Inventaire d'archives : Dommenget

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Le fonds Dommenget, acquis par les Archives départementales de la Gironde en 1997, est constitué des papiers découverts la même année dans la maison de maître du domaine des Barathons, à Saint-Avit-Saint-Nazaire Commune formée de la réunion des anciennes communes de Saint-Avit-du-Moiron et de Saint-Nazaire. (Gironde), par son propriétaire. Chef-lieu d'exploitation de plusieurs métairies, elle formait le bien de campagne du négociant bordelais Jean Dommenget, qui en était lui-même entré en possession en 1778. Ces documents s'y trouvaient vraisemblablement depuis le XIXe siècle, remisés en ce lieu par ses descendants. Ils ne couvrent cependant qu'une assez faible part de la vie de Jean Dommenget, né en 1713 et décédé en 1794, puisque les bornes chronologiques du fonds laissent dans l'ombre les trente dernières années de la vie du négociant. Il est impossible de savoir ce que sont devenus les papiers postérieurs à l'année 1765. Cette date correspondant à la fondation de la maison Dommenget & fils, il est à supposer que les archives de la première maison de commerce, dissoute, furent alors closes, et que Daniel François, gendre, associé, puis successeur de Dommenget, en air conservé le complément. Leur destinée reste inconnue à ce jour. Les archives de la maison Dommenget présentent deux centres d'intérêt principaux. En premier lieu, il s'agit d'un fonds de négociant protestant, particulièrement éclairant sur les réseaux commerciaux européens et extra-européens de la religion réformée au milieu du XVIIIe siècle. Dommenget joue un rôle d'intermédiaire évident entre les colonies et sa seconde patrie, la Hollande, ainsi que les anciennes villes hanséatiques de Hambourg ou de Brème, et plusieurs villes d'Allemagne. Ou trouve également trace de relations commerciales, même diffuses, avec des cités plus lointaines, telles Dantzig ou Riga. En France même, ses liaisons avec la protestante La Rochelle sont étroites. D'autre part, en dépit de ses lacunes, il est pratiquement complet pour deux périodes des plus intéressantes dans l'étude du négoce bordelais : la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) et la guerre de Sept Ans (1756-1763), permettant de saisir sur le vif les craintes manifestées par les négociants de la place de Bordeaux, d'étudier les comportements adoptés durant ces périodes, d'autant que ces conflits touchèrent durement l'un l'Europe du Nord, l'autre les colonies. L'essentiel des produits commercialisés par Dommenget proviennent des îles de la Martinique et de Saint-Domingue : sucre brut ou terré, café, indigo, très secondairement coton ou rocou. II n'y a rien là que de très ordinaire. Le second axe de son négoce est constitué par les vins et les liqueurs. Non seulement il écoule les vins de sa région natale, Bergerac, Pécharmant, Monbazillac, pour lesquels son propre frère lui sert de relais, mais encore ceux de la vallée du Rhône (Hermitage), du Languedoc (muscat de Frontignan), ou le vin rouge de Cahors, et, dans la région bordelaise, vin blanc de Barsac et Sauternes, vins de Graves (on trouve mentionné le Haut-Brion), vins de palud (presqu'île d'Ambès), quelque peu de Médoc (on remarque les crus d'Armailhac à Pauillac et Branaire à Saint-Julien). Les premiers documents conservés sont datés de l'année 1738, ce qui se justifie parfaitement, puisqu'il s'agit, comme nous le verrons, de l'année où Dommenget quitte la Hollande, où il s'était établi en 1734, pour se fixer à Bordeaux. Mais les quelques lettres qui ont subsisté concernent toutes, exclusivement, les circonstances de son changement de résidence et les règlements familiaux qui l'opposent à son frère aîné. Elles ne peuvent par conséquent être qualifiées de correspondance commerciale (même si certains de ses futurs partenaires commerciaux y figurent) et ont été regroupées à part. En fait, on ignore à quelle date précise Jean Dommenget fonda sa première maison de commerce, même si l'on trouve trace de son activité dès l'automne 1738. De surcroît, aucune correspondance n'existe pour les années 1739, 1740 et 1741, mais seulement quelques pièces comptables. Il faut donc attendre l'année 1742 pour trouver une année parfaitement constituée qui témoignât pleinement de l'activité de Dommenget, date qui correspond par ailleurs à son mariage et qu'il est