Inventaire d'archives : Economie et finances ; La Poste (1946-1994)

Contenu :

Les documents présents dans ce fonds proviennent du Service des affaires internationales (SAI) auquel a succédé la Direction des affaires internationale (DAI), puis la Direction des affaires européennes et internationales (DAEI). Ils couvrent une période allant de 1946 à 1994. Leur intérêt réside essentiellement dans le fait qu'ils permettent d'avoir une vue d'ensemble de la coopération technique postale française, en particulier dans le domaine de la formation professionnelle. L'Afrique, notamment, est fortement représentée parmi les pays demandeurs, les élèves africains étant les plus nombreux dans les sessions de formation.
Un type nouveau de relations internationales : la coopération technique
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tandis que l'écroulement des structures internationales héritées du XIX siècle européen laisse place à un nouveau rapport de forces entre les grandes puissances, le monde prend conscience de la faille profonde qui sépare les nations industrialisées des pays d'économie moins avancée et pressent le danger d'un déséquilibre économique et social aussi flagrant et comprend la nécessité d'y porter remède. e
Cette prise de conscience va conduire les pays développés, jusque là enfermés dans l'illusion d'une hégémonie perpétuelle, acquise grâce au développement économique et entretenue par les systèmes coloniaux ou impériaux, à repenser entièrement leurs rapports avec les pays demeurés à l'écart du progrès.
Aussi, parallèlement à la révision des liens politiques entre le groupe des pays techniquement avancés et celui des pays dits sous-développés, une conception nouvelle des échanges va se dessiner : la coopération désintéressée.
La coopération technique peut être définie comme un échange d'hommes et de connaissances excluant la recherche du profit économique direct. La mise en œuvre d'une coopération désintéressée entre les nations marque le début d'une ère nouvelle dans l'histoire des relations internationales.
L'action des Nations-Unies pour la coopération technique
Les investissements et les réalisations sociales de certaines puissances - et notamment de la France - dans les pays alors colonisés, concouraient déjà aux buts qui seront exposés en 1945 dans la charte des Nations-Unies : " le relèvement des niveaux de vie, le plein emploi et les conditions du progrès et du développement ". L'assistance technique fournie aux jeunes Etats d'expression française ne fait que poursuivre et compléter une œuvre ébauchée durant la première moitié du XX siècle. e
C'est surtout à partir de la Seconde Guerre mondiale que la coopération technique s'est orientée vers les objectifs qui demeurent encore les siens. Après la charte des Nations-Unies, furent crées en 1949 le programme élargi d'assistance technique des Nations-Unies (PEAT) et en 1958 le fonds spécial des Nations-unies pour le développement économique, alimenté par les contributions volontaires des pays. En 1965, ces deux institutions sont réunies pour former le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD).
L'UPU et la coopération technique
Très vite l'Union postale universelle s'insère dans l'ensemble de ces actions, d'une part, en intégrant l'ONU en 1947 et, d'autre part, en recrutant sous l'égide des Nations-Unies, des experts postaux à l'intention des pays dits en voie de développement (1952). En 1963, l'UPU adhère au PEAT. En 1964, au congrès de Vienne, la notion d'assistance technique postale par l'additif du paragraphe 3 à l'article 1 de la Constitution de l'UPU indique que : " l'Union participe dans la mesure de ses possibilités à l'assistance technique postale demandée par les pays membres ". er
En 1966, il est créé un fonds spécial alimenté par les contributions volontaires des pays membres, pour le financement des opérations d'aide à la formation, et se constitue un corps de " spécialistes en enseignement ". En 1969, le congrès de Tokyo développe le nombre et les attributions des experts appelés " spécialistes en développement postal ". En 1970, l'UPU décide d'augmenter sa participation à la II décennie pour le développement (1970-1980) et édite le " Mémorandum sur le rôle de la poste en tant que facteur de développement économique, social et culturel " des nations. e
L'année 1983 fut déclarée année des communications par l'ONU. A cet effet, l'UPU lança un appel sur le " rôle de la poste en tant que facteur essentiel du développement économique et social des pays ".
LA COOPERATION TECHNIQUE POSTALE FRANCAISE
La Poste française n'a pas la complète maîtrise de sa politique de coopération. Les actions de coopération ne s'octroient pas d'office. Elles répondent à la demande des pays intéressés, lesquelles s'inscrivent dans un cadre plus vaste de politique générale.
La France, pour sa part, participe activement à cette forme de coopération technique qui consiste à faire bénéficier les pays les moins développés d'apports techniques et économiques. Cette assistance en matière de technique s'adresse notamment aux pays du tiers-monde avec lesquels elle entretient des relations actives comme l'Afrique francophone.
