Inventaire d'archives : Postes, téléphone et télécommunications ; Direction générale des postes (1961-1986)

Contenu :

INTRODUCTION
Le petit fonds F 90 bis 8923 à 8931 est le premier des archives des PTT (et restera sans doute le seul) à évoquer l'importante question de l'informatisation de la gestion des chèques postaux : à la fois l'une des quelques applications de l'informatique à une très grande échelle que la France a connues dans les années 1960 et 1970, et une mutation profonde dans la gestion d'une partie des services financiers de la Direction générale de la Poste. Les fonds d'archives des chèques postaux sont assez peu nombreux ; celui-ci peut être considéré comme la suite d'une partie du fonds des Services financiers de la Poste (F 90 bis 5643 à 5790), dont les cartons 5688à 5737 concernent les chèques postaux de leur origine aux années 1950 : formation et fonctionnement du service, comptes courants militaires, les chèques postaux en Afrique du Nord et dans les D.O.M.-T.O.M., les chèques postaux pendant la seconde guerre mondiale.
A ce titre, il était important que quelque trace subsistât de cette évolution, même si -- il convient de le souligner d'emblée -- l'intérêt et l'utilité des documents recueillis est malheureusement parfois en deçà de l'intérêt de la question. Cela provient de la fonction du bureau versant à l'intérieur des services financiers. Il ne pouvait être question de conserver tel quel le versement initial, de volume quadruple : d'importantes éliminations ont permis de dégager les documents les plus utilisables ; leur reclassement en un ordre logique s'imposait. Le parti qui a guidé le choix des éliminations a été de conserver à titre d'exemple une partie des documents techniques, et intégralement tout ce qui concerne les implications de la nouvelle gestion pour le personnel. Le versement, composé pour 90 % environ de documents techniques, se prêtait bien à un tel tri.
Les chèques postaux en France sont nés en 1918, d'une situation d'urgence due au manque de numéraire au lendemain de la guerre ; les projets remontaient cependant aux toutes premières années du siècle. D'abord entièrement manuelle, la tenue des comptes a été mécanisée vers 1928-1930 ; de nombreuses améliorations sont envisagées, comme l'emploi de cartes perforées avant la deuxième guerre mondiale, abandonné en raison du coût trop élevé. Rien ne viendra modifier en profondeur la gestion des comptes avant l'apparition de systèmes électroniques.
Le premier est mis en place à Rouen de 1961 (expérience préalable) à 1964 (fonctionnement), avec un matériel informatique de deuxième génération ; la même méthode est installée au cours des années suivantes à Limoges (1964-1965), Châlons-sur-Marne (1965-1969), Nancy (mêmes dates), Dijon (1969-1970) et Grenoble (1971). Cette méthode, fiable et efficace dans l'ensemble mais utilisant un matériel trop encombrant et bientôt dépassé, convient surtout à de petits centres, si bien qu'il a fallu élaborer une méthode englobant plus d'opérations, sur du matériel de troisième génération, mise en place progressivement à partir de 1968 dans les centres de Nantes, La Source (1970), Marseille, Lyon et Lille (années 1970-1972).
Deux méthodes voisines sont également élaborées vers la même époque, utilisant la carte perforée comme moyen d'entrée des données. La première, sur matériel CII-Honeywell Bull -- firme française --, est lancée vers 1970 à Montpellier et à Clermont-Ferrand, tandis que la seconde, sur matériel IBM, est engagée à la même époque à Strasbourg. Celle-ci est à son tour étendue à plusieurs autres centres : Rennes (1971), Bordeaux et Toulouse (1972).
L'un des problèmes posés par la gestion des comptes -- quelle que soit la technique employée -- est la nécessité de traiter très rapidement les opérations de chaque jour, pour ne pas se laisser engorger par celles du lendemain. C'est l'un des points sur lesquels les informaticiens et les services d'organisation et méthodes ont constamment travaillé à améliorer le rendement, ce qui passe non seulement par l'élaboration de programmes informatiques plus performants, mais également par une gestion très serrée des temps de travail ds différentes équipes au cours de la journée et de la nuit.
