Inventaire d'archives : Fonds Georges Beaugrand

Contenu :

Le fonds rassemble des documents relatifs à l'activité de Georges Beaugrand, syndicaliste CGT, CGTU et CGT unitaire de l’Alimentation et militant communiste. Il comprend notamment le texte de ses mémoires et une étude inédite sur les abattoirs de La Villette.

Cote :

Paris 1 CHS GB

Publication :

Agence bibliographique de l'Enseignement supérieur
2018
227 avenue Professeur Jean-Louis Viala 34090 Montpellier

Informations sur le producteur :

Beaugrand, Georges
Fils d’une couturière, petit-fils et fils d’ouvriers des abattoirs, G. Beaugrand, né le 24 octobre 1893 à l’hôpital Lariboisière de Paris (Xème), fut lui-même dès son plus jeune âge, de par sa propre volonté, un ouvrier moutonnier des abattoirs de La Villette.
Très tôt, il participa aux activités des travailleurs des abattoirs assistant aux grandes manifestations de l’époque. Il fréquentait de préférence les Jeunesses Socialistes où il retrouvait des camarades d’enfance. Il lisait de temps à autre l’Humanité et se déclarait selon ses souvenirs "un peu admirateur de Gustave Hervé pour l’allure combattive de ses écrits qui pouvaient s’adapter à ma formation et mes besoins d’action".Le travail épuisant des abattoirs l’empêcha de compléter ses connaissances. Jusqu’à son régiment en 1913, il se contenta de ne pas oublier ce qu’il avait appris et essaya même d’en apprendre un peu plus en lisant des livres que des camarades plus instruits l’aidaient à comprendre.
Entré dans l’armée en novembre 1913, Beaugrand ne fut démobilisé que le 15 septembre 1919. Soldat, il connut le front en Belgique et la retraite jusqu’à la Marne avant d’être fait prisonnier au Buisson le 6 septembre 1914. Transféré en Bavière au camp de Grafenwhör jusqu’en 1915, il fut envoyé dans une mine de lignite à Wakerdorff (Haute-Bavière). Là, il participa avec ses camarades prisonniers à des actions pour ralentir la production. Après une tentative d’évasion qui échoua, il fut interné en juin 1917 à Bayreuth puis à Nuremberg.Cette captivité lui permit d’apprendre l’Allemand mais surtout de faire connaissance avec des gardiens allemands, des socialistes allemands, des prisonniers russes et des prisonniers français tels ces mineurs du Pas de Calais qui surent lui décrire les luttes revendicatives de leur corporation et de leur organisation syndicale.
Présent à Nuremberg le 9 novembre 1918 lors de la grande manifestation pour la paix et l’organisation des conseils d’ouvriers et de soldats, Beaugrand crut assister à "l’acte décisif de la phase révolutionnaire". Il préféra rester en Bavière clandestinement plutôt que d’être rapatrié. Ce choix lui valut d’être considéré à son retour en France comme un déserteur. Emprisonné et inculpé, il passa en conseil de guerre pour "refus d’obéissance". Acquitté, il fut démobilisé.
De retour à Paris, il commença ses activités politiques et syndicales. Membre de la section socialiste du Pré-Saint-Gervais et membre de l’ARAC, Beaugrand cotoya l’instituteur socialiste Pierre Joly et Charles Piétri, tous deux favorables à la Troisième Internationale dès le congrès de Strasbourg (février 1920). Employé par une fabrique de chaussures (Monteux), Beaugrand fut sanctionné pour fait syndical avant d’être licencié à la suite d’une grève en avril 1920.
Il revint alors aux abattoirs de La Villette comme ouvrier boyaudier.A l’occasion d’une grève aux abattoirs en janvier 1921, Beaugrand fut nommé secrétaire de la section syndicale CGT des travailleurs de l’industrie de la viande de La Villette. Partisan de la minorité syndicale, il milita dans les Comités syndicalistes révolutionnaires. Avec sa section syndicale, rattachée au syndicat général des travailleurs de l’industrie de la viande créé en juillet 1920, il adhéra à la CGTU en 1922. Malgré une sanction qui l’interdit de séjour aux abattoirs en 1923 à la suite d’un mouvement revendicatif qu’il avait animé, Beaugrand poursuivit son activité syndicale, combattant contre la tendance anarcho-syndicaliste de sa section et contre une tentative de passage à l’autonomie.