intéressant à plus d'un titre de pouvoir étudier. Sont totalement absentes en revanche les années 1743 et 1744 : ce n'est donc qu'entre 1745 et 1751 que l'on dispose d'une première série de correspondance régulière. Les années 1752 à 1756 sont très lacunaires, et enfin la période 1757-1765 est plus complète. Comme on le voit, on dispose donc des quatre dernières années du conflit de la Succession d'Autriche, contemporaines des opérations menées dans les Pays-Bas autrichiens par le maréchal de Saxe, ce qui est d'ailleurs parfaitement illustré par la correspondance de l'un des beaux-frères de Dommenget, officier, et de la quasi intégralité de la guerre de Sept Ans. Les missives des correspondants de Dommenget sont donc enrichies d'une véritable chronique de la guerre de course menée par les corsaires français et anglais et parfois de commentaires sur la diplomatie des Etats, ce qui enrichit le fonds d'une perspective historique certaine. La correspondance et les documents comptables n'ont pas forcément suivi la même destinée. Certaines années sont totalement dépourvues de l'une et relativement riches des autres, et inversement, ce qui est compensatoire. Mais la plus grave lacune est sans doute l'absence totale de correspondance active : aucun registre de copie de lettres ne nous est parvenu. Cela constitue une gêne, puisque nous ne pouvons appréhender la personnalité et la stratégie commerciale de Dommenget qu'à travers les missives, se référant aux siennes, donc il est le destinataire. Cela obligera le chercheur à des reconstitutions évidemment plus pénibles. Les principaux correspondants de Dommenget en Hollande, dès les origines, sont à Amsterdam Jean Naudy (associé ensuite à son cousin Isaac Lacoudré), décédé en 1761 (203 pièces en total), à Rorterdam Joseph Taudin (162 pièces). Ces deux séries de correspondance commerciale sont parmi les plus régulières et homogènes du fonds. La majeure partie des correspondants de Dommenget en Hollande sont d'ailleurs, tout comme lui, des religionnaires volontairement exilés de Bergerac, tous liés les uns aux autres par de proches liens de parenté : c'est le cas des familles Escot et Loche, présentes à la fois à Bergerac (les Loche possèdent un vignoble à Monbazillac) et à Amsterdam. L'étroitesse de ces cousinages est frappante : le beau-frère de Dommenget, Dominique Frescarode, époux de Rose Dumas, est lui aussi originaire de Bergerac, et sa mère est une demoiselle Naudy. Tous ces lignages entretiennent d'ailleurs des relations à la fois commerciales et amicales : pour Jean Naudy, Etienne Escot, André Loche, Dommenget est toujours "Monsieur et cher ami". L'esprit de clan des négociants protestants et les réseaux d'entraide de leur communauté, à l'échelle européenne, sont clairement mis en valeur. Pour l'Allemagne, mentionnons la maison Texier, dirigée d'abord par Bernard Texier, puis, à partir de 1746, en association avec Pierre Texier, son fils (106 pièces), et pour La Rochelle la correspondance des familles Chamois et Fleuriau (226 pièces en total). Tous horizons confondus, la correspondance commerciale passive atteint 2000 pièces, ce qui en fait la principale matière d'exploitation du fonds. Jean Dommenget ne fut pas, tout du moins entre les bornes chronologiques du fonds, un grand armateur, ce qui s'explique essentiellement par le contexte politique. Mais le second voyage de son navire "Le Petit Dauphin" (1749-1751), qui a lieu dans l'intervalle des deux guerres, s'avère cependant très intéressant. Les pièces qui y sont relatives, très complètes, permettront une étude approfondie de cette opération, en amont comme en aval. Il faut par ailleurs se garder d'omettre la part importante que prit Dommenget dans le marché des assurances à Bordeaux. D'une part parce qu'il ne cessa visiblement jamais d'être lui-même assureur indépendant, d'autre part parce qu'il organisa en 1756 la fondation d'une "Compagnie d'assurance de Bordeaux", qui regroupait une vingtaine de négociants et d'armateurs bordelais, tous protestants. Cette pièce (puisqu'une expédition de l'acte de société figure dans les papiers du fonds) est particulièrement digne d'intérêt. En dépit de son apparente modestie, le fonds Dommenget méritait donc amplement sa place dans les collections départementales. Marc VIGNAUCommune formée de la réunion des anciennes communes de Saint-Avit-du-Moiron et de Saint-Nazaire.

