Inventaire d'archives : Fonds Mario Marret (1961-1971)

Contenu :

Le fonds Mario Marret est exclusivement constitué de correspondance écrite par le cinéaste et adressée à sa compagne, Christa Geitner, entre 1961 et 1971. Il est structuré en deux parties : correspondance adressée à sa compagne Christa Geitner (251 J 1-5) et correspondance reçue par Mario Marret et Christa Geitner (251 J 6).
Dans ses lettres privées, Mario Marret témoigne de son expérience de cinéaste militant et engagé, confronté à la décolonisation, tant en Algérie (251 J 1), qu'en Guinée portugaise (251 J 4). Il évoque également son expérience de conférencier en France (251 J 2), de réalisateur en RDA (251 J 3) et de militant humanitaire (251 J 5). Enfin, les deux lettres de Régis Debray et de Chris Marker (251 J 6) illustrent les milieux intellectuels et artistiques français dans lesquels gravite alors Mario Marret.
Le fonds Mario Marret permet donc l'étude des méthodes de travail d'un cinéaste et des positions politiques d'un militant engagé dans la France des années 1960, constituant ainsi un témoignage d'autant plus intéressant, qu'il expose des analyses et des prises de position dans un contexte épistolaire privé.

Cote :

251 J 1-6

Publication :

Archives départementales de l'Hérault
2023
Montpellier

Informations sur le producteur :

Marret, Mario (1920-2000)
Marret, Mario (1920-2000)
Marius Marret, dit Mario Marret, militant anarchiste puis communiste, opérateur radio, résistant, explorateur polaire, cinéaste militant et psychanalyste, naît le 27 mai 1920 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Fils d'un cantonnier, il effectue son apprentissage de serrurier à l'école Amédée-Gasquet de Clermont-Ferrand, où, dès 1935, il rencontre des réfugiés politiques allemands ayant fui le nazisme. Il devient ensuite serrurier et ferronnier d'art dans sa ville natale. Pendant le Front populaire, Mario Marret, qui appartient au groupe anarchiste local, participe aux grèves. En mars 1939, il est secrétaire du groupe clermontois de la Solidarité internationale antifasciste (SIA). En août 1939, envoyé par l'hedbomadaire Le Libertaire, Mario Marret pénètre clandestinement dans le camp d'Argelès-sur-Mer et y recueille les témoignages de républicains et d'anarchistes espagnols qui y sont internés.
En septembre 1941, Mario Marret est mobilisé au Groupement des communications radio-électriques de Hauterive, près de Vichy où il est affecté au service des repérages. A la fin 1941, prévenu par le directeur que la police s'intéresse à lui, Mario Marret gagne Alger où, profitant de ses connaissances en radio (il a suivi les cours de radio de l'école Thouzet, à Clermont-Ferrand), il est recruté par le Centre d'écoutes radio-électriques de l'armée. Mario Marret est alors chargé de traquer les postes clandestins des services secrets allemands, émettant depuis Alger. Deux mois plus tard, il est congédié car son dossier d'Hauterive a été transmis en Algérie. Mario Marret travaille alors au magasin Général Radio Contrôle (qui sert en fait de couverture aux services de renseignement alliés) et où il est recruté par l'OSS américaine. Après le débarquement de novembre 1942 en Afrique du nord, il devient l'un des opérateurs radio de l'OSS à Alger. Le 4 décembre 1942, il se fait volontairement remobiliser pour être "mis à la disposition du consulat américain" et, en avril 1943, il demande à être parachuté en France.
Transféré à Londres, il suit une formation spéciale, puis, sous le pseudonyme de Marcel, est parachuté en France, dans le Puy-de-Dôme le 17 août 1943, avec un autre agent de l'OSS, Jean Alziary de Roquefort. Les deux agents implantent à Lyon un réseau de l'OSS (Penny Farthing) et son émetteur, baptisé Ravina. Mario Marret assure avec un autre opérateur radio les transmissions vers Londres et Alger d'informations sur les unités allemandes de la région, et participe à des parachutages de matériel destiné à la Résistance. Le 3 décembre 1943, alors qu'ils sont en train d'émettre depuis une villa au bord du Rhône, ils échappent de peu à une descente de la Gestapo.
L'infiltration d'un agent de l'Abwehr dans le réseau occasionne, le 11 avril 1944, l'arrestation de Mario Marret, alias Marcel, à Lyon, ainsi que de sa secrétaire Yvonne Loiseau et de plusieurs membres du réseau. Torturé pendant plusieurs jours et interné au Fort Montluc, Mario Marret reconnaît être un espion nord-américain. Tout en cherchant à préparer une évasion, Mario Marret parvient à établir un contact avec l'extérieur. Le 23 août 1944, escorté par deux agents allemands qui venaient le prendre en charge au Fort Montluc, Mario Marret, qui devait être exécuté le même jour, est libéré par un groupe des FFI, ses gardiens étant fait prisonniers. Mario Marret rejoint alors après la Libération, la Direction générale études et recherches (DGER), service de renseignement gaulliste rattaché au BCRA de Jacques Soustelle.
Après la guerre, il participe dès la fin des années 1940 aux expéditions polaires de Paul-Emile Victor, lors desquelles il réalise plusieurs films documentaires (Images d'un été en 1950, Terre Adélie en 1951, Aptenodytes Forsteri en 1953), et assure la direction d'expéditions. Egalement animateur dans les années 1960 du ciné-club d'Apt et membre du Parti communiste, il est l'un des premiers à se mobiliser contre l'implantation des fusées sur le plateau d'Albion.
Engagé dans le soutien au FLN pendant la Guerre d'Algérie, Mario Marret participe lors de l'indépendance en 1962 à la création de la télévision algérienne. Il est également l'auteur de plusieurs films (notamment Nossa Terra en 1966) sur la décolonisation de l'Afrique portugaise et les maquis de la Guinée portugaise. Membre du collectif de cinéastes Medvekine de Chris Marker, il est co-réalisateur du film A bientôt, j'espère, tourné lors de la grève des ouvriers de la filature Rhodiaceta à Besançon en 1967. Le collectif Medvekine a pour ambition de proposer un travail commun entre les ouvriers et les cinéastes, revendiquant une filiation avec les cinéastes soviétiques Medvedkine et Vertov qui ont expérimenté des formes nouvelles de "cinéma du réel". Pendant la Guerre du Vietnam, Mario Marret, qui a été décoré de la Distinguished Service Cross pour ses activités dans la Résistance, retourne, en signe de protestation, cette décoration aux autorités américaines et publie une lettre ouverte dans la presse communiste de Marseille à ce sujet. Dans les années 1970, il devient psychanalyste à Aix-en-Provence, puis décède à Avignon le 5 janvier 2000.
Au début des années 1960, il rencontre Christa Geitner, alors étudiante, puis professeur d'allemand, avec laquelle il partage sa vie pendant près de dix ans.

