Inventaire d'archives : Papiers Ernest Bourgarel

Cote :

481PAAP

Publication :

Centre des Archives diplomatiques - La Courneuve
2021

Informations sur le producteur :

BOURGAREL, Ernest
Biographie d'Ernest Bourgarel (1850-1929)[1]
 
Ernest René Joseph Adrien Bourgarel est né à Toulon (Var) le 22 mars 1850. Il est le fils d'un négociant, Jean Antoine Adrien Bourgarel ; sa mère est née Bellanger. Après des études effectuées à Toulon avec un professeur particulier, il intègre le lycée Louis-le-Grand à Paris en octobre 1862 dans la classe de 4e. Il est reçu bachelier ès-lettres en 1866 à Aix-en-Provence. En août 1869, il est bachelier en droit et obtient sa licence deux ans plus tard. Entre 1871 et 1874 il effectue différents voyages qui le conduisent en Angleterre, en Espagne, en Suisse et en Autriche.
L'idée d'embrasser la carrière diplomatique fait son chemin et, de février à août 1875, il devient secrétaire particulier du chargé d'affaires de France à Tunis, Théodore Roustan, dont la famille est depuis très longtemps proche de la sienne. Il se consacre à l'expédition des dépêches officielles au ministère des Affaires étrangères mais également au Gouvernement général de l'Algérie pour les affaires de frontières, jamais réglées. Enfin il répond aux demandes, nombreuses, de particuliers. Théodore Roustan lui fait obtenir les insignes et le brevet du Nichan Iftikhar, sa première distinction honorifique. Cette expérience en Tunisie le conforte dans l'idée d'entrer dans la Carrière. En septembre 1875, il quitte Tunis, sans regrets, et rentre à Toulon non sans s'être arrêté en route à Florence pour rencontrer Bentivoglio qui lui propose son aide pour son admission à la direction politique. Appuyé par Théodore Roustan, puis par le marquis de Tamisier, sous-directeur du Midi et de l'Orient à la direction politique, sa nomination d'attaché non rémunéré est acceptée par le directeur politique, Desprez. L'agrément par le ministre n'est plus qu'une formalité. Lors de son entrevue avec le jeune homme, le directeur politique lui propose une destination lointaine, la Perse ou la Chine. Ernest Bourgarel choisit la Chine, pays en pleine expansion qu'il peut rejoindre tout de suite. Fin décembre, il est officiellement nommé attaché au département des Affaires étrangères, désigné pour prendre part aux travaux de la légation de France en Chine. Il prend le bateau le 12 mars 1876 et arrive à Shanghai le 24 avril suivant. Après un séjour de près de deux années à Pékin, il demande et obtient de rentrer en France afin de préparer dans les meilleures conditions possibles l'examen qui lui permettrait de devenir secrétaire de 3e classe. Il est nommé attaché à la direction politique en septembre 1878 et est reçu troisième au concours de secrétaire à la mi-décembre. Il est bientôt envoyé à l'ambassade de France à Berne et promu secrétaire de 3e classe (20 juin 1879). En janvier 1881 (décret du 22 janvier 1881), à la faveur d'une promotion à la 2e classe de son grade, il est désigné pour rejoindre la légation de la République française au Chili. Il sert sous les ordres du baron d'Avril. Celui-ci, atteint par la limite d'âge, doit quitter le pays le 8 novembre 1882, laissant la direction du poste à Ernest Bourgarel promu chargé d'affaires. C'est durant ce séjour chilien qu'il est distingué une première fois par le ministre de l'Instruction publique qui le nomme officier d'académie par arrêté du 24 octobre 1883. Ernest Bourgarel avait en effet rendu des « services éminents » à la mission scientifique dépêchée par l'Académie des sciences pour étudier le passage de la planète Vénus dans le ciel chilien. Il reçoit quelques mois plus tard la médaille commémorative fondue pour l'occasion. Il a également le privilège de signer, à Valparaiso, un protocole additionnel à la convention d'arbitrage passée le 2 novembre 1882 pour régler la question des réparations des dommages subis par les ressortissants français à la suite de la guerre entre le Chili et le Pérou. Après quelques sept mois de gérance et à la suite de l'arrivée du nouveau ministre, Pascal Duprat, Ernest Bourgarel rentre en Europe à la mi-septembre 1883. Il rejoint Rome (Quirinal) en avril 1884 et travaille sous la direction de l'ambassadeur Albert Decrais, futur ministre des Colonies. Durant ce séjour il participe au Congrès pénitentiaire international de 1885 en tant que secrétaire de la délégation française. Le 1er mars 1886, un décret le promeut secrétaire de 1re classe et un arrêté du même jour le désigne pour remplir les fonctions de ce nouveau grade à la légation de France au Japon. Il s'embarque au Havre le 21 août et arrive à Yokohama le 29 octobre après un petit séjour au Canada où il retrouve son collègue et ami depuis son séjour en Chine, Georges Dubail. Quelques semaines après son arrivée, il assiste à l'incendie de la légation de France