Cote :

37 J 1-40

Publication :

Archives départementales de la Gironde
2001
Bordeaux

Informations sur le producteur :

Jean Dommenget (1713-1794) La famille Dommenget, de confession protestante, est installée à Bergerac dès le XVIe ou XVIIe siècle. Selon Chaix d'Est-Ange, elle proviendrait du Dauphiné Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle . Elle y possède, partagée entre la paroisse rurale Saint-Martin de Bergerac et celle, limitrophe, de Lembras, la terre de Malauger (alias Malaugier ou Malaugey), dont ses membres arborent volontiers le nom, pratique qui sera définitivement adoptée au XIXe siècle en vertu d'un jugement du tribunal civil de Bergerac, rendu le 8 mars 1882. Cette décision fixe l'orthographe du patronyme ainsi qu'il suit : "Domenget de Malauger", mais le négociant bordelais et tous les membres de sa famille, au XVIIIe siècle, signent, doublant la consonne, "Dommenget". Nous avons donc choisi de respecter la forme adoptée par les protagonistes eux-mêmes. Jean Dommenget naît à Bergerac le 30 juin 1713. Il est baptisé catholique dans l'église Saint-Jacques le 3 juillet suivant. Son père, Pierre Dommenget, et son grand-père, sont tous deux avocats au Parlement de Bordeaux, et ont choisi d'opter, après la Révocation de 1685, pour une conversion aussi commode que peu sincère. Mais tous les membres de la famille n'ont pas imité cet exemple : une sœur de Pierre s'est ainsi retirée en Hollande, à Utrecht, plutôt que d'abandonner la religion réformée. Pierre Dommenget avait épousé en premières noces, en 1706, Marguerite Eyma On peut observer, du XVIIe au XIXe siècle, pas moins de quatre alliances consécutives en six générations entre les Dommenget et les Eyma. , dont il a eu un fils, lui aussi nommé Pierre. Resté veuf, il a contracté en 1710 une nouvelle union avec Marie Rigaud, fille de Pierre Rigaud, sieur des Barathons, en pays foyen La généalogie de la famille Rigaud figure dans l'ouvrage de l'abbé Albe, Maison d'Hébrard et maisons apparentées ou alliées. . Un premier garçon, né en 1711 et mort en bas âge, a précédé Jean. Orphelin de père très jeune, celui-ci a neuf ans lorsqu'il voit sa mète se remarier, en novembre 1722, à un parent, Jean Rigaud. Ses sentiments pour elle nous paraissent assez tièdes : c'est son cousin germain, Gabriel Rigaud des Barathons, qui veillera aux intérêts de la veuve, ainsi qu'en témoigne la correspondance très régulière qu'il entretient avec Dommenget. Retirée en sa maison de Sainte-Croix, dans la paroisse de Riocaud, Marie Rigaud y mourra en août 1747. Cette conjoncture familiale peut justifier que le jeune Jean, à l'âge de vingt ans, ait choisi d'embarquer en janvier 1734 à bord du navire "La Concorde" à destination d'Amsterdam. Il va demeurer plus de quatre ans en Hollande, où il semble tout d'abord devoir se fixer, lorsqu'en juillet 1738, l'heure de sa majorité le rappelle à Bergerac. Rien ne présage alors que Dommenget est sur le point de s'établir à Bordeaux. Le jeune homme, parti depuis plus de quatre ans en Hollande, manifeste clairement l'intention de regagner sa patrie d'adoption dès que les affaires familiales auront été réglées. Il songe même précisément, sur l'indication de plusieurs membres de son entourage, à s'établir dans la ville de Middelburg, chef-lieu de la Zélande, où il pressent un fort potentiel commercial. Ces projets vont cependant être contrariés. Cet été-là, Jean Dommenget transige avec son demi-frère Pierre sur la succession paternelle, procédant au mois d'août à la licitation du bien de Malauger, de la maison de la rue Bourbarraud à Bergerac, et de la métairie de Razac de Saussignac. L'ensemble est porté à 48000 livres, dont moitié doit être remise à Jean