Inventaire d'archives : Fonds Damien de Martel

Contenu :

Le fonds se compose des documents et dossiers que Damien de Martel a conservés par devers lui au fil de ses différentes missions d'envoyé extraordinaire et de chef de poste (à l'exception de quelques télégrammes de février-mars 1918 du Département à la légation à Pékin, portant sur l'Est chinois et la Banque russo-asiatique, peut-être conservés par D. de Martel lorsqu'il était premier secrétaire à Pékin (1913-1918) pour nourrir ses dossiers sur la Banque russo-asiatique (3AE/2)), entre 1918 et 1938. Ses fonctions antérieures à 1918 sont totalement absentes ; celles occupées de 1918 à 1933 (missions en Russie, chef de poste à Riga, Pékin et Tokyo) représentent un volume relativement faible. La partie consacrée au mandat syro-libanais (1933-1938) occupe à elle seule les trois quarts du fonds, notamment du fait de la présence d'archives (publiques) appartenant en réalité au fonds du Haut-Commissariat de France au Levant. Les deux derniers articles, enfin, regroupent des documents personnels. On notera qu'une partie des quelque 380 photographies (3AE/24) concerne aussi bien des événements officiels que privés et a en partie pour cadre les locaux des représentations diplomatiques où D. de Martel exerça. Bien que rarement datées et identifiées précisément, ces photographies documentent aussi et surtout les loisirs et la vie mondaine des Français dans les postes concernés Mme de Martel étant férue d'équitation et de courses (ménagerie et écuries de la résidence à Pékin, courses hippiques à Pékin et à Beyrouth, etc.). Signalons par ailleurs la présence de cartes (3AE/1, 20 et 22), d'Antioche et du Sandjak notamment.
Concernant le mandat syro-libanais, ce fonds vient compléter les papiers d'agents d'Henri Ponsot et de Gabriel Puaux, prédécesseur (1926-1933) et successeur (1939-1940) de D. de Martel, déjà entrés aux Archives diplomatiques et particulièrement riches sur ces sujets (Centre des Archives diplomatiques de La Courneuve, 143PAAP et 255PAAP).
Les années 1918-1920, pendant lesquelles se succèdent les missions en Russie, sont documentées par une abondante correspondance (télégrammes avec le Département et avec la légation à Pékin), dans laquelle il est principalement question de la guerre civile russe, de l'attitude des Alliés dans le conflit, du soutien français à l'amiral Koltchak et au gouvernement d'Omsk. Ces documents sont d'autant plus précieux qu'ils ne semblent pas avoir été conservés dans les archives rapatriées des postes. Au début de 1920, D. de Martel est envoyé en mission dans le Caucase. En effet, la France vient tout juste de reconnaître les Républiques d'Azerbaïdjan, de Géorgie et d'Arménie russe, mais ne dispose alors dans cet espace que d'une mission militaire très réduite. Secondé par le capitaine Zinovi Pechkoff, D. de Martel rend compte au ministère de la situation politique et économique, des questions de frontières et de la présence arménienne dans cette zone. Nommé commissaire français à Constantinople à la fin de 1920, il assiste, à bord du croiseur français Waldeck-Rousseau, à l'effondrement de l'armée blanche du général Wrangel face aux Bolcheviks et à l'évacuation des troupes et des populations russes et étrangères de Crimée vers Constantinople. Ces événements sont largement évoqués dans la correspondance échangée avec le Département ou adressée à Wrangel, ainsi que dans le journal que D. de Martel entreprend d'écrire à bord du Waldeck-Rousseau (16 octobre-19 novembre 1920) (manuscrit et tapuscrits, dont un porte la mention « Copie corrigée et mise à jour, Antibes le 20 août 1939 », ce qui laisse supposer que D. de Martel a mis au net son journal une fois à la retraite, peut-être en vue d'une publication).
À partir d'avril 1921, il est chargé d'une mission à Riga dans le but de mettre sur pied la légation française en Lettonie, dont la France vient de reconnaître l'indépendance. Les archives relatives à ce poste ne concernent que les années 1923-1924. Il est largement question de la reconstruction de l'élévateur de Windau (auj. Ventspils), ville où transitent les exportations pétrolières et minières venant de Russie, et de la compagnie qui chargée de cette reconstruction. Au cours de sa mission à Riga, de Martel rédige également de nombreuses dépêches relatives à la situation en Russie soviétique et au rétablissement des relations franco-russes en 1924. Enfin, un dossier est consacré à la réorganisation de la banque russo-asiatique, à la création de la banque lettone à Riga, aux chemins de fer lettons et à la Société d'équipement des voies ferrées lettones (CISLAS).
Les années 1925-1929 passées à Pékin ne sont représentées que par quelques pièces, dont un petit dossier sur la création de la Banque franco-asiatique. En revanche, le poste d'ambassadeur à Tokyo (1930-1933) est plus documenté, par de la correspondance particulière et officielle avec Paris portant sur la vie politique japonaise et les débuts du conflit sino-japonais (événements de Shanghai, invasion de la Mandchourie) en 1931 (des plans de l'ambassade de France à Tokyo (1929) construite par Antonin Raymond ont été remis par Mme Allain-Launay au Centre d'archives d'architecture du XXe siècle en 2014).
La dernière partie du fonds, la plus volumineuse, est constituée par les archives produites par D. de Martel en tant que Haut-Commissaire de France au Levant (1933-1939), réparties en quatre ensembles. En tête se trouve un volumineux dossier de correspondance particulière, suivi de la collection chronologique des télégrammes échangés avec le Département d'octobre 1933 à novembre 1938. Viennent ensuite les dossiers sur la négociation du traité franco-syrien de 1933 (négocié par H. Ponsot mais finalisé par D. de Martel) et des traités franco-syrien et franco-libanais de 1936. Après l'échec du traité de 1933, D. de Martel reprend les négociations avec les nationalistes syriens, qui aboutissent à l'accord du 1er mars 1936 assurant la mise sur pied par la France d'un calendrier pour échelonner dans le temps l'accession à l'indépendance. Le traité est finalement signé avec la délégation syrienne le 9 septembre 1936 à Paris. Le 13 novembre, le traité franco-libanais est à son tour signé à Beyrouth. Les dossiers constitués lors de la négociation des traités, qui se poursuivent jusqu'en 1938 pour la Syrie, traitent abondamment des volontés autonomistes de certaines régions comme le Djebel druze. Le dernier ensemble, enfin, est constitué par une riche série de dossiers relatifs au litige franco-turc sur le Sandjak d'Alexandrette (1936-1938).

