Inventaire d'archives : Service hydrographique de la Marine. Observations scientifiques et géographiques

Contenu :

La sous-série Marine 3JJ a la particularité, qu’elle partage avec la plupart des sous-séries cotées JJ conservées aux Archives nationales, de dépasser largement le cadre de l’Ancien Régime, mais elle est la seule, avec 1JJ, à contenir des documents du XXe siècle (jusqu’en 1939), y compris sous forme de photographies.
On y trouve la documentation scientifique constituée dès la fin du XVIIe siècle au sein du ministère de la Marine puis plus spécifiquement, à partir de 1720, du Dépôt des cartes et plans de la Marine devenu en 1881 le Service hydrographique de la Marine.
Cette documentation comprend une première partie de caractère général consacrée aux sciences et techniques participant aux progrès de la navigation : astronomie, météorologie, détermination du point à la mer, utilisation des instruments qui vont en se perfectionnant, tenue des journaux de bord, construction et amélioration des cartes marines ; une place importante est accordée aux différentes méthodes appliquées aux recherches en matière de latitude et surtout de longitude si prégnantes au XVIIIe siècle. On y trouve aussi des informations sur le Dépôt lui-même.
Une deuxième partie est consacrée à la découverte des côtes et des mers du globe, leurs dangers et aménagements, ports, phares ; classée suivant un plan approximativement géographique puis un ordre chronologique également peu rigoureux, elle nous offre une très grande diversité de documents : compilations et extraits de journaux de navigation et de récits de voyage, rapports de mer, notes et mémoires divers, informations adressées au Dépôt par le ministre provenant notamment des bâtiments de la flotte française qui surtout à partir de la Restauration, sillonnent le globe en sondant les mers, cartographiant les littoraux, identifiant vigies et écueils, remontant les rivières ; avis aux navigateurs souvent transmis par les consuls de France à l’étranger, etc. ; toutes ces informations sont rassemblées, évaluées et classées par les ingénieurs du Dépôt.
Au milieu de centaines de « dossiers » d'importance très variable figurent parfois des sous-ensembles plus conséquents : ainsi, sur les travaux d’aménagement des ports de France, notamment Le Havre et Cherbourg, les travaux de triangulation menés sur les côtes de France ou à l’île Bourbon (la Réunion), même ceux préalables au terrier de la Corse par Bégidis et Tranchot.
La rubrique « Mer des Indes » nous apporte les inventaires du dépôt des cartes et plans de la Compagnie des Indes, basé à Lorient jusqu’en 1780 puis réuni au dépôt de la Marine à Paris, ainsi que les papiers et la correspondance de son organisateur D’Après de Mannevillette, grand navigateur et cartographe, comprenant notamment de nombreuses lettres de l’Anglais Dalrymple, autre éminent cartographe.
On trouve ici et là la trace de projets de colonisation, par exemple de l’île Fernando de Noronha au Brésil dans les années 1730 par la Compagnie des Indes.
Dans la partie suivante, consacrée aux voyages de circumnavigation sont conservés presque tous les documents originaux du voyage de Lapérouse (instructions, journaux, correspondances), des journaux de bord de membres non officiers du voyage de d’Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse ainsi que des documents relatifs à son voyage à la Chine de 1785 à 1787, des journaux du voyage de Marchand ; on trouvera aussi des renseignements sur les voyages de Surville, Kerguélen, Saint-Allouarn, Marion-Dufresne, Freycinet, etc. En ce qui concerne Dumont d’Urville figurent ici plutôt des correspondances, quelques épaves de ses recherches en matière de langues et des papiers relatifs à la publication de ses voyages aux terres australes.
La fin de la sous-série est constituée de documents d'ordre technique et pratique consacrés aux éléments naturels, marées, courants, vents, ouragans, températures des mers (on notera la présence de messages provenant de bouteilles trouvées à la mer, source d’informations relatives aux courants), aux phares et balises, aux instructions nautiques, à la signalisation à la mer (des campagnes du XVIIIe siècle, notamment avec les papiers du chevalier Du Pavillon, à la télégraphie nautique). Les pavillons des différents pays sont présentés dans des albums richement colorés.
D’inévitables mélanges viennent clore cette sous-série qui, bien qu’amputée au XIXe siècle (voir « classement ») peut-être consultée utilement sur de très nombreux sujets, dans des perspectives historiques ou scientifiques, de même que la série Marine 2JJ qui lui est tout à fait complémentaire.

