Inventaire d'archives : Fonds Jean-Albert Grégoire et ses entreprises

Contenu :

Les amateurs et spécialistes d’automobiles de collection trouveront de nombreuses informations dans les dossiers professionnels de l’ingénieur Grégoire, ainsi que dans la documentation qu’il a écrite ou collectée. Ce fonds est également susceptible d’intéresser de nombreux chercheurs s’intéressant à l’histoire de l’automobile (technique, industrielle, sociale), à l’histoire des techniques ou à la figure de l’ingénieur J.-A. Grégoire en l’incarnant dans sa vie personnelle et professionnelle.

Le fonds se compose essentiellement des archives du bureau d’études de J.-A. Grégoire, qui était en activité des années 1930 aux années 1970.
Il s’agit essentiellement d’archives techniques et commerciales relatives aux modèles, pièces automobiles et autres produits qu’il a élaborés au sein de ses sociétés : dossiers d’études (calculs, plans, rapports d’essais), contrats, correspondance échangée avec les industriels pour lesquels il a travaillé, brevets, documentation produite ou collectée autour de ces inventions.

On trouve en revanche très peu de documents relatifs à la Société Tracta en tant que constructeur automobile (1924-1934). Les archives les plus anciennes (1919-1924), portent sur les années de formation de J.-A. Grégoire et ses premiers emplois avant l’automobile (ce qui représente une boîte d’archives).

Le fonds comporte également des papiers plus personnels en parallèle de la carrière de J.-A. Grégoire mais toujours liés à son statut d’ingénieur et à sa notoriété : des documents relatifs à ses activités associatives, aux distinctions honorifiques qu’il a reçus, aux conférences qu’il a données.

La carrière littéraire et journalistique de J.-A. Grégoire est également représentée à travers les manuscrits, brouillons et publications de ses écrits, ainsi que la correspondance liée à cette activité.

Enfin, même si la frontière est souvent floue entre le privé et le professionnel dans la vie de l’ingénieur, comme le prouvent une partie importante de ses dossiers et de la correspondance rassemblée dans ce fonds, quelques-unes de ses archives appartiennent strictement à la sphère privée : documents concernant sa famille et ses amis, ses loisirs et ses biens.

On peut mentionner la présence d’une importante iconographie : 11 boîtes de photographies de formats et supports divers (diapositives, négatifs, tirages papiers) illustrant les modèles automobiles et les innovations conçues par J.-A. Grégoire (98 2 501 IHA JAG 01/11 à 11/11)
3 boîtes de plans de la Hotchkiss-Grégoire ont également été versées (98 2 501 IHA BAZ 12/14 à 98 2 501 IHA BAZ 14/14).
Ces documents (photographies et plans) n’ont pas encore fait l’objet d’un classement et ne sont pas ouverts à la consultation.

Informations sur le producteur :

