Inventaire d'archives : Affaire Landru

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Résumé de l'affaire :
Henri-Désiré Landru est né le 12 avril 1869 à Paris. Il multiplie les métiers, change régulièrement d'employeur et de logement. Entre 1893 et 1900, il déménage huit fois, pratique une dizaine de métiers et change quinze fois de place. En 1900, il fonde une fabrique de bicyclettes à pétrole. Il n'honore aucune commande et part avec les à-valoir de nombreux clients. Quelques temps plus tard, il loue une boutique boulevard Pereire et propose d'engager des représentants qui devront lui verser 2000 francs au titre de la garantie. Au bout de quelques mois, il disparaît à nouveau avec les cautions. Cette escroquerie lui vaut sa première condamnation le 24 février 1902 (trois ans de prison et 50 francs d'amende - condamnation par défaut).
Sous le nom de Natier, il monte alors une nouvelle escroquerie au cautionnement mais, pris en flagrant délit, il est condamné en juillet 1904 à deux ans de prison et 50 francs d'amende. Le 28 mai 1906, il est à nouveau condamné pour escroquerie à 13 mois de prison et 50 francs d'amende. Le 19 juin suivant, trois ans de prison et 100 francs d'amende pour abus de confiance. Notons qu'une expertise psychiatrique est alors requise et conclut à « un état mental maladif qui, sans être la folie, n'est plus du moins l'état normal. »
Libéré en 1909, Landru reprend immédiatement ses activités délictueuses en y ajoutant cependant une nouveauté dont il ne tarde pas à faire une habitude. C'est ainsi que dès 1909, quatre procédures sont lancées contre lui, les trois premières pour escroquerie au cautionnement, la dernière pour escroquerie au mariage qu'il a commise sous le nom de Paul Morel.
Arrêté le 21 décembre 1909, il est de nouveau condamné à trois ans de prison et 100 francs d'amende. Le 24 juillet 1914, il est encore condamné pour escroquerie à quatre ans de prison.
Escroc multirécidiviste, la relégation le guette et Landru n'a plus désormais d'autre choix que de disparaître ou de modifier son état-civil.
L'affaire Landru commence en 1917, sous l'impulsion de la curiosité de deux familles de disparues. Ces deux familles, chacune de leur côté, font la même démarche et écrivent au maire de Gambais (Yvelines) pour obtenir des renseignements afin de savoir ce qu'il est advenu de Mme Buisson et de Mme Collomb.
Le maire de Gambais répond à chacune d'entre elles mais ne manque pas de faire le parallèle entre ces deux disparitions. Le 2 février 1919, les deux familles déposent simultanément une plainte contre X auprès du parquet de la Seine.
L'inspecteur Adam, du service des notes de la Police Judiciaire (service en charge des recherches dans l'intérêt des familles), commence alors l'enquête. Cependant, ses recherches ne donnent aucun résultat. Il paraît alors nécessaire de poursuivre les investigations à Gambais où les deux femmes ont disparu. Le dossier est transmis au Parquet de Mantes, circonscription dont dépend Gambais. Le procureur de la République de Mantes décide d'alerter la Sûreté générale et, au siège de la 1re brigade mobile, le commissaire Dautel charge les inspecteurs Belin et Braunberger de dénouer les fils de ce qui s'annonce déjà comme une importante affaire.
Landru est arrêté dès le 12 avril 1919 à son domicile, qu'il partage avec sa dernière maîtresse, Fernande Segret. Il est tout simplement reconnu dans la rue par une amie de l'une des disparues. L'affaire démarre fort mal pour Landru : en le fouillant, on découvre un petit carnet et un agenda.
Les notes écrites dans le petit carnet sont accablantes. On y relève une étrange comptabilité et surtout une liste de onze noms : Cuchet ; J. Idem ; Brésil ; Crozatier ; Havre ; Collomb ; Babelay ; Buisson ; Jaume ; Pascal ; Marchadier. Parmi ces noms, ceux des deux femmes disparues.
Rapidement, les enquêteurs de la 1ère brigade mobile identifient l'homme qu'ils ont en face d'eux : Henri-Désiré Landru. Grâce à une quittance de loyer retrouvée lors de la perquisition de son domicile, les inspecteurs de la brigade mobile remontent à un garage de la rue Morice à Clichy, qui servait d'entrepôt à Landru. On y retrouve des malles, des vêtements féminins aux initiales diverses, des papiers, des objets, des lettres d'amour.
Le même jour, l'inspecteur Belin mène une perquisition à Gambais et y découvre les cadavres de trois chiens.
Le lendemain, un second entrepôt est découvert. S'y entasse un amoncellement de meubles, photographies, dossiers récapitulant les noms de 283 femmes.
Le 14 avril, le juge d'instruction de Mantes, M. Thore, signifie à Landru les présomptions qui pèsent sur lui dans la disparition de plusieurs femmes.
Le 25 avril, constatant que l'enquête doit se concentrer sur Paris, M. Thore, se dessaisit de l'affaire en faveur du parquet de la Seine. L'instruction de l'affaire est confiée au juge Bonin et le commissaire Tanguy, délégué spécial et judiciaire, dirige l'enquête, aidé de l'inspecteur Riboulet, tout en travaillant en collaboration avec la 1re brigade mobile. Cette procédure, inhabituelle, montre bien que les enquêteurs ont le sentiment d'avoir devant eux une très grosse affaire.
