Le fonds des anciens Établissements G. & A. Cusson Frères & Cie est entré aux Archives
départementales de l'Indre à l'occasion de plusieurs dons effectués entre 2009 et 2015. Il fait partie
d'une très importante collection de documents donnés par M. André Ballereau aux Archives
départementales, conservée sous la cote 89 J. Le fonds Cusson, en raison de son importance, a été
extrait de cette collection pour former un fonds spécifique, coté en 63 Fi. Ces documents ont été
achetés par M. Ballereau auprès d'un marchand de Bourges.
La création de cette entreprise castelroussine de construction et d'installation d'appareils de
meunerie et de matériel agricole, installée route de Châtellerault, remonte à 1843. Ses installations
comprenaient une fonderie de 1 140 m² datant de 1899, un atelier de mécanique de 1 800 m² datant de
1919, et un atelier de menuiserie de 100 m² datant de 1917. La fonderie pouvait couler des pièces
atteignant le poids de 6 000 kg. L'entreprise monta de nombreux moulins, aussi bien en France qu'à
l'étranger. Sa « bluterie hélicoïde », brevetée, était particulièrement appréciée des propriétaires de
moulins. Quelques-unes de ses machines trouvèrent également une application dans l'industrie
chimique (broyage des déchets de caoutchouc pour la fabrication de caoutchouc régénéré). En raison
de son implantation dans une région fortement rurale, l'entreprise intervint également dans la
construction de machines agricoles. Elle proposait notamment un semoir-distributeur, servant à la fois
à semer les grains et à épandre les engrais, commercialisé sous la marque « Chantejot ».
Les Établissements Cusson, qui connaissaient alors quelques difficultés financières, furent
rachetés en mars 1936 par André Guinard, propriétaire de la « Société de construction Guinard ».
Cette société, chargée par les ministères de la Marine et de la Guerre d'une importante commande
d'armement et de pompes, devait fabriquer ces dernières hors de Paris pour des raisons stratégiques.
Or les Établissements Cusson possédaient déjà un marché important d'obus, tandis que l'atelier de
menuiserie permettait de fabriquer des caisses de munitions. Ils étaient par ailleurs situés à proximité
des ateliers d'armement de Bourges et de Salbris, et facilement accessibles depuis Paris. Furent
cependant exclus de l'achat les fonds de commerce de matériel de minoterie et de matériel agricole.
Ces activités furent reprises par MM. Siboulet, Ray et Gallerand, qui constituèrent la société SIRAGA,
longtemps implantée impasse Sagot à Châteauroux. La société s'installa ensuite à Buzançais et à La
Roche-sur-Yon. Elle fut un temps dirigée par M. Delloye, président professionnel de la métallurgie de
l'Indre puis président départemental du patronat.