à Tokyo dans lequel périssent les archives du poste ainsi que le mobilier et les collections personnelles de l'ambassadeur Sienkiewicz. Il contribue à l'acquisition de la nouvelle résidence de l'ambassadeur. Il est nommé premier délégué français à la conférence internationale pour la révision des traités avec le Japon, puis chargé d'affaires à la légation lorsqu'il doit assurer l'intérim du chef de poste ; sa gérance dure près de 16 mois, du 26 avril 1887 au 16 août 1888. C'est vraisemblablement cet intérim qui conduit Adam Sienkiewicz à lui faire obtenir la Légion d'honneur (décret du 16 juillet 1887). En mars 1889, il est à Toulon lorsque le ministre des Affaires étrangères lui propose de l'envoyer en Suède, lui indiquant qu'il aurait prochainement à effectuer l'intérim de M. Millet, ministre plénipotentiaire à Stockholm. Fin novembre 1890, à sa demande, il est désigné pour remplir les fonctions de son grade à Constantinople. Il assiste le 21 août 1891 à la soirée, somptueuse, donnée par le duc de Montebello, au palais de l'ambassade à Thérapia avant son départ pour Saint-Pétersbourg, et c'est lui qui accueille Paul Cambon, le nouvel ambassadeur, le 3 octobre suivant. Au début de l'année 1893, après quelques semaines de gérance et une courte période de congé en France, Ernest Bourgarel sollicite le titre de conseiller d'ambassade. Sa demande est agréée, on lui propose le poste de Bogota avec le titre de ministre résident. Le Département lui adresse ses lettres de créances en juin 1893 et il prend la direction de la légation le 9 septembre 1893. En décembre 1895, une dépêche l'informe de sa nomination d'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Port-au-Prince en remplacement de Pichon. Il assure cette gérance de mai à mi-septembre 1896. En avril 1897, il est nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Bogota, devenant ainsi le premier ministre plénipotentiaire français en Colombie, le poste étant créé à ce moment-là. Étant en France au moment où il apprend sa nomination, il sollicite un congé pour se rendre aux eaux de Vichy, dont, écrit-il [2], il a un urgent besoin. En septembre 1899, un télégramme du ministre lui apprend que ce dernier lui accorde les six mois de congé sollicités par le diplomate quelques temps auparavant. Il souhaite toutefois un petit sursis afin d'achever divers travaux en cours dont la rédaction d'un rapport sur l'enseignement du français en Colombie et d'une étude sur les points d'accès et de pénétration du commerce étranger en Colombie. Durant les mois de décembre 1898 et janvier 1899 il avait effectué une longue tournée dans la vallée du Cauca afin d'y recueillir des informations utiles au développement du commerce et de l'industrie française. En janvier 1900 il apprend sa promotion au grade d'officier dans l'ordre de la Légion d'honneur. En octobre 1900, il est nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Téhéran. Ayant accompagné le chah de Perse, Mozzafar-al-Din, durant son séjour en France en 1902, c'est à Paris en septembre qu'il apprend sa nomination à la direction de l'agence diplomatique et du consulat général de France à Sofia. Durant son séjour en Bulgarie il s'emploie avec succès dans de laborieuses négociations commerciales qui aboutissent à la conclusion d'un accord financier entre la Banque de Paris et des Pays-Bas et le gouvernement princier, et d'un marché avec les établissements du Creusot pour la fourniture de quatre-vingt-une batteries de canons. Il reçoit les félicitations du ministre des Affaires étrangères, Delcassé. Deux ans plus tard, c'est à Bucarest qu'il se rend pour prendre la tête de la légation en remplacement d'Arsène Henry nommé directeur des Consulats et des Affaires commerciales. Il y apprend sa promotion en 1re classe. Le 11 octobre 1905, il épouse Dolores Sanz de Santamaria de nationalité colombienne, âgée de 28 ans. Sa belle-mère est veuve d'Eustacio Sanz de Santamaria qui fut consul général de Colombie au Havre puis ministre plénipotentiaire à Berlin avant son décès. En mai 1907 le ministre en poste, Stephen Pichon, l'informe de sa nomination de chargé d'affaires de la République française près de Sa Majesté le roi de Bavière, à Munich. C'est son dernier poste car en mai 1909, Ernest Bourgarel sollicite de son ministre son départ de la carrière dans le cadre de la disposition. Quelques jours auparavant il avait appris sa nomination au grade de commandeur de la Légion d'honneur. Des lettres d'Ernest Bourgarel conservées dans son dossier de carrière laissent à penser qu'il espérait un poste auprès du prince monégasque. Il est officiellement admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite le 20 octobre 1911 après trente années de courses à travers le monde. Il s'installe dans sa villa de bord de mer (la villa Port Magaud), près de Toulon, où il décède le 10 août 1929.
 