Cote :

3AE/1-25

Publication :

Centre des Archives diplomatiques - Nantes
2015

Informations sur le producteur :

(Comte) Damien (Joseph Alfred Charles) de Martel (1878-1940)
Damien de Martel naît le 27 novembre 1878 à Autruy dans le Loiret. Licencié en droit et diplômé de l'École des sciences politiques, il passe le concours des Affaires étrangères en avril 1901 et devient élève consul, travaille au Quai d'Orsay, est promu consul suppléant en 1904. D'octobre 1906 à octobre 1909, il est troisième puis deuxième secrétaire à l'ambassade de France à Washington. Attaché à la direction des Affaires politiques et commerciales, sous-direction d'Amérique, jusqu'en août 1913, il exerce ensuite les fonctions de premier secrétaire à la légation française à Pékin, où il reste jusqu'en 1918.
À partir de juillet 1918, il est chargé de mission puis haut-commissaire en Sibérie, à Vladivostok, avant d'être envoyé en février 1920 dans le Caucase, à Tiflis, en tant que commissaire de la République en Transcaucasie. Par décret du 28 août 1920, il est chargé de mission en Crimée avec le titre de haut-commissaire auprès du gouvernement de la Russie méridionale, à Sébastopol. D'octobre à novembre 1920, il est commissaire français à Constantinople, où il assiste à l'effondrement de l'armée blanche menée par le général Wrangel. En février 1921, il est nommé dans les fonctions de son grade à l'ambassade française de Petrograd ; non installé, il est affecté deux mois plus tard auprès du gouvernement letton en tant qu'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, puisque la France vient de reconnaître l'indépendance de la Lettonie. Il doit alors mettre sur pied la future légation française, qu'il dirige à partir de février 1922 et dont il reste chargé jusqu'à la fin de l'année 1924.
Il revient à Pékin, cette fois comme envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, en janvier 1925, avant d'être nommé ambassadeur de France au Japon, par décret du 10 décembre 1929 - il n'embarque pour Tokyo que le 27 juin 1930. De là, il assiste à l'invasion japonaise de la Mandchourie à partir de septembre 1931 et aux événements de Shanghai.
En octobre 1933, il succède à Henri Ponsot comme Haut-Commissaire de France au Levant, son dernier poste, occupé jusqu'à novembre 1938. Il joue un rôle important dans l'élaboration des traités franco-syrien et franco-libanais de 1936 qui constituent des jalons vers l'indépendance complète des deux pays, mais ne seront finalement pas ratifiés par la France. Son action est également primordiale dans le règlement du conflit avec la Turquie concernant le Sandjak d'Alexandrette.
Mis à la retraite par décret du 1er février 1939, D. de Martel meurt le 21 janvier 1940 à son domicile rue de La Boétie à Paris. Il reçut plusieurs distinctions durant ses années d'exercice (chevalier de la Légion d'honneur en 1913, officier en 1924, commandeur en 1927, distinction dans divers ordres étrangers).
 
