Travaux d'art et du bureau des manufactures de l'Etat. L'on a donc là des archives d'un type particulier, dont certaines précèdent la création du ministère. Ce sont des séries de dossiers de dépôts et attributions d'oeuvres d'art au sens strict, dans les départements. Cette première série, classée par département, comporte 9 cartons dont les pièces s'échelonnent entre les années 1950 et 1965. Pour cette période, le bureau des manufactures n'est représenté que par quelques cartons de commandes.
La rue Saint-Dominique abrite aussi le siège de la Création artistique.
L'on a ici une série différente de dossiers de dépôts et attributions, dans les ambassades et ministères, où sont mélangés les objets du Mobilier national, de la Manufacture de Sèvres, et les oeuvres d'arts de l'état. Cela s'explique aisément par le fait que le bureau des affaires générales et le bureau des achats et commandes géraient chacun séparément ces deux types d'oeuvres d'art, correspondant, comme on l'a dit plus haut, à deux types de dépôts et à deux types d'utilisation.
Parmi le fonds de la rue Saint-Dominique, nous avons reversé 16 cartons à la section contemporaine des Archives nationales. Il s'agissait de documents s'intégrant parfaitement aux fonds classés actuellement par Mme Irigoin (bureau des manufactures) et M. Pouëssel (bureau des travaux d'art). Les pièces de ces dossiers s'échelonnaient entre 1908 et 1968.
II- Le fonds de la rue Berryer : à partir de 1968-1969 jusqu'en 1984
1.1 Les bureaux classés : bureau des affaires générales, bureau des achats et commandes : problèmes de jonction avec les époques antérieures
L'ensemble des deux fonds, rue Saint-Dominique et rue Berryer comportant 90 cartons, avant tris, l'on a choisi de classer plus particulièrement les deux bureaux d'administration centrale du service de la création artistique, le bureau des affaires générales (dit C.A. 1) et le bureau des achats et commandes (dit C.A. 2), héritiers, le premier, du bureau des manufactures, et le second, du bureau des travaux d'art.
Ce fonds est beaucoup plus diversifié, peu homogène et comportant de nombreux dossiers d'époques parfois anciennes. En fait, on retrouve rue Berryer des documents qui ont été emportés par erreur, ou par ce que l'administration en avait encore besoin, ou s'y intéressait quelques épaves, dont un registre des artistes ayant obtenu la Légion d'Honneur entre 1900 et 1939, seront reversées à la section moderne des Archives nationales par exemple, ainsi que le dossier de Raoul Dufy sur "la fée électricité", fresque réalisée par l'artiste à l'occasion de l'Exposition internationale des arts et techniques de 1937. Mais d'autres dossiers, comme ceux du Musée National d'Art moderne depuis les années 1920, l'aménagement du Musée des arts africains et océaniens de 1934 à 1959 n'ont pas été versés par l'actuel bureau des achats et commandes
Ce qui est déroutant, c'est que l'on risque bien de se retrouver, dans les prochaines années, avec des versements aussi peu homogènes, comportant un gros noyau de gestion récente et des dossiers isolés de grands artistes ou de grandes institutions, anciens et du plus haut intérêt, qui devraient donc réintégrer les sections moderne ou contemporaine.
Le deuxième et dernier problème sur lequel on va revenir dans quelques instants est que le service ne verse que lorsqu'on lui retire certaines attributions. Par exemple, on a récupéré de la rue Berruyer ou de la rue Saint-Dominique des pelures d'arrêtés d'attributions d'oeuvres d'art, par ce que ce service conserve encore jusqu'à la fin de l'année prochaine au moins, des collections d'originaux. Il faut donc faire un examen critique de ces dossiers mentionnés ci-dessus, la série départementale et les série des ministères, pour savoir comment les trier et si on doit les éliminer à terme, puisque les arrêtés originaux, conservés depuis 1951 en classeurs homogènes, viendront. Le service a en revanche versé tous les arrêtés originaux concernant les Mobilier national, les oeuvres d'art qui en dépendent et les objets de Sèvres, puisque cette gestion n'est plus de son ressort. On voit donc combien l'intérêt est inégal selon les séries de documents, pelures ou originaux selon la nature des oeuvres, et combien la réflexion sur le tri en est rendue plus critique.
Dans l'état actuel des choses, quelles conclusions peut-on tirer de ces deux versements ?
III- PRINCIPES DE CLASSEMENT ET INTERET POUR LA RECHERCHE
