Le fonds d'archives de Georges Godebert est constitué des archives écrites produites par Georges Godebert dans le cadre de ses activités à la Radiodiffusion. Il représente 7 mètres linéaires (21 cartons Dimab) et couvre quarante ans d'histoire de la Radiodiffusion (1948-1995), de la RDF à Radio France. A la mort de Georges Godebert en 1997, l'ensemble de ses archives se trouvait à son domicile. Connaissant leur importance pour l'histoire de la Radiodiffusion, Madame Bidault van Tongeren, responsable du Service d'Archives écrites de Radio France, en a organisé le rapatriement à Radio France, en septembre 1998, avec le concours de Madame Godebert.

Les dossiers de Georges Godebert ont fait l'objet, au cours de leur classement, de tri interne et d'éliminations. Les documents en double ont été éliminés. Les brochures et les publications en série sur la Radiodiffusion ont été intégrées dans les collections du Service d'Archives écrites. Les documents d'ordre privé, n'émanant pas des activités professionnelles de Georges Godebert, ont été restitués à Madame Godebert.

Après classement et inventaire, le fonds Godebert a été versé aux Archives nationales (Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau). En vertu de l'article 6 de la loi du 3 janvier 1979 sur les archives, applicable aux organismes de droit privé chargés d'une mission de service public tels que Radio France, les archives de Georges Godebert sont librement communicables après un délai de 30 ans. Avant l'expiration de ce délai, des autorisations de consultation du fonds peuvent être accordées en dérogation.

Ce versement d'archives est un témoignage fidèle et plutôt représentatif de la carrière de Georges Godebert à la Radiodiffusion. D'abord radiotélégraphiste de l'Aéronavale aux Antilles en 1940, Georges Godebert entre en qualité de speaker à Radio Guadeloupe en 1943. Sous le pseudonyme d'"Ami Georges", il réorganise les programmes et constitue une œuvre radiophonique importante. Il est nommé directeur artistique de Radio Guadeloupe en 1947. De retour en métropole, Georges Godebert participe au premier concours des élèves réalisateurs organisé en 1948 par la RDF. A 29 ans, il sort major de sa promotion et se consacre à sa fonction de réalisateur dès 1949, sous la direction artistique de Paul Gilson.

A partir de 1958, Georges Godebert s'intéresse à l'Afrique. Il entreprend la réalisation de la série Le Théâtre noir qui dénonce, à travers les oeuvres d'écrivains noirs, le racisme et l'apartheid. Cela lui permet de collaborer avec des comédiens africains et antillais travaillant à Paris pour Radio France Internationale. Des textes issus du concours théâtral inter-africain sont mis en ondes.

Dans son milieu professionnel, Georges Godebert était connu pour son esprit créatif, sa finesse d'analyse et son sens aigu du détail. En 1978, il reçoit le Prix Italia pour sa réalisation de A cœur ouvert, œuvre de Janos Komives.

Trois grands aspects des activités professionnelles de Georges Godebert sont abordés dans le fonds traité : ses créations et ses recherches radiophoniques, son intérêt pour l'enseignement de la radiodiffusion et son engagement dans la vie professionnelle.

Les créations radiophoniques de Georges Godebert représentent une part importante du fonds et sont regroupées sous la forme de dossiers d'émissions. Une émission est un élément dans un programme de radiodiffusion. On distingue les émissions unitaires des émissions en série. L'émission unitaire est un élément isolé dans une programmation journalière en fonction de l'audience et de l'actualité. L'émission en série est un ensemble d'émissions rassemblées sous le titre de la série.

Faire une émission, c'est produire ou réaliser cet élément. Le producteur amène l'idée d'une émission et son rôle s'arrête là où commence celui du réalisateur. Le réalisateur, appelé aussi metteur en ondes, est l'âme de l'émission. Il fait le lien entre la technique radiophonique et l'auteur ou le producteur qui apportent le texte ou l'idée. L'adaptateur, quant à lui, adapte et recrée pour l'auditeur un texte théâtral ou littéraire.

Les dossiers d'émissions sont classés par ordre alphabétique et répertoriés par genre radiophonique : les œuvres de fiction comprenant les dramatiques et les feuilletons, les émissions culturelles, les émissions de divertissement et de variétés ou encore les coordinations artistiques.

