Inventaire d'archives : Fonds Adéodat Compère-Morel

Contenu :

Le fonds d’archives d’Adéodat Compère-Morel s’étend de 1871 à 1969.
Il comporte des documents en lien avec son activité journalistique, politique et littéraire. Le fonds comprend des documents de travail (notes manuscrites, documents comptables, contrats, publicités…), de la correspondance et de la presse sur l' Encyclopédie socialiste, la Raison socialiste, le Populaire et le Grand dictionnaire socialiste du mouvement politique et économique national et international. Compère-Morel a également constitué un dossier sur Jules Guesde contenant des documents personnels de ce dernier, réunis en vue de la préparation de l’ouvrage Jules Guesde, le socialisme fait homme (Paris, A. Quillet, 1937). Le fonds renferme aussi une autobiographie inédite mais incomplète.
En outre, les archives de Compère-Morel rassemblent une importante correspondance avec de nombreuses personnalités politiques françaises dont Edouard Vaillant, Paul Faure, Pierre Renaudel, Bracke …
Le fonds comporte également de la presse et quelques documents d’intérêt biographique.
Par ailleurs, ce fonds d’archives à la particularité de contenir également des documents que l’historienne Madeleine Rebérioux a collecté sur Compère-Morel pour ses recherches sur le socialisme français.

Cote :

Paris 1 CHS CMO

Publication :

Agence bibliographique de l'Enseignement supérieur
2017

Informations sur le producteur :