L'assistance technique, qui n'est fournie que sur la demande des gouvernements intéressés, prend généralement la forme soit de missions d'experts, soit de bourses d'études ou de perfectionnement.
La Poste ne dispose pas de budget spécifique de coopération lui permettant de financer des bourses de formation ou des missions d'expert ; elle met à disposition son potentiel humain et matériel, mais est tributaire des organismes de financement nationaux ou internationaux.
La réputation internationale de la Poste française se fonde sur la qualité de l'enseignement donné en France à des centaines de stagiaires étrangers (environ 400 par an dans les années 1980), dont un grand nombre occupent ou ont vocation à occuper des postes de responsabilité élevée dans leur pays.
L'action de la Poste en matière de coopération internationale s'exerce dans trois domaines :
- l'envoi d'experts en mission,
- la formation de stagiaires étrangers,
- l'introduction de la dimension technologique dans la coopération, notamment par l'envoi de matériel.
Les missions d'expert
De 1951 à 1960, cinquante-quatre missions d'experts ont été réalisées dont la moitié au cours des trois dernières années. A ce chiffre, il convient d'ajouter celui des fonctionnaires français servant dans les administrations des Postes et Télécommunications des pays d'Afrique qui avaient été récemment promus à l'indépendance, soit un millier au Maroc et cinq cents dans les autres Etats d'expression française. Cet envoi de missions d'experts vise à créer les conditions objectives d'un transfert effectif de savoir-faire au bénéfice des offices postaux des pays les moins favorisés, sans lequel il n'y a pas de véritable aide au développement.
La formation des stagiaires étrangers
Les cours et stages proposés pour répondre aux demandes des pays sont de durée variable (de 2 à 6 mois) et intéressent tous les secteurs d'activité de la Poste. Ils sont ouverts aux ressortissants de tous les pays et aux fonctionnaires de différents niveaux, y compris les hauts fonctionnaires.
Pour les futurs stagiaires ne possédant pas une connaissance suffisante de la langue française, des pré-stages linguistiques sont prévus.
Le financement des frais de séjour des stagiaires sont d'ordinaire pris en charge par leur gouvernement d'origine. Si ce n'est pas le cas, des bourses peuvent leur être accordées par le gouvernement français (Affaires étrangères, Fonds d'aide à la coopération - FAC -, Agence de coopération technique industrielle et économique - ACTIM -) ou par des organismes de financement internationaux (Programme des Nations-Unies - PNUD -) ou par l'Union postale universelle.
Différentes formes de stage et de cycles de formation ont été mis en place à partir de 1960.
Les stages individuels et les visites
Organisés à partir de 1960 par le Service des affaires internationales, selon les demandes des pays, les stages et les visites ont une durée qui peut varier de quelques jours à plusieurs mois. Ils peuvent se dérouler toute l'année et intéresser tous les services de la Poste. Les demandes concernent le plus souvent la mécanisation postale, les chèques postaux, l'informatique, l'organisation des services, la gestion du personnel, les techniques budgétaires et comptables. Il est proposé aux stagiaires une visite commentée des services, complétée d'entretiens avec les fonctionnaires responsables.
Entre 1960 et 1977, 1143 stagiaires ont été accueillis.
Pour pallier les inconvénients supportés par les services du fait de l'éparpillement des stages individuels tout au long de l'année, des stages groupés périodiques ont été organisés, leurs programmes représentant les thèmes d'étude le plus souvent demandés par les offices postaux ; ils sont portés à la connaissance des pays par des circulaires diffusées par le bureau international de l'UPU.
Le stage de formation pédagogique
Créé en 1966 à la demande l'UPU, le stage de formation pédagogique se déroulait chaque année à l'Institut national des cadres administratifs (INCA) à Evry. Il était destiné aux fonctionnaires chargés de l'enseignement dans leur pays et portait essentiellement sur des matières pédagogiques. D'une durée de trois mois, il comprenait une partie de présentation générale et d'enseignement théorique, suivie d'une période d'entraînement pratique au cours de laquelle les participants se familiarisaient avec toutes les techniques de l'enseignement audiovisuel.
Entre 1966 et 1978, 132 stagiaires ont suivi cette formation.
La scolarité à l'Ecole nationale supérieure des PTT
L'admission d'élèves étrangers à l'Ecole nationale supérieure des PTT se déroulait sur épreuves. Les élèves étrangers y suivaient une scolarité de deux ans à l'issue de laquelle ils obtenaient un diplôme. Entre 1945 et 1977, 145 hauts fonctionnaires ont fréquenté l'école.
Le stage groupé, appelé plus tard cycle international d'études postales (CIEP), puis modules internationaux
Depuis 1960, à l'initiative de la Direction générale des Postes, un stage groupé "poste et services financiers" était proposé aux administrations étrangères, auquel a succédé, en 1977, le cycle international d'études postales, remplacé par des modules internationaux à partir de 1988. Il s'adresse aux fonctionnaires de haut niveau appelés à exercer des fonctions de direction dans les services postaux de leurs pays respectifs. Il leur permet de développer les connaissances nécessaires à leurs futures fonctions. Un stage de même type était également organisé aux Télécommunications.
