Inventaire d'archives : 291J - Fonds Zéphirin Camélinat

Contenu :

Ce fonds personnel est composé pour l'essentiel d'archives produites ou réunies par Zéphirin Camélinat ainsi que de quelques archives provenant de Zélie Camélinat. Elles illustrent différentes périodes du parcours politique et personnel de Zéphirin Camélinat depuis la Commune de Paris jusqu'à sa mort, en 1932.
Un premier ensemble (291 J 1-2) de ce fonds réunit les papiers personnels et familiaux de Zélie et de Zéphirin Camélinat.
La correspondance familiale, professionnelle et politique de Camélinat a été réunie, lorsqu'elle ne s'intégrait pas à un dossier constitué, dans un second ensemble (291 J 3) particulièrement riche. Une part importante de cette correspondance concerne le mandat de parlementaire de Zéphirin Camélinat, et illustre le type de sollicitations[1] dont peut faire l'objet un député socialiste, syndicaliste, communard de surcroît, à une époque où la République s'affirme et où le mouvement socialiste est particulièrement divisé.
Zéphirin Camélinat a aussi conservé de son mandat de parlementaire une collection du Journal officiel qui lui était adressée par les services de la Chambre. A cela s'ajoutent quelques exemplaire du Journal officiel rendant compte des débats au Sénat, et quelques journaux et publications relatifs au département de la Seine et à la ville de Paris. Cette documentation a été réunie dans une troisième ensemble (291 J 4-6).
Zéphirin Camélinat a incarné pour le Parti communiste français la figure du communard passé, après le congrès de Tours, au communisme. Les archives relatives à la Commune de Paris constituent un dossier (291 J 7) composé de quelques documents originaux dont des affichettes , d'une documentation réunie après les évènements notamment d'une collection en réimpression du Journal officiel de la Commune , d'une correspondance et de documents ayant trait aux commémorations de l'événement. Ces archives ne permettent pas d'appréhender le rôle de Camélinat pendant la courte période de la Commune de Paris, mais ont été réunies avec un objectif à la fois historique et commémoratif. On soulignera l'intérêt particulier, dans ce dossier, des archives relatives à Jean-Baptiste Sérizier[2], constituées de pièces originales lui ayant appartenu dont un carnet de détention et d'un manuscrit consacré à l'histoire de l'officier rédigé par [L. Charignez], ainsi que du manuscrit des « mémoires d'un transporté de la Commune », probablement rédigé par Alexis Trinquet[3] qui y évoque sa déportation au bagne.
Les archives concernant les activités parlementaires de Zéphirin Camélinat et son engagement au sein dans mouvement socialiste avant la création de la SFIO (291 J 8) sont assez parcellaires. De la période où il a exercé la fonction de trésorier de la SFIO, il a en revanche conservé de nombreux documents (291 J 9). La correspondance avec les structures locales du parti semblent particulièrement riches, notamment pour l'année 1910, et ouvrent d'intéressantes perspectives de recherche sur l'implantation locale de la SFIO dans ses premières années d'existence. 
Militant et élu socialiste, Camélinat est aussi un dirigeant syndical. Les archives concernant ce pan de ses activités (291 J 10) illustrent pour l'essentiel son activité au sein de la Chambre syndicale des ouvriers du bronze pour une période réduite (1883-1885), et notamment sa participation à la délégation de syndicalistes envoyée à Boston dans le cadre de l'exposition internationale de 1883.
Un dernier petit dossier (291 J 11) a trait à l'engagement de Camélinat dans la franc-maçonnerie.  
 
[1] Ce qui explique que la date extrême supérieure (1953) soit largement postérieure à la mort de Zéphirin Camélinat.
[2] Colonel fédéré fusillé en 1872. Voir la notice qui lui est consacrée dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (DBMOF).
[3] Voir la notice qui lui est consacrée dans le DBMOF. A noter que le rédacteur de cette notice évoque, dans l'appareil de sources, l'existence « « Journal de Bagne » manuscrit de Trinquet, redécouvert dans l'Yonne en 1971, (&) confié au Musée d'Histoire vivante de Montreuil ».

Cote :

291J/1-11

Publication :

Département de la Seine-Saint-Denis / Direction des services d'archives
2021
54 rue du Président Salvador-Allende
93000 BOBIGNY

Informations sur le producteur :