Compère-Morel, Adéodat (1872-1941)
Adéodat Compère naquit à Breteuil le 4 octobre 1872, d’un père jardinier-pépiniériste et d’une mère sans profession. Dès l’âge de treize ans, il quitta l’école primaire pour aider au travail paternel en tant qu’horticulteur. En 1893, il épousa à Breteuil Jeanne Marguerite Morel dont il prit le nom en même temps qu’il lui donnait le sien.
Acquis aux idées socialistes, Compère-Morel se donna dès l’âge de dix-huit ans à la propagande et organisa quelques groupes dans le département. En 1891, ils adhéra au POF dont il fut le secrétaire pendant quatorze ans, assura la parution de son organe fédéral et lança lui-même le Travailleur de l’Oise. Il suivit le POF au Parti socialiste de France en 1902, à la SFIO en 1905, et fut à plusieurs reprises leur porte-drapeau aux élections législatives. Il fut conseiller municipal dans sa commune de Breteuil en 1902, puis fut maire de 1904 à 1915. De son expérience en tant que maire, il soulignait la portée immédiate de ses actions politiques, mais en marquait les limites quant aux objectifs fondamentaux du socialisme. « Nous n’avons pas, écrivait-il, rapproché d’une minute, d’une seconde même l’heure de la libération prolétarienne, et nous ne prétendons nullement (...) avoir fait du socialisme. Mais (...) en améliorant quelque peu la situation matérielle des salariés (…) nous développions leur puissance de combativité... » (l’Humanité, 4 mai 1912).
Le Parti socialiste, désireux d’élargir son audience dans les milieux paysans, porta son attention sur Compère-Morel. Le conseil national du 1er novembre 1907 le nomma délégué suppléant à la propagande. Il n’avait rien d’un tribun populaire. Ce n’est donc pas l’homme éloquent que choisissait le Parti socialiste, mais le paysan capable de parler aux paysans... Il se présenta à l’élection législative partielle d’avril 1909 dans la circonscription d’Uzès où il fut élu le 18 avril. Il abandonna la délégation à la propagande et, le 31 juillet 1910, fut élu conseiller général de Villeneuve. Il fut député du Gard de 1910 à 1936.Compère-Morel siégea constamment à la commission de l’Agriculture de la Chambre des députés et en était le vice-président quand il quitta le Parlement en 1936. Mais il ne se confina pas à l’agriculture et se mêla étroitement de tous les aspects de l’action parlementaire socialiste.
Le 2 novembre 1911, dans la discussion générale du budget du travail, il prononça un discours sur l’action syndicale ouvrière qui souleva l’émotion du groupe socialiste et du parti. Dans la ligne guesdiste, Compère-Morel subordonnait l’abolition du salariat et la transformation sociale à la prise du pouvoir politique, et, en conséquence, réservait au Parti socialiste, au mouvement politique de la classe ouvrière, le rôle primordial. Il accordait au syndicalisme, comme à l’action communale et à la coopération, un rôle pratique : rassembler les travailleurs pour la défense de leurs intérêts immédiats
. Très engagé dans la vie du Parti socialiste, il assista à tous ses congrès pour l’Oise jusqu’en 1909 (sauf à celui de Chalon d’octobre 1905), pour le Gard ensuite et il y jouait un rôle actif. Entré à la CAP au congrès d’Amiens (janvier 1914), il y siégea son interruption jusqu’en 1933. Il fut à maintes reprises l’animateur de sa presse. Lorsque monta la menace de guerre, il apparut comme un des chefs de file du Parti socialiste. Aux côtés de Renaudel et de Sembat, il fut momentanément chargé de la direction de l’Humanité. Le samedi 1er août, à la réception d’Hermann Müller, envoyé du Parti social-démocrate allemand, par le groupe socialiste parlementaire, Compère-Morel le mit en garde contre toute illusion : si la France est attaquée, les socialistes voteront les crédits militaires. Le 2 août, salle Wagram, à la réunion privée de la Fédération de la Seine, il déclara que les socialistes défendraient le pays contre toute agression.La guerre déclenchée, Compère-Morel soutint constamment la politique de défense nationale, tout en étant très réticent sur la participation ministérielle. En 1915, il demandait, en vain, que cessât toute collaboration gouvernementale. Il souhaitait limiter au plan technique la participation à la défense nationale. Il accepta lui-même les fonctions de commissaire à l’Agriculture que lui confia le décret du 24 décembre 1917. Il était spécialement chargé de la culture des céréales et de la vigne. Il abandonna ce poste le 5 mai 1919.Il fut un des animateurs de la politique propre de défense nationale du Parti socialiste. Il appartint au Comité d’action créé pour aider à la défense du pays. Il prit résolument position contre la minorité pacifiste qui s’affirmait dans le Parti socialiste. Il fut le leader des quarante élus qui protestèrent publiquement contre l’adhésion donnée par le conseil national du 27 mai 1917 à la conférence convoquée à Stockholm par les socialistes russes et scandinaves. Contre les courants nouveaux qui remettaient en cause la politique de guerre du Parti socialiste, il lança le quotidien La France libre qui, dans son premier numéro du 2 juillet 1918, rappelait « la solidarité étroite qui existe entre les intérêts du prolétariat et les intérêts nationaux ». Il défendit une motion de la Fédération du Gard pour le maintien de l’unité du Parti socialiste (25 décembre 1920).
La scission consommée, il demeura avec la minorité dans une SFIO reconstituée.Il dota la SFIO d’un quotidien, Le Populaire. Organe de la minorité du temps de guerre, Le Populaire devenu un journal parisien du soir sous la direction de Jean Longuet, fut transformé en quotidien du matin, organe du Parti socialiste. Compère-Morel entra à son conseil d’administration et de direction. Le journal devint bimensuel, avant de reparaître quotidiennement en 1927 sous la direction de Léon Blum. Cette même année, Compère-Morel fut nommé administrateur délégué de ce nouveau Populaire, puis, en 1930, directeur-administrateur. Il engagea un véritable dialogue avec les lecteurs du Populaire, suscitait leur générosité, faisait connaître leurs initiatives.
À l’heure où le Parti communiste lui disputait les masses ouvrières, Compère-Morel permit au Parti socialiste de se tourner plus résolument vers les travailleurs des champs, en orientant vers eux sa pensée et ses revendications. Il se fit le théoricien de la doctrine agraire du socialisme et en fut, par la parole, par le journal, la brochure et le livre, le vulgarisateur pendant un demi-siècle. Il définit les objectifs révolutionnaires du socialisme : rendre le petit exploitant propriétaire de la terre qu’il cultive, établir l’exploitation collective des autres terres. La doctrine agraire de Compère-Morel reposait sur la distinction entre la propriété paysanne mise en valeur par son détenteur, et celle qu’exploite un travail salarié. Le socialisme, disait-il, respecte la première et ne s’attaque qu’à la seconde. Il fut souvent accusé de falsifier les théories socialistes sur la propriété pour « piper » la confiance des paysans. Il s’en défendait et prétendait ne pas innover mais, bien au contraire, marcher sur les traces des grands ancêtres. Il fixait la source de sa pensée dans le Manifeste communiste où Marx affirme que « Le caractère distinctif du communisme n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bourgeoise » (Le Populaire, 26 mars 1931). Il expliquait l’attitude de ses détracteurs par leur souci « de dresser [les paysans] contre les ouvriers des villes » et d’en faire le rempart de l’ordre social. Il faisait confiance aux « paysans [qui] n’ignorent plus que loin d’être des ennemis de la propriété, les socialistes sont les seuls qui veulent et qui peuvent l’assurer à tous » : en laissant au petit exploitant son bien et en assurant aux prolétaires ruraux l’appropriation collective des grands domaines.
Au moment où elle allait s’achever, la vie politique de Compère-Morel s’infléchit brusquement et sa durée en fut sans doute abrégée. Fidèle à sa ligne passée, il avait combattu de 1924 à 1933, l’idée de la participation ministérielle des socialistes. Brusquement, il se rallia à la fraction qui la préconisait de façon de plus en plus pressante et qui souhaitait une étroite collaboration avec le parti radical, derrière Renaudel et Déat. Le 23 octobre, il compta parmi les vingt-huit députés socialistes qui rompirent l’unité de vote du groupe parlementaire en votant en faveur des projets financiers du cabinet Daladier. Le conseil national le remplaça par Jean Lebas à l’administration du Populaire. Le 9 novembre, il s’inscrivit au groupe parlementaire dissident et quitta la SFIO pour le Parti socialiste de France appelé couramment parti néo-socialiste. Il lança le journal L’Appel dont la vie fut brève. Cette rupture marquait le terme de sa carrière parlementaire. En 1936, il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat de député.
L’effondrement de 1940 le conduisit au ralliement à Pétain et il écrivit dans l’Effort du 27 janvier 1941 : « Puisque le Maréchal vous couvre, dans toute la plénitude de ses responsabilités, à collaborer avec l’Allemagne, dans l’œuvre de restauration et de résurrection européenne, « collaborons » sans réticence, sincèrement, ouvertement, cordialement, résolument ».
Il s’éteint le 3 août 1941 à Sernhac, dans le Gard.
Notice adaptée de la notice du Dictionnaire Maitron en ligne.
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article106533 , notice COMPÈRE Constant, Alphonse, Adéodat dit COMPÈRE-MOREL par Justinien Raymond, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 5 juillet 2013.

