Inventaire d'archives : Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale : papiers du correspondant départemental, André Thoby.

Contenu :

Présentation du contenu
Ce fonds est constitué de documents produits ou réunis par André Thoby durant son activité de correspondant local du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit d'un travail de recensement, comptabilisation, recherches documentaires, recueils de témoignages, qu'André Thoby a reportés sur différents types de documents : cahiers de notes, fiches récapitulatives, tableaux...complétés par une importante documentation : documents administratifs, circulaires, rapports d'autorités, brochures, coupures de presse...On y trouve notamment les fiches des fusillés, déportés et internés, collectées auprès des maires du département suite à la circulaire du 1er octobre 1953 et réunies par le correspondant de la Commission d'histoire de la déportation, M. Carré (cf. Présentation du producteur).
Le fonds évoque l'ensemble de la période de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences en Eure-et-Loir tant sur le plan des évènements de guerre (combats, bombardements) que de l'occupation du territoire par les troupes allemandes. Il essaie également de dresser un tableau complet de l'ensemble des victimes de la guerre : personnes arrêtées, fusillées, internées, déportées, victimes et leurs familles. Enfin, André Thoby s'attache à faire la lumière sur les actions menées par les groupes de résistants ainsi que sur la manière dont l'épuration s'est déroulée dans le département. On trouve donc un recensement minutieux des différents acteurs de la période, quel que soit leur rôle (résistant, "collaborateur", autorités administratives, civils, victimes...)

Cote :

68 J 1-52

Publication :

Archives départementales d'Eure-et-Loir
2018
Chartres

Informations sur le producteur :

