Inventaire d'archives : FLEURIAU, Aimé, Joseph de

Contenu :

On jugera, par l'inventaire analytique qui suit, de l'intérêt des papiers Fleuriau qui, sous une forme concise, fournissent une intéressante documentation sur la vie politique et financière de 1913 à 1933. Ils ont été divisés en trois volumes ; les deux premiers sont constitués de notes, de minutes de lettres et de dépêches de Fleuriau concernant la guerre de 1914-1918 (frontières balkaniques, intervention militaire anglaise, entente économique interalliée), ses conséquences économiques (1), l'organisation de la S.D.N. (2) et la conférence financière de Bruxelles. Le troisième, composé de lettres reçues par Fleuriau de diverses personnalités, presque toutes en relations avec la S.D.N., se recommande surtout à l'attention des chercheurs par 21 lettres dues à Philippe Berthelot.
Monique Constant
(1). À noter, le bref compte rendu d'un entretien avec Millerand avant la conférence de Spa.
(2). Ce dossier fait une large part au rôle joué par Jean Monnet.

Cote :

72PAAP

Publication :

Archives diplomatiques du MAEE
MAEE

Informations sur le producteur :

FLEURIAU, Aimé, Joseph de
Par sa famille, Aimé-Joseph de Fleuriau appartenait aux milieux royalistes de l'Ouest de la France. Son père, Louis-Aimé de Fleuriau, notable rochelais, était entré en 1849  au quai d'Orsay ; ayant mis fin vers 1863 à une carrière qui s'était déroulée tout entière en Europe, il se consacra à la gestion de ses propriétés et à ses fonctions de conseiller général du canton de Courçon. Un rapport du préfet de la Rochelle le qualifiait en 1894 de "réactionnaire militant". Selon le même rapport, le jeune Aimé-Joseph, contrairement à ses parents, "fréquentait des jeunes gens dont les idées républicaines sont bien connues et manifestait lui-même des idées libérales" lorsque les vacances le ramenaient en Poitou.
Par son mariage, le 20 avril 1900, avec Pauline Bardac, juive convertie de quelques années son aînée (1), il s'introduisit dans la finance internationale : Pauline, dont le père était originaire d'Odessa, avait épousé en premières noces un banquier autrichien du nom de Kurz ; son beau-frère, le comte d'Arnoux, dirigeait à Istanbul la banque Ottomane ; ses trois frères étaient eux-mêmes banquiers à Paris sous la raison sociale Bardac W.J.S.
Après des études juridiques et quatre années de stage au quai d'Orsay, Fleuriau fut nommé en 1898 troisième secrétaire à Istanbul. Son érudition, son zèle, son bon sens y furent appréciés de l'ambassadeur, Paul Cambon, qu'il suivit à Londres en 1899 et dont il fut le bras droit jusqu'en 1920. Tout en appréciant ses connaissances et ses qualités exceptionnelles, Cambon considérait qu'au début de sa carrière, il avait du mal à les maîtriser. En 1901, il s'exprimait en ces termes : "M. de Fleuriau a énormément lu, il est doué d'une mémoire prodigieuse et sur quelque sujet qu'on l'entreprenne il a des informations précises et sûres. Histoire, politique, économie politique, guerre ou marine, tous ces sujets lui sont également familiers et l'on peut le feuilleter comme un dictionnaire. Il donne à volonté le nom de tous les ministres de la reine Anne, le trafic du port de Liverpool, le tonnage de la flotte anglaise ou le nombre de tonnes de houille extraites l'an dernier dans les bassins du Royaume-Uni. Il lui manque encore l'art d'exposer de façon attrayante, mais il ordonnera peu à peu la quantité de notions qu'il accumule ... A l'heure actuelle, c'est un précieux instrument pour un chef. A ses qualités intellectuelles, il joint du bon sens et un caractère d'une sûreté absolue". Les compliments sont à double tranchant. Sous la conduite de Cambon, Fleuriau fit effectivement les progrès nécessaires, et ses papiers sont un chef-d'oeuvre de concision. Par la suite, Paul Cambon se mit également à apprécier l'esprit concret de Fleuriau, et aussi les relations qu'il s'était fait à Londres dans tous les milieux : "il sait, écrivait-il en 1911, se procurer les informations les plus complètes dans tous les mondes de Londres et grâce à des relations nombreuses et à une mémoire prodigieuse, il est une source de renseignements inépuisable".