L'aboutissement de ces recherches au début des années 1970 est la méthode dite "J+1 total", où toutes les opérations (assez nombreuses) que requiert le traitement d'un virement sont réalisées entre le jour où il arrive et le lendemain après-midi. Cette méthode est d'abord mise en place dans le centre de Montpellier, qui avait déjà été informatisé, en 1972 .
Voir la conférence de M. MITANCHEZ, Exploitation électronique - méthode J+1 total, , broch., 1972, F90 bis 8930. généralités et description du matériel
Les années postérieures voient la généralisation de l'informatique dans les dix-neuf centres de chèques postaux, et l'harmonisation progressive des méthodes pour aller vers une situation homogène : les centres se divisent à part égale entre deux méthodes seulement, très voisines, différant principalement à cause du matériel qu'elles utilisent : IBM, plus performant, ou CII/Bull, que les administrations publiques sont obligées d'employer à 50 % pour soutenir l'industrie informatique française. Il n'y a pas de renouvellement important avant 1984, où le matériel et les techniques du centre de Paris, puis rapidement de l'ensemble des centres, sont largement transformés.
Le bureau qui a versé ce fonds appartient bien entendu à la Direction des Services financiers de la Direction générale de la Poste ; il s'appelle actuellement B1, mais a plusieurs fois changé de nom au cours des réorganisations successives de la direction. Il est situé au 3e étage de l'immeuble de la Poste de la rue Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle à Paris. Sa fonction précise n'était pas d'élaborer et de mettre en place les différentes méthodes, mais de les entretenir et de leur apporter les modifications et améliorations de détail postérieures. C'est dans ce bureau, par exemple, que se trouvaient les dernières personnes connaissant le principe de fonctionnement des méthodes les plus anciennes, telle celle de Rouen en place jusque vers 1986. On conçoit dès lors que les documents ont dans leur immense majorité un caractère appliqué et concernent en général des détails, et que les vues globales ou prospectives ne constituent que des épaves échouées, du reste, un peu par hasard parmi les papiers : d'où la médiocrité des documents qui a été déplorée plus haut.
Tel qu'il a été versé, le fonds se composait de séries de documents de rapportant aux différents centres, chaque série comportant les mêmes types de papiers :
- quelques notes, rapports ou articles où l'on trouve parfois une vue d'ensemble d'un aspect au moins d'un problème ; ils ont été tous conservés.
- les ordinogrammes, consignes, analyses des programmes précis dont l'ensemble formait la première chaîne de gestion électronique ; des consignes et analyses de programmes isolés ajoutés progressivement par la suite. Une consigne est la description, en français courant, de ce que devra effectuer un programme demandé à un informaticien ; l'analyse est l'écriture du programme par l'informaticien, dans un langage informatique, ce qui la rend très hermétique. Les ordinogrammes, schémas généraux de la chaîne, permettent de voir quelle est la place qu'y occupe un programme donné. On trouve aussi quelques études préalables effectuées pour élaborer un programme.
- des documents concernant le matériel : tous les marchés et leurs avenants passés avec les compagnies d'informatique (principalement IBM et CII/Bull) ; de la correspondance avec ces compagnies à propos des incidents et de la maintenance après-vente ; des manuels d'utilisation des appareils.
- des documents concernant les locaux : organisation ou réorganisation des espaces dans les centres de chèques postaux en fonction des nouveaux équipements.
- des descriptions détaillées des opérations constituant le traitement des chèques, et des applications informatiques qui y entrent.
- des documents divers concernant le personnel : sa formation continue, le recrutement de nouveaux agents spécialisés, les conséquences de l'informatisation sur les horaires ou le travail, les grèves et les relations avec les syndicats à propos de l'automatisation.
Les documents proviennent soit du bureau des Services financiers, soit des centres provinciaux ; quelques-uns ont été produits par les sociétés informatiques.