par son frère pour le désintéresser. Le jeune homme comptait fermement sur le versement de ces 24000 livres pour concrétiser son projet de fonder une maison de commerce à Middelburg. Mais pour part de ce règlement, Pierre Dommenget préfère lui céder la métairie de Razac, évaluée 10000 livres. Nous savons que le futur négociant renâcla à l'idée d'être payé en biens fonds, ce dont il se dédommagea en vendant la métairie dès le mois de septembre, attitude qui contraria vivement son frère, soucieux de préserver le patrimoine du lignage. Mais Dommenget n'a pas plus le goût de la terre que celui de la famille. De toute façon, il l'écrit lui-même, sa région natale lui déplaît, et il évite le séjour de Bergerac, sans répondre aux invitations régulières de son frère et de sa belle-sœur qui le convient à Malauger. En même temps se précise une idée, celle de s'établir à Bordeaux, semble-t-il sur la sollicitation de son cousin maternel Etienne Rigaud, négociant aux Chartrons, qui lui propose de l'associer à ses affaires. Tous ses correspondants de Hollande se montrèrent à la fois surpris et navrés de cette décision : elle n'en sera pas moins irrévocable. La carrière de Dommenget à Bordeaux débute donc à l'automne 1738. Nous ignorons quasiment tout de son existence jusqu'à l'année 1742, qui est celle de son matiage. Il épouse en effet à l'automne, à l'âge de vingt-neuf ans, Madeleine Dumas, fille d'un négociant de la place du Palais. Les Dumas sont originaires, tout comme les Baout, les Bonnaffé, ou les Nairac, de la région de Castres, en Albigeois, foyer protestant avéré. Le contrat de mariage, signé le 10 juillet précédent, nous renseigne assez bien sur les profits réalisés par Dommenget depuis son implantation à Bordeaux : il déclare un actif de 35000 livres, "tant en meubles meublants, marchandises, or, argent, billets, lettres de change" ; la demoiselle Dumas, quant à elle, reçoit comptant une dot de 30000 livres. De cette union naît l'année suivante une fille, Marie Dommenget, venue au monde le 3 septembre 1743. Le couple n'aura pas d'autres enfants. Non sans regrets peut-être, puisque trois ans plus tard, à l'occasion des voeux de nouvel an, son beau-frère Marc-Antoine Dumas lui écrit : "Je prie le Seigneur qu'il vous comble de ses bénédictions et qu'il vous donne un héritier digne de vous". Bien qu'il se soit intéressé pour moitié avec l'armateur Jean Peyre dans l'opération du négrier "L'Aimable Flore", en 1741, Dommenget reste très prudent dans les années qui suivent. La guerre de course ne l'encourage pas à expédier des navires en Afrique et aux îles. Il charge des marchandises à bord des bâtiments d'autres négociants assez audacieux pour s'y risquer, mais préfère attendre la paix pour armer lui-même. Profitant de la conjoncture, il va consacrer durant le conflit l'essentiel de son activité aux assurances, un marché qui peut être aussi fructueux que désastreux, où la libre entreprise règne. Bien sûr, nombre de bateaux dont il assura le corps ou la cargaison lui coûtèrent, qu'ils aient été capturés par les corsaires anglais, qu'ils se soient naufragés (cas du Bucentaure, armé par Philippe Nairac et coulé dès sa sortie de la rivière), ou tout simplement qu'ils aient subi des avaries. Mais ces pertes furent vraisemblablement compensées par les autres voyages, et Dommenget, sur un marché aussi frileux que celui des assurances en période de guerre, pouvait se permettre de hausser les primes. Réalisa-t-il un profit considérable, ou ses gains demeurèrent-ils modestes ? Il est impossible de le dire, mais tout porte à croire que son procédé réussit, puisqu'au moment où la paix s'annonce, il dispose de moyens suffisants pour armer un navire de 210 