Les documents traités dans cet instrument de recherche proviennent de six versements effectués en 1993 par la sous-direction " Systèmes et métiers " de la Direction du courrier, au moment du déménagement du siège de La Poste de l'avenue de Ségur (Paris 7 ) à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). e

Les dossiers versés, relatifs principalement à l'automatisation des centres de tri, couvrent une période qui s'étend de 1948 à 1994. Ils retracent l'implantation et la modernisation des centres de tri sur le territoire français, tout en s'intéressant plus généralement à l'organisation du traitement du courrier et au suivi de l'équipement électronique et mécanique utilisé.

La sous-direction " Systèmes et métiers " n'apparaît dans l'organigramme de La Poste que de 1991 à 1993. Les missions de cette sous-direction sont alors très éparses. Sa compétence s'applique principalement à la gestion et à l'évolution des ressources des centres de traitement du courrier et en particulier à leur informatisation, activité qui concerne aussi les bureaux de poste. Cette sous-direction se compose de trois divisions : la division " Organisation ressources " compétente pour le plan d'équipement, l'organisation industrielle et les ressources humaines, la division " Prospective " assurant une réflexion stratégique sur le domaine courrier et sur les besoins d'équipement et la division " Informatique ", responsable du schéma directeur informatique courrier, du budget et du suivi des projets. Les documents ont été versés par le département " Plan d'automatisation du courrier ", rattaché à la division " Informatique ", par les deux premières divisions et par le sous-directeur, M. Denis Waxweiler lui-même. Ainsi en adéquation avec les missions de la sous-direction, le fonds décrit comporte des documents concernant une grande diversité d'activités du domaine courrier.

Ces versements apportent des informations précieuses sur la volonté de mettre au point une politique de traitement automatique du courrier efficace. En effet, les simulations et les essais réalisés grâce à des techniques élaborées, comme les programmes Sachem et Scarlett ou encore les systèmes-experts, soulignent de hautes ambitions de modernisation. Cette volonté de moderniser le traitement du courrier se traduit également par la création de groupes de travail au niveau national (groupe de travail Jaouen) mais aussi au niveau international (groupe de travail PO/GT1).

Les versements contiennent également des dossiers relatifs à l'installation et à l'automatisation de chaque centre de tri ainsi qu'à la mise en place de sous-réseaux conteneurisés sur le territoire. On note également la présence des budgets généraux et régionaux pour les années 1983 à 1992 et celle de très nombreuses études techniques concernant les matériels de tri, de transbordement et de maintenance et la mise en œuvre du plan informatique. De plus, certains documents permettent d'obtenir des informations sur les conditions de travail, principalement dans les centres de tri. Enfin, le fonds comporte de nombreuses photographies se rapportant surtout aux machines de tri, et de nombreux plans relatifs en particulier aux centres de traitement du courrier.

La complexité des termes techniques employés et le nombre important de sigles utilisés dans les dossiers constituant les versements ont conduit à l'adjonction d'un glossaire et d'une table des sigles en annexe du répertoire numérique détaillé.

La Direction des services du courrier, appelée Direction des services postaux jusqu'en 1987, a pour mission de définir la politique de développement des prestations relatives aux objets de correspondance. Elle élabore la stratégie de La Poste dans le domaine du courrier et assure le développement et la promotion de la gamme des produits postaux, tout en veillant à la qualité des prestations fournies.

Elle a aussi sous sa responsabilité l'organisation et la coordination des chaînes d'acheminement et de distribution du courrier. Elle définit les installations, les matériels nécessaires et leurs conditions d'exploitation. Ce champ de compétence recouvre des domaines multiples, tels que la gestion et l'organisation des centres de tri, les conditions et méthodes de travail, la coordination des moyens mis en œuvre pour le transport de surface ou aérien du courrier.

Le directeur du courrier est aussi chargé de superviser le développement des applications informatiques dans son domaine d'activité. Il doit également veiller à la rentabilité du domaine courrier, dont la santé financière est vitale pour La Poste. Les tarifs des services postaux sont fixés sous sa responsabilité. Les entreprises de vente par correspondance et les groupes de presse, dépendant étroitement des services postaux pour leur diffusion, bénéficient de tarifs spéciaux.

En 1988, La Poste bénéficie encore d'un monopole pour la distribution des objets de correspondance, de la publicité adressée et des documents jusqu'à 1 kg. Les autres prestations courrier sont soumises à la concurrence (colis, publicité non adressée, journaux). Cette concurrence, ajoutée au nombre grandissant d'entreprises privées qui contournent le monopole, ont conduit La Poste à développer sa politique commerciale et à élargir la gamme des prestations offertes. Depuis le 1 janvier 2003, La Poste n'a plus le monopole que sur les plis inférieurs à 100 g, ce qui correspond à une ouverture progressive mais régulière du marché. e

La collaboration et le dialogue avec les postes étrangères sont, enfin, des moyens de s'informer sur la situation postale d'autres pays, de lancer des axes de réflexion concernant l'avenir et de s'unir dans des projets communs de développement des échanges internationaux.