En 2017, à l'occasion de l'année France-Colombie et du centenaire de la création de l'ambassade de France en Colombie, une exposition sur la collection photographique d'Ernest Bourgarel s'est tenue au musée de Bogota.
Les héritiers d'Ernest Bourgarel ont constitué une association Ernest Bourgarel destinée à promouvoir la figure de leur ancêtre diplomate et de son œuvre.
 
[1] Rédigée à partir du dossier de carrière du diplomate (394QO/236), mais également à partir d'une notice biographique (préparée par le père d'Ernest Bourgarel ?), conservée en tête du second volume de correspondance familiale (481PAAP/38).
[2] Lettre d'Ernest Bourgarel au ministère des Affaires étrangères en date du 29 avril 1897 (dossier de carrière, 394QO/236).

Informations sur l'acquisition :

Dons de Marie-Claude Acero-Dubail, Charles-Henry Dubail, Jean-René Dubail et Isabelle Dubail, ayants droit d'Ernest Bourgarel (entrées 2013/1 du 10 janvier 2013, 2013/19 du 18 octobre 2013, 2016/4 du 12 avril 2016).
Historique de conservation :
Les archives d'Ernest Bourgarel étaient conservées dans sa villa de Toulon. Elles ont été en partie données à partir de 2013 aux archives diplomatiques à travers trois dons successifs, les ayants droit conservant avec eux certains documents comme des photographies du Japon ainsi que la bibliothèque. Une partie du fonds a été extraite des papiers Dubail (462PAAP) avec lesquels elle était mélangée.
Les documents ont été reconditionnés, pour certains dépoussiérés et restaurés comme les passeports du dossier 1 de l'article 481PAAP/54. L'article 481PAAP/60 rassemblant des photographies a été numérisé en 2021 pour une mise en ligne sur la base Images. Le classement définitif du fonds s'est achevé en février 2021.

Description :

Critères de sélection :
Les archives ont été classées et reconditionnés, aucune élimination n'a été pratiquée ; certains documents provenant du dernier don ont été dépoussiérés, consolidés ou restaurés.
Mise en forme :
Les archives d'Ernest Bourgarel ont été classées selon un ordre chronologique qui suit la carrière du diplomate. Ses papiers personnels, ainsi que sa correspondance, familiale ou amicale, ont été décrits à la suite. Cette correspondance a été remise dans un second temps par les ayants droit du diplomate.

Conditions d'accès :

Communication libre selon le Code du patrimoine, excepté les articles 1, 21, 22, 23, 29 et 30 en raison de leur fragilité et l'article 481PAAP/60 dont les photographies ont été numérisées et sont accessibles en ligne sur la base Images. Les chercheurs ont l'obligation de citer leurs sources présentes dans le fonds, en particulier lors de la publication de leurs travaux.