Ce stage, organisé à l'Institut national des cadres administratifs (INCA) de Paris sous l'égide du Service des affaires internationales, durait quatre mois et comprenait quatre modules spécialisés dont les thèmes d'étude avaient été choisis en fonction des souhaits exprimés par les administrations. La dernière partie du cycle s'effectuait sous forme de stages pratiques dans les services, où les participants pouvaient à leur choix approfondir les connaissances acquises ou étudier une question particulière ne figurant pas au programme des modules. Entre 1960 et 1983, ce stage a accueilli 526 hauts fonctionnaires étrangers.
Plusieurs organismes dispensaient ces formations. Chacun avait des modes de recrutement et poursuivait des objectifs pédagogiques spécifiques.
L'Ecole nationale supérieure des PTT (ENS PTT)
Avant 1971, le recrutement s'effectuait sur examen des dossiers de candidature. Les difficultés que présentait l'appréciation du niveau des candidats conduisaient l'administration à accepter des personnes qui ne pouvaient suivre la scolarité dans les meilleures conditions possibles. A partir de 1971, le recrutement s'effectua sur examen, sauf pour les candidats pouvant justifier de la possession d'une licence ès sciences économiques. Cette école formait des cadres dirigeants.
L'Institut national de gestion (ING), puis Institut de gestion
Mis en place par l'arrêté du 26 février 1981, l'Institut national de gestion était chargé de la formation à l'emploi et à la formation complémentaire des cadres supérieurs (inspecteurs principaux) et des chefs d'établissements des bureaux importants. Il était une école de formation professionnelle de la Poste
Les fonctionnaires étrangers, après leur admission par concours, suivaient un cours de formation organisé par cet établissement à l'intention des inspecteurs principaux de la branche Poste. A partir de 1985, l'entrée s'effectua, pour le personnel non-fonctionnaire, au niveau de la licence. La parfaite maîtrise de la langue française, écrite et parlée, était indispensable.
L'Institut national des cadres administratifs (INCA)
Créé par arrêté n° 2269 du 13 août 1971, l'Institut national des cadres administratifs était chargé de la formation des cadres (inspecteurs, attachés d'administration principaux, receveurs de 2 , 1 et hors classe). L'INCA avait trois sites à Evry, Lyon et Toulouse. eère
Le Centre international de perfectionnement des cadres des PTT (CIPEC)
Cette école, qui fonctionnait sous le nom de Centre d'enseignement supérieur des Postes et Télécommunications d'outre-mer (CESPOM) de 1960 à 1973, prit le nom de Centre international de perfectionnement des cadres des PTT (CIPEC) à partir de cette date jusqu'en 1987, puis fut remplacée par les modules internationaux de 1988 à 1994, dernière année de son existence. Installée à Toulouse, elle était sous la tutelle du Bureau d'études des Postes et Télécommunications d'outre-mer (BEPTOM), lui-même sous la double tutelle du ministère des PTT et de celui la Coopération. Elle offrait des sessions de formation permanente propres aux besoins des offices africains.
Sa mission était de former des cadres administratifs et techniques, ces derniers surtout dans le domaine des télécommunications.
La Direction de l'enseignement supérieur de la Poste (DESP, ex-DESA)
Ce service organisa le cours international de formation pédagogique pour la première fois en 1966. De périodicité annuelle de 1966 à 1984, elle devint bisannuelle à partir de 1985. Les thèmes abordés, avaient trait au courrier, à la poste internationale et aux systèmes de gestion. En 1991, pour sa vingtième session, elle avait comptabilisé depuis sa création la formation de 225 fonctionnaires étrangers représentant 54 pays.
La cession de matériel et d'imprimés
Depuis 1966, les pays membres de l'UPU s'accordaient, par le truchement du bureau international de cette instance, une assistance technique en nature dans le cadre du fonds spécial de l'UPU, sous forme de matériel d'enregistrement, d'enseignement, d'équipement et de transport.
TRAITEMENT DU FONDS
A l'origine, le fonds était composé de 29 cartons. Après traitement, il n'en reste que 6, soit 2 mètres linéaires. Les éliminations ont porté essentiellement sur des doubles, des formulaires vierges, des documents provisoires et plusieurs textes réglementaires et bulletins officiels qui se retrouvent aisément par ailleurs. Toutefois, ces derniers ont généralement été conservés lorsqu'ils faisaient partie intégrante des dossiers dans lesquels ils se trouvaient. De la documentation, présente à titre d'information et n'ayant parfois aucun lien avec le sujet traité, a également été extraite.
Sommaire
Art 1 : Mise en œuvre de l’assistance aux pays en voie de développement et aux territoires d’Outre-mer (1968-1988) Art 2-6 : Organisation de la formation des élèves et des fonctionnaires étrangers par les organismes de formation de l’administration des postes et des télécommunications (1946-1994)