Dès le début de la Radiodiffusion, la fiction tient une place prédominante dans les programmes radiophoniques. Les œuvres de fiction sont un genre à part entière s'inspirant du répertoire théâtral (classiques grecs et français), des textes littéraires (romans et nouvelles) des XIXe et XXe siècles. Dans les années 1950 et 1960, c'est l'âge d'or de la fiction.

Les dramatiques sont des œuvres théâtrales et littéraires ayant fait l'objet d'une adaptation leur conférant un caractère d'œuvre radiophonique. Les œuvres originales créées spécialement pour la radiodiffusion sont également considérées comme des dramatiques.

Œuvres de fiction, les feuilletons se distinguent toutefois des dramatiques, par des épisodes et des rebondissements multiples. Ils s'assurent ainsi la fidélité des auditeurs. Les feuilletons sont encore rares dans les années 1950, malgré quelques exceptions allant de la chronique familiale aux aventures burlesques, en passant par les récits policiers. Ils sont à leur apogée au milieu des années soixante.

Les émissions culturelles sont conçues comme un documentaire ou une émission-débat avec la participation d'intervenants autour d'un sujet défini. Elles sont répertoriées par thème : histoire et société, littérature, poésie, musique, hommages.

Les émissions de divertissement et de variétés, par leur humour et leur animation musicale, ont pour objectif de distraire les auditeurs. Georges Godebert devient le collaborateur attitré des émissions musicales de Mireille, avec qui il met au point une première série de cours sur la chanson au Centre d'Etudes Radiophoniques, Le Petit Conservatoire de la chanson.

Non seulement réalisateur mais aussi producteur-coordonnateur, Georges Godebert est chargé de coordinations artistiques. Ainsi, il élabore des semaines et des quinzaines thématiques spéciales (la Quinzaine culturelle africaine et la Semaine culturelle roumaine), diffusées notamment sur France Culture. Le producteur-coordonnateur dirige l'organisation d'une tranche d'antenne, passe commande à des producteurs, invente et organise les sujets et s'assure de la diffusion de l'émission à la date prévue.

La préparation, la réalisation, l'enregistrement et la diffusion d'une émission entraînent la production de nombreux documents classés selon la logique de conception d'une émission :

 : notes manuscrites de Georges Godebert concernant le choix des musiques et des bruits employés pour le fond sonore de l'émission, le choix de la distribution ou des intervenants, le choix des textes, la façon de réciter des comédiens, etc.. Notes

 : documentation rassemblée par Georges Godebert pour la préparation de l'émission. Documents de travail

 : synthèse de l'ensemble des informations nécessaires à l'enregistrement de l'émission. Possibilité de connaître l'auteur, l'adaptateur, le producteur, le réalisateur, la distribution, les jours d'enregistrement, la chaîne et la date de diffusion. Plan de travail

 : texte de l'émission. Script

 : fiche technique nécessaire pour la mise à disposition du personnel de production et pour l'attribution des studios. Dossier de production

 : présentation des thèmes abordés dans les émissions culturelles ou résumé des œuvres de fiction. Fiche de présentation

 : mention des œuvres et des musiques diffusées durant l'émission. Le droit d'auteur sanctionne la propriété intellectuelle d'un auteur ou d'un producteur pour une œuvre qu'il a créée. Relevé de droit d'auteur

 : rapport critique de la Direction des programmes qui effectue un contrôle artistique des émissions et donne son avis sur la technique, la prise de son, la réalisation et l'interprétation. Rapport d'écoute

" " : invitation à écouter l'émission. Prière d'écouter

Pour une approche plus précise des dossiers d'émission, il est fait mention, dans la mesure du possible, du nom de l'auteur, de l'adaptateur, du producteur, des comédiens, des intervenants du réalisateur, de la chaîne de diffusion, de la date de diffusion ou d'enregistrement.

La créativité de Georges Godebert se devine dans la diversité des émissions réalisées, que ce soit dans le domaine de la fiction, de la culture ou du divertissement ou des coordinations artistiques. Mais, la totalité de son œuvre radiophonique ne se retrouve pas dans le fonds classé. Des sources complémentaires sont consultables au Bureau des manuscrits rattaché aux Services de Documentation de Radio France et à la Phonothèque de l'Institut National de l'Audiovisuel.

