Inventaire d'archives : 1 Num 429 - Correspondance d'Alphonse Paillat (1914-1915)

Contenu :

Le fonds est constitué de la correspondance envoyée par Alphonse Paillat à sa femme Angélina du 21 septembre 1914 au 6 octobre 1915, date de sa dernière lettre, écrite trois jours avant son décès. La correspondance, composée de 179 lettres auxquelles s'ajoutent 6 cartes postales, est quasiment complète, Alphonse ayant pris bien soin de numéroter ses courriers. Les échanges sont relativement soutenus, Alphonse écrit tous les deux jours, ce qui permet de suivre très clairement son parcours militaire, mais aussi de rentrer dans l'intimité de son couple. Marié depuis 4 ans avec Angélina, ils ont un petit garçon André et s'apprêtent à accueillir un deuxième enfant. Cette correspondance est un témoignage poignant d'un homme happé par la guerre et conscient à demi-mot que l'issue sera tragique.
Les lettres d'Alphonse sont relativement longues et bien écrites. Il commence toujours en faisant un récapitulatif des lettres reçues, puis évoque sa santé et celle de sa famille, élément bien évidemment récurrent. Il continue en questionnant sa femme qui lui répond en le tenant au courant des nouvelles du pays, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Cela ne le choque pas, bien conscient qu'à l'arrière aussi les temps sont difficiles. De son côté, il reste franc avec sa femme : "je suis en danger, il est vrai, mais il le faut ; il faut imposer une barrière aux boches et même plus" (13/01/15).
Sa famille est le sujet principal de sa correspondance. Alphonse qui devient père d'une petite fille au moment de sa mobilisation, est profondément attaché aux siens. La séparation si douloureuse soit-elle, est rendue nécessaire pour l'avenir de ses enfants "Cette guerre est terrible il est vrai, mais il faut que ce soit la dernière, il ne faut pas que plus tard vous soyez obligés de recommencer chers petits" (03/02/15).
Sa femme s'inquiète continuellement pour lui, Alphonse se montre alors doux, sentimental et très attentionné : "ma petite femme aimée", "ma bonne chérie", "mon Angélina chérie", "mon petit loup chéri"… Les rapports au sein du couple sont égaux et ouverts ; Alphonse lui demande toujours son avis sur une situation ou un problème "j'espère que tu accepteras. Dis le moi sur ta prochaine lettre" (15/03/15). Son amour pour sa femme est tel que parfois, il s'inquiète davantage pour elle que pour lui dans les tranchées. Il n'hésite pas à lui prodiguer des conseils afin qu'elle se repose et qu'elle s'occupe au mieux des enfants : "je suis inquiet de toi, tu me sembles bien fatiguée ; ne te néglige pas je t'en supplie encore une fois" (03/01/15). Il veut que sa femme se soigne et prenne du fortifiant, le répétant dans plusieurs de ses lettres (05 et 19/07/15). Il l'encourage à être forte au cas où il lui arriverait malheur.
Alphonse voue également une très grande affection à ses enfants, son fils André et sa fille Renée, qu'il surnomme "dédé", "nenée" ou "mes petits mignons". Il questionne sans cesse Angélina sur les évolutions et les progrès de chacun. Malgré l'éloignement, il essaye d'être présent dans l'éducation de ses enfants et lui demande d'être plus sévère avec André qui en grandissant, fait quelques bêtises (03/05/15).
Alphonse est donc un mari et un père aimant, mais c'est aussi un fils unique qui tente de veiller à distance sur ses vieux parents. Avec la guerre, Angélina s'est rapprochée d'eux à la demande de son mari. Elle leur voue un attachement indéniable, ce qui rassure Alphonse. Son père, tisserand, n'a plus d'activité, il travaille de temps à autre à la gare de Monsireigne, mais l'emploi reste précaire. Il est heureux d'apprendre le 3 mai 1915 que son père a trouvé un travail dans une carrière toute proche du domicile, où il ne manquera pas de besogne.
Alphonse est très soucieux par rapport aux finances de la famille, craignant que celle-ci soit dans le besoin. Il n'hésite pas à se sacrifier : "je n'ai point besoin d'argent pour le moment, aussi ma petite, je te défends de m'en envoyer sans que je te le dise. Obéis-moi et tu me feras bien plaisir. Vous en avez plus besoin que moi" (07/01/15). L'avenir incertain et son possible non-retour au foyer, l'obligent à veiller en permanence à cet aspect primordial.
La guerre, quant à elle, est finalement peu évoquée. Lorsqu'Alphonse en parle, il est convaincu de son bien-fondé et de sa nécessité. Il déteste profondément les Allemands responsables de cette situation dramatique, et considère la guerre comme une tâche sacrée (05/07/15). Il a une grande confiance dans les dirigeants français, et ne critique jamais les décisions prises. Il donne toujours des nouvelles positives du front où la progression est toujours en leur faveur "nos canons tonnent incessamment […] aussi nous progressons sur plusieurs points." (03/01/15), "nous leur flanquons la pile dans l'Est en ce moment et nos alliés les Russes également" (05/03/15).
Outre cette correspondance adressée à sa femme, il écrit parfois des cartes postales directement à ses enfants. S'ajoutent aux lettres, la fiche diagnostic de ses blessures, une revue "Les cahiers des régiments fontenaisiens", des photographies et un cahier de chansons datant de son service militaire (1907-1909).

