Longtemps éclipsées par le chartrier de Pouzauges, les archives présentées dans cet inventaire sont celles de familles qui se succèdent à la Pélissonnière : Grignon et Frotier de Bagneux. Il s'agit de papiers personnels, de collections et de pièces relatives à la gestion des biens, à l'exclusion du chartrier de Pouzauges présenté dans un inventaire à part.
Les Grignon occupent la Pélissonnière du XVIe à la fin du XVIIIe siècle. Pourtant de ces premières années ne restent que le livre de raison de René Grignon, seigneur de la Pélissonnière qui y rapporte ses activités. Curateur de sa belle-fille Avois Jaillard de 1593 à 1599, il résume l’histoire de la famille Jaillard de 1576 à 1599 et tient des comptes scrupuleux de 1593 à 1602. Cette tutelle lui est en effet contestée par un oncle paternel de l’enfant, et les poursuites judiciaires peuvent être ruineuses. Devenu seigneur de la Pélissonnière à la suite du décès de son frère Pierre Grignon en juin 1597, il tient avec la même rigueur un livre-journal de sa gestion de la seigneurie de 1597 à 1613.
L’histoire des Grignon à la Pélissonnière reprend ensuite avec la succession de Salomon Grignon et de Marie Anne Brochard et le partage de leurs biens entre leurs 3 filles en 1775.
Il faut signaler ici la présence des archives du domaine de la Renelière à La Chapelle-Achard du XVe au XVIIIe siècle. Cette terre est acquise par Louis Frotier de Bagneux en 1791. Même s’il en est rapidement dépouillé par la Révolution, il conserve les titres anciens, récupérés au moment de l’acquisition. Il rend un compte détaillé de cette période dans les notes sur la gestion de ses affaires qu’il laisse à son fils Paul.
Paul Frotier de Bagneux entame en 1811 une brillante carrière administrative qui le conduit de la commission des Magistrats du Rhin à la préfecture de Maine-et-Loire. Les soubresauts de la vie politique dans ce XIXe siècle naissant l’amènent à prendre des positions tranchées : fervent royaliste, il intègre le commandement de l’Armée catholique et royale en 1815. Légitimiste, il participe, sans conviction pourtant quant au résultat, à l’épopée de la Duchesse de Berry en 1830 ce qui lui vaut une condamnation à mort par contumace. Finalement acquitté en 1833, il se retire à la Pélissonnière et constitue, suivi par son fils Zénob Frotier de Bagneux, une importante collection de pièces relatives aux mouvements royalistes : de Travot, commandant la subdivision de la Vendée (an V-an IX) à son acquittement (1833) en passant par l’organisation de l’Armée catholique et royale en 1815.