Soucieux de défendre l'art radiophonique, Georges Godebert contribue au développement de la recherche radiophonique, notamment au Club d'Essai, héritier du Studio d'Essai. "Laboratoire de l'art radiophonique", le Club d'Essai, dirigé par Jean Tardieu, a pour mission de rechercher des formes d'expressions nouvelles et des jeunes talents. Dans les années cinquante, Georges Godebert devient animateur au Club d'Essai. Il participe aux travaux du Centre d'Etudes Radiophoniques, dirigé aussi par Jean Tardieu.

Georges Godebert s'intéresse aussi aux études du Service de la Recherche, dirigé par Pierre Schaeffer. Le Service de la Recherche est chargé de promouvoir des études d'ensemble sur l'interdépendance des aspects techniques, artistiques et économiques de la radio et de la télévision. Il anime des centres expérimentaux avec de nouveaux moyens techniques conditionnant de nouveaux moyens d'expression comme la musique concrète. Selon Pierre Schaeffer, "l'apport original de la musique concrète est de rendre possible la transformation d'un son préalablement enregistré en faisant varier aussi bien sa forme que son timbre, sa tessiture que sa dynamique ou sa hauteur". On peut intervenir sur les sons enregistrés par prélèvement de fragments sonores de toute origine, par ralenti, accéléré ou encore par passage à l'envers. Georges Godebert est l'un des premiers à utiliser en mise en ondes des effets spéciaux et des mixages.

Georges Godebert est aussi co-fondateur et animateur, avec Roland Ménard, de l'Association "Espaces radiophoniques". Cette association est créée en 1981 par des "gens de radio" -réalisateurs, producteurs, comédiens et techniciens- pour la défense et l'illustration de l'art radiophonique.

Le fonds traité dévoile également l'intérêt de Georges Godebert pour l'enseignement de la radiodiffusion au sein des centres et des services de formation professionnelle à la RTF, à l'ORTF et à Radio France.

En effet, Georges Godebert prend part au recrutement des élèves réalisateurs, des assistants de production et dirige les stages de formation à la Radiodiffusion. Dans les années 1950 et 1960, Georges Godebert participe à l'essor de la radiodiffusion outre-mer par l'intermédiaire de la SORAFOM puis de l'OCORA . Il s'agit de lancer une radio de service répondant aux besoins spécifiques des pays africains en voie de développement et d'élaborer des émissions adaptées à des préoccupations locales telles l'agriculture, l'éducation ou encore l'hygiène. Professeur au Studio-Ecole de la SORAFOM puis de l'OCORA situé à Maisons-Lafitte, Georges Godebert organise des stages d'animateurs de programmes à l'intention des élèves africains. Ses élèves stagiaires, appréciant la qualité de son enseignement et sa personnalité, le surnomment "Jojo l'Africain" !

Enfin, Georges Godebert apparaît comme un homme engagé dans la vie professionnelle. Ses dossiers reflètent l'importance accordée à la psychologie sociale et à l'action syndicale au sein de la vie d'entreprise.

Ainsi, membre fondateur du GEPS , il s'investit dans des travaux de psychosociologie pour l'amélioration des conditions de travail au sein de la RTF et de l'ORTF. Les archives de Georges Godebert offrent également un aperçu du climat syndical à la Radiodiffusion dans les années 1957-1982. Georges Godebert milite pour un syndicalisme constructif, notamment au SNRT-CGT dont il est secrétaire général de 1965 à 1982. Il s'implique dans la défense des programmes de radiodiffusion et du statut et de la fonction du réalisateur.