tonneaux, baptisé, sans doute en l'honneur du souverain français bientôt victorieux, "Le Bien Aimé". En effet, dès l'été 1747, à peine les pourparlers engagés et la signature des préliminaires de paix, qui n'interviendront qu'au printemps suivant, Dommenget prépare l'opération de son navire. Mais cette première tentative se soldera par un cuisant échec. Le Bien Aimé quitte la rivière à la fin du mois de mars 1748 à destination de Québec (la France ne perdit le Canada, rappelons-le, que quinze ans plus tard au traité de Paris), mais, deux mois plus tard. Dommenget apprend que le vaisseau a été capturé par un corsaire anglais, et conduit à Plymouth L'ouvrage de J.E. Bosher, Négociants et navires du commerce avec le Canada, mentionne l'expédition du Bien Aimé et fournir plusieurs références sur cette opération. . II ne négligea rien pour son rachat, mais nous ignorons quelles furent ses pertes réelles sur cette opération avortée. A-t-il expédié le bâtiment de manière prématurée, trop confiant quant à la sécurité des mers (le traité d'Aix-la-Chapelle ne sera signé qu'au mois d'octobre suivant) ? Il entre dans cet événement une part évidente de malchance, mais Dommenget, qui avait tant préparé cette expédition, dut se reprocher son erreur. Cette expérience malencontreuse ne le découragea nullement cependant, puisque dès le mois d'août 1748 il lance, cette fois à destination de Saint-Domingue, un nouveau bateau, plus modeste avec ses 70 tonneaux, baptisé "Le Petit Dauphin", qui effectuera un second voyage l'année suivante. C'est sur cette dernière opération, particulièrement longue (elle dura dix-sept mois), que nous sommes le mieux renseignés. Après le retour de son navire, en avril 1751, loin de le renvoyer une troisième fois, il s'en sépare au profit du plus célèbre de ses coreligionnaires, François Bonnaffé. Par ailleurs, il ne semble pas qu'il ait armé aucun autre bâtiment. Pourquoi ? Nous sommes pourtant, cette fois, et jusqu'au déclenchement de la guerre de Sept Ans en 1756, dans une période de paix : on ne peut donc l'expliquer par la crainte révérencielle de la guerre de course. Le fait s'explique-t-il par un changement d'orientation commerciale ? C'est possible. Les lacunes du fonds, et notamment l'absence complète de copies de la correspondance active, nous empêchent d'en juger parfaitement. Les liens noués à travers l'Europe du Nord par Dommenget existent dès avant 1750 : il s'agit principalement de la chaîne portuaire protestante des façades atlantique et baltique, La Rochelle, Amsterdam et Rotterdam, Hambourg, Brème, auxquelles s'ajoute, à l'intérieur des terres, la ville de Halle. Seule une étude très détaillée des correspondances permettrait d'affirmer que le volume d'échanges entre Dommenget et ses partenaires commerciaux hollandais et allemands s'est accru après cette date. Mais cela est d'ores et déjà plus que probable, car un fait est patent : Dommenget délaisse alors totalement les îles et interrompt quasiment les relations qu'il entretenait en Martinique ou à Saint-Domingue. Désormais, il s'approvisionnera en sucre, en café ou en indigo sans armer lui-même. Cela signifie-t-il que Dommenget se soit montré déçu des résultats du second voyage du Petit Dauphin ? La question peut être valablement posée : le dossier exhaustif qui lui est consacré, depuis la mise hors jusqu'au désarmement, permettra sans doute à l'éventuel chercheur d'y répondre. Une autre interrogation surgit inévitablement : entre 1748 et 1751, au cours des deux opérations du Petit Dauphin, Dommenget se livra-t-il à la traite, ou bien le navire fut-il armé en droiture ? Plusieurs indices militent en faveur de la première hypothèse, et notamment ses relations avec