La Poste assure le dépôt, l'acheminement et la distribution du courrier. Celui-ci est composé d'objets, de formes, de poids et de traitements différents. Les dépôts sont collectés dans des contenants divers (sacs, caissettes, bacs) et regroupés dans des bureaux de poste ou des centres de tri. Dans ces établissements, des tris successifs sont effectués pour déterminer l'acheminement et la distribution, qui est ensuite effectuée par plus 72 000 tournées de facteurs.

Dans ce processus, les centres de tri constituent le dispositif central. Ces établissements sont chargés d'assurer la gestion des machines à affranchir, le conseil à la clientèle, le dépôt et le tri du courrier ainsi que la préparation des livraisons aux destinataires comme les bureaux distributeurs. Les caractéristiques principales d'un centre tiennent dans ses capacités de stockage, dans sa qualité et ses performances de tri et dans la quantité et le type d'objets qu'il traite (paquets, lettres).

Durant les décennies 1970 à 1980, on assiste à un certain nombre d'évolutions du marché du courrier et du contexte technique, auxquelles s'adapte le réseau des centres de tri. Le nombre de liaisons conteneurisées augmentent complexifiant la gestion des contenants, la part des dépôts des clients importants ne cesse de croître et les moyens techniques deviennent de plus en plus sophistiqués permettant une automatisation de plus en plus importante. La localisation de certains centres est modifiée au profit de plates-formes routières, ferroviaires ou aériennes plus fonctionnelles.

Pour le traitement du courrier, l'évolution a été assez lente jusqu'au début des années 1960, le tri manuel et les modes de transport et de manutention traditionnels se maintenant. 1969 marque un tournant décisif avec l'instauration du plan d'automatisation générale et la création du code postal pour l'acheminement du courrier, destinés à faire face à l'accroissement continu du trafic.

Ensuite, le premier centre de tri expérimental voit le jour en 1973, ainsi que le plan d'automatisation. En 1984, est lancé le plan pour la mécanisation du tri-distribution par tournées. Celui-ci repose sur le principe de l'indexation préalable à partir d'un code qui détermine le point de distribution et se traduit par des bâtonnets fluorescents apposés par les lecteurs optiques. Les machines de tri utilisent ces bâtonnets et effectuent le tri d'arrivée, allégeant considérablement les travaux préparatoires de la distribution.

Enfin, dès le début des années 1980, La Poste s'est efforcée de s'adapter au marché des produits télématiques et vidéomatiques en introduisant dans sa gamme commerciale le courrier électronique, d'abord sous sa forme de télécopie avec Postéclair, puis avec les techniques de télécourrier et de téléimpression.

Cette profonde transformation commence à peine en 1975 avec la mise en service des trois premiers centres de tri automatiques (CTA) de manière quasi " artisanale ". Pour traiter quelques 11 à 12 milliards d'objets par an, La Poste avait jusqu'alors recours à des centres manuels anciens ou sur des recettes principales " poussiéreuses " et inadaptées. C'est l'époque où La Poste prend conscience de la nécessité d'accélérer le processus d'évolution pour faire face à l'environnement social et à la croissance du trafic qui se dessine et qui va conduire aux 19,3 milliards d'objets acheminés en 1989. Elle se lance dans la modernisation des procédés d'acheminement et passe au stade industriel.

Ce plan a pour objectifs principaux de maintenir la qualité de service et d'améliorer les conditions de travail. Il s'agit d'apporter un cadre rénové et moderne, avec les surfaces indispensables et d'atténuer la pénibilité des tâches de tri et de manutention. Ces transformations ont été encore alourdies par l'extension de l'automatisation à tous les départements, par l'indexation dans les bureaux de poste, par les réorganisations et les modifications des heures de levée, par la conteneurisation des sous-réseaux et par la mécanisation d'autres tâches pénibles comme le redressage, l'ouverture des sacs et l'enliassage.

La Poste a pratiquement rebâti et transformé son parc immobilier en ce domaine, et pendant dix ans, plus de 60 % des crédits bâtiments de La Poste ont été consacrés aux centres de tri. Ce qui a permis de construire 63 centres de tri, d'en agrandir 23 et d'en rénover ou aménager 18. Ces travaux ont considérablement accru et modifié l'espace de travail, l'environnement des chantiers et leur fonctionnalité. En 1990, on compte donc 88 centres de tri automatisés lettres et 11 centres de tri paquets, ce qui permet de mécaniser plus de 66 % du courrier mécanisable.

L'automatisation a touché, dans une moindre mesure, la manutention, avec le développement de la boulisterie automatique et des échanges conteneurisés. La productivité du travail qui a progressé en moyenne de 3 % par an, a profité surtout au secteur du tri lui permettant d'absorber les avancées sociales intervenues au cours de ces quinze années, telles que la diminution de la durée de travail et l'augmentation des congés payés.