Membre de l’Union des Coopérateurs, il fut désigné au congrès de Paris (1-4 septembre 1925) comme membre de la commission exécutive de la fédération CGTU de l’alimentation, responsabilité renouvelée par le congrès des 25-27 septembre 1927. A la même époque, il fut nommé secrétaire du syndicat général des travailleurs de l’industrie de la viande de la région parisienne. Praticien des abattoirs, il s’intéressa particulièrement à l’industrialisation de cette entreprise et rédigea avec des camarades de travail un contre-projet à la proposition du socialiste Fiancette sur cette question. Présenté au bureau de la région communiste parisienne le 30 juin 1926, il était proposé au Conseil municipal de la ville de Paris par les conseillers communistes.
Beaugrand revint travailler aux abattoirs de juin 1932 à décembre 1934 comme ouvrier moutonnier (Lambeye). Il souhaitait à cette époque rétablir l’influence du parti communiste et de l’organisation syndicale à La Villette. Il continuait d’assumer ses fonctions de secrétaire général du syndicat CGTU des travailleurs de l’industrie de la viande de la région parisienne, responsabilité qu’il conserva jusqu’à la réunification syndicale.A partir de 1936, Beaugrand se présenta comme conseiller technique et c’est sous ce titre qu’il signa la convention collective des abattoirs de la Seine le 23 janvier 1939.
Pendant l’entre deux guerres, son action politique ne fut pas moins intense.Avec la section socialiste du Pré-Saint-Gervais, il a adopté la motion d’adhésion à la Troisième Internationale à la veille du congrès de Tours (décembre 1920).En 1923, après avoir assisté à la conférence de Levallois sur les cellules d’entreprises, conférence présidée par Suzanne Girault, Beaugrand décida de créer une cellule d’entreprise aux abattoirs avec l’aide des frères Mathieu, Lucien et Alexandre, ouvriers bouchers et communistes de Pantin. Par la suite, à plusieurs reprises, il eut l’occasion d’encourager la formation de ces cellules dans la région parisienne alors qu’il était secrétaire du premier rayon communiste de la région, puis maire de Gentilly et conseiller général de la Seine.
Dès 1924, le parti communiste utilisa son physique impressionnant pour le service d’ordre lors des réunions politiques. En 1925, il était responsable du service d’ordre du parti pour la région parisienne. Le 2 décembre 1927, il était désigné par une réunion du bureau politique (illégal) comme "responsable de l’organisation des groupements de défense ouvrière". Il conserva ces responsabilités au "contrôle intérieur du parti" jusqu’en 1933.
En octobre-novembre 1924, Beaugrand devenait secrétaire du premier rayon communiste de la région parisienne qui comprenait les ler, Ilème, Xème, XIXème arrondissements de Paris et la commune de Saint-Denis. Il participa à cette époque à la première école communiste de Bobigny où il fut impressionné par les exposés de Bouthonnier et Sémard, et par les cours théoriques suivis de travaux pratiques dirigés par Marion. Il conserva le secrétariat du premier rayon jusqu’en 1927. A cette date, il entra en conflit avec Doriot, implanté à Saint-Denis, qui contribua à sa mise à l’écart.
Après un voyage de deux mois à Moscou à l’automne 1927, Beaugrand fut élu député dans la deuxième circonscription du XIXeme arrondissement de Paris à la suite de circonstances favorables qui le placèrent à l’avant scène de la vie politique de ces quartiers. Trésorier du groupe parlementaire communiste - dont il a conservé certains documents - Beaugrand n’avait que le tiers de son temps occupé par les travaux de la Chambre. Aussi assuma-t-il de nombreuses missions pour le parti. Il alla soutenir des candidats communistes lors d’élections partielles, il suppléa aux défaillances de certains dirigeants communistes dans des tournées à l’étranger tels Doriot en Espagne ou Vaillant-Couturier en Algérie. Il alla en Belgique mais surtout en Allemagne où il était membre du Comité exécutif du Front Rouge à Hambourg. Toujours membre du comité de la région communiste parisienne, il présida le 13 octobre 1931 aux côtés de Thorez et de Frachon un meeting central salle Bullier. Battu aux élections législatives de 1932, il poursuivit son activité internationale tout en reprenant son travail d’ouvrier boucher. Elu membre du comité central de l’ARAC en avril 1933, il lui arriva souvent de représenter cette organisation à l’étranger.