Origine:
André Thoby
Biographie ou histoire
André Thoby (12 juin 1901-28 mars 1995) mène une brillante carrière d'instituteur en Eure-et-Loir de 1920 à 1957. Il assume également au début de ses fonctions le poste de secrétaire de mairie à Fontaine-Simon puis assure la direction de l'école de cette commune à partir du 1er octobre 1930 jusqu'à sa retraite.
Il épouse en 1924 Germaine Champion, également institutrice, dont il a un enfant, Jacques, né le 21 septembre 1924.
Durant l'Occupation allemande, il est démis de ses fonctions dans l'Education Nationale à partir du 8 novembre 1941, en raison de sa potentielle affiliation à la loge maçonnique Marceau. En effet, en application de la loi du 13 août 1940 qui interdit les sociétés secrètes et exige des fonctionnaires une déclaration d'appartenance ou de non-appartenance à l'une d'entre elles, le nom d'André Thoby paraît au Journal officiel au grade de 18e à la Loge Marceau. Il avait pourtant rédigé une déclaration le 28 septembre 1940, attestant « avoir rompu toute attache avec les organisations, quelles qu'elles soient, définies à l'article premier de la loi du 13 août 1940 » (…) et prenant « l'engagement d'honneur de ne jamais adhérer à telle organisation au cas où elle viendrait à se reconstituer ».
Le maire de Fontaine-Simon, M. Rodhain, lui offre alors un emploi d'inspecteur du ramassage laitier au sein de la succursale de la « Laiterie parisienne » de Fontaine-Simon, dont il est le directeur.
Cependant, André Thoby sollicite une dérogation exceptionnelle en sa faveur dès janvier 1942, justifiée par le fait que le Journal officiel a fait une erreur le concernant et admettant avoir seulement été secrétaire auxiliaire de la Loge de Châteaudun en qualité de membre du 3e degré et ce, uniquement durant les années 1926-1927.
Sa demande n'est pas entendue, comme le montre une lettre du préfet Le Baube du 10 novembre 1942 (dossier de carrière d'A. Thoby, 91 W 125), lui reprochant ses fonctions de secrétaire du Syndicat des instituteurs du canton de La Loupe, affilié au parti SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) et justifiant également cette mise à l'écart par le fait qu'il « se livre encore actuellement à la propagande anti-nationale, sous le couvert de ses inspections dans les fermes de cette région ». Le préfet demande à ce que l'épouse de M. Thoby cesse d'exercer ses fonctions à l'école de Fontaine-Simon et que le couple quitte la commune. Néanmoins, compte tenu de l'excellente réputation dont jouit le couple et du soutien reçu de la part de l'inspecteur d'académie, l'affaire en reste là.
Malgré tout, un arrêté de mise à la retraite anticipée du 17 avril 1942 a été pris le concernant. André Thoby refuse de signer son formulaire de liquidation de pension avant d'avoir reçu une réponse à sa demande de dérogation du 28 janvier 1942.
Cette situation perdure jusqu'à la fin de la guerre et il ne sera réintégré dans ses fonctions d'instituteur que par un arrêté du 26 août 1944. Sa retraite intervient à partir du 1er octobre 1957, après avoir reçu plusieurs distinctions : médailles de bronze, d'argent, officier d'Académie et de l'Instruction publique.
Il reprend également son poste de secrétaire de la Section syndicale des Instituteurs d'Eure-et-Loir au sein de laquelle il intervient régulièrement afin de défendre les intérêts de ses collègues.
Homme d'engagement et de justice, André Thoby a souhaité œuvrer à la connaissance de la guerre 1939-1945 dont il a été lui-même victime et à la transmission de cette mémoire en réalisant cet important travail de documentation et de recherche au plus proche des évènements et du souvenir encore vif de chacun. C'est donc en tant que correspondant du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale qu'il contribue à l'enrichissement et à la préservation de la mémoire collective.
Il est enfin à noter qu'André Thoby appartient aux membres fondateurs du Musée de l'école de Chartres créé en 1990 et qu'il a contribué à la rédaction d'un ouvrage pédagogique sur l'Occupation et la Résistance en Eure-et-Loir (cf. Bibliographie)
Le Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale est créé le 17 décembre 1951 par un décret signé du Président du Conseil, René Pleven, et résulte de la fusion de la Commission d'histoire de l'occupation et de la libération de la France (CHOLF) et du Comité d'histoire de la guerre, créés respectivement en octobre 1944 et en juin 1945 pour préserver la mémoire des années 1939-1945.
La mission du Comité est de contribuer à écrire l'histoire de la Seconde Guerre mondiale par un travail de recherche et de dépouillement mené sur le terrain. Il s'attèle ainsi à la rédaction de cartes départementales de la Résistance et des victimes civiles pendant la Seconde Guerre mondiale et à l'élaboration d'un tableau de la déportation, de la résistance et de la collaboration. Il s'appuie pour cela sur un réseau de correspondants départementaux qui recueillent tous types de sources orales ou manuscrites.
En 1980, le Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale est dissous et absorbé par l'Institut d'histoire du temps présent. Le comité fait alors don de son immense fonds documentaire constitué de nombreuses archives écrites et de volumineuses bibliothèque et photothèque, aux Archives nationales (fonds 72AJ).
En Eure-et-Loir, André Thoby occupe les fonctions de correspondant départemental du Comité d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale dans les années 1960-1970. Il est accompagné dans cette mission, par M. Carre, professeur au lycée Marceau de Chartres, lui-même nommé, en mai 1953, correspondant de la Commission d'histoire de la déportation au sein du Comité d'histoire de la Seconde guerre mondiale. Ce dernier est chargé de collecter la documentation relative à la déportation au travers des archives, telles que celles du camp d'internement de Voves, ainsi qu'en recueillant des témoignages oraux auprès d'anciens déportés. Une circulaire préfectorale avait été envoyée aux maires le 10 octobre 1944, leur enjoignant de fournir la liste des personnes fusillées, déportées ou internées de leur commune durant l'Occupation. Les renseignements collectés dans ce cadre, que l'on peut retrouver dans les archives du cabinet du préfet aux Archives départementales (cf. Sources complémentaires internes au service) s'avèrent cependant incomplets. C'est pourquoi une seconde circulaire du 1er octobre 1953, enjoint à nouveau aux maires de fournir le même type de listes pour alimenter les travaux d'études du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Suite à une lettre de don d'André Thoby, datée du 16 juillet 1992, les travaux de ce dernier sont réunis par le Musée départemental de la guerre 1939-1945, association installée au 12, rue du Cheval blanc à Chartres. Par la suite, lors d'un conseil d'administration du 14 décembre 2009, le musée décide de faire don du fonds André Thoby aux Archives départementales d'Eure-et-Loir.
Ce don est ensuite complété en 2012 par celui des archives du Musée départemental de la guerre 1939-1945, constituées de documents relatifs à l'activité du musée.