Informations sur l'acquisition :

Don Christa Geitner (entrée n° 6378, 24 mai 2017).

Conditions d'accès :

Fonds communicable sous forme originale exclusivement sur rendez-vous, préalablement pris auprès des Archives départementales de l'Hérault.

Conditions d'utilisation :

La reproduction par des tiers à des fins commerciales ou non commerciales est interdite jusqu'en 2029. Pour le reste, se référer au règlement intérieur de la salle de lecture.

Description physique :

Importance matérielle :
0,10

Ressources complémentaires :

Archives départementales de l'Hérault
Fonds de la Mission Racine
1103 W 437 Film 16 mm de Mario Marret intitulé "D'azur en vermeille" (1966)
1103 W 439 Film 35 mm de Mario Marret intitulé "D'azur en vermeille" (1966)
Archives nationales
Fonds du comité d'histoire de la Seconde guerre mondiale
72 AJ 220-248 : BCRA : témoignage de Jean Alziary de Roquefort [1944] (document consultable en ligne : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/media/undefined/undefined/FRAN_0080_10313_L) [le témoignage évoque le parcours d'opérateur radio clandestin de Mario Marret, alias Marcel]

Références bibliographiques :

Bibliographie sur Mario Marret :
CALVI (Fabrizio), OSS, la guerre secrète en France. Les services spéciaux américains. La Résistance et la Gestapo, 1942-1945, Hachette, 1990, 635 p. [l'ouvrage rapporte le témoignage de Mario Marret]
CHALIAND (Gérard), La pointe du couteau, un apprentissage du monde, Robert Laffont, Paris, 2011, 468 p.
CADE (Michel), Les groupes Medvekine, 1967-1974, éditions Les mutins de Pangée/Iskra, Paris, 2018, 166 p.
BERCHOUX (Micheline), La véridique et fabuleuse histoire d'un étrange groupuscule : le C.C.P.P.O, Les Amis de la Maison du Peuple, Besançon, 2003, 114 p.
Notice Maitron MARRET Mario [MARRET Marius] : https://maitron.fr/spip.php?article120386 [version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 novembre 2019].
Une bande dessinée relatant la vie de Mario Marret : Quatre vies de Mario Marret [Texte imprimé] / scénario Nina Almberg ; dessin et couleur Laure Guillebon.- Paris : Steinkis éditions, 2023.- 1 vol. (181 p.) : illustrations en noir et en couleur ; 29 x 22 cm. [ADH BD 498]
 
Ouvrage de Mario Marret :
MARRET (Mario), Sept hommes chez les pingouins, René Juillard, Paris, 1954, 289 p. [relate les expériences polaires de Mario Marret en Terre Adélie]
 
Quelques œuvres cinématographiques de Mario Marret :
Images d'un été (1950), Terre Adélie (1951), Aptenodytes Forsteri (1953), Le Ferronnier (1955), Montagne du désespoir (1957), Un enfant d'Irelli (1958), La Piste blanche (1960), Allo! Charcot (1960), D'azur en vermeille (1966) [reportage sur les réalisations de la Mission Racine en Languedoc-Roussillon, consultable en salle de lecture des Archives départementales de l'Hérault], A bientôt, j'espère (1967-1968) [co-réalisation avec Chris Marker]

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives départementales de l'Hérault

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD034_M_000576

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