Il importe avant tout de bien comprendre, après la continuité historique, la continuité archivistique des dossiers. Quand j'ai pu le faire, j'ai nettement distingué les dossiers qui remontent à la période des bureaux des travaux d'art et des manufactures, donc avant 1966-1968 le plus souvent, et ceux qui sont intitulés au nom des bureaux des affaires générales et des achats et commandes. Mais dans certains cas, comme dans les séries de dépôts dans les ambassades ou les ministères, il est impossible de le faire sans faire une coupure artificielle dans les dossiers. Que l'on ne s'étonne donc pas de trouver pour ce type de dossier sériel des dates extrêmes allant de 1945 à 1971. Je les ai classés dans le fonds du bureau des manufactures, même s'ils contiennent des pièces postérieures à 1969. Ces pièces sont très rares et les dossiers, dans leur ensemble, correspondent bien à la gestion du bureau des manufactures. Ils sont peut-être éliminables à terme puisque le service va verser l'année prochaine les arrêtés originaux de dépôt et d'attribution. Il ne contiennent que des doubles ou pelures, et les correspondances sont sans aucun intérêt. Il n'en va pas de même pour les dépôts et attributions de la série départementale, gérée elle, par le bureau des travaux d'art : les correspondances sont plus intéressantes.
Dès lors, si l'on tient compte des réformes administratives de 1966 à 1969, l'on peut établir le plan de classement suivant :
Bureau des travaux d'art :
- fonctionnement et comptabilité
- achats
- dépôts et attributions
- créations de musées
- marchés de décoration pour les villes et remplacement des statues
- commerce des oeuvres d'art
Bureau des manufactures :
- foctionnement
- commandes de cartons
- gestion des oeuvres transférées par le F.N.A.C, du mobilier et des objets de Sèvres destinés à l'ameublement des résidences ministérielles ou des ambassades
- prêts temporaires (Mobilier national et objets de Sèvres)
De ces deux bureaux, après versement des 16 DIMAB à la section contemporaine, il resta 33 cartons à traiter.
Bureau des affaires générales :
- budgets du service
- en liaison avec les administrations concernées, gestion des dépôts, attributions des oeuvres transférées du F.N.A.C au Mobilier national (ministères et ambassades)
Bureau des achats et commandes :
- courrier
- comptabilité du service et gestion du personnel
- commissions d'achats
- oeuvres d'art
- cartons de tapisseries
- prototypes de mobilier
- achats dans les salons
- prêts pour expositions
- créations d'instances culturelles
- dommages de guerre et monuments commémoratifs
- bourses aux artistes (à la fin du classement, car cela s'apparente à un domaine d'action beaucoup plus "social", et il reste à traiter, parmi les 20 DIMAB que j'ai pré-inventoriés, une grande partie d'articles consacrés aux aides accordées aux artistes)
- restent à traiter deux attributions : aide à la première exposition et décorations d'artistes (Légion d'honneur, décoration des arts et lettres etc.)
Intérêt historique
On passera très vite sur cet aspect, puisqu'il ressort naturellement de cette introduction en elle-même historique. L'on a esquissé ici une histoire des structures, qui reste bien sûr à approfondir, et certaines recherches sur le fonctionnement institutionnel de la commande ne peuvent qu'éclaircir ce qui vient d'être dit pour le classement.
Il est bien évident qu'un tel fonds permet aussi d'étudier la stratégie de la commande publique, son déroulement, ses choix, son dynamisme ou sa passivité, selon les périodes. Elle permet également de replacer dans la longue durée des continuités que chaque gouvernement a toujours voulu démontrer comme étant le fait de sa propre création.
Les renseignements sur tel ou tel artiste sont plus difficiles à classer, et se trouvent plutôt dans le fonds du bureau d'action sociale, que j'ai recueilli mais pas classé.
L'iconographie est moins riche que pour le bureau du 1% aujourd'hui en cours de classement, mais elle existe
La correspondance enfin et les notes de préparation des réunions ou de réorganisation du travail sont du plus haut intérêt, en particulier pour l'étude de la coopération entre conservateurs de musées de province et institutions parisiennes en matière de critique d'art.
IV- LES SOURCES COMPLEMENTAIRES
Certaines sources complémentaires, dans les différentes sections des archives nationales, peuvent être consultées avec profit.