Cote :

1 Num 429 1 à 19

Publication :

Archives de la Vendée
2015

Informations sur le producteur :

Alphonse François Charles Paillat naît le 28 avril 1886 au Boupère, d'Alphonse Paillat et de Marie Giraudet, et sera leur unique enfant. Après sa naissance, ses parents s'installent à Monsireigne, au hameau de la gare ; il devient tisserand comme son père, avant de partir effectuer son service militaire. Incorporé au 118e régiment d'infanterie le 8 octobre 1907 en tant que soldat, il gravit les échelons devenant caporal en 1908, sergent-fourrier en 1911 (sous-officier chargé de la distribution des vivres et des équipements, du campement et du couchage des troupes), puis sergent-major en septembre 1915.
A la suite de son service militaire, il obtient une affectation spéciale en qualité de facteur au chemin de fer de l'Etat, à la gare de Monsireigne puis de Challans. Il s'y installe avec sa femme, Valérie Angélina Henriette Roy, qu'il a épousée le 26 juillet 1910 à Chavagnes-les-Redoux, et son jeune fils André.
Lorsque la guerre éclate, Alphonse est remis à la disposition des autorités militaires et arrive à la caserne de Fontenay-le-Comte le 18 septembre 1914, en tant que sergent-fourrier à la 29e compagnie du 137e régiment d'infanterie. A cette période, sa femme est sur le point d'accoucher : sa fille Renée naît le 25 septembre suivant à Challans et Alphonse obtient une permission pour aller la visiter. Mais la guerre est lancée et un mois plus tard, il prend la direction du Nord de la France, pour rejoindre les tranchées de la Somme et du Pas-de-Calais.
Le 7 juin 1915, Alphonse est engagé dans la bataille d'Hébuterne (Pas-de-Calais), blessé par éclat d'obus, il est évacué à l'hôpital de Beauvais puis se retrouve au dépôt des éclopés. Il espérait partir quelques temps en convalescence à l'arrière mais remis rapidement de sa blessure, il retourne un mois plus tard sur le front, toujours dans le Pas-de-Calais. En août 1915, il profite de sa première permission pour revoir toute sa famille et ses amis. De retour au combat, il est envoyé en Champagne-Ardenne où l'armée française, sous le commandement du général Joffre, prépare une grande offensive (seconde bataille de Champagne) en vue de rompre le front et de forcer le repli de l'armée allemande. Plusieurs fois retardée, l'offensive est finalement lancée le 25 septembre 1915 et se poursuit plusieurs jours sous d'incessants bombardements. Le 7 octobre 1915, Alphonse est grièvement blessé dans le secteur du trapèze et il décède deux jours plus tard des suites de ses blessures, à l'âge de 29 ans. Son corps repose à la nécropole nationale de Saint-Jean-sur-Tourbe dans la Marne.

Informations sur l'acquisition :

Collecte 14-18. Prêt Cousseau Catherine, 2014

Conditions d'accès :

Libre accès
Publiable sur internet

Conditions d'utilisation :

Reproduction numérique sur demande

Description physique :

Document d'archives
Nombre d'éléments
Nombre d'éléments: 179 lettres, 16 cartes postales, 2 photographies, 1 imprimé et 1 cahier de chansons

Ressources complémentaires :

Voir la notice biographique d'Alphonse François Charles Paillat dans le Dictionnaire des Vendéens.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives départementales de la Vendée

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD085_1NUM429

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