Cote :

20020534/1-20020534/6

Publication :

Archives Nationales
2002

Informations sur le producteur :

La Poste

Ressources complémentaires :

SOURCES COMPLÉMENTAIRES
Documents conservés au Centre historique des Archives nationales (Paris)
Le lecteur pourra trouver des renseignements complémentaires dans les dossiers du Bureau d'études des Postes et Télécommunications d'outre-mer (BEPTOM), en particulier ceux conservés sous la cote F 21145 : France d'outre-mer, 1956-1971. 90
Documents conservés au Centre des Archives contemporaines (Fontainebleau)
Pourront aussi être consultés utilement les dossiers versés au CAC sous les références :
- 19820296 art. 3 (F 2864) : élèves étrangers admis à l'Ecole nationale supérieure des PTT, 1890-1971. -90bis
- 19960093 art. 1 à 39 : Centre international de perfectionnement des cadres des PTT d'outre-mer (CIPEC), 1960-1995.
- 19970239 art. 3 (dossiers 2 et 3) : coopération technique, fonctionnaires en service en Algérie postérieurement au 1 juillet 1962 (1962-1963), agents affectés en Algérie dans le cadre des protocoles de coopération technique (1960, 1963). er

Références bibliographiques :

BIBLIOGRAPHIE
Les périodiques conservés à la Bibliothèque historique des postes et des télécommunications renferment plusieurs articles relatifs à la coopération technique.
(revue publiée par l'association des élèves et anciens élèves de l'Ecole nationale supérieure des Postes et Télécommunications). Cahiers d'études et d'information
"La coopération internationale" (journées d'étude) (n° 100 décembre 1981).
Information et documentation
"La Coopération technique à la Direction générale des Postes", n°15, septembre 1972.
"La Coopération technique à la Direction générale des Postes - 1 partie : les missions d'experts", n° 45, avril 1978. ere
La Coopération technique à la Direction générale des Postes" - 2 partie : "la formation en France des fonctionnaires étrangers", n° 47, septembre 1978. e
"Bilan 1979 des activités de coopération technique à la Direction générale des Postes", n° 55, avril 1980.
"Les Activités de coopération technique internationale à la Direction générale des Postes" en 1982, n° 68, avril 1983.
"Bilan 1984 des activités de coopération technique à la Direction générale des Postes", n° 76, mai 1985.
Messages
"La Coopération avec l'Afrique", n° 52, 1960.
"Coopération (élèves étrangers)", n° 66, 1961.
"La Coopération technique", n° 226, 1974.
"Le coopérant postal (missions d'experts à l'étranger)", n° 319, 1982.
"Relance de la coopération africaine CAPTEF", n° 34, 1985.
"CAPTEF : la relance de la coopération", n° 343, 1985.
Revue des PTT de France
"L'Administration des PTT et la coopération technique internationale en 1961 - 1962 - 1963" (statistiques, témoignages), n° 6, novembre - décembre 1963.
"La coopération technique dans le domaine postal", n° 3, 1980.

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_019554

Liens