Les photographies de cet ensemble représentent l'effort de construction scolaire consenti par le ministère de l'Éducation nationale durant les Trente glorieuses pour faire face à l'accroissement de la population scolaire, phénomène qui a pu être qualifié d'explosion ou de massification scolaire.

En effet, la pression démographique du baby-boom (dès la fin de la Seconde guerre mondiale), les progrès naturels de l'éducation amenant plus d'écoliers dans les classes supérieures, et enfin la durée de l'instruction obligatoire allongée de 14 à 16 ans ont contraint les pouvoirs publics à augmenter les capacités d'accueil des élèves.

Compte tenu des enjeux, le ministère s'est doté dès 1956 d'une direction de l'Équipement scolaire, universitaire et sportif (DESUS). Cette dernière évoluera au sein du ministère, sous d'autres appellations, jusqu'à disparaître en 1986 conjointement au transfert de la compétence des collèges aux départements et des lycées aux régions.

L'atteinte d'objectifs d'équipement ambitieux dans le plus court délai possible, et la nécessité de maîtriser les coûts ont conduit à l'industrialisation des constructions en particulier par un recours accru à la préfabrication. La standardisation, qui était déjà largement en usage avant cette période d'après-guerre, s'est intensifié au travers de plans-types ou de trames à reproduire en fonction de l'effectif-cible d'élèves.

Avec ses bâtiments en forme de parallélépipède rectangle sur quatre niveaux et les préaux aménagés par évidement du rez-de-chaussée, le lycée mixte de Poitiers (devenu lycée « Camille Guérin » ; articles 17 à 24) est assez représentatif des standards du milieu des années 1960. À quelques détails près (nombre de niveaux, toiture), les bâtiments de la cité technique Édouard Branly à Châtellerault (articles 1 à 11) semble bien présenter les mêmes caractéristiques. Des ressemblances peuvent également être recherchées sur les vues du lycée de filles « Marcelin Berthelot » de Châtellerault (articles 12 à 16) qui a été implanté sur l'emplacement de l'ancien couvent des Cordeliers.

Mais cette recherche d'empreinte de la standardisation trouve ses limites lorsque l'on aborde les vues des équipements du Centre régional d'éducation physique de Vouneuil-sous-Biard (appelé également « CREPS de Boivre » ; articles 25 à 34), et ce en toute logique de par la spécificité de l'enseignement qui y est dispensé.

Autre innovation de l'après-guerre bien perceptible sur les photos de cet ensemble : la mise en œuvre du 1% artistique. Cette obligation créée en 1951 n'était alors appliquée qu'aux constructions d'établissements scolaires. Ce n'est que dans les années 1970 qu'elle a été étendue aux constructions dépendant d'autres ministères.