Inventaire d'archives : Fonds de la Direction de l’Observatoire de Paris sous Ernest ESCLANGON et Armand LAMBERT (1929-1944)

Contenu :

Le fonds est composé de trois grands lots, à savoir :
- Les archives relatives à la direction de l’Observatoire, à travers ses relations avec les instances et les autorités françaises et allemandes, et les contacts noués avec d’autres organisations scientifiques.
- Les archives relatives à la gestion administrative de l’Observatoire de Paris, à travers ses ressources humaines, ses finances et les problématiques immobilières et logistiques des sites.
- Les archives propres au développement de la recherche scientifique à l’Observatoire de Paris, à travers le fonctionnement de ses entités, la création de l’Observatoire de Haute-Provence y étant inclus puisqu’Ernest ESCLANGON souhaitait qu’il devienne une succursale de l’Observatoire de Paris et qu’il y était classé initialement comme tel, les projets d’instrumentation ou encore les évènements scientifiques qui ont eu lieu pendant son temps de direction.
Il est à noter que certains documents administratifs ont été réutilisés comme brouillons par Ernest ESCLANGON et peuvent présenter à leur verso des calculs.

Cote :

02 AO 001-155

Publication :

Agence Bibliographique de l'Enseignement Supérieur
2018

Informations sur le producteur :