Informations sur l'acquisition :

Informations sur les modalités d'entrée
Don en date du 3 mars 2011
Historique de conservation :
Historique de la conservation
Après avoir été cédé au Musée départemental de la guerre 1939-1945 en 1992, le fonds est conservé de façon assez confidentielle, au vu des éléments délicats qu'il comporte, alors que les délais de communicabilité des documents n'ont pas encore fait l'objet des grandes dérogations liées aux archives de la Seconde Guerre mondiale. En témoigne un compte rendu du conseil d'administration du 9 février 2005, qui précise que le fonds est placé sous la surveillance de la directrice de l'Office national des Anciens combattants, qui seule, a le droit d'accès aux documents. Il y est cependant déjà évoqué le projet de donner le fonds aux Archives départementales.

Description :

Mise en forme :
Mode de classement
Le plan de classement, tout en essayant de respecter l'organisation initiale d'André Thoby, a été défini selon des critères de chronologie historique des évènements et en fonction des grandes thématiques propres à la période. Les cahiers manuscrits conservés sous la cote 68 J 2 se rapportent au répertoire alphabétique manuscrit à double entrée (par nom de commune et par nom de famille) conservé sous la cote 68 J 1. Les notes manuscrites contenues dans l'article 68 J 4 sont classées en 20 chapitres avec une table des matières.

Conditions d'accès :

Statut juridique Archives privées
Communicabilité
La convention de don (2011) prévoyait un délai de cinq ans avant toute communication des dossiers dits "sensibles" mais ce délai est désormais échu et les documents tombent sous le coup des délais réglementaires en vigueur, notamment les grandes dérogations liées à la communication des archives de la Seconde Guerre mondiale (dérogation générale du 29 avril 2002 et arrêté du 24 décembre 2015).

Conditions d'utilisation :

Conditions d'utilisation
La reproduction et la réutilisation des documents sont soumises aux conditions décrites dans le règlement intérieur et le règlement de réutilisation des données publiques des Archives départementales d'Eure-et-Loir.

Langues :

Langue des unités documentaires: Français

Description physique :

Description physique: Document d'archives Le fonds se compose de 52 articles réunis en 8 boîtes.


Nombre d'unités de niveau bas
Nombre d'unités de niveau bas: 52
Métrage linéaire
Métrage linéaire: 1,00

Ressources complémentaires :

Sources complémentaires
Sources internes
Versements du cabinet du préfet (parties consacrées à la Seconde guerre mondiale), et notamment :
20 W 198 : Lois de 1940 et 1941 portant "interdiction des sociétés secrètes", application parmi le corps enseignant (éléments concernant André Thoby) ;
20 W 282 : Fusillés, internés et déportés. Renseignements fournis par les maires au préfet, exploitation par la commission d'histoire de la déportation : listes nominatives, circulaires, correspondance (10 octobre 1944-12 janvier 1954) ;
91 W 125 : dossier de carrière d'André Thoby ;
97 W : Chambre civique de la Cour de justice d'Eure-et-Loir (1945) ;
104 W : Cour de justice d'Eure-et-Loir (1944-1945) ;
106 W : Archives du camp d'internement de Voves ;
18 J : Commission d'histoire de l'occupation et de libération de la France (1940-1952) ;
27 J : Fichiers de la section départementale de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes (1945-1955) ;
14 J et 47 J : Fonds Jean-Jacques François (La guerre en Eure-et-Loir, évènements de 1939-1940) ;
105 J : fonds du Musée départemental de la guerre 1939-1945.
Sources externes
Archives nationales : fonds du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale (72AJ)

Références bibliographiques :

Bibliographie
Archives départementales d'Eure-et-Loir :
4° A 234-1 et 2 : A. Thoby et alii, L'Occupation et la Résistance en Eure-et-Loir (1940-1944), Chartres, CDDP, 1982

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Organisme responsable de l'accès intellectuel: Conseil départemental d'Eure-et-Loir, Archives départementales

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD028_00000068J

Où consulter le document :

Archives départementales d'Eure-et-Loir

Archives départementales d'Eure-et-Loir

Liens