Conditions d'utilisation :

Reproduction selon les conditions de la direction des Archives, libre à usage privé. Dans le cas de publication, article ou ouvrage, directement inspiré par les archives données, l'auteur devra adresser quatre exemplaires de son travail aux donateurs. L'utilisation à usage commercial du fonds photographique par des personnes morales et privées est soumise à l'autorisation des donateurs et de leurs ayants-droit et pourra donner lieu à la perception de droits les concernant.

Langues :

Français, anglais, espagnol, allemand, roumain, chinois, japonais, serbe, russe, suédois.

Description physique :

61 articles en 24 boîtes, soit 3,15 m.l.

Ressources complémentaires :

Répertoire numérique détaillé par Françoise Aujogue, Solange Bujan, Antoine Mennecier, Christophe Rambur, Ursula Carmichael et Clément Noual. Voir l'inventaire. 
Ministère des Affaires étrangères, centre des archives diplomatiques de La Courneuve
- Dossier de carrière d'Ernest Bourgarel (1850-1929), Personnel, 2e série, dossier 236 (394QO/236).
 
Correspondance politique
  • Chili, 1882-1883 (24CP/24 et 25).
  • Japon, 1887-1888 (59CP/33).
  • Suède, 1889-1890 (123CP/348).
  • Turquie, septembre-décembre 1892 (133CP/507 et 508).
  • Colombie, 1892-1895 (28CP/36).
 
Correspondance politique et commerciale (Nouvelle série)
  • Haïti, 1896 (166CPCOM).
  • Colombie, 1896-1899 (149CPCOM).
  • Perse, 1900-1902 (191CPCOM).
  • Bulgarie, 1903-1904 (145CPCOM).
  • Roumanie, 1904-1907 (194CPCOM).
  • Bavière, 1907-1909 (141CPCOM).
 
Papiers d'agents et archives privées
  • Papiers Dubail (462PAAP).
 
Collection iconographique
  • Collection Ernest Bourgarel (590 photographies).
 
Ministère des Affaires étrangères, centre des archives diplomatiques de Nantes
  • Archives de l'ambassade de France à Rome (Quirinal), 1823-1940 (579PO/1/1 à 1647).
  • Archives de l'ambassade de France à Santiago-du-Chili, 1920-1945 (616PO/1/1 à 3).
  • Archives de l'ambassade de France à Tokyo, 1863-1977 (697PO/A).
  • Archives de l'ambassade de France à Bucarest, 1779-1886 (124PO/1/92 et 94 notamment).
 
Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
- Dossier de membre de la Légion d'honneur, LH 808/90.
 
Bibliothèque nationale de France
- Portrait photographique d'Ernest Bourgarel pris en 1883 en Amérique latine [consultable sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8450727h].

Références bibliographiques :

- ANDRADE (Margot), La Colombie et la France : relations culturelles (XIXe-XXe siècles), Paris, L'Harmattan, 2012, 288 p.
- Notice dans Dictionnaire du corps diplomatique et consulaire français en Chine (1840-1911) par Nicole BENSACQ-TIXIER, Les Indes Savantes, Paris, 2003, p. 188-191.
- CIFUENTES (Ana María) et MEJIA PAVONY (Germán), Más allá del cliché : el fondo fotográfico de Ernest Bourgarel, catalogue de l'exposition du 13 mai au 3 septembre 2017 au musée de Bogota, Casa de la Independencia, Bogota, Instituto Distrital de Patrimonio Cultural, Secretaria Distrital de Cultura, Recreación y Deporte, Alcaldía Mayor de Bogotá, 2017, 157 p.
- DUBAIL (Charles-Henri) et ACERO-DUBAIL (Marie-Claude), Bourgarel, le Colombien : voyages d'un diplomate français dans la Colombie du XIXe siècle, Paris, ediSens, 2017, 240 p.
- États de service dans Annuaire diplomatique, années 1904-1905, p. 192.
- LA BARRE DE RAILLICOURT (Dominique de), De la vieille Castille à la Nouvelle-Grenade : la famille Saenz de Santamaria. Étude généalogique et héraldique (essai), Paris, Les Éditions municipales, 1983, 63 p.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRMAE_481PAAP

Personnes :

BOURGAREL, Ernest

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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