CAMELINAT Zéphirin
Né le 14 septembre 1840 à Mailly-sur-Ville (Yonne), mort à Paris le 5 mars 1932, Zéphirin Camélinat travaille avec son père comme vigneron avant de partir, à l'age de 17 ans, de son village d'origine et de rejoindre Paris où il devient monteur en bronze et ciseleur. Gagné au socialisme, Camélinat est un des premiers adhérents de l'Internationale. Il fait partie de la commission adjointe au premier bureau de Paris installé en 1865, puis participe au premier congrès de l'Association internationale des travailleurs (AIT) tenu à Genève en 1866. A la suite de ce congrès, il entre à la commission administrative du bureau de Paris. Camélinat est aussi, à cette même époque, l'un des animateurs de la Société ouvrière du crédit mutuel du bronze, organisation qui dirige en 1867 une grève victorieuse des bronziers.
Mobilisé pendant la guerre de 1870, Camélinat est appelé par la Commune de Paris à assumer d'importantes fonctions. Après le 18 mars 1871, il s'occupe en collaboration avec Albert Theisz de la Poste. Le 3 avril, il est nommé directeur de la Monnaie. Demeuré sur les barricades jusqu'au dernier moment, il peut échapper à la répression en se réfugiant en Angleterre. En 1872, Camélinat est condamné par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée pour insurrection, pillage et vol.
En exil, Camélinat reprend son métier d'ouvrier en bronze et poursuit ses activités politiques et syndicales au sein de l'Internationale et des trade-unions britanniques. Gracié en 1879, il rejoint définitivement la France au début des années 1880. Il est délégué des chambres syndicales parisiennes aux expositions internationales d'Amsterdam et de Boston, puis est élu en 1885 député socialiste indépendant. En 1886, il se rend à Decazeville pour soutenir les mineurs en grève. Vivement attaqué par certaines fractions socialistes pendant son mandat, Camélinat n'est pas réélu en 1889, ni aux nombreuses élections suivantes auxquelles il se présente. Il gagne à cette époque sa vie comme négociant de vins et de champagnes.
Demeuré militant actif, Camélinat appartient à l'Association fraternelle des anciens combattants et amis de la Commune. Après 1905, il occupe des responsabilités à la SFIO dont il est un temps le trésorier, fonction qu'il a occupe également au syndicat de la presse socialiste. Durant la première guerre mondiale, il se range derrière la majorité du Parti socialiste favorable à la défense nationale.
En 1920, à l'issue du congrès de Tours, Camélinat suit la majorité de son parti qui adhère à la 3ème Internationale. Pendant les douze dernières années de sa vie, il incarne dans le Parti communiste français le figure emblématique du communard. Ses obsèques en 1932 sont l'occasion d'une grande manifestation organisée par le PCF.
Camélinat a également animé l'Association fraternelle des anciens combattants et amis de la Commune, était adhérent de la Ligue des droits de l'Homme et franc-maçon.
Un passage du texte de présentation du colloque organisé en octobre 2003 sur Zéphirin Camélinat explique en quoi il demeure une figure marquante du mouvement ouvrier français : « (&) l'ouvrier bronzier Zéphirin Camélinat occupe dans l'histoire sociale française une place singulière. Si dans l'Yonne, son nom reste aujourd'hui encore gravé dans bien des mémoires, il a surtout acquis un statut de symbole au plan national. »
Cela tient en premier lieu au fait qu'il a incarné à travers son itinéraire personnel l'histoire du mouvement ouvrier et du socialisme pour toute la période allant du Second Empire (ami personnel de Proudhon, il fut l'un des signataires du Manifeste des Soixante) jusqu'aux années 1930, en passant par la fondation de l'AIT, la Commune, l'exil, la renaissance du socialisme, la formation de la SFIO, la Grande Guerre, la scission de Tours et la naissance du communisme en France. Cela est dû ensuite à sa personnalité propre : il semble rétrospectivement avoir personnifié toutes les qualités humaines dont surent faire montre les militants du mouvement ouvrier naissant en terme de probité (on sait avec quelle scrupuleuse honnêteté il dirigea la Monnaie durant la Commune), de désintéressement, de sacrifices consentis, et aussi de rigueur professionnelle (comme en témoigne sa longue collaboration avec Charles Garnier lors de la construction de l'Opéra). Ce n'est pas un hasard si l'écrivain Pierre Hamp a inclus dans son ensemble de portraits littéraires réunis sous le titre « Braves gens de France » (1939) une émouvante évocation de Camélinat.
Jouissant d'une popularité jamais démentie, Camélinat ne fut pourtant ni un théoricien, ni un publiciste influent, ni même un dirigeant de tout premier plan du mouvement ouvrier et socialiste français. S'il en est venu un peu paradoxalement à symboliser tout un segment de son histoire, c'est sans doute dans un itinéraire personnel hors du commun, inscrit dans la durée (près de 70 années d'engagement militant ininterrompu, qui lui confèrent un statut d'exception dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français), prolongé par l'élaboration d'une mémoire liée à une symbolique commémorative et aux circonstances de la Résistance, qu'il faut en rechercher l'explication. (&) »[1]
[1] Colloque organisé à Auxerre (Yonne) par l'ADIAMOS (Association pour la documentation, l'information et les archives des mouvements sociaux ) dont le programme est visible sur le site http://calenda.revues.org/nouvelle3451.html.

Informations sur l'acquisition :

Dépôt dans le cadre de la convention du 18/12/2003 entre le Parti communiste français et le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.
Historique de conservation :
Le fonds personnel de Zéphirin Camélinat, donné à la Bibliothèque marxiste de Paris en 1960 par sa fille Zélie, a été déposé en 2004 avec le fonds du Parti communiste français aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, dans le cadre de la convention signée entre le PCF et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Il compte 11 articles (pour 0,9 ml), et a été enregistré aux Archives départementales sous la cote 291 J.

Conditions d'accès :

Délai de communication à 25 ans.

Conditions d'utilisation :

Reproductions soumises à l'autorisation du PCF.

Description physique :

0.9
Importance matérielle :
0.9 ml

Références bibliographiques :

HAMP Pierre, Braves gens de France, Gallimard, Paris, 1939.
Zéphirin, Rémy CAMELINAT, délégué de la Commune à la Monnaie, brochure éditée par l'association des Amis de la Commune de Paris.
Zéphirin Camélinat (1840-1932). Une vie pour la Sociale, actes du colloque organisé en octobre 2003 par l'ADIAMOS, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, Auxerre, 2004.
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (une notice est consacrée à Zéphirin Camélinat).
Les sources de l'histoire de la Commune de Paris et du mouvement communaliste (1864-1880), actes de la journée d'études du 10 avril 2002 à l'auditorium de l'Hôtel de ville de Paris organisée par la Direction des Archives de France et les Amis de la Commune de Paris-1871, Paris, 2004.
Guide des sources de la Commune de Paris et du mouvement communaliste (1864-1880), La documentation française, Paris, 2007.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Département de la Seine-Saint-Denis / Direction des services d'archives

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD093_008199

Où consulter le document :

Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

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