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Centre national des archives de l'Église de France (CNAEF)

Statut ecclésial : groupe de spiritualité et d’études missionnaire créé en juin 1944 au Carmel de Chaville, à l’initiative de Mère Marie de l’Assomption, sœur Auxiliatrice du Purgatoire, appuyée du père Jean Daniélou (s.j.). Les premiers statuts sont approuvés en 1945 par le cardinal Suhard, archevêque de Paris et par Mgr Chappoulie, directeur national des Œuvres pontificales missionnaires. Le Cercle, dont le rattachement hiérarchique reste flou malgré ses demandes de clarification, rend compte de ses activités à ces deux instances. En 1965, il devient mouvement d’Apostolat des laïcs.

Statut civil : association de type loi 1901, déclarée en préfecture de Police le 1er juillet 1948.

Objet : procurer à ses membres une connaissance approfondie des différentes cultures humaines, étudier le problème des rencontres entre les civilisations et multiplier les contacts avec les étrangers et spécialement les étudiants d’Outre-mer en vue d’une plus grande compréhension, par divers moyens d’entraide (extrait de l’article 1er des statuts de 1963).

- Siège social :

Histoire du producteur

Création et mise en place : en 1942, un groupe de Jeunes filles catholiques de la société (J.C.S.) demande à mère Marie de l’Assomption, fondatrice avec le père Derely (s.j.) de cette branche des Cadettes du Christ, une formation missiologique approfondie. Celle-ci forme alors un petit groupe dans lequel elle voit les fondations d’une nouvelle congrégation monastique qu’elle souhaite créer. Le projet ne voit pas le jour, faute de validation des autorités ecclésiastiques mais donne naissance au Cercle en 1944. Mère Marie, à la recherche d’un aumônier, porte son choix sur le père Daniélou, alors jeune jésuite agrégé de grammaire. Celui-ci vient donc, à sa demande, célébrer à plusieurs reprises l’office pour son petit groupe, pour lequel il manifeste son intérêt. Il s’implique dans le projet du Cercle et en devient l’aumônier général en 1944. Le premier règlement, approuvé par le cardinal Suhard, pose les engagements de ce groupe exclusivement féminin : spiritualité, formation et action missionnaires. En 1955, le Cercle s’ouvre aux jeunes gens de sexe masculin.

Organisation statutaire :

Assemblée générale : l’association se compose de trois catégories de membres. Les membres actifs sont les seuls à participer à l’administration de l’association, les membres honoraires (anciens membres actifs) et les "Amis du Cercle" apportent un appui moral et financier. Ils se réunissent en Assemblée générale une fois par an mais peuvent également être convoqués par le Conseil d’administration. Ils donnent leur approbation aux décisions du Conseil d’administration : un rapport moral et un rapport financier leurs sont soumis.

Conseil d’administration : administrant le Cercle, il se réunit une fois par trimestre et lorsqu’il est convoqué par le président. Il élit pour un an un vice-président s’il le souhaite, un à deux secrétaires et un trésorier ; tous sont bénévoles.

1948 : les membres sont nommés pour deux ans. Le Conseil se renouvelle par moitié chaque année, les membres non sortant élisant les nouveaux.

1962 : le Conseil est élu pour six années par les membres actifs réunis en Assemblée générale et renouvelé par tiers tous les deux ans.

1964 : il est élu pour trois ans par les membres actifs réunis en Assemblée générale. Il se renouvelle par tiers tous les ans et ses membres peuvent être révoqués par l’Assemblée générale.

1972 : le cardinal Daniélou, aumônier général du Cercle, en est membre de droit.

* Président : depuis 1946, il est élu parmi le Conseil d’administration par les membres de celui-ci pour une durée d’un an. Il convoque le Conseil d’administration, représente l’association en justice et dans tous les actes de la vie civile.

- Organisation fonctionnelle :

* Direction et animation : dans les années 1960 une réunion des responsables semble avoir lieu chaque été, afin de décider des activités de l’année à venir. A partir de 1964, un comité de coordination voit le jour. Organe de liaison entre la direction du Cercle et ses membres, il conseille les responsables et se réunit chaque mois. En 1967, l’idée de réunions d’animation est lancée et en 1972 un comité d’animation est créé afin de mettre en place et coordonner toutes les activités. Ses membres sont choisis parmi les membres actifs responsables des activités de l’association et se réunissent quatre fois par an. Le comité, pour la réalisation de ses suggestions, désigne un bureau composé de trois membres.

* Les équipes : dés 1944, des équipes sont formées afin de réfléchir sur les cultures et les religions. A partir de 1961, chaque membre du Cercle doit faire partie d’une équipe et donc assister aux réunions mensuelles. Des pique-niques, excursions et repas sont organisées afin d’accueillir des étudiants étrangers, de s’ouvrir à leur culture et leur faire partager la culture française.