Les collaborateurs de Georges Godebert gardent de lui l'image d'un "homme chaleureux, d'un professionnel pragmatique qui a aidé à construire artistiquement, par ses démarches administratives et sociales, cette expression spécifique qu'est la radiophonie"

Georges Godebert Un homme d'expression et de culture radiophoniques 1948-1995

1 ARTICLE

, sélection de la maquette d'émission de Georges Godebert : script de la maquette, rapport d'écoute de la maquette, note de synthèse de Georges Godebert sur le métier de réalisateur, articles de presse. Premier concours des élèves réalisateurs1948

, suivi : notices biographiques (1953-1990), lettre à Wladimir Porché directeur général de la RTF (1955), cahiers de notes et de cours (s.d.) ; entretiens avec Jean Grimod : correspondance (1956) ; entretiens avec ses anciens élèves stagiaires : liste des stagiaires réalisateurs des promotions 1951, 1958, 1962 (s.d.), correspondance (1959-1963). Activités professionnelles de Georges Godebert1953-1990

, conflit entre Arnaud Ténèze ancien stagiaire et Georges Godebert : correspondance (1967-1969), dossier scolaire d'Arnaud Ténèze (1961-1962). Eviction de Georges Godebert de la direction du stage des réalisateurs de radioffusion1961-1969

, sélection d'émissions de Georges Godebert : correspondance (1953-1955), règlements du concours (1953, 1958), notes manuscrites (s.d.), articles de presse (1953). Concours du Prix Italia1953-1958

, démarches de Georges Godebert : correspondance, curriculum vitae (s.d.). Nomination à l'Ordre National du Mérite1973-1981

, contentieux entre Georges Godebert et Julien Green : correspondance. Reconnaissance du droit à la fonction de co-auteur d'une œuvre de création radiophonique1991-1995

Article 1. Profil professionnel (1948-1995)

Articles 1-15. (1949-1990) (Dossiers d'émissions) Créations radiophoniques

Articles 1-8. Œuvres de fiction (1949-1982)

Articles 1-7. Dramatiques (1949-1982)

Emissions unitaires (1949-1982)

Emissions en série (1949-1980)

Article 8. Feuilletons (1971-1982)

Emissions unitaires

Articles 9-12. Emissions culturelles (1950-1989)

Article 9. Histoire et société (1950-1980)

Emissions unitaires (1958-1959)

Emissions en série (1950-1980)

Article 10. Littérature (1951-1979)

Emissions unitaires (1968-1979)

Emissions en série (1951-1972)

Article 11. Poésie (1967-1989)

Emissions unitaires (1967-1989)

Emissions en série (1970-1976)

Article 11. Musique (1958)

Emission unitaire

Article 12. Hommages (1955-1959)

Emissions unitaires

Articles 12-14 Emissions de divertissement et de variétés (1949-1975)

Emissions unitaires (1949-1954)

Emissions en série (1949-1975)

Articles 14-15. Coordinations artistiques (1966-1990)

Article 15. (1949-1989) Recherches radiophoniques

Club d'Essai (1951-1989)

Centre d'Etudes Radiophoniques (1949-1953)

Service de la Recherche (1959-1962)

Association "Espaces radiophoniques" (1981-1989)

Articles 16-18. Formation professionnelle à la RTF, à l'ORTF et à Radio France (1950-1986)

Article 16. Centre d'Enseignement et de Perfectionnement (1950-1962)

Article 17. Centre de Formation du Personnel (1962-1963)

Article 17. Services de la Recherche et de la Formation professionnelle (1962-1965)

Article 18. Service de la Formation professionnelle (1963-1974)

Article 18. Institut National de l'Audiovisuel (1986)

Articles 18-20. (1955-1980) Coopération technique et formation professionnelle outre-mer

Article 18. Société de Radiodiffusion de la France d'Outre-Mer - Studio-Ecole (1955-1962)

Articles 19-20. Office de Coopération Radiophonique - Studio-Ecole (1962-1969)

Article 20. Institut National de l'Audiovisuel (1980)

Article 20. Travaux de psychosociologie (1959-1973)

Groupe Expérimental de Psychosociologie (1959-1961)

Bureau des relations professionnelles (1961-1962)

Association pour la Recherche et l'Intervention Psychosociologique (1959-1963)

Centre d'études prospectives (Association Gaston Berger) (1961)

Fédération pour le Respect de l'Homme et de l'Humanité (1973)

Article 21. (1957-1982) Activités syndicales

Syndicat National des Producteurs de Radiodiffusion et de Télévision (1959)

Syndicat National des Metteurs en Scène de Radiodiffusion et de Télévision (1957-1961)

Syndicat National des Spectacles de Radiotélévision et Syndicat National des Spectacles de Télévision (1960)

Syndicat National de la Radiodiffusion et de la Télévision-Confédération Générale du Travail (1961 1982)