Tout ce qui concerne le personnel a été intégralement conservé, les problèmes posés n'étant pas forcément les mêmes d'un centre à l'autre ; les autres types de documents ne peuvent varier que dans le détail, et leur côté très technique rend les comparaisons possibles excessivement fastidieuses. Il n'a donc semblé utile que d'en garder un exemple sur une application. On a choisi celle de Rouen comme la plus ancienne -- mais les premiers documents font défaut : il n'y a presque rien d'antérieur à la fin des années 1962 --, et l'on a conservé la série complète et volumineuse (quatre cartons) des analyses et consignes ; on n'a par contre gardé ni la totalité des modifications postérieures -- qui formaient une série très incohérente -- ni les marchés de matériel informatique, qui ne présentent aucune originalité par rapport aux très nombreux marchés de matériel informatique passés par les administrations. Pour les bâtiments, on a conservé la série de Montpellier, plus cohérente que celle de Rouen.
Tout ce qui était broché a été conservé, pour tous les centres : il s'agit en effet de documents rédigés, faciles à comprendre et à utiliser, rendant possibles des comparaisons.
L'une des modifications importantes survenues après coup était la mise en place à Montpellier de la méthode dite "J+1 total" : il a semblé important d'en conserver une trace, sinon le dossier complet. Outre une série de conférences brochées qui en exposent les principes, on a retenu une liasse assez mince placée tout à la fin du fonds, en raison des nombreux documents qu'elle renferme sur le personnel et les mouvements locaux.
Cela provient en partie seulement des fonctions de maintenance qu'exerçait le bureau ; des documents plus anciens s'y trouvent peut-être encore.
Malgré le souci constant qu'on a eu de conserver des documents cohérents et utilisables, les dix cartons contiennent de nombreux dossiers assez mêlés, à partir desquels il eût été non seulement très long mais parfois absolument impossible de recomposer des unités parfaitement logiques ; on y a renoncé, pensant qu'il serait au moins intéressant de consulter ce qui existait. C'est donc, dans une certaine mesure, faute de mieux et en l'absence de documents d'un intérêt plus évident sur le même sujet qui existent certainement, que l'on a constitué artificiellement ce petit fonds sur l'un des problèmes importants des Services financiers de la Poste et de l'histoire de la bureautique au cours des trente dernières années. Il n'est pas interdit d'espérer un versement postérieur du bureau B1 de la direction des Services financiers, et donc une suite à ce fonds, concernant des années beaucoup plus proches de nous.
SOMMAIRE
I. L'INFORMATISATION DES CENTRES DE CHEQUES POSTAUX : GENERALITES
1. Historiques, résumés, articles sur l'informatisation des centres de chèques postaux, 1963-1986.
a) Brochures, articles.
b) Séries de périodiques.
c) Documentation sur les systèmes européens.
2. Documents relatifs à l'activité générale du bureau de maintenance de la rue Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle (Services financiers de la Direction générale de la Poste), 1967-1986.
a) Chronologie de l'action du bureau, 1973-1986.
b) Maintenance de l'ensemble des centres.
c) Relations avec les sociétés d'informatique.
II. LES METHODES INFORMATIQUES
1. Méthode de Rouen : analyses et ordinogrammes.
2. Les autres méthodes
a) Documents généraux et descriptifs.
b) Ordinogrammes.
c) Aménagement des locaux.
3. Modifications postérieures à la mise en place des programmes.
III. ASPECTS SOCIAUX DE L'INFORMATISATION DES CENTRES DE CHEQUES POSTAUX
1. Modifications de la qualification et des conditions de travail des agents, 1964-1986.
a) Formation continue et recrutement, 1970-1986.
b) Conditions de travail.
2. Mouvements sociaux, grèves, rapports de la direction et des syndicats.
a) Conséquences des événements de mai 1968 à Rouen, grèves, audiences syndicales.
b) Mise en place de la méthode "J+1 total".
Sommaire
Art 1-9 (F 90 bis 8923-8931) : Informatisation des centres de chèques postaux : Généralités, méthodes informatiques, aspects sociaux 1961-1986

Cote :

19890205/1-19890205/10

Publication :

Archives nationales
1989

Informations sur le producteur :

Direction générale de la poste

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_021836

Archives nationales

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