Inventaire d'archives : Société minière et coloniale de l'Ouest africain Henry Mollet et Cie et Société anonyme des dragages aurifères du Tinkisso.

Contenu :

L'entrée 2005 9 contient, outre les dossiers relatifs à la création et au fonctionnement des sociétés, des informations concernant la prospection et l'exploitation minières en Afrique occidentale française et en Amérique du Sud. Ces dossiers sont accompagnés de plans d'état-major complétés le plus souvent à la main et de nombreux plans complètement manuscrits, de compréhension peu aisée car non légendés. Élaborés par les prospecteurs envoyés sur place, ils ont été conservés comme apport d'informations sur les explorations en Afrique de l'Ouest et les découvertes géologiques, sur les techniques et les modes de travail de l'époque.
Ces documents sont précieux. Imprimés ou manuscrits, ils évoquent le rythme des explorations sur le terrain, ainsi que les matériels nécessaires à l'installation des concessions. Ils ne se prêtent pas facilement à l'interprétation. En effet, les données géographiques et géologiques sont des " zooms " qui ne permettent pas de situer facilement les lieux décrits et ne renvoient pas aux dossiers d'archives par une numérotation ou une référence. Ces cartes ont été dressées par les explorateurs et les équipes des concessions. Les plans de matériels ne sont pas systématiquement légendés. Les dates précises ne sont pas portées.
L'intérêt du fonds est considérable : il renseigne sur les motivations économiques de la colonisation et sur la prise de possession de richesses naturelles bien connues et utilisées par les populations indigènes. On mesure là toutes les facettes de la mécanisation avec l'arrivage brutal de machines performantes et l'introduction de substances nocives (arsenic et cyanure) dans l'environnement jusque-là totalement naturel. Les rendements d'extraction de l'or par dragage du lit des rivières sont absolument stupéfiants : l'AOF française est bien la part d'Afrique la plus riche pour l'or affleurant au sol, en voisinage avec les champs pétrolifères.
Un tel fonds donne une lecture rétrospective de la géopolitique contemporaine sur le continent africain, ainsi qu'en Amérique latine (Colombie). Les dates des documents, majoritairement rassemblés sur la période 1900-1928, permettent d'appréhender sur une courte période cruciale le poids des intérêts français en AOF et en Colombie.
L'entrée 2016 57 comprend quant à elle principalement des rapports avec cartes et des pièces de correspondance relatives à deux missions en Colombie. Des documents administratifs et juridiques, des rapports de missions, des correspondance, des dossiers techniques concernant des sondages et les machines utilisées, des photographies et des plans permettent d'appréhender entre 1903 et 1923 les enjeux de ces activités, leur organisation interne par la Société Henry Mollet et Cie et les relations avec les pouvoirs publics locaux.

Cote :

2005 9 1 à 264 et 2016 57 1 à 8

Publication :

Archives nationales du monde du travail
2011-2017

Informations sur le producteur :

