Inventaire d'archives : Ministères chargés de la Reconstruction, de la Construction et de l'Urbanisme ; Inspection générale ; construction de l'unité...

Titre :

Ministères chargés de la Reconstruction, de la Construction et de l'Urbanisme ; Inspection générale ; construction de l'unité d'habitation Le Corbusier à Marseille (1946-1965).

Contenu :

Le 30 novembre 1945, M. Raoul DAUTRY, Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, donnait son accord de principe à la Construction par l'Etat d'un immeuble d'habitation à caractère définitif, conformément aux dispositions de . Le 9 juillet 1946, signait un contrat d'architecte chef de groupe tandis que la Commission départementale des Bouches-du-Rhône adoptait son projet à l'unanimité. Le 7 juillet 1947, un arrêté interministériel déclarait ces travaux d'intérêt public et permettait ainsi l'acquisition des terrains par voie d'expropriation. l'ordonnance 45-2064 du 8 septembre 1945Charles-Edouard JEANNERET-GRIS dit LE CORBUSIER
Gigantesque et prestigieuse entreprise, l'Unité d'Habitation de Grandeur Conforme allait marquer de son sceau original la France défigurée par les sinistres et vingt ans d'apathie architecturale et servir du même coup de véhicule idéologique aux politiciens français soucieux de montrer aux puissances alliées que le pays, un instant agenouillé, se relevait. La construction de la Cité Radieuse, ainsi nommée par référence à l'ouvrage de M. LE CORBUSIER publié en 1938, porteuse des espoirs, mais aussi des luttes intestines de la France, allait traverser 6 ministères et subir autant de contrecoups avant d'avoir atteint le niveau du 7ème étage. (M. DAUTRY : 1945 - M. BILLOUX : 1946 - M. TILLON : 1947 - M. LETOURTEAU : 1947 - M. SOTY : 1948 - M. CLAUDIUS-PETIT : 1948).
Sans conteste possible, on peut dire que le projet LE CORBUSIER pris vite l'allure d'une épopée administrative et politique. Secoué par les fluctuations du franc, il apparut à certains comme un gouffre financier. Soumis en réalité, aux modalités qui régissaient les immeubles préfinancés, il était destiné à être attribué à des propriétaires sinistrés contre cession de leurs droits aux Dommages de Guerre et son prix de base avait été établi en valeur 1939. Les réévaluations successives du prix de la construction étaient légitimes, pourtant là où surgissait un nombre toujours croissant de baraques préfabriquées, ideuses, rapidement insalubres mais indispensables, la dépense semblait somptuaire et peu adaptée aux privations des Français.
Le fondateur de l'ASCORAL (Assemblée de Constructeur pour une rénovation architecturale) active depuis 1942, s'attachait en outre, à faire triompher une conception nouvelle de l'habitation "couverte en terrasse, éclaire horizontalement de mur à mur et montée sur potences de béton". Une pléiade de moralistes dont Camille MAUCLAIR, journaliste au Figaro, s'était fait le chef de file depuis 1932 en publiant une quinzaine d'éditoriaux virulents contre l'oeuvre de M. LE CORBUSIER, envahit les colonnes de journaux et les cabinets ministériels. La société d'Esthétique Générale de la France dont la compétence et la crédibilité étaient sujettes à caution s'investit de la mission de "faire la chasse aux sorcières". Déboutée une première fois par le Tribunal, elle put se pourvoir en Cassation sur un vice de forme: l'arrêté du Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme en date du 25 juillet 1949 exemptant du permis de construire les constructions de caractère expérimental présentait des dispositions illégales. Le Ministre de la Santé Publique n'y avait, en effet, pas apposé son contreseing. Après maintes péripéties un arrêt du Conseil d'Etat du 14 décembre 1951 prétait main forte à M. LE CORBUSIER et permettait au M.R.U. de poursuivre la construction. Dès lors, les ennemis de M. LE CORBUSIER, nombreux parmis les fonctionnaires et les architectes, chercheraient tous les moyens pour retardait la réalisation de la Cité Radieuse. Le Conseil Supérieur d'hygiène publique, par une initiative contraire aux directives de son Ministre de tutelle, refusa d'agréer le système d'évacuation simultanée des nuisances solides et liquides, attaque l'aération et l'éclairage, alors que chaque appartement était pourvue de 17 m2 de baies vitrées pour 40 m2 de surface. Le Professeur titulaire de la Chaire d'Hygiène à la Faculté de Médecine de Paris remettait la démission pour protester contre le partie pris défavorable adopté à l'encontre de M. LE CORBUSIER.
Néanmoins, le public allait se rallier peu à peu à l'auteur des Canons, des Munitions? Merci des Logis ... S.V.P. Le salon des arts ménagers de 1950, sis, il est vrai, à Paris où la crise du logement sévissait à un tel point que l'Abbé Pierre dressa un moment des tentes de camping dans la rue, présenta aux Parisiens les maquettes de l'Unité d'Habitation de MARSEILLE. En dépit d'opinions contrastées et de critiques comme "trop marseillisé" ou "bon pour un commandant de vaisseau en retraite", le public avait ainsi les grands principes de cette micro-organisation sociale à échelle humaine et proposait au pouvoir dirigeant d'affecter le budget de la Défense à la construction de tels édifices à Paris.
En province, où l'urbanisation était moins contraignante, le besoin d'essaimer de petites villes dans la ville ne se faisait bien sur pas sentir et les occupants s'adaptèrent mal.
A Marseille cependant, La Cité Radieuse resta un monument de curiosité. Le service des visites de l'Unité d'Habitation géré par une agence de voyages pour le compte de l'Etat enregistra en 1955 son 100 000ème visiteurs. Tout fut mis en oeuvre pour prêter vie à la petite cité qui abrita même en 1955 un festival de l'art d'avant-garde où figuraient des noms aujourd'hui prestigieux de l'Art et du Spectacle. La gestion de l'ensemble connu autant de difficultés que sa réalisation: mauvaise exploitation des équipements collectifs et commerces, fraudes, spéculation sur les loyers, insuffisance de l'animation, transformations abusives apportées aux façades, dégradations des espaces collectifs, coût de l'entretien etc... Le projet LE CORBUSIER avait échoué.d'une certaine façon et d'une autre ouvert la voie à une conception désormais familière de l'habitat.
* Le dossier individuel de M. LE CORBUSIER sera classé à la lettre "L" des archives construction et coté P.288
Sommaire
Art 1-24 (IG 51-IG 74) : Dossiers de M. Léonard relatifs à la construction de l’unité d’habitation Le Corbusier à Marseille.
  • Art 1-16 (IG 51-IG 66) : Etudes techniques, marchés concernant le terrassement, les fondations, la maçonnerie, le second oeuvre, 1947-1955
  • Art 17-18 (IG 67-IG 68) : Création des équipements collectifs et commerces, 1954-195
  • Art 18-21 (IG 68-IG 71) : Copropriété, gestion, exploitation, 1952-1964
  • Art 21-23 (IG 71-IG 73) : Cessions, ventes, locations, 1948-1960
  • Art 24 (IG 74) : Crédits, coût de la construction, 1951-1958

Cote :

19780241/1-19780241/24

Publication :

Archives nationales
1978

Informations sur le producteur :

Inspections générales (ministère de l'Équipement)

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_011100

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