Grégoire, Jean-Albert (1899-1992) Biographie de Jean-Albert Grégoire (1899-1992) extraite de l’article : La carcasse coulée conquiert l’automobile par Jean-Albert GREGOIRE, Présentation de Ludovic CAILLUET, Cahiers d’histoire de l’aluminium, n°12, été 1993, p. 59-65. « Ingénieur, sportif, amateur de vin et de champignons, journaliste, écrivain et critique littéraire, l'homme est multiple, difficile à cerner, presque aussi passionnément admiré que controversé. Il est né avant le siècle [en 1899] ; son père est Centralien et Ingénieur des chemins de fer. […] Jean-Albert Grégoire suit la filière classique pour un enfant de la bonne société parisienne. Après le pensionnat religieux du collège de Passy, il entre au Collège Stanislas où il suit les cours de la "taupe", classe préparatoire au concours de l'Ecole Polytechnique qu’il intègre en 1918. […] Il côtoie dans cette maison des camarades comme André Charmeil, son futur agent de brevets, qui le suivront ensuite au long de sa carrière. Les amitiés et le réseau d'anciens élèves de "Stan" et de l'X se trouveront renforcés par la pratique à haut niveau des sports individuels (athlétisme) et collectifs (rugby). Après un premier poste dans l'industrie du métier à tisser, Grégoire goûte, en 1924, de l'aventure coloniale. La Compagnie Minière des Pétroles de Madagascar lui confie une mission d'inspection. L'expédition menée "à dos d'homme" (sic), émaillée de nombreuses péripéties à travers la jungle, dure plusieurs mois. De retour à Paris, courant 1925, Jean-Albert Grégoire s'interroge sur la voie à prendre. La construction automobile l'attire, mais la vie de la grande industrie, faite de nombreuses contraintes, effraie son esprit aventureux. Le jeune polytechnicien choisit donc la liberté de l'entrepreneur et achète le garage des Chantiers à Versailles. Dans le même temps, Grégoire a entamé une carrière de coureur automobile sur voiture Bugatti puis Mathis (dont il est l'agent). Avec son ami Pierre Fenaille, et grâce au parrainage du père de ce dernier, industriel des pétroles, Grégoire crée sous la marque TRACTA (TRACTion Avant), une voiture de course destinée à participer à une nouvelle épreuve d'endurance de l'Automobile Club de l'Ouest : les 24 heures du Mans. Encouragés par divers succès en course, un certain nombre de jeunes et…riches amis de Fenaille et Grégoire commandent des Tracta. Producteur de modèles exclusifs, la petite entreprise de la rue de Colombes est touchée de plein fouet par les conséquences de la crise de 1930-1931. Tracta et son fondateur abandonnent alors la course automobile. Jean-Albert Grégoire va cependant mettre à profit les études réalisées pour la compétition. La société [des Automobiles Tracta] devient un bureau d'étude "à temps plein". Le concept de la traction motrice aux roues avant par le joint homocinétique imposé puis breveté en 1924 par Fenaille et complété par de nombreux brevets et additions de Grégoire sera la base des ressources de l'entreprise dès 1929 et le restera au-delà de la seconde guerre mondiale. Le concours de la Société des Ingénieurs de l'Automobile (SIA) ouvre la porte de la mise en pratique de ses conceptions techniques à travers le prototype Adler modifié puis l'Amilcar Compound en 1937-1939. La guerre qui éclate avec le printemps de cette année-là ne laissera pas le temps aux premiers succès de se confirmer. Jean-Albert Grégoire mobilisé en Corse, revient à Paris, la défaite consommée. Il reprend contact avec l'Aluminium Français (AF) : son Président Jean Dupin, Jean-Jacques Baron, l'homme de l'automobile, et Raoul de Vitry, directeur général d'Alais, Froges et Camargue (AFC-Pechiney). Le développement nécessaire de la petite voiture économique envisagée en 1934, est rendu incontournable par les conditions de pénurie de la guerre et de l'après-guerre. L'analyse en a été faite par l'AF, dès 1941-1942. Grégoire mène alors de front deux études, en collaboration avec deux grandes firmes industrielles, l'Aluminium Français et la Compagnie Générale d'Electricité (CGE). Le prototype de la voiture Aluminium Français-Grégoire, inspirée à la fois du projet SIA et des expériences Adler et Amilcar, verra le jour en 1943. La prototype électrique CGE-Tudor conçu avec la CGE entre 1941 et 1942 est la première incursion de J.-A. Grégoire dans le domaine des solutions de remplacement à la propulsion thermique pour l'automobile (Grégoire restera fidèle à ce thème et à ses commanditaires : le dernier prototype construit par avec son équipe de TRACTA sera la CGE-Grégoire en 1971). Après la libération, Paul Marie Pons, directeur-adjoint des industries mécaniques et électriques, nomme Grégoire à la tête des usines Simca, alors sous séquestre. Le retour aux commandes d'Henri Pigozzi, le créateur de la firme courant 1945 marque la fin des espoirs de J.-A. Grégoire et de l'AF de produire en série l'AF-G sous le sigle Simca. Diverses tentatives sont alors menées par l'AF et J.-A. Grégoire pour produire son prototype, avec Grantham Productions Ltd en Angleterre en 1946 ; Hartnett en Australie, en Inde et dans le Commonwealth. Dans le même temps, Panhard sort le modèle Dyna, une petite quatre places économique qui est très proche de la voiture AF-G dont la firme d'Ivry a disposé dès 1943. Le refus par Panhard de reconnaître la paternité partielle de l'AF-G dans la naissance de la Dyna, conduit à un procès en contrefaçon gagné par Grégoire en 1949. Infatigable, il s'est lancé au printemps 1944 dans l'étude d'une berline 2 l., qui deviendra la Grégoire "R". Le budget de construction du prototype, de l'ordre de 30 MF (1946) est financé à hauteur d'un tiers par l'Aluminium Français. Ce projet est proposé aux Etats-Unis, au créateur, (après les Liberty Ships) d'une nouvelle marque automobile : Kaiser-Frazer. Grégoire qui traverse l'Atlantique avec Jean-Jacques Baron en 1948, reviendra durablement impressionné de son périple américain. Le contrat signé avec Henry J. Kaiser n'aboutira pas plus que les projets de la petite AF-G. Alais, Froges et Camargue parraine alors J.-A. Grégoire auprès de Hotchkiss, en prenant une participation importante au capital avec l'appui de banquiers amis. La firme "aux canons croisés" est un constructeur vieillissant de modèles classiques ; un des slogans de la marque, "le juste milieu", confirme son image de conservatisme. La berline 2 l désormais baptisée Hotchkiss-Grégoire, connait dès le début de sa production de graves difficultés de diffusion. Les principes de construction et l'inadaptation de l'outil industriel de Hotchkiss entraînent des investissements considérables. Pour révolutionnaire qu'il soit et malgré une campagne de promotion habilement menée par J.-A. Grégoire, le projet est un échec commercial. Les dépenses engagées ont mené la marque de Saint-Denis au bord de la faillite ; en 1954, Peugeot reprend les rennes sous la direction de M. Richard, concentrant la production sur les utilitaires et le matériel militaire. Dès lors J.-A. Grégoire abandonne la carrière de constructeur à part entière pour se consacrer au bureau d'étude TRACTA et à la Société des brevets Grégoire. Les travaux menés sur la suspension à flexibilité variable puis "aérostable" débouchent sur la commercialisation à grande échelle de ces procédés. Renault équipe alors plusieurs dizaines de milliers de véhicules Dauphine et Estafette. Grégoire travaille également pour Monet-Goyon (fourches de motos), et de nombreux constructeurs de poids-lourds et autocars. Les collaborations de Tracta jusqu'aux années 1970 se multiplient dans des domaines diversifiés reflétant les rapports privilégiés de l'ingénieur de l'automobile avec les dirigeants d'entreprises variées. Brancards à suspension à flexibilité variable pour Carrier, sièges automobiles pour Bertrand Faure, systèmes de chaufferies pour les charbonnages de France, etc. En parallèle à son activité économique, J.-A. Grégoire est un collectionneur . Amateur de vin fins et de champignons, mais aussi ami de peintres tels que Vlaminck, il participera avec des amis industriels (dont Pechiney et Ugine) à la promotion du peintre Reynold Arnould pour une exposition sur l'industrie française à la fin des années 1950. La passion de J.-A. Grégoire parvenu à l'âge mûr sera la carrière d'homme de lettre. Il collabore à divers journaux automobiles et sportifs, tenant une critique littéraire dans Europe Auto de 1959 à 1968. Dès 1947, il publie le premier de ses treize livres, passant du roman autobiographique au polar, de ses mémoires à un essai politico-économique. "50 ans d'automobiles", l'un de ses ouvrages ayant rencontré le plus de succès, fait encore figure de référence pour les historiens de l'automobile. Il avait réussi le passage "du compas à la plume". »