En revanche, les métiers existants n'avaient jusqu'alors pas été suffisamment pris en considération et l'automatisation du tri n'avait pas été accompagnée d'évolution marquée des fonctions, au tri et surtout à la manutention, où l'on avait conservé la spécialisation des grades et les rigidités qui en découlent. Un changement était donc nécessaire dans le cadre de la réforme des classifications mise en place lors de la réforme du statut de La Poste, en 1991. Cette évolution constituait une des conditions de l'implication du personnel dans les nouveaux plans d'automatisation et de développement en apportant des gages de la volonté de La Poste de donner un avenir aux métiers du courrier.

Le nouveau plan d'automatisation lancé en 1990 prévoit un investissement d'environ 1,4 milliards de francs en machines de tri (lecteurs de codes et d'adresses pour les lettres de petit format, trieuse de paquets et d'objets plats) et en conteneurisation. Les nouveaux matériels doivent améliorer notablement les conditions de travail des agents. Notamment, l'extension de l'exploitation conteneurisée doit faciliter les manipulations des manutentionnaires et permettre un écoulement plus harmonieux dans le temps de travail et donc une régulation des rythmes de vacation.

La nouvelle trieuse d'objets plats (TOP) est conçue pour disposer d'une évacuation et d'un remplacement automatique des bacs en sortie de machine, ce qui permet encore d'alléger la manutention et contribue à la diminution spectaculaire du nombre des casiers de tri dans les centres.

La mise en place des matériels du PAC oblige La Poste à requérir des exploitants une plus grande technicité : en effet, bien faire fonctionner les machines pour en obtenir les rendements optimaux demande une formation qualifiée. Cette nouvelle progression vers la gestion industrielle du courrier doit s'accompagner des gains de productivité rendus possibles par l'automatisation, ce qui fait apparaître des besoins supplémentaires en personnels mieux qualifiés. Ainsi, bien que la courbe de croissance des emplois ne suive pas celle de l'accroissement du trafic, grâce à l'automatisation, il est possible d'absorber le trafic supplémentaire avec une productivité optimisée. D'autre part, la structure des emplois est modifiée au profit de postes plus qualifiés.

Une première prise de conscience est intervenue en 1988, date de publication d'un premier document d'orientation de l'informatique du courrier et de la création d'une direction chargée de développer les applications informatiques, la Direction des applications informatiques du courrier (DAIC). Mais jusqu'en 1992, les métiers du courrier ont relativement peu profité du développement de l'informatique.

Le comité des projets de La Poste a alors validé en phase d'opportunité un nouveau schéma directeur informatique du courrier dont l'objectif majeur est d'intégrer de manière progressive l'informatique aux processus de traitement du courrier et de tendre vers une approche plus industrielle.

Il s'agit de renforcer la compétitivité en associant chaque fois que possible un flux d'information à une opération physique de traitement du courrier, donc de réaliser un suivi des flux et non un suivi individuel des objets à l'étude uniquement pour des catégories particulières : les paquets par exemple.

Le plan comporte trois domaines de réalisation principaux : Commercial, Production, Transport.

Dans le domaine commercial, les projets sont orientés vers la mise en place d'une facturation homogène des produits courrier, la mise en place d'une comptabilité d'entreprise, le développement d'outils de contrôle et de pilotage et le renforcement de la position de La Poste par l'amélioration des services proposés.

Dans le domaine de la production, le principal objectif est de donner la possibilité aux établissements de traitement du courrier de maîtriser leur production en adaptant au mieux leurs moyens au trafic. Une gestion de production assistée par ordinateur est mise en place dans les établissements les plus automatisés.

L'objectif de l'informatique du domaine transport est d'optimiser le réseau de transport pour obtenir un niveau de service élevé à moindre coût. Grâce à des outils de simulation électroniques, les capacités de transport sont anticipées en fonction des volumes.

L'architecture proposée pour le plan informatique du courrier est à deux niveaux et repose sur le principe client-serveur. Le niveau national utilise la puissance de calcul des centres de traitement informatiques de La Poste. Le niveau local repose sur des réseaux implantés dans les centres de tri (GIPSI), les directions départementales (ISAD), les bureaux de poste (IBP). Le réseau multi-services de La Poste (MUSE) est utilisé pour la transmission des données.

Le plan se déploie progressivement sur une durée de cinq ans. Les investissements en matériel et logiciel ont été estimés dans une première approche à 382 millions de francs sur cette période. Le poste de responsable du plan informatique courrier est rattaché au sous-directeur des systèmes et des métiers, promoteur du plan, qui exerce sa mission pour le compte de l'ensemble de l'équipe de direction du courrier dans le cadre de la méthode de conduite de projet. Le plan informatique courrier (PIC) a été présenté au comité des projets de La Poste en avril 1992.

A l'origine, le fonds était composé de 122 cartons " Dimab ". Après traitement, il ne reste que 84 cartons soit 28 mètres linéaires. Les éliminations ont porté essentiellement sur des doubles, des dossiers préparatoires et des documents sans intérêt historique. Une partie de la documentation a été extraite pour être intégrée à celle conservée par le Service national des archives (SNA) de La Poste.