Société minière et coloniale de l'Ouest africain et Société anonyme des dragages aurifères du Tinkisso
La Société minière et coloniale de l'Ouest africain et la Société anonyme des drages aurifères du Tinkasso sont très liées, en raison de leurs objets complémentaires (la recherche et de l'exploitation de gisements de métaux précieux, en particulier l'or et le platine) et du fait que leurs administrateurs principaux sont les mêmes.
La Société minière et coloniale de l'Ouest africain, créée en commandite simple le 26 mai 1903, au capital de 900.000 francs au début du XXe siècle, peut être considérée comme une société d'études. Néanmoins, son capital a été augmenté plusieurs fois et ses résultats sont prometteurs. Ses fondateurs ont voulu rester dans une situation d'attente, en raison des riches et nombreuses découvertes réalisées par les missions envoyées en Afrique et en Amérique du Sud. La mise en valeur de ces découvertes devait apporter de très beaux bénéfices d'autant que le capital de la Société n'a jamais été augmenté dans de trop grandes proportions (cf. assemblée générale des actionnaires du 9 juillet 1908).
Les prospections du minerai d'or se sont déroulées avec des permis de recherches des autorités officielles françaises :
  • dans la colonie du Haut-Sénégal et du Niger, province du Manding et du Bambouck (rivières aurifères à draguer) sur une superficie de 28.109 hectares,
  • dans la colonie de la Côte d'Ivoire (rivières aurifères à draguer près de la cote et zone pétrolifère) sur une superficie de 62.821 hectares,
  • dans la colonie de la Guinée française : en Haute-Guinée (Ancien Soudan) dans les rivières aurifères à draguer, en Guinée centrale (bord occidental du Fouta Djalon) avec des gisements aurifères et du minerai de zinc ainsi que de la bauxite-aluminium et la cote de Guinée aux alentours de Konakry avec un important gisement de fer sur une superficie de 371.044 hectares.
  • dans la colonie du Congo français à M'Boko Songo (gisements de cuivre) sur une superficie de 21.223 hectares justifiant la construction d'un chemin de fer joignant Brazzaville à la cote en passant par les mines,
  • en République de Colombie (Amérique du Sud), province du Choco (concessions perpétuelles de gisements aurifères et platinifères, de cuivre et de lignite) sur une superficie de 17.000 hectares,
Pour financer ces opérations coûteuses et non immédiatement rentables, la Société est en lien financier avec une série d'entreprises : la Société des Mines de la Haute-Guinée, la Société minière du Koba de Balato, la Société anonyme des dragages aurifères du Tinkisso (cette dernière pouvant être présente sur plus de 1.100 kilomètres des cours du Sénégal et du Niger sans rupture de charges), la Banque coloniale et de travaux publics. Elle a pris également des participations pour acquisition de brevets français pour la fabrication des sels agglomérés et l'exploitation des brevets belges pour ces mêmes sels (usine à Ruppelmonde, près d'Anvers, Belgique). L'Afrique est en effet dépourvue de marais salants et de salines.
La Société minière et coloniale de l'Ouest africain est donc arrivée la première au moment de la formation de l'empire colonial français en Afrique. Elle a créé un immense domaine à exploiter, composé des meilleurs territoires miniers qu'elle a pu choisir en toute liberté (un total de 600.000 hectares coûtant environ 60.000 francs de droits annuels à payer au Gouvernement français). Elle a eu recours aux meilleurs ingénieurs français. Elle a opté pour un système d'exploitation par sociétés interposées, en cédant les permis acquis tout en conservant un intérêt dans les entreprises concessionnaires. La situation pour elle est donc unique et privilégiée dans toute l'Afrique occidentale française (AOF), au Congo et en Colombie.
Elle possède en Guinée française et Haut-Sénégal et Niger 33 permis de recherches et d'exploitation aurifères (rivière Tinkisso, rivière Milo, rivière Fie, rivière Sankarani, région d'Ouassoulou). En Cote d'Ivoire, elle possède 24 permis pour la recherche de l'or et du pétrole (région du Sanwi).
En Amérique latine, elle possède en Colombie 17.000 hectares de terrains platinifères et aurifères contenant aussi d'autres métaux et des terrains propices au caoutchouc. Elle prospecte les gisements d'or et de platine situés sur les deux rives du rio Negro et du rio Cajon, du rio Jamana et du fleuve San Juan (district du Choco, département du Cauca, en République de Colombie).
La Société anonyme des dragages aurifères du Tinkisso, créée en 1904, est spécialisée dans la recherche des gisements d'or dans les fleuves. Au centre des colonies françaises d'Afrique en effet, sur les territoires du Sénégal et de la Guinée française se trouvent les plus importants gisements aurifères de l'Afrique traversés par le chemin de fer de Kayes à Bamako. « 2.700 milles carrés dans lesquels l'or se trouve partout » (Wood, ingénieur des Mines, mission 1903). En outre, les cours d'eau sont parfaitement dragables. Les populations africaines avaient exploité ces très riches alluvions de longue date. L'évaluation des ingénieurs ayant conduit les prospections au début du XXe siècle était de 4 à 5 grammes d'or par mètre cube, soit une valeur de l'époque de 12 à 15 francs au mètre cube. Ces chiffres étaient au-dessus de ceux des Anglais dans la Gold Cost voisine. La Société bénéficia à sa création de l'apport de 200 kilomètres concédés par décision du Gouvernement de la Colonie de la Guinée française (22 décembre 1902) à une précédente société : la Société des mines et dragages de la Haute Guinée, Niger et Soudan. Elle possède 6 permis d'exploitation par dragages sur la rivière Tinkisso.
Les dragues furent commandées en Angleterre et furent opérationnelles en septembre 1904. Une drague installée le matin était immédiatement productive en alluvions d'or le soir même, permettant un cycle d'extraction continu. Les dragages d'or en Afrique, comme également ceux de l'Alaska, de l'Argentine, de la Bolivie, de la Californie, du Canada, du Mozambique, du Pérou, de la Sibérie, de la Nouvelle-Zélande, des Guyanes françaises et anglaises permettent des exploitations peu coûteuses et rémunératrices. La Société du Tinkisso a organisé le travail avec deux dragues dont on retrouve dans le fonds d'archives les relevés techniques journaliers. L'avantage de la recherche d'or par dragage des alluvions des fleuves au lieu du creusement de mines est manifeste : c'est une énorme économie en investissement de matériels, en temps et en personnels.
Un plan conservé dans la série des documents hors format du fonds retrace le travail fourni par les deux dragues et apporte les précisions suivantes : entre le 1er septembre 1905 et le 3 juillet 1909, la drague n° 1 permet d'extraire 77.952 grammes d'or ; entre le 10 juin 1907 et le 10 juillet 1909, la drague n° 2 permet d'extraire 111.835 grammes d'or.