Informations sur l'acquisition :

Ce fonds d'archives a été déposé à la Bibliothèque du Centre d'Histoire Sociale du XXe siècle par Jean Maitron dans les années 1980.

Description :

Mise en forme :
Un classement thématique a été adopté pour ce fonds afin de rendre compte des différentes activités de Compère-Morel. Une première partie se compose des documents en lien avec son activité éditoriale, une deuxième partie contient l’ensemble de sa correspondance, essentiellement d’ordre politique, une troisième partie comprend quelques documents de presse, viennent ensuite dans une quatrième partie des documents personnels et enfin, la cinquième et dernière partie est composé des documents réunis par Madeleine Rebérioux.

Conditions d'utilisation :

Les photographies sans flash sont autorisées.Les photocopies sont interdites.

Description physique :

Dimensions :
0,20 ml
Importance matérielle :
2 boîtes

Références bibliographiques :

Compère-Morel et Jean-Lorris (dir.), L'Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l'Internationale ouvrière,Paris, A. Quillet, 1912-1921

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Grand équipement documentaire du Campus Condorcet
20 avenue George Sand
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Site web du Campus Condorcet 

Mises à jour :

4 novembre 2019
  • Mise à jour des informations lors du transfert des fonds du Centre d'histoire sociale des mondes contemporains vers le Grand équipement documentaire du Campus Condorcet
  • Identifiant de l'inventaire d'archives :

    FR-930019801_MIL_Compere-Morel_PARIS1_CHS

    Où consulter le document :

    Humathèque Condorcet - Service des archives

    Humathèque Condorcet - Service des archives

    Liens