Cote :

MAR/3JJ/1-MAR/3JJ/443

Publication :

Archives nationales
2022
Paris

Informations sur le producteur :

Dépôt des cartes et plans de la Marine
Service hydrographique de la Marine
L'institution à l'origine de cette sous-série est le Dépôt des cartes, plans, journaux et mémoires de la Marine, créé par le Conseil de Marine en 1720 pour recueillir spécifiquement la documentation nautique dont était chargé antérieurement l'ingénieur et géographe du roi Charles Pène (mort en 1702) au sein du secrétariat d'État (ou ministère) de la Marine : cartes marines, instructions nautiques, mémoires, documents issus des missions hydrographiques de reconnaissance des côtes de France accomplies sous l'impulsion de Colbert, journaux de bord ou de navigation qui devaient être, aux termes des ordonnances royales, envoyés au ministre pour la correction des cartes marines.
À la fonction de conservation des cartes et documents nautiques, le Dépôt ajoute dès 1737 celle de producteur et de diffuseur des cartes marines dont il a le monopole à partir de 1773. C'est dans le cadre de ce service que travaillèrent de célèbres cartographes comme Jacques Nicolas Bellin (1703-1772), premier titulaire d'un brevet d'ingénieur hydrographe en 1741, auteur d'une abondante production cartographique, et surtout Charles François Beautemps-Beaupré (1766-1854), considéré comme le père de l'hydrographie moderne. Le Dépôt se constitua une bibliothèque, s'enrichit au moyen d'acquisitions, comme celle du cabinet d'astronomie et de géographie de Joseph Nicolas Delisle en 1754, de la réunion de l'important dépôt des cartes, plans et journaux de la Compagnie des Indes en 1780, ou, plus tard, de séquestres révolutionnaires ; il dut cependant remettre au Bureau des longitudes institué par décret du 7 messidor an 3 [25 juin 1795] les « ouvrages astronomiques » ou considérés comme tels en exécution d'un arrêté du Comité de salut public du 19 fructidor suivant [5 septembre 1795] ; il accueillit les archives produites par les grands voyages de circumnavigation entrepris à la fin du XVIIIe siècle et au cours de la première moitié du XIXe siècle et les missions hydrographiques menées à partir de la Restauration sous l'égide de la Marine ainsi que des fonds d'hydrographes.
Les ingénieurs hydrographes constitués en corps en 1814 et dorénavant issus de l'École polytechnique contribuent eux-mêmes à la qualité des travaux menés au XIXe siècle par la Marine sur toutes les mers du globe et à la réputation d'excellence du Dépôt.
En 1886, le Dépôt des cartes et plans qui avait déjà changé plusieurs fois de nom (Dépôt général de la Marine notamment au XIXe siècle) prit la dénomination de Service hydrographique de la Marine. Il est devenu en 1971 le Service hydrographique et océanographique de la Marine.

Informations sur l'acquisition :

Versement du Service hydrographique de la Marine du 23 juin 1953.
Historique de conservation :
Le Dépôt des cartes et plans cohabita avec les archives centrales de la Marine dans le couvent des Petits Pères, près de la place des Victoires à Paris, à partir de la fin du XVIIe siècle ; l'ensemble est transféré à Versailles, dans l'hôtel des Affaires étrangères et de la Marine (contigu à l'hôtel de la Guerre), actuelle rue de l'Indépendance américaine, en 1763 ; de retour à Paris dès 1775 - alors que les archives centrales restent à Versailles jusqu'en 1837 - le Dépôt s'installe dans l'ancienne maison professe des Jésuites, rue Saint-Antoine ; sous la Révolution il est fusionné avec le Dépôt de la guerre (de juin 1794 à août 1795) et transféré en 1794 place des Piques (Vendôme) où il occupe deux emplacements successifs (notamment l'hôtel d'Egmont-Pignatelli) puis en 1817 rue de l'Université (hôtel Feydeau) où il demeure jusqu'à son départ pour Brest en 1971. Devenu Service hydrographique de la Marine en 1885, il est affecté, au cours du XXe siècle, par des déménagements à Rochefort pendant les deux guerres mondiales et des versements opérés au bénéfice de plusieurs établissements. Les Archives nationales reçoivent ainsi les journaux de bord, les archives des missions hydrographiques, une partie des cartes et plans ( sous-séries Marine 4 à 6JJ) en décembre 1920 et un autre ensemble, soit les sous-séries Marine 1 à 3JJ en juin 1953 (auxquelles il faut ajouter MAR/10JJ, résidu versé directement par le ministère de la Marine en 1933) . D'autres sous-séries très techniques versées à partir de 1960 aux Archives nationales (7 à 9JJ) ont été depuis transférées au Service historique de la Défense (archives des ports de Brest et Rochefort et archives centrales à Vincennes).