Source : éléments conservés dans le fonds, Annuaire diplomatique et consulaire de la République française pour 1939 (Paris, Imprimerie nationale, 1939), p. 312-313, et dossier individuel de carrière de D. de Martel (Centre des Archives diplomatiques de La Courneuve, fonds de la Direction du Personnel, 395QO/478). Voir aussi la notice chronologique en annexe.

Informations sur l'acquisition :

Documents confiés au CADN les 26 avril (photographies) et 24 juin (liasses et dossiers) 2013 par Mme Margot Allain-Launay, fille de Pierre de Martel et petite-fille de Damien de Martel. Don du 2 novembre 2015 par Mme Allain-Launay représentant l'ensemble de la famille de Martel.
Historique de conservation :
Dossiers organisés et conservés par Damien de Martel au long de sa carrière, demeurés à son domicile après son décès et conservés par sa famille jusqu'en 2013. Avant leur entrée aux Archives diplomatiques, ces documents étaient, au moins en partie, déjà connus de certains chercheurs.

Description :

Évolutions :
Fonds clos.
Critères de sélection :
Conservation intégrale des documents remis par la famille, y compris des conditionnements (chemises, étiquettes des boîtes) originaux (les conditionnements d'origine (classeurs et reliures électriques) ont pour la plupart été retirés avant le transfert du fonds au CADN et remplacés par des chemises).
Mise en forme :
État d'origine conservé. Le classement suit la chronologie des différents postes occupés par Damien de Martel.

Conditions d'accès :

Les documents sont librement communicables sous réserve des dispositions prévues par la loi pour le respect de la vie privée (Code civil, art. 9) et de la propriété intellectuelle (Code de la propriété intellectuelle).

Conditions d'utilisation :

La reproduction est libre sous réserve des dispositions prévues par la loi pour le respect de la vie privée (Code civil, art. 9) et de la propriété intellectuelle (Code de la propriété intellectuelle), et du règlement de la salle de lecture.
En cas de publication relative à ces archives, l'auteur devra adresser à chacun des ayants droit un exemplaire de son ouvrage (format papier ou numérique).

Langues :

Les documents sont en français. L'usage du russe, de l'anglais et de l'arabe est exceptionnel.

Description physique :

Le fonds se compose de 26 articles et mesure 2,58 ml

Ressources complémentaires :

Répertoire rédigé par Léna Auduberteau, étudiante en master 1 d'histoire contemporaine, dans le cadre d'un stage au CADN. Suivi et relecture par Bérangère Fourquaux, conservateur du patrimoine (juillet-septembre 2016). Mise à jour en mai 2023 (réintégration de l'article 4bis).
Se reporter au répertoire numérique.

Références bibliographiques :

Se reporter au répertoire numérique.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de Nantes

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRMAE_003AE

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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