Informations sur l'acquisition :

2005 9 : achat des Archives de France en 2003 et 2005.
2016 57 : achat des Archives nationales du monde du travail en 2016.
Historique de conservation :
La Direction des Archives de France a acquis pour le Centre des archives du monde du travail deux ensembles de documents, le 21 juillet 2003 chez le libraire Roch de Coligny à Paris et en 2005 chez le libraire Jack Gonnet à Millau (Aveyron).
Ces deux lots sont réunis sous la même cote 2005 39 car ils ont la même provenance : la Société minière et coloniale de l'Ouest africain sise 164, rue de Courcelles à Paris (17e) et la Société anonyme des dragages aurifères du Tinkisso à la même adresse encore intitulées Henry Mollet et Cie du nom de son principal dirigeant.
Cet ensemble est classé en mai 2011 par Françoise Boman, conservateur général et directrice des ANMT qui produit un répertoire numérique détaillé.
Ce fonds est complété en 2016 d'une nouvelle entrée cotée 2016 57, acquise par les ANMT auprès de la librairie Le Bail. Le répertoire numérique initial a alors été transformé en 2017 en répertoire méthodique afin d'y intégrer l'entrée 2016 57.

Description :

Mise en forme :
Les dossiers de travail échangés entre le siège social des deux Sociétés à Paris et les personnels dans les colonies sont mêlés. C'est pourquoi un cadre de classement géographique a été adopté et non un classement par société, mettant l'accent sur les territoires et les ressources ayant fait l'objet de concessions en AOF et, pour quelques dossiers, de concessions en Amérique latine .
Pour éviter des pertes, chaque carte et plan a été numéroté pour en faciliter le rangement et la gestion, mais sans toujours pouvoir être inventorié intellectuellement.
Certains documents trop dégradés ont été détruits comme inutilisables ; des cartes d'état-major ne portant aucune information minière particulière ont été éliminées comme n'apportant pas de données en relation avec les prospections évoquées dans le fonds d'archives. Mais ces éliminations sont très restreintes par rapport à l'ensemble conservé.
A été éliminé environ 1 mètre linéaire de rapports en exemplaires multiples et de cartes dans un état irrécupérable.

Conditions d'accès :

Archives privées.
Fonds communicable et reproductible suivant les délais légaux prévus par le Code du patrimoine par analogie avec les archives publiques.
Les cotes 2005 9 255 à 256 sont non communicables en raison de leur état matériel très dégradé.
Publiable sur internet

Conditions d'utilisation :

La réutilisation des documents extraits du fonds est gratuite et libre, sous réserve des dispositions relatives aux droits de la propriété intellectuelle et au respect de la vie privée (voir les modalités d’application sur le site internet des ANMT).

Description physique :

2005 9 : 10 mètres linéaires (264 unités documentaires)2016 57 : 0,10 mètres linéaires (8 unités documentaires)
Importance matérielle :
10,10

Ressources complémentaires :

Archives nationales du monde du travail (Roubaix) :
  • 2000 30 - Fédération des chambres syndicales des minerais, minéraux industriels et métaux non ferreux. 1847-1993. On y trouve particulièrement les archives de la Chambre syndicale des Métaux comprenant les métaux précieux et des documents à partir de 1936 de la Chambre syndicale française des mines et usines d'or. La constitution de la Chambre syndicale des mines coloniales est postérieure en 1945 et englobe les activités d'extraction de l'or et de l'argent avec une organisation géographique (Section AOF par exemple). Au moment des Indépendances se crée le Groupement des industries minières et métallurgiques d'outre-mer (GIMMOM) qui se verra confier la commission de la vente de l'or.
  • 72 AS et 98 AS - Conseil national du patronat français (CNPF). 1919-1993.
Archives nationales d'outre-mer (Aix-en-Provence) :
  • 142 AQ - Compagnie minière et métallurgique de l'Indochine. 1896-1965.

Références bibliographiques :

M'BOKOLO (Elikia), Noirs et Blancs en Afrique équatoriale (vers 1820-1874), Paris, Éditions de l'École des Hautes Études en sciences sociales, 1981, 302 pages. [H 7173]
RANDLES (W. G. L.), L'ancien royaume du Congo des origines à la fin du XIXe siècle, Paris, Réimpressions des Éditions de l'École des Hautes Études en sciences sociales, 2002, 275 pages et cartes. [H 7147]
SAUTTER (Gilles), Un projet colonial sans lendemain : le chemin de fer Bangui-Tchad (A. E. F.), École des Hautes Études en sciences sociales, 2000, 325 pages. [H 7174]

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales du monde du travail.

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRANMT_IR_2005_9_2016_57

Où consulter le document :

Archives nationales du monde du travail - ANMT

Archives nationales du monde du travail - ANMT

Liens