Lisbonne, l'une des plaques tournantes du trafic négrier via les îles du Cap Vert. Il est à supposer que le Petit Dauphin, tout au moins en 1748-1749, transporta comme tant d'autres des esclaves à Saint-Domingue. Nous savons que Dommenget n'y rechignait pas plus que ses concurrents, en témoigne l'épisode de "L'Aimable Flore", à propos de laquelle l'un de ses correspondants des Antilles lui écrit : "Je pense que votre frégate sera partie pour la cote de Guinée ; si elle venait à Léogâne faire sa vente, je vous donnerais dans cette occasion des preuves de mon zèle à vous y être utile ; les nègres sont toujours dans ce pays un bon article". Par ailleurs, la part très importante, mise en valeur par plusieurs historiens du négoce et de la traite, prise par la maison Dommenget & fils postérieurement aux bornes chronologiques du fonds, avec les nombreux voyages des négriers "L'Utile" et "L'Agréable" jusqu'à l'époque de la Révolution, en constitue la preuve irréfutable Elle est mentionnée à plusieurs reprises dans l'ouvrage d'E.Saugera. Bordeaux port négrier. . Il reste que les quinze dernières années d'activité que nous connaissons sont plus spécifiquement tournées vers l'Europe du Nord. C'est au cours de cette période, assez mal connue, qu'il contribua activement à la fondation de la Compagnie d'assurance de Bordeaux, créée au mois d'août 1756, et dont il fut dès la première année à la fois l'un des directeurs et gardien de la caisse générale. On ne peut dès lors douter de la part qu'il prit à cette entreprise, où il partage ses responsabilités avec d'autres grands noms du négoce bordelais, les Journu, Jauge, Draveman, Baour, Menoire, Kater, qui appartiennent comme lui, de coeur tout au moins, à la religion réformée. Dommenget, installé à Bordeaux en 1738, a connu la transformation de la cité accomplie par Boucher et Tourny. C'est la présence de Gabriel à Bordeaux et la création de la place Royale, qui touche plus particulièrement les activités des négociants : le nouvel Hôtel des Fermes est achevé en 1738, l'Hôtel de la Bourse en 1749. A cette époque, et pendant plus de vingt ans, Jean Dommenget et Madeleine Dumas ont demeuré dans la paroisse Saint-Siméon, plus précisément à l'actuel n°12 de la rue Maucoudinat, alors propriété de Charles Labottière, oncle des célèbres frères Labottière, libraires et imprimeurs bordelais. En 1764, la mort de celui-ci, qui engendre une succession compliquée partagée entre sa veuve et ses neveux, les incite au départ. C'est donc quelques mois plus tard, le 1er juillet 1764 qu'ils achètent à Jean de Giac, moyennant 32000 livres, une maison située rue du Chai des Farines, portant actuellement le numéro 29, dans la paroisse Saint-Pierre, qui fait l'angle de la place du Palais. Nous ne connaissons, tout du moins par l'intermédiaire des pièces du fonds, rien de postérieur, nous l'avons dit, à l'année 1765, qui est celle du mariage de la fille du négociant, Marie. La jeune femme, âgée de vingt-et-un ans, effectue au cœur de l'hiver en compagnie de sa mère un voyage à destination d'Amsterdam, où elle doit épouser Daniel François Le contrat de mariage est reçu le 2 janvier 1765 par Me de Marolles, notaire à Amsterdam. . Ce dernier fut associé peu après à son beau-père sous la raison sociale "Dommenget & fils" (il a d'ailleurs accolé ce nom à son propre patronyme, devenant François-Dommenget), et, nous l'avons déjà souligné, leur maison se livra activement à la traite jusqu'à la fin du siècle. Deux enfants naîtront : Madeleine et Pierre Gabriel. La pérennité de la maison Dommenget paraît assurée. La mort de son cousin Rigaud, survenue le 25 janvier 1778, fera entrer Dommenget en possession du domaine des Barathons, à Saint-Avit