Description :

Mise en forme :
Le versement de 1953 contenait en une seule suite numérique, 1 à 120 avec de nombreuses subdivisions, les documents des actuelles sous séries Marine 3JJ ( manuscrits reliés dans des registres à dos rouge, 1 à 110) 1JJ et 2JJ (manuscrits reliés dans des registres à dos vert, 111 pour 1JJ et 112 à 120 pour les papiers d'hydrographes cotés 2JJ).
Actuellement la sous-série Marine 3JJ comprend les articles MAR/3JJ/1 à 443 ; chaque numéro originel entre 1 et 110 correspond à un ensemble doté d'un titre général et contient un ou plusieurs articles, registres parfois suivis de documents non reliés conservés dans des cartons, se succédant dans un ordre approximativement chronologique, les cartons contenant toujours les documents les plus récents. Le regroupement des articles, opéré dans cet instrument de recherche, est conforme à la structure originelle et rend compréhensible la numérotation des dossiers.
Nombre de documents figurés, notamment des cartes et plans, sont présents dans ces articles, reliés ou non ; d'autres, relatifs le plus souvent aux missions hydrographiques, ont été séparés des documents (mémoires, levés, calculs) qu'ils accompagnaient et sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale de France qui reçut, surtout en 1947, de très importants versements de documents cartographiques du service hydrographique de la Marine (portefeuilles 1 à 224) ; nous avons essayé dans ce cas d'indiquer la référence du document conservé à la Bibliothèque nationale (portefeuille, division, numéro de pièce) et, le cas échéant, le lien vers la bibliothèque numérique Gallica.
Par ailleurs, au XIXe siècle, d'assez nombreux documents ont été extraits de cet ensemble et certains cartons originels ont été partiellement ou totalement vidés de leur contenu ; dans les années 1860, en effet, l'archiviste de la Marine, Pierre Margry, a cru bon de prélever des pièces, en raison de leur caractère « historique », et de les attribuer aux ministères de la Marine et des Colonies sans en préciser la destination ; on en retrouve la trace notamment en Marine B/4 et D/2 ou dans les séries Colonies, notamment Colonies C, aujourd'hui conservées aux Archives nationales d'outre-mer à Aix-en-Provence, le cachet du Service hydrographique pouvant d'ailleurs être un moyen sûr d'identification ; nous avons là aussi indiqué, quand cela était possible, les cotes actuelles des documents.

Conditions d'accès :

Fonds librement communicable sous réserve des restrictions nécessitées par l'état matériel des documents

Conditions d'utilisation :

Photographie autorisée. Photocopie autorisée si l'état des documents le permet.

Langues :

FrançaisAllemandAnglaisEspagnolItalienLatin

Description physique :

Importance matérielle :
39 mètres linéaires (445 articles)

Ressources complémentaires :

 Aux Archives nationales, site de Paris
- sous-séries Marine 1JJ et son complément 10JJ ( correspondance du Dépôt, quelques dossiers versés en 1933), 2JJ (papiers d'hydrographes), 4JJ (journaux de bord), 5JJ (campagnes et missions hydrographiques), 6JJ (cartes, cette dernière sous-série étant conservée par la Mission des cartes et plans sous la dénomination de MAP/6JJ).
- sous-série Marine B/4 pour des voyages d'exploration effectués avant la Révolution (MAR/B/4/316 à 320).
- sous-série Marine D/2 pour les travaux des ports (à compléter avec la sous-série DD2 conservée au Service historique de la Défense à Vincennes).
Aux archives nationales d'Outre-Mer à Aix-en-Provence
- Documents prélevés par Margry au XIXe siècle concernant notamment les anciennes colonies (Canada, etc.).
Au Service historique de la Défense à Vincennes 
- dans la sous-série BB4, correspondance et documents administratifs relatifs à l'organisation des grandes expéditions, à partir de celle de d'Entrecasteaux.
- sous-série DD2, travaux maritimes.
- dans le fonds de la bibliothèque du Service hydrographique : cartes (71 recueils), dessins réalisés au cours des voyages de circumnavigation de Lapérouse, etc.
À la Bibliothèque nationale de France
- important fonds de cartes versées par le Service hydrographique de la Marine en 1947 et 1962 : portefeuilles 1 à 224 où l'on trouvera en particulier des plans et cartes qui ont été dissociés des levés, calculs et mémoires hydrographiques conservés dans la sous-série Marine 3JJ.

Références bibliographiques :

CHAPUIS (Olivier), Paris, 1999.À la mer comme au ciel. Beautemps-Beaupré et la naissance de l'hydrographie moderne. L'émergence de la précision en navigation et dans la cartographie marine (1700-1850),
COVILLAUT (Pierre), , Paris, Service hydrographique de la Marine, 1979, 120 p., multig.Histoire des archives et de la bibliothèque du Service hydrographique de la Marine
LA RONCIÈRE (Charles de), , Paris, Imprimerie nationale, 1816, 27 p.Origines du Service hydrographique de la Marine
LE GUISQUET, « Le dépôt des cartes, plans et journaux de la marine sous l'Ancien Régime » dans , n° 214, p. 3-21.Neptunia

Localisation physique :

Paris

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

France, Archives nationales

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_059659

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