Conditions d'accès :

Le fonds est consultable sur autorisation dans les locaux de l’IHA.
La règle appliquée à l’IHA est celle des archives publiques, telle qu’indiquée dans le Code du patrimoine, articles L213-1 à L213-8.

Langues :

Les documents sont en français pour la plus grande partie du fonds. On peut souligner l’existence de nombreux dossiers en langues étrangères dans les archives professionnelles de l’ingénieur : dossiers d’affaires, de commercialisation de ses produits à l’étranger (contrats, correspondance, originaux des brevets établis pour chaque pays dans leur langue natale) en anglais, allemand, italien, espagnol, etc.

Description physique :

L’inventaire du fonds d’archives porte sur un ensemble de 167 boîtes de type Cauchard (24 ml), organisé en 711 unités de description (dossier).
Le fonds comprend également 11 boîtes d’iconographie (1,65 ml) et 3 boîtes de type Cauchard se composant de plans de la Hotchkiss Grégoire (0,45 ml), qui ne font pas partie du classement réalisé en 2014.

Ressources complémentaires :

Bibliographie

Articles
GREGOIRE, Jean-Albert. La carcasse coulée conquiert L’automobile. Présentation de Ludovic CAILLUET. Cahiers d’histoire de l’aluminium, n°12, été 1993, 15 p.

PEHLIVANIAN, Sophie. La collection Jean-Albert Grégoire – Institut pour l’histoire de l’aluminium : un point de vue originale sur l’histoire de l’automobile. Cahiers d’histoire de l’aluminium, n°42-43, 2009, 50 p.

Jean-Albert Grégoire dans la Revue de l’aluminium (Ressources en ligne sur la Bibliothèque de l’aluminium)

CHARMEIL A. La voiture Grégoire à carcasse en Alpax. RA, n°82, juillet-août 1936, p. 257-260.