- Archives nationales, section moderne : F21*3988, 4027-4029, 4031, 4129-4155B, 4156-4346, 4347-4416, 4715-4890 (bureau des travaux d'art, an VIII-1945). On doit y ajouter aussi le fonds du bureau des manufactures, de 1870 à 1959, en cours de classement
- Archives nationales, section contemporaine, versement de décembre 1986 : acquisitions et attributions d'oeuvres d'art de 1896 à 1960 : registre
- Archives nationales, section contemporaine : les deux fonds des bureaux des travaux d'art (1931-1960) et des manufactures sont en cours de classement dans la série F21
- Archives nationales, Fontainebleau :
- versements n° 77 1627, 1628, 1629 et 1630 : Direction générale des lettres de 1943 à 1969
- versement n° 86 0306 : Sous-direction de la création artistique, bureau des achats et commandes (1882-1980)
CONCLUSION : CE QU'IL RESTE A CLASSER
Je ma trouvai devant un ensemble de 95 cartons (33 de la rue Saint-dominique, 62 de la rue Berryer). Après le tri et les éliminations (environ une dizaine de cartons constitués de doubles comptables que l'on retrouve au net dans les registres, brouillons sans intérêts, doubles de procès-verbaux de réunions etc.), 59 DIMAB ont été classés et cotés. 20 restent à voir, 3 à verser de nouveau aux Archives nationales (série F21). L'on n'a pas traité tout ce qui relève des attributions sociales (bureau d'action sociale), dont certaines pourtant, à la limite entre la commande officielle et l'aide, comme l'aide à la première exposition crée en 1976, firent les beaux jours du bureau des achats et commandes, mais c'est par ce que le temps nous a manqué. En résumé, et en prévision des futurs versements du bureau des achats et commandes (notamment 60 cartons DIMAB de dossiers individuels d'artistes ayant bénéficié d'allocations du bureau d'action sociale), voici les cartons à traiter.
- aide à la première exposition : cartons 36-41, 45 et 53 (divers), du versement de la rue Berryer
- mélanges carton 46 et 62
- subventions aux associations et artistes en difficulté : carton 49
- décorations et distinctions données aux artistes : carton 44, 54-60
Ce sont des dossiers très sériels et peu difficiles à traiter. Dans le cas de l'aide à la première exposition et des décorations, le classement originel est très bon.
Sommaire
Art 1-19 : Bureau des travaux d’art : Fonctionnement, achats d’œuvres d’art, attributions et dépôts d’œuvres d’art dans les départements, 1910-1969. Art 19 : Commerce desoeuvres d’art, application du décret-loi 09/09/1939 sur autorisation d’ouvrir une boutique, 1942-66. Art 20-36 : Bureau des manufactures : Fonctionnement, achats et commandes de cartons de tapisseries, attributions et dépôts de mobilier et d’œuvres d’art du mobilier national et d’objets de la manufacture de Sèvres dans les ministères, établissements publics, ambassades, associations ; prêts temporaires du mobilier national et Sèvres en France et à l’étranger, 1946-1973. Art 37-39 : Bureau des affaires générales : Budget, gestion desoeuvres du mobilier national et sèvres, 1967-1977. Art 40-76 : Bureau des achats et commandes. Art 40-49 : Minutiers, courrier départ et arrivée, 1960-83. Art 50-54 : Comptabilité, 1961-82. Art 55-61. Achats et commandes d’œuvres d’art et de mobilier, commission d’achats, comité consultatif création. Artistique, 1962-87. Art 62-66 : Expositions, prêts d’œuvres d’art ; dommages de guerre, bourses aux. Artistes, 1955-82. Art 67-69. Aide à la première exposition : Généralités, commission consultative d’agrément d’aide à la 1ère exposition, 1971-87. Art 70-74 : Décoration des. Artistes et personnalités au titre de la création. Artistique, 1957-78. Art 75. Allocations. Artistiques, par. Artiste, 1970-82. Art 75-76 : Commerce desoeuvres d’art, fonds régionaux d’acquisition d’art contemporain, prix et concours. Artistiques, 1910-79

Cote :

19880465/1-19880465/76

Publication :

Archives nationales
1988

Informations sur le producteur :

Bureau des achats (délégation aux arts plastiques) (1986-1989)
Anthonioz, Bernard (1921-1994)
France. Bureau des Travaux d'art (1882-1965)
France. Bureau du Mobilier national et des Manufactures nationales (1871-1967)

Description :

Mise en forme :
Classement chronologique, nominatif, par commune, par département, par établissement, par pays

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_015068

Archives nationales

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