Le champ disciplinaire du projet de
recherche FOREST (Fonctions et REprésentations des Sexualités Transmasculines) est celui de la psychologie sociale et de la sociologie. Son objectif était de mieux connaître la sexualité des personnes transgenres, pour en comprendre ses répercussions sur leur santé, et en particulier, la situation des personnes transmasculines : homme trans ou personne non-binaire AFAB (assigned female/male at birth), FTM (female to male), FTX female to X). L’hypothèse scientifique s’appuyait sur la constatation du manque de connaissances sur l’état de santé des personnes transgenres et leurs spécificités. Les personnes transgenres sont des personnes dont le sexe qui a été déclaré à l’état civil au moment de la naissance ne correspond pas à l’identité qu’ils et elles souhaitent exprimer dans la vie de tous les jours. L’ensemble de la communauté scientifique en France, et à l’étranger, est unanime pour dire que nous avons besoin de plus d’informations sur cette population afin de pouvoir créer des interventions d’information et de promotion de la santé ou des campagnes de prévention adaptées. L’enquête permet de disposer de données scientifiques spécifiques aux personnes transmasculines, différentes des données déjà collectées qui ont été produites dans des études qui ne les concernent pas directement. Les entretiens avaient pour objectif de mieux appréhender les comportements sexuels des personnes transmasculines, tout en tenant compte des différents facteurs qui relèvent de l’individu, de ses groupes d’appartenance, de la société dans laquelle ils évoluent. Par exemple, par manque d’information les personnes transgenres peuvent être exposées au VIH/sida et aux autres infections sexuellement transmissibles. C’est une situation très préoccupante car le peu de données mises à disposition souligne une plus grande vulnérabilité des personnes transgenres comparativement à des personnes cisgenres. Parmi les personnes transgenres, les personnes transmasculines (dont le sexe à la naissance été inscrit comme femme, mais qui ont désormais une identité différente) sont encore plus particulièrement méconnus par la science.
Pour mener à bien ce projet, l’université Lumière Lyon 2 et l’association
OUTrans (association d’autosupport trans) ont travaillé ensemble étroitement. Ce partenariat a été mis en place pour produire une recherche utile et de qualité, dans une démarche éthique bien consolidée. L’association OUTrans, qui se dédie notamment à l’accompagnement de personnes transmasculines, a pour but de contribuer à un meilleur état de santé des personnes trans. Dans ce cadre, les personnes concernées ont été impliquées depuis l’identification des besoins de recherche, de sa rédaction à la publication des résultats sous formes d’articles scientifiques ou à plus large audience. Les méthodes employées ont été celles des entretiens individuels et des entretiens collectifs.
L’objectif scientifique du projet était double.
Le premier objectif était de mieux comprendre les différentes fonctions de la sexualité des personnes transmasculines, la manière dont elle
est représentée et l’importance que ces derniers lui accordent afin de mieux
connaître l’impact des différents contextes de vie comme l’environnement social, l’appartenance à certains groupes, le niveau de vie, ou encore comment le contexte légal peut exercer une influence sur la santé des personnes transmasculines.
Le deuxième objectif était de favoriser un transfert de compétence entre l’association et l’université pour fluidifier les interactions et rendre plus efficace leurs missions de recherche ou de l’accompagnement des personnes. Tout au long du projet, les personnes concernées ont été directement impliquées dans le projet de la collecte, à l’archivage.
Le volet scientifique est augmenté d'un volet archivistique, s'engageant dans une démarche éthique et une tentative de preuve de concept. La volonté de l'équipe du projet a été, à travers l'archivage des données, de constituer un premier fonds documentaire donnant à entendre la mémoire des personnes trans.