GRÉGOIRE Jean-Albert. La voiture Aluminium français – Grégoire. RA, n°116, novembre 1945, p. 126-143.

PONS P.-M. La voiture Aluminium français – Grégoire. RA, n°116, novembre 1945, p.125 (introduction de l’article précédent).

CABANNE, Marie. Grégoire « R ». RA, n°137, octobre 1947, p. 293-303.

VICTOR Maurice. Le calcul des performances et les essais réels de la 21 Grégoire. RA, n°148, octobre 1948, p. 297-305.

G.A.B. Les Australiens vont construire en série l’Aluminium français – Grégoire. RA, n°153, mars 1949, p. 87 et 107.

VICTOR Maurice. Hotchkiss va construire la 21 Grégoire. RA, n°157, juillet-août 1949, p. 271.

VICTOR Maurice. La nouvelle Hotchkiss Grégoire a été présentée à Paris avant de partir pour Genève. RA, n°165, avril 1950, p.158-159.

Pour d’autres références sur la vie et l’œuvre de J.-A. Grégoire, on peut se reporter à la série « Documentation et communication » du fonds d’archives.
En effet, J.-A. Grégoire a lui-même rassemblé de nombreuses coupures de presse sur ses travaux, constituant pour certaines inventions des albums de presse. Les articles qu’il a collectés, n’ayant pas été décrits à la pièce dans l’actuel inventaire, ne figurent pas dans cette bibliographie sélective.

Travaux universitaires
CAILLUET, Ludovic. MORSEL, Henri (sous la dir. de). Jean-Albert Grégoire, ingénieur de l’automobile. DEA d’Histoire. Université de Lyon II, 1990-1991, 84 p.

GOLL, Frédéric. MORSEL, Henri (sous la dir. de). Histoire de l’aluminium dans l’automobile en France, de l’Entre-deux-guerres au début des années 1950. Université de Grenoble II, 1990, 361 p.
Sources complémentaires
Iconographie
Collections consultables sur autorisation à l’IHA, disponibles également en partie sur l’Iconothèque de l’aluminium (www.culturalu.org)
- Collection Grégoire IHA : album FI002
- Dossier thématique : « Jean-Albert Grégoire, créateur d’automobiles »
- Collection photographique de l’Aluminium Français : album FI001 093 « Dyna Panhard : construction et présentation de plusieurs modèles de Dyna »

Audiovisuel

L' aluminium dans l'automobile - Hommage à Jean-Albert Grégoire. Moteur production, 1992. 2 cass. vidéo, 5 et 22 min.

GRAFFIN, Laurence (réal.). L' aventure automobile - Jean-Albert Grégoire. Market place, 1989. 2 cass. vidéo VHS, 26 et 52 min.

Institut pour l’histoire de l’aluminium. Jean-Albert Grégoire – la collection automobile. IHA - 50 ans d’innovation. Comment l’aluminium conquit l’automobile ? Plenamedia.TV, 2014. 14 min.

Publications de Jean-Albert Grégoire
Ouvrages autobiographiques

L'Ingénieur de l'automobile. Paris : Tiranty, 1949-1950, 67 p.

L'Aventure automobile. Paris : Flammarion, 1953, Couv. et Pref. de Vlaminck, 275 p.

Cinquante ans d'automobiles, tome 1 : La traction avant. Paris : Flammarion, 1974, 588 p.

Cinquante ans d'automobile, tome 2 : la voiture électrique. Paris : Flammarion, 1981, 331 p.

Des autos et des mots. Paris : La table ronde, 1985, 210 p.
Essais

L'automobile de la pénurie. Paris : Flammarion, 1975, 156 p.

Vivre sans pétrole. Paris : Flammarion, 1979, 215 p.
Témoignages

Toutes mes voitures. Institut pour l’histoire de l’aluminium. 1990, 257 p.

L’Aluminium Français-Grégoire. Institut pour l’histoire de l’aluminium. 1990, 29 p.
Romans

24 heures au Mans. Paris : Flammarion, 1955, 288 p.

L’ombre de l’argent. Paris : Flammarion, 1956, 346 p.

Un homme timide. Paris : Flammarion, 1958, 251 p.

Les Fanatiques. Paris : Flammarion, 1962, 314 p.

GREGORY, Albert. L’étrangleur préfère les blondes. Paris : Editions Denöel, 1973, 190 p.

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRIHA_94502JAG

Où consulter le document :

Institut pour l'Histoire de l'Aluminium (IHA) - Service des archives

Liens