- Activités : basées sur trois piliers, formation doctrinale, formation spirituelle, et dialogue interculturel et interreligieux.

* Formation doctrinale : de nombreuses conférences sont organisées, principalement dans le cadre de dîners-débats qui ont lieu plusieurs fois par an. Le cercle dispense également des cours par correspondance répartis en cinq rubriques : Écriture Sainte, Missiologie, L’Église et les "Églises" chrétiennes, Civilisations et religions non-chrétiennes et Problèmes du monde moderne. Ces cours sont ouverts à tous (étudiants, laïcs et religieux) et touchent tous les milieux de la société. Dans les années 1960, on dénombre jusqu’à un millier d’élèves, dans le monde entier. En 1973, ils sont repris par une association indépendante, Le Passage. La missiologie occupe une place importante : des sessions d’initiation ont lieu plusieurs fois par an et des cours de missiologie, suivis de séances de travail, ont lieu chaque mercredi.

* Formation spirituelle : englobe des matinées spirituelles ayant lieu le deuxième dimanche de chaque mois, puis à partir de 1972, des après-midi spirituels de conférences et de débats. Cette formule peut réunir jusqu’à cent personnes. Une retraite annuelle à l’abbaye Notre Dame du Bec au Bec Helluin et une récollection trimestrielle rassemblent elles aussi les membres. De plus, des veillées de prière organisées dans l’église de saint-Germain des Près et une équipe de spiritualité réunissent ceux qui souhaitent prier ensemble.

* Dialogue interculturel et interreligieux :

Équipes : il existe des équipes de cultures (équipe Russie, Afrique, Chine, Inde et Japon) de religions (Bouddhisme, Judaïsme et Islam) ou bien encore l’équipe Athéisme et l’équipe Philosophie. Les membres réalisent des exposés, organisent ou participent à des conférences et accueillent des étrangers pour des moments de partage. Une équipe Monde ouvrier, fortement encadrée par le père Daniélou, existe également depuis les débuts. Elle se transforme progressivement en groupe de lecture, mais on n'en trouve aucune trace dans ce fonds. Il y en est de même pour l’équipe Union des églises, l’équipe Monde moderne, l’équipe Monde noir, ancêtre de l’équipe Afrique, et l’équipe masculine qui préfigure la mixité du Cercle. Enfin, l’équipe Internationale regroupe des jeunes de toutes les nationalités, chrétiens et non-chrétiens, qui sont formés par le père Terrien afin de préparer leur insertion au Cercle. Ces derniers se rencontrent tous les samedis après-midi et font des camps.

Camps et voyages : organisés chaque année à partir de 1950, année où mère Marie de l’Assomption organise le premier camp international d’été. Ils sont ouverts aux jeunes gens de toutes nationalités et confessions. Le père Terrien reprend cette formule et créé en 1963 les camps en Algérie. En outre, des camps de Pâques sont organisés dans des monastères en Normandie tandis que des voyages, entrepris seul ou avec une autre association, ont lieu dans le monde entier. Des pèlerinages ont également lieu à Chartres et à Lourdes, ainsi que de nombreuses excursions dans Paris et la province proche.

Partage : des week-ends de formation sur les autres religions, ouverts à tous et autour de spécialistes confirmés, sont organisés depuis 1963. Initiative sans précédent dans l’Église, elle rencontre un franc succès. Toujours dans cette perspective d’ouverture, depuis 1948 une journée annuelle de rencontre internationale a lieu à l’Ascension afin de faire connaître le Cercle. Journée de partage et de fête ponctuée de conférences et de célébrations liturgiques, elle rassemble à partir de 1955 (date à laquelle elle est jumelée avec la fête annuelle de la cité universitaire) plus de cinq cent personnes. En 1958, la journée se dédouble, la première ayant lieu au couvent de la Barouillère (sœurs Auxiliatrices du Purgatoire) et la seconde au foyer catholique de la cité universitaire (jusqu’en 1963). Les dernières journées ont lieu en 1969.

Ouverture : d’autres journées d’informations et des réunions, ouvertes à tous, sont organisées chaque année afin de faire découvrir le Cercle et de trouver des lieux d’hébergements pour les étudiants étrangers. D’autre part, une fête est donnée le jour de la Saint Jean Baptiste. Tous les membres s’y réunissent pour une messe, une présentation des activités du Cercle au cours de l’année écoulée et le partage d’un buffet. La création en 1964 de Convergences, association autonome présidée par Jean Jacques Munier, rencontre un franc succès même si elle s’éloigne quelque peu des fondements du Cercle. Groupe amical et spirituel, Convergences bénéficie du secrétariat du Cercle et d’un tiers des cotisations des membres, qui sont de ce fait membres de Convergences. Lors des réunions, tous les mardis soirs, l’on y écoute des conférences, l’on débat, l’on danse et l’on dîne ensemble.