De quatre disparitions imputées à Landru, on passe rapidement à huit, puis enfin à onze. L'affaire enfle au rythme des « unes » des journaux. Bientôt toutes les disparitions inexpliquées de femmes sont attribuées à Landru. Un abondant courrier de maris délaissés, d'amants abandonnés et de mères inquiètes submerge la Sûreté.
Le 29 avril, une nouvelle perquisition a lieu à Gambais, devant une foule de plus de 300 badauds. Le docteur Paul, de l'institut médico-légal, accompagne les policiers. On prélève les cendres de la cuisinière et on examine les débris du hangard. On y trouve des traces de sang, des épingles, des boutons brûlés et surtout plus de 4 kg de débris d'os calcinés et 47 dents ou fragments de dents.
Le docteur Paul, M. Antony (professeur d'anthropologie du Muséum du Jardin des Plantes), le professeur Sauveze de l'École dentaire sont chargés de « faire parler » les ossements. De leur côté, MM. Khon-Abrest, directeur du Laboratoire de Toxicologie et Beyle, directeur de l'Identité judiciaire, analysent le sang recueilli.
Pendant le même temps, tous les services policiers de France sont mobilisés afin de retrouver la trace des disparues, au cas où celles-ci seraient encore en vie. Sans résultat. On se pose des questions ; si ces femmes n'ont pas été tuées, Landru ne les aurait-il pas envoyées dans une quelconque maison close ? On parle de traite des blanches. Landru lui-même balaie cette piste. Tout indique qu'il a bel et bien assassiné toutes ces femmes.
Cependant, les petits carnets dans lesquels Landru notait le moindre de ses achats et de ses déplacements vont permettre aux enquêteurs de retracer les cinq dernières années de la vie du suspect. Malgré cela, aucune preuve définitive ne permet d'établir sa culpabilité.
Enfin, le 8 décembre 1920, au terme de deux ans et demi d'instruction, le juge Bonin signe l'ordonnance de renvoi devant la chambre de mise en accusation. Le procès est fixé au 7 novembre 1921. Celui-ci s'annonce déjà comme l'événement médiatique de cette fin d'année. Le « tout Paris » assiste à ce procès.
Hormis Landru, les principaux acteurs de ce procès sont le Conseiller Gilbert, président de la Cour d'Assises ; M. Schuller, conseiller à la cour d'appel de Paris ; M. Gloria, juge au Tribunal civil de Versailles ; le Ministère public est représenté par M. Godefroy, avocat général ; Maîtres Lagasse et Surcouf sont parties civiles et la défense est assurée par une véritable star du barreau, Maître Moro-Giafferri. Cent quatre-vingt témoins défilent à la barre.
Enfin, le 30 novembre 1921, aux termes d'un procès haut en couleur, les jurés déclarent Landru coupable, sans circonstances atténuantes. Verdict de mort. Landru, cette attitude ne sera pas pour rien dans la constitution de sa légende, reste impassible, refusant dans un premier temps de signer sa demande de grâce.
Le président de la République Millerand refuse ce pourvoi et le 25 février 1922, Landru est exécuté.
À son avocat qui lui demandait une derrière fois s'il était coupable ou innocent, Landru répond : « Maître, j'emporte mon secret avec moi. Ce sera mon bagage. »
L'élément le plus trouble de toute cette affaire demeure sans doute Landru lui-même, que l'on a affublé entre autre, du surnom de « l'homme au double visage ». En effet, derrière le « barbe bleue », se cachait un honorable père de famille, marié depuis plus de vingt ans. Sa femme a dit de lui à un journaliste : « C'était un époux modèle. Jamais je ne l'ai vu fumer ni boire. Et puis il était prévenant, doux. Il ne disait jamais un mot plus haut que l'autre. J'étais bien heureuse. »
Son fils a ajouté : « Cet homme qui avait eu de gros ennuis, qui avait été condamné, nous donnait des conseils de probité et de droiture. »
Par ailleurs, pendant son procès, Landru n'a cessé de jouer le rôle du gentleman, de l'élégant Don Juan, admettant volontiers avoir eu des relations extra-conjugales, s'en repentant même, mais refusant de donner des détails sur ces relations et encore plus sur leur issue, sous prétexte de discrétion à l'égard de ses maîtresses.
Présentation du contenu :
Deux grandes parties composent cet ensemble de documents. D'une part, la procédure de la 1re brigade mobile et d'autre part, la procédure de la police judiciaire.
La première partie est constituée des rapports d'enquête de la 1re brigade mobile qui recueillit les premiers éléments de l'enquête et participa à l'arrestation de Landru.
La deuxième partie, la plus importante en termes de volume documentaire et d'informations, est consacrée à l'enquête de la brigade criminelle de la préfecture de police.
Il y a, tout d'abord, une première sous-partie, intitulée "dossier général", qui comprend des renseignements sur Landru, les interrogatoires, les témoignages, les perquisitions et saisies, les crimes présentant une analogie avec l'affaire Landru et enfin, les rapports et documents concernant le procès.
Puis une deuxième sous-partie est consacrée aux victimes, avec un dossier individuel par victime. Toutes les informations les concernant y sont regroupées.
La troisième sous-partie concerne les scellés et leur analyse.
Enfin, la quatrième sous-partie concerne les expertises médicales réalisées sur Landru, comptables et scientifiques, notamment l'examen des ossements retrouvés.