Lorsque Paul Cambon quitta Londres, le 23 décembre 1920, Fleuriau assura l'intérim jusqu'à l'arrivée de Sainte-Aulaire, puis se fit mettre en congé. Comme il ne désirait pas retourner en Angleterre, il obtint la légation de Pékin le 2 juin 1921. Il ne s'y plut pas : "on vit à Pékin dans un petit centre où tout revient aux affaires et où les affaires mêmes se résolvent par des considérations et au moyen d'intrigues dont le caractère est purement local, écrivit-il à Poincaré en 1923. Cela risque de faire perdre tout sentiment des proportions et même de la réalité, et pour nos affaires mêmes cela tend à obscurcir la vision des choses et à faire commettre des erreurs ... L'on attache de l'importance à l'absence d'un diplomate, ... la maladie diplomatique est un procédé d'usage courant, mais ... les grandes affaires du monde sont à peine mentionnées. C'est assez amusant, mais c'est aussi assez abêtissant et il n'est pas bon de mener trop longtemps de suite une existence aussi étroite et aussi affairée". Maugras étant absent, il était privé de premier secrétaire, ce qui lui interdisait de prendre un congé. Le quai d'Orsay s'y opposait, d'ailleurs, à la fois pour accélérer le réglement de l'indemnité boxer et parce qu'on savait qu'il ne désirait revenir en France que pour obtenir une mutation (2).
Les réclamations de Fleuriau aboutirent finalement : Jean Tripier, nommé premier secrétaire à Pékin, y arriva le 30 Avril 1924 et Fleuriau put quitter son poste dès le début de juillet. Il fut en octobre nommé ambassadeur à Londres comme il l'espérait, grâce à l'arrivée au quai d'Orsay de Herriot (3). Son arrivée en poste, en décembre, fut d'ailleurs l'occasion d'un incident diplomatique avec Sainte-Aulaire, fidèle à la politique de Poincaré et de Millerand (4).
Fleuriau passa à Londres la fin de sa carrière et fut mis à la retraite en 1933. Sa mission qui commença avec les négociations relatives aux dettes interalliées et se termina sur la conférence du désarmement, coïncida presque avec le long ministère Briand (17 avril 1925-14 janvier 1932), et aussi avec l'apogée et le déclin de la Ssociété des Nations dont il avait été, dès le début, partisan. Après sa mise à la retraite, Fleuriau ne fit plus que se survivre. Il obtint en 1935 ce que Sainte-Aulaire appelait une "abbaye", la succession de Painlevé au comité franco-britannique des sépultures, et mourut à Ismaïlia juste à temps pour ne pas voir la IIème guerre mondiale, le 19 janvier 1938.
Monique Constant

(1). Elle était née à Paris le 1er juillet 1862.
(2). "Il est revenu, de divers côtés, que son désir est d'obtenir une mutation à l'occasion de ce congé, bien qu'il ait déclaré dans sa correspondance ne pas avoir l'intention de partir sans espoir de retour" (note pour Poincaré).
(3). Le 14 juin 1924. Voir l'article du Morning Post du 18 octobre.
(4). Comte de Saint-Aulaire, Confession d'un vieux diplomate, Paris : Flammarion, 1953, 795 p. Voir pp. 746-757.

Conditions d'accès :

Librement communicables.

Description physique :

3 articles, soit 0,115 ml.

Ressources complémentaires :

Inventaire analytique par Monique Constant, conservateur du patrimoine, Paris, 1977, 9 p.  Voir l'instrument de recherche 

Références bibliographiques :

Publication d'Aimé de Fleuriau :
  • L'activité réfléchie, essai sur la vie intime, Paris : Grasset, 1911, 198 p.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRMAE_72PAAP

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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