Direction : la première responsable du Cercle est la secrétaire Marie-Émilie Taudière ; se succèdent ensuite comme président(e)s: Marie-Ange Besson (1946-1948), Bénédicte Milcent de Burges de Missiessy (1948-1951), Marie-Ange Besson (1951-1953), Magdeleine Leblanc (1953-1955), Yvonne Le Blaye (1955-1963), Jean Albert (1963-1970), Paul Boulkerou (1970), Naaman Khoury (1971), Jean-Jacques Munier (1971-1975) et Xavier de Bayser (1975-1986).

Marie de l’Assomption

Marie Le Roy Ladurie est née le 15 août 1896 à Châlons-sur-Marne, d’une famille d’officiers de marine. Éduquée par les soeurs de l’Assomption en Belgique, elle entre le 21 octobre 1919 dans la Société des religieuses Auxiliatrices du Purgatoire. Après son noviciat à Overyssche (Belgique), elle prononce ses premiers voeux le 15 août 1922 et ses voeux définitifs le 15 août 1928. Elle rêve de devenir missionnaire en Chine mais est envoyée à Paris, au couvent de la Barouillère, où elle passe toute sa vie. Chargée de l’accompagnement des jeunes à la paroisse Notre-Dame-du-Travail-de-Plaisance (14e), elle se voit confier par l’archevêque de Paris, Mgr Verdier, la formation des Cadettes du Christ à l’échelon diocésain, puis fonde les J.C.S. avec le père Derely (s.j.). En 1944 elle institue le Cercle Saint Jean-Baptiste dans lequel elle s’investit pleinement jusqu’au début des années 1960 où elle se consacre alors à donner sessions et conférences dans les monastères de contemplatives. Dans les années 1950, elle obtient une licence d’ethnographie et de sociologie religieuse à l’Institut catholique de Paris et un diplôme de l’École pratique des hautes études. En 1965 est publiée sa thèse Pâques africaines : de la communauté clanique à la communauté chrétienne puis en 1972 son ouvrage Femmes au désert. Elle meurt le 26 février 1973.

Jean Daniélou

Né le 14 mai 1905 à Neuilly-sur-Seine, il est le premier enfant de Charles Daniélou et Madeleine née Clamorgan. Il fait ses études au collège jésuite Notre-Dame de Bon Secours à Jersey puis à Sainte-Croix-de-Neuilly. En 1927, après un diplôme d’études supérieures, il est agrégé de grammaire. En 1929, il entre au noviciat des Jésuites de la province de Paris. Après ses études de philosophie et de théologie, il est ordonné prêtre le 24 août 1938. En 1941, démobilisé, il est aumônier à l’École normale supérieure de Sèvres et professeur à l’École normale libre de Neuilly. Après un doctorat de théologie et un doctorat ès lettres, il obtient la chaire d’histoire des origines chrétiennes à l’Institut catholique de Paris dont il deviendra le doyen en 1961. En 1962, il est nommé expert par le pape Jean XXIII au concile Vatican II. Il est créé cardinal par Paul VI en avril 1969. En 1972 il est élu à l’Académie française. Chevalier de la légion d’honneur, il meurt le 20 mai 1974.

- Développement et évolution : de 1955 à 1965, le Cercle, bien implanté, connaît sa période la plus faste et enregistre chaque année une cinquantaine de nouvelles adhésions. En 1962, les laïcs prennent une plus grande place dans la direction du Cercle. Mère Marie de l’Assomption, souffrante, s’efface peu à peu tandis que le père Daniélou, très occupé avec sa nomination en tant qu’expert au Concile, est moins présent. Au fur et à mesure, les différentes activités du Cercle perdent de leur cohésion malgré la création de l’association Convergences en 1964. Les déficits augmentent etn en 1970, le conseil d’administration est divisé. La mort de mère Marie en 1973 et celle du père Daniélou l’année suivante laissent le Cercle orphelin, et bien qu’il poursuive ses activités il connaît un certain déclin.

- Publications : Le Bulletin du Cercle Saint Jean-Baptiste paraît dés 1945 et devient Bulletin Saint Jean-Baptiste en 1964. Au départ simple feuille rédigée par Mère Marie de l’Assomption, il s’enrichit rapidement, atteignant en 1955 le chiffre de 2300 abonnés dans 90 pays différents. La revue Axes lui succède en 1969. Une publication interne, Lettre du Cercle saint Jean-Baptiste fut créée en 1976.