Cote :

JA 28-691

Publication :

Archives de la Préfecture de police
Révisé en 2022
Paris

Informations sur le producteur :

Origine:
Police judiciaire - Brigade criminelle

Informations sur l'acquisition :

Informations sur les modalités d'entrée
Date de versement inconnu.
Historique de conservation :
Historique de la conservation
En 2006, un instrument de recherche fut rédigé, mais ne permettait pas d'appréhender le contenu des dossiers. Il s'agissait d'un inventaire à la pièce par carton, classé par ordre alphabétique. Seulement quatre cartons sur six avait avaient été inventoriés à la pièce.

Description :

Mise en forme :
Mode de classement
Le classement a consisté à réorganiser les documents de façon cohérente tout en respectant un ordre chronologique.
Le plan de classement élaboré est le suivant :
JA 691 - PROCEDURE DE LA BRIGADE MOBILE
JA 28-33, 644-690 - PROCEDURE DE LA POLICE JUDICIAIRE
JA 28-33, 644-658 - Dossier général
JA 28-30 - Renseignements sur Landru
JA 31-32 - Interrogatoires
JA 33, 644-647 - Témoins
JA 648-651 - Perquisitions et saisies
JA 652-654 - Crimes présentant des analogies avec l'affaire Landru
JA 655-658 - Procès
JA 659-668 - Victimes
JA 669-687 - Scellés
JA 669-673 - Vérifications des noms de femmes relevés dans les scellés
JA 674-687- Analyse des scellés
JA 688-690 - Expertises

Conditions d'accès :

Statut juridique Archives publiques

Conditions d'utilisation :

Conditions d'utilisation
Condition de reproduction
La reproduction de documents conservés par le Service de la mémoire et des affaires culturelles de la Préfecture de police donne lieu à la perception d'un droit de reproduction, conformément aux articles 15 et 16 de l'arrêté n° 2015-01027 relatif à la réglementation applicable en salle de consultation des archives de la Préfecture de police.
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Langues :

Langue des unités documentaires: Les documents sont en français, on note cependant la présence de quelques lettres en anglais et en allemand.

Description physique :

Description physique: Document d'archives 1,14 ml

Nombre d'unités de niveau bas
Nombre d'unités de niveau bas: 54

Ressources complémentaires :

Autre instrument de recherche
Collection relative à l'administration de la Préfecture de police et documentation associée :
EA 143
Fonds iconographique :
YA 1
YB 12
Sources complémentaires
Sources externes
Archives nationales :
F/7/15924-F/7/16028/2/
F/7/15977/1
Archives départementales des Yvelines :
1373W 2
État / Service régional de police judiciaire de Versailles
Dossier d'affaires historiques : "affaire Landru". (1919-1922)
2U 767
Cour d'assises de Versailles
Dossier de procédure de l'affaire Landru (Partie 1) : Assassinats, vols simples, faux en écriture publique et usage de faux, Paris, Vernouillet, Gambais. (1921)
2U 768
Cour d'assises de Versailles
Dossier de procédure de l'affaire Landru (Partie 2) : Assassinats, vols simples, faux en écriture publique et usage de faux, Paris, Vernouillet, Gambais. (1921)
2U 769
Cour d'assises de Versailles
Dossier de procédure de l'affaire Landru (Partie 3) : Assassinats, vols simples, faux en écriture publique et usage de faux, Paris, Vernouillet, Gambais. (1921)
2U 770
Cour d'assises de Versailles
Dossier de procédure de l'affaire Landru (Partie 4) : Assassinats, vols simples, faux en écriture publique et usage de faux, Paris, Vernouillet, Gambais. (1921)
2U 771
Cour d'assises de Versailles
Dossier de procédure de l'affaire Landru (Partie 5) : Assassinats, vols simples, faux en écriture publique et usage de faux, Paris, Vernouillet, Gambais. (1921)
2U 772
Cour d'assises de Versailles
Dossier de procédure de l'affaire Landru (Partie 6) : Assassinats, vols simples, faux en écriture publique et usage de faux, Paris, Vernouillet, Gambais. (1921)

Localisation physique :

Localisation physique: Le Pré-Saint-Gervais, Seine-Saint-Denis, France

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Organisme responsable de l'accès intellectuel: Archives de la préfecture de Police

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAPP075_JA_28_33_644_691

Type de document :

Document d'archives

Où consulter le document :

Préfecture de Police - Service des archives

Préfecture de Police - Service des archives

Liens