Origine:

L'hospice de Saint-Jean-de-Losne a été fondé en 1658 sur proposition d'un des prêtres familiers, suite à une décision de l'assemblée des habitants. Il est le résultat d'un processus de concentration de petits établissements en un « hôpital général », situé dans un centre urbain, après la reconstruction de l'hôpital d'Auxonne en 1631 et de celle de l'hôpital Saint-Laurent de Nuits en 1633. En 1662 Louis XIV octroie des lettres patentes pour lui donner capacité à suppléer les petits hôpitaux de Saint-Usage (hôpital Saint-Jacques et Saint-Philippe), Aubigny, Bonnencontre, Esbarres, Le Chatelet, Chaussin, Tart-l'Abbaye. Ces établissements disparaissent et leurs revenus issus des fondations reviennent à l'hôpital de Saint-Jean-de-Losne. Une longue suite de procès témoigne de la résistance de ces petits hôpitaux à cet effort de centralisation hospitalière. Dès sa fondation, le pouvoir civil affirme sa capacité à gérer l'hôpital, qui est gouverné par une « Chambre de Charité » dont la composition a peu évolué et qui se trouve au XVIIIe siècle constituée du maire, de quatre échevins, du syndic, du directeur spirituel (un des prêtres familiers) et de la supérieure des religieuses, ces deux derniers ayant seulement voix consultative. La paroisse est exclue du gouvernement de l'hôpital et le restera malgré les efforts du curé Alexandre Tissier au XVIIIe siècle. La loi du 16 Vendémiaire de l'An V créant les hospices civils ne bouleverse pas l'administration de l'hôpital, qui conserve sa directrice. Pour s'occuper des malades, une communauté de religieuses (Institut des sœurs de Sainte-Élisabeth, du tiers ordre de saint François), est fondée par Élisabeth Perrier, mais elle quitte la direction de l'hôpital en 1678. En 1680, avec l'aide des sœurs de l'hôpital de Dole, la communauté adopte la règle des sœurs de Sainte-Marthe. À partir de 1756 une assistante est ajointe à la supérieure : elles sont élues tous les 3 ans et ne peuvent pas exercer plus de deux mandats. L'effectif de la communauté est alors de 7 religieuses. En 1909, les sœurs de Saint Marthe ont été remplacées par les sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny, (congrégation fondée par Anne-Marie Javouhey, née à Jallanges en 1779), qui seront présentes jusqu'en 1976. Les sépultures des religieuses de l'hôpital se trouvent au cimetière de Saint-Usage. Les fondations dont bénéficiait l'hôpital, même si elles semblent importantes, n'ont jamais assuré de grands revenus, et malgré les faibles charges d'exploitation, en raison du caractère bénévole du personnel, l'équilibre financier est toujours demeuré précaire.

L'hôpital a pendant une longue période fonctionné en autarcie, ne faisant appel à l'extérieur que pour la fourniture de la viande et du pain. Aux XVIIe et XVIIIe siècles l'établissement disposait d'un jardin, d'une basse-cour, d'une écurie et d'un cimetière. Lors de la fondation, l'hôpital occupe deux maisons, « près des halles », puis constitue à la fin du XVIIe siècle un ensemble hétéroclite, abritant la salle des hommes, la salle des femmes et les locaux annexes. En 1724 la décision est prise de démolir la salle des femmes et de la reconstruire à neuf à l'emplacement du cimetière. La première pierre est posée solennellement en présence des notables de la ville le 4 juillet 1727. La cloche fondue par Burel est bénie en mai 1733. En 1738 est construite l'aile de la cuisine. Au XIXe siècle sont apportées quelques transformations assez mineures. Les dépendances ont été également démolies pour être remplacées par des constructions neuves au cours des années 1970 et 1980. L'hôpital conserve le corps de bâtiments principal du XVIIIe siècle, avec ses deux ailes en retour à l'arrière et son toit à la Mansart. Le mobilier d'origine a disparu avec les modernisations des XIXe et XXe siècles. Il demeure la statue de la Vierge en pierre, donnée par le séminaire de Plombières en 1852, représentante de l'école bourguignonne du XVe siècle, jadis au milieu de la cour, classée monument historique en 1901.

L'hôpital accueillait 8 pensionnaires au moment de sa fondation, puis 24 lits en 1790 et reçoit en plus deux orphelines de Chaussin. La capacité d'accueil augmente à la fin du XIXe siècle par la création de nouvelles salles pour les vieillards. Après la requalification de l'établissement en EHPAD le 1er janvier 1986 et la construction de nouveaux bâtiments, la capacité d'accueil est aujourd'hui de 132 lits. Le 21 avril 1980 le bâtiment "long séjour", construit en 1977, est détruit par un incendie. Il est restauré, puis réouvert en 1986.

Langue des unités documentaires: Français

Que Monsieur Pierre-Marie Guéritey soit remercié de ses indications historiques et bibliographiques et de ses corrections apportées à l'inventaire.

Archives départementales de la Côte-d'Or