du Moiron, qu'avait possédé son grand-père maternel. Ce point n'est pas dépourvu d'intérêt, puisque comme nous l'avons dit, il explique que les papiers du fonds aient été retrouvés en 1997 dans la maison de maître des Barathons. Il ne semble pas que Dommenget ait possédé d'autre bien de campagne : ce sont ses gendre et petit-gendre, Daniel François et Daniel Lacombe, qui se porteront acquéreurs des domaines de Mirepain, à Mérignac, et de Bagatelle, au Bouscat, mentionnés lors du décès de Marie Dommenget, sa fille. Daniel François-Dommenget, lors de la fameuse "rafle des négociants", durant la Terreur, fut arrêté à l'automne 1793. Ses interrogatoires nous apprennent que la maison Dommenget avait à cette date, comme tant d'autres, considérablement pâti des événements qui secouètent la colonie de Saint-Domingue (ce qui n'est pas surprenant au regard de ses activités négrières), mais aussi, fait plus intéressant, qu'elle avait exploré une nouvelle voie commerciale en expédiant des navites dans l'Inde, ce qui rend plus regrettable encore l'absence des archives de la maison Dommenget & fils, couvrant la période 1765-1794. Daniel François-Dommenget, jugé le 21 ventôse an II (11 mars 1794), est cependant acquitté. Six semaines aptes la mise en liberté de son gendre, le 2 floréal an II (21 avril 1794), Jean Dommenget meurt à Bordeaux dans sa maison de la rue du Chai des Farines, dans sa quatre-vingt-unième année. Marie Dommenget, sa fille unique, n'avait conservé que deux enfants. Le fils, Pierre Gabriel François-Dommenget, mourra prématurément, sans postérité. Sa sœur, Madeleine François-Dommenget, a quant à elle été mariée en 1793, peu avant l'arrestation de son père et le décès de son grand-père, à Daniel Lacombe, qui devait devenir l'un des plus célèbres corsaires bordelais de l'Empire. Elle mourut dans son jeune âge Selon les documents en notre possession à Carcassonne le 28 frimaire an IX (19 décembre 1800), mais son acte de décès n'a pu y être retrouvé. , peu après avoir donné naissance à sa fille unique, Marie Lacombe, mariée en 1817 à Louis Durège de Beaulieu. Cette dernière union demeure stérile. La lignée de Jean Dommenget s'éteint avec Madame de Beaulieu en février 1877. Chronologie sommaire 1713 : naissance de Jean Dommenget à Bergerac. 1722 : remariage de Marie Rigaud, mère de Dommenget. 1734 : départ pour Amsterdam. 1738 : retour en France et implantation à Bordeaux. 1741 : opération de l'Aimable Flore. 1742 : mariage avec Madeleine Dumas. 1743 : naissance de Marie Dommenget, leur fille unique. 1747 : décès de Marie Rigaud, mère de Dommenget. 1748 : opération du Bien-Aimé. 1748-1749 : première opération du Petit Dauphin. 1749-1751 : deuxième opération du Petit Dauphin. 1756 : fondation de la compagnie d'assurances de Bordeaux. 1764 : acquisition de la maison de la rue du Chai des Farines. 1765 : mariage de Daniel François avec Marie Dommenget. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle On peut observer, du XVIIe au XIXe siècle, pas moins de quatre alliances consécutives en six générations entre les Dommenget et les Eyma. La généalogie de la famille Rigaud figure dans l'ouvrage de l'abbé Albe, Maison d'Hébrard et maisons apparentées ou alliées.L'ouvrage de J.E. Bosher, Négociants et navires du commerce avec le Canada, mentionne l'expédition du Bien Aimé et fournir plusieurs références sur cette opération. Elle est mentionnée à plusieurs reprises dans l'ouvrage d'E.Saugera. Bordeaux port négrier. Le contrat de mariage est reçu le 2 janvier 1765 par Me de Marolles, notaire à Amsterdam. Selon les documents en notre possession à Carcassonne le 28 frimaire an IX (19 décembre 1800), mais son acte de décès n'a pu y être retrouvé.