Devant la crise municipale de Gentilly, le parti lui demanda de s’y faire élire à la première occasion. Celle-ci se présenta en 1934. Elu, Beaugrand vit son mandat renouvelé en mai 1935 à la suite d’une politique sociale très active de la municipalité aidée par les communes voisines dont Villejuif. Cette année là fut également celle de son au conseil général de la Seine. Réélu au Comité central de l’ARAC en 1936 puis en 1939, Beaugrand fut désigné délégué aux relations internationales.La seconde guerre mondiale mit un terme à cet itinéraire politique et syndical. Maire communiste de Gentilly et conseiller général de la Seine,déchu de ses fonctions le ler février 1940, Beaugrand était dénoncé par l’Humanité du 26 octobre 1944 comme "traître au parti et à la France" sans que l’on puisse aujourd’hui en donner clairement les raisons.
Après avoir tenté d’assurer sa sécurité en se réfugiant dans l’Yonne où il se mit à la disposition des militants communistes de la région, il fut arrêté et interné avec d’autres communistes au camp de Pithiviers (Loiret) en septembre 1942. Il devait y rester jusqu’au 7 août 1944 avant d’être définitivement libéré le 10 août de la même année. Se doutant de sa disgrâce au sein du parti communiste depuis le début de la guerre, disgrâce qu’il jugea par la suite être le fruit d’une cabale dressé contre lui, Beaugrand ne fut pas vraiment surpris par la dénonciation de l’Humanité. Niant les accusations portées contre lui, il tenta en vain de justifier auprès de ses camarades son attitude pendant cette période. Comprenant qu’il ne serait pas réintégré au sein du parti, il s’adressa sans succès au Procureur de la République pour être inculpé de "traître à la Patrie". Isolé, Beaugrand décida de ne plus se manifester.
Il resta dans l’Yonne jusqu’en 1947 puis revint travailler dans la région parisienne où il exerça différents emplois. Exclu du parti communiste, il ne put revenir au sein de la CGT ni même de l’ARAC. Il adhéra à différentes organisations comme le Secours Populaire, le Mouvement pour la Paix ou le Syndicat des Retraités. A Chaumes-en-Brie où il habitait, il exerça quelques temps les fonctions de conseiller municipal aux côtés d’élus communistes de 1963 à 1965. A la fin des années soixante, il revint à Arleuf (Yonne) avant de s’établir définitivement quelques années plus tard à Vesdun (Cher).
Mais, pendant toutes ces années, Beaugrand ne cessa de rechercher sa réintégration au sein du parti. A plusieurs reprises, il fit des demandes dans ce sens auprès de la Direction. Finalement, sa loyauté et sa fidélité devaient être récompensées puisqu’en mai 1977, il révélait dans une lettre adressée à J. Girault qu’il était à nouveau membre du Parti Communiste précisant vouloir "le servir dans la mesure de mes moyens jusqu’à ma dernière limite d’activité". Georges Beaugrand devait s’éteindre à l’âge de quatre vingt neuf ans dans la petite ville de Vesdun où il avait choisi de se retirer.
Biographie tirée du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Quatriième partie, 1914-1939, Tome 18, pp. 290-298

Informations sur l'acquisition :

En relation avec Jacques Girault depuis 1974, Georges Beaugrand a fait don de ses archives au CHS.

Description :

Mise en forme :
Le classement respecte l'organisation du fonds par le producteur. Les doublons ont été éliminés.

Conditions d'utilisation :

Les photographies sans flash sont autorisées.Les photocopies sont interdites.

Description physique :

Dimensions :
0.75 mètres linéaires
Importance matérielle :
7 boîtes

Références bibliographiques :

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la dir. de Jean Maitron, Quatriième partie, 1914-1939, Tome 18, Paris, Les Éditions ouvrières,1990.

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Mises à jour :

30 octobre 2019
  • Mise à jour des informations lors du transfert des fonds du Centre d'histoire sociale des mondes contemporains vers le Grand équipement documentaire du Campus Condorcet
  • Identifiant de l'inventaire d'archives :

    FR-930019801_MIL_Beaugrand_PARIS1_CHS

    Où consulter le document :

    Humathèque Condorcet - Service des archives

    Liens