Grande voyageuse, successivement éducatrice Montessori, co-créatrice et directrice d’une grande agence d’architecture intérieure et de design, commissaire de nombreuses expositions (dont notamment pour l’association France-URSS), et pour finir libraire — créatrice en 1987 de la librairie Itinéraires — spécialisée dans les ouvrages permettant de découvrir et connaître les pays étrangers —, à la tête de laquelle elle reste jusqu’en 2007 —, Hélène Larroche est née en octobre 1924 à Brno (République tchèque). Sa famille et notamment son père, professeur à l’école Polytechnique et collectionneur de dessins anciens, l’initie très vite à l’histoire de l’Art. Baptisée à la naissance – l’antisémitisme était omniprésent –, elle n’apprend qu’à l’âge de 13 ans, en 1938, qu’elle est d’origine juive. Dans le tragique contexte de la fin des années 1930, se succèdent alors le départ dans un pensionnat en Suisse, la mort de sa mère, puis une entrée clandestine en France pour rejoindre son père ayant trouvé refuge à Nice. A la mort de son père, en août 1939, âgée de quinze ans, elle passe quelques mois dans la famille du professeur Sigmund Freud. Ayant encore un peu d’argent, elle poursuit des études —courtes — car l’avenir est incertain : elle apprend les techniques de sténodactylo à l’école Pigier (1939/1940), s’inscrit pour un diplôme de professorat de français pour étrangers au Centre universitaire méditerranéen (1940/1941) et suit les cours de l’Ecole de monitrice montessorienne au Centre de Madame Hélène Lubienska de Lenval (1941/1942). Les finances venant à manquer, et la zone libre étant à partir de novembre 1942 occupée par l’armée allemande (elle devient la Zone sud), elle prend une place d’éducatrice Montessori dans une école parisienne repliée dans l’arrière pays niçois, au sein de laquelle elle travaille de 1942 à 1944, tout en profitant de ses rares moments de temps libre pour rattraper ses années de lycée et passer, en 1943 et en 1944, les deux parties du baccalauréat. Après une année d’animation pour la Croix Rouge américaine à Nice, elle quitte le Sud de la France pour entreprendre, et réussir, une licence de chimie à la Sorbonne (1945/1947). Mariée en 1947, elle participe de 1948 à 1975 – à côté de son mari – à la création, au développement et à la bonne marche d’une importante agence d’architecture intérieure, APES, devenue TECHNES (travaux d’aménagements intérieurs pour la FNAC, les restaurants Wimpy et divers restaurants d’autoroute, signalétique de Vitry-sur-Seine, etc). Son expérience dans le domaine du design lui permet d’intégrer en 1975 le Centre de Création Industrielle, une des sections du Centre Georges Pompidou alors à ses débuts (fondé par François Mathey en 1969 au sein de l’Union centrales des arts décoratifs, le CCI est intégré en 1972 au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou ; il fusionnera en 1992 avec le Musée national d’art moderne, autre département du Centre Pompidou) ; elle y restera jusqu’ à sa retraite en 1989, exerçant la double responsabilité de « chargée du design » et de « responsable des pays socialistes ». Parallèlement, et à titre bénévole, Hélène Larroche a été de 1967 à 1979, secrétaire — bénévole — de l’Association France-URSS, chargée en particulier de la préparation et de l’organisation de grandes expositions des différentes républiques soviétiques dans divers importants musées en France

La contemporaine