Description physique :

Description physique: Document d'archives
Nombre d'unités de niveau bas
Nombre d'unités de niveau bas: 40

Ressources complémentaires :

Etat civil 1 Mi 3055 Paroisse de Saint-Avit du Moiron Acte de mariage de Pierre Dommenget & Marie Rigaud (4 octobre 1710) 1 Mi 3064 (R6) Registres protestants Acte de décès de Pierre Gabriel Rigaud des Barattions (26 janvier 1778) 1 Mi 3416 Paroisse Saint-André de Bordeaux Acte de baptême de Marie Dommenget (3 septembre 1743) 1 Mi 3487 Paroisse Saint-Pierre de Bordeaux Acte de mariage de Jean Dommenget & Madeleine Dumas (n° 521, septembre/octobre 1742) 4 E 784 Ville de Bordeaux, section Centre Acte de décès de Jean Dommenget (3 floréal an II) 4 E 863 Ville de Bordeaux, section Nord Acte de décès de Daniel François-Dommenget (20 prairial an X) 4 E 1080 Ville de Bordeaux, 1ère section Acte de décès de Marie Dommenget (23 décembre 1832) Actes notariés 3 E 13033 Me Parran notaire à Bordeaux Partage de la succession Dommenget (16 août 1738) 3 E 13033 Me Parran notaire à Bordeaux Vente par Jean Dommenget de la métairie de Granaux à François Gros (10 septembre 1738) 3 E 24966 Me Bolle notaire à Bordeaux Contrat de mariage de Jean Dommenget et Madeleine Dumas (10 juillet 1742) 3 E 13232 Me Guy notaire à Bordeaux Contrat de mariage de Dominique Frescarode et Rose Dumas (8 août 1747) 3 E 13243 Me Guy notaire à Bordeaux Testament de Jean Dumas (19 décembre 1754) 3 E 13243 Me Guy notaire à Bordeaux Partage de la succession Dumas (17 avril 1758) 3 E 15014 Me Chardevoine notaire à Bordeaux Acquisition de la maison de la rue du Chai des Farines (1er juillet 1764) 3 E 42619 Me Brun notaire à Sainte-Foy la Grande Acte d'ouverture du testament clos de Pierre Gabriel Rigaud des Baratons (26 janvier 1778) 3 E 21739 Me Rauzan notaire à Bordeaux Contrat de mariage de Daniel Lacombe & Madeleine François-Dommenget (10 octobre 1793) 3 E 24782 Me Darrieux notaire à Bordeaux Inventaire après décès de Marie Dommenget (14 mai 1833) Enregistrement 2 C 3848 Bureau de Sainte-Foy Déclaration de succession de Pierre Gabriel Rigaud des Barattions souscrite par Jean Dommenget (7 mai 1778) 3 Q 4526 Premier bureau de Bordeaux Déclaration de succession de Marie Dommenget souscrite par Louis Mathieu Durège de Beaulieu (18 juin 1833) Fonds de l'Amirauté de Guyenne 6 B 7 Edits et arrêts Permission accordée par la Compagnie des Indes de faire partir l'Aimable Flore pour aller à la côte de Guinée traiter des nègres 6 B 48 Passeports (passagers embarqués à Bordeaux) Certificat d'identité et de catholicité de Jean Dommenget (23 janvier 1734) 6 B 98 Soumissions des capitaines de navire Soumissions des capitaines Ambiard (23 mars 1748), Gombaud (23 août 1748) et Drouet (28 octobre 1749) 6 B 309 Départs des navires Enregistrement des départs du Bien Aimé (26 mars 1748) et du Petit Dauphin (29 août 1748 et 28 octobre 1749)
BMS paroisse Saint-Jacques Acte de mariage de Pierre Dommenget & Marguerite Eyma (17 août 1706) BMS paroisse Saint-Jacques Acte de baptême de Pierre Dommenget (31 juillet 1707) BMS paroisse Saint-Jacques Acte de baptême de Jean Dommenget (3 juillet 1713) BMS paroisse Saint-Jacques Acte de mariage de Jean Rigaud & Marie Rigaud (5 novembre 1722) Registres protestants Acte de sépulture de Pierre Dommenget (23 septembre 1757) Registres protestants Acte de sépulture de Rose Dumas veuve de Dominique Frescarode (10 janvier 1775) Registres protestants Acte de sépulture de Marie Eyma veuve de Pierre Dommenget (16 octobre 1778)

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Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD033_IR_37J

Type de document :

Document d'archives

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