Brève biographie d’Ernest ESCLANGON avant son arrivée à la direction de l’Observatoire de Paris
Ernest ESCLANGON est né à Mison (Alpes-de-Haute-Provence) le 17 mars 1876. Mathématicien de formation, il aborde aussi bien la mécanique céleste, la relativité, l'astronomie de position, la chronométrie, l'aérodynamique ou encore la balistique. Astronome à l'Observatoire de Bordeaux à partir de 1899, directeur de celui de Strasbourg à la libération de l'Alsace en 1918, il est nommé en 1929 directeur de l'Observatoire de Paris et succède à Henri DESLANDRES (directeur de 1927 à 1929) qui prend sa retraite le 1er novembre 1929.
La recherche à l'Observatoire de Paris de 1929 à 1944 (sites de Paris et Meudon)
En 1929, l’Observatoire de Paris dispose de deux sites : celui historique de Paris, situé à Denfert-Rochereau, et le site de l’Observatoire d’astronomie physique de Meudon, récemment fusionné en 1926. A son arrivée, Ernest ESCLANGON n’oublie certes pas la vocation qu’à l’Observatoire de réaliser des observations astrométriques et des recherches en mécanique céleste mais il a aussi le souci de reprendre la modernisation de l’Observatoire et de faire de l’astrophysique une priorité.
Il développe ainsi le laboratoire de spectroscopie que Henri DESLANDRES lui a laissé à Meudon et l’astrophysique prend son essor.
Les travaux les plus marquants sont ceux de Bernard LYOT, qui étudie à partir de 1923 la polarisation de la lumière réfléchie par la Lune et les planètes. Vers 1930, il conçoit un appareil qui permet de d’observer la couronne solaire en dehors des éclipses et d’en obtenir le spectre : le coronographe.
L’observation solaire reste quant à elle l’apanage des meudonnais avec le service de surveillance régulière du soleil initiée bien avant la fusion des observatoires.
Des recherches actives sont également menées en astronomie stellaire. Jules BAILLAUD avait découvert en 1920 que le spectre ultraviolet des étoiles chaudes était dominé par les raies et le continuum de l’hydrogène. Ses observations sont reprises à l’Observatoire par Daniel BARBIER et Daniel CHALONGES aidés par la suite de Renée CANAVAGGIA en collaboration avec Etienne VASSY. Ils construisent à partir de 1934 des spectrographes pour photographier ce spectre ultraviolet, ce qui leur permet d’établir un système de classification stellaire. De son côté, Fernand BALDET monte sur la table équatoriale de Meudon différents spectrographes avec lesquels il étudie des comètes et d’autres astres.
En astronomie de position, les observations méridiennes restent au centre des activités des astronomes. La Carte du Ciel perdure. De nouveaux clichés sont comparés aux anciens à partir de 1936 mais c’est un travail complexe qui prend plus de temps que prévu.
L’étude des mouvements propres des étoiles à des fins de statistique et de dynamique stellaire est menée par Henri MINEUR qui, bien qu’isolé, obtient des résultats importants notamment en 1944 par la mise en évidence d’une erreur dans l’échelle de distance des céphéides.
Suite à une première opération mondiale de détermination des longitudes en 1926 à l’aide de la télégraphie sans fil, l’exercice est réitéré en 1933. Sous le contrôle officiel du Bureau International de l’Heure (BIH), et donc du directeur de l’Observatoire de Paris, elle est étendue à 71 stations (au lieu de 42). L’objectif est d’essayer de mettre en évidence la dérive des continents proposée par Alfred WEGENER mais il s’avère que ces déplacements ne sont au mieux que de quelques centimètres par an.
Et au Bureau International de l’Heure (BIH), les travaux de Nicolas STOYKO conduisent en 1936 à l’observation des irrégularités de la rotation de la Terre.
L'Horloge parlante
Les observatoires ont traditionnellement pour mission de fournir l'heure exacte au public. Un agent était consacré à ce service, répondant avec plus ou moins de précision aux appels téléphoniques. Pour s'affranchir de cette servitude, Ernest ESCLANGON va exploiter le procédé du film parlant, récemment inventé. Son horloge a une partie « parlante », composée de pistes sonores enroulées sur un cylindre et de têtes de lecture photoélectriques se déplaçant automatiquement, et une partie horaire, constituée par les tops provenant d'une horloge fondamentale contrôlée par comparaison avec les déterminations astronomiques de l'heure. Le 14 mars 1932, l'appareil est présenté à l'Académie des sciences.
L'horloge parlante est mise en service public le 14 février 1933. Il y aura ce jour-là 140 000 appels téléphoniques, dont 20 000 seulement pourront être satisfaits par les 20 lignes attribuées. La précision des tops est le dixième de seconde (le millième aujourd'hui à l'émission, le cinquantième à la réception). La voix enregistrée est celle de Marcel LAPORTE, dit « Radiolo », speaker au Poste Parisien. L’heure est également radiodiffusée régulièrement à partir de 1935.
Projets d’Observatoire de Dina (Forcalquier) et d’un laboratoire d’astrophysique
A son arrivée à la direction de l’Observatoire de Paris, Ernest ESCLANGON reprend à son compte le projet d’observatoire de DINA qui est en sommeil. Il désire également établir dans les jardins jouxtant l’Observatoire, le long du boulevard Arago, un laboratoire d’astrophysique. Ce projet est toutefois court-circuité par la construction du Service astrophysique à l’emplacement même où Ernest ESCLANGON avait prévu d’installer le sien.
Etudes préliminaires pour la création de l’Observatoire de Haute-Provence
En 1930, TARDIEU, président du Conseil, lance un Plan d'équipement et d'outillage national dont l'un des objectifs est la stimulation de la recherche et de l'enseignement technique. Jacques CAVALIER, directeur des enseignements supérieurs au ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts, saisi cette occasion pour créer une commission afin d’étudier la création d’un nouvel observatoire. Ernest ESCLANGON, qui en est membre, souhaite que le nouvel observatoire soit une succursale de l’Observatoire de Paris, ce qui permettrait d’accroître les possibilités d’observations des astronomes parisiens qui disposeraient ainsi d’une station puissamment équipée en plus de Meudon. Mais il en est décidé autrement. Une sous-commission pour l’emplacement est alors instituée, présidée par Ernest SCLANGON. Plusieurs emplacements sont étudiés, dont le plateau de Saint-Michel, à six kilomètres au sud-ouest de Forcalquier. Toutefois Ernest ESCLANGON recommande Mison, village des Alpes-de-Haute-Provence au nord de Sisteron, d’où il est originaire. Se basant sur le rapport établi par la commission instituée en 1932 par Jacques CAVALIER, Irène JOLIOT-CURIE créée, par un décret du 31 octobre 1936, un Service de recherches d'astrophysique dépendant de la Caisse nationale de la recherche et dont le comité de direction se réunit pour la première fois le 9 novembre sous la présidence de Jean PERRIN. Par un vote unanime, le comité de direction décide de choisir le village de Saint Michel dans les Basses-Alpes pour y construire l'observatoire projeté. Et le 25 janvier 1945, le Comité de direction décide de nommer la station d'observation « Observatoire de Haute-Provence ».
Les projets d'instrumentation
La demande faite par Ernest ESCLANGON de disposer d’un grand télescope moderne n’aboutit pas davantage. En 1930, André COUDER repolit le miroir de 120 cm du télescope inutilisé de l’Observatoire de Paris et Ernest ESCLANGON envisage de remettre en état la mécanique. Mais alors que les travaux pour la coupole qui doit l’abriter commencent à Meudon en 1936, la Caisse nationale de la recherche scientifique4, créée en octobre 1935, décide d’en équiper l’Observatoire de Haute-Provence. Ernest ESCLANGON demande alors la construction d’un télescope de 127 cm de diamètre mais ce projet ne verra jamais le jour en raison de la guerre.
Accueil de l’Union astronomique internationale
Ernest ESCLANGON préside l'Union astronomique internationale de 1935 à 1938 et il a l'honneur d'en accueillir l'Assemblée générale à Paris en 1935. Pour cette importante manifestation, marquée notamment par une réception des congressistes, à I'Elysée, par le président Lebrun, il organise une grandiose cérémonie à l'Observatoire. Aujourd'hui encore, l'événement fait date parmi ces Assemblées trisannuelles qui se tiennent depuis 1922.
L’Observatoire pendant la Seconde Guerre mondiale et intérim de Armand LAMBERT
Le 3 septembre 1939, l’Allemagne déclare la guerre à la France, et en juin 1940 la France accepte l’armistice avec l’occupation allemande de la zone nord du pays. La Seconde Guerre mondiale ralentit considérablement l’activité de l’établissement. Ernest ESCLANGON, qui quitte Paris le 5 juin 1940, et une partie du personnel, se replient sur l’Observatoire de Bordeaux situé en zone libre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il était en effet impératif d'assurer la permanence du Service horaire. Celui de l'Observatoire de Bordeaux, récemment rééquipé, pouvait y pourvoir en cas de besoin. A l'Observatoire de Paris ne subsiste alors plus que le Bureau International de l'Heure (BIH) sous la direction d'Armand LAMBERT.
Armand LAMBERT étant juif, Ernest ESCLANGON l’invite à se réfugier dans le Sud-Ouest, dans sa maison de Dordogne. Mais Armand LAMBERT refuse pour assurer la permanence et la continuité du Bureau International de l’Heure (BIH). Il assure également la direction de l'Observatoire par intérim. Pris en chasse en mars 1943 par le Haut-commissaire aux questions juives, puis arrêté à son domicile, boulevard Arago, le 21 août, Armand LAMBERT est conduit au camp de Drancy, et quelques jours plus tard, le 2 septembre 1943, il est déporté, vers le camp d’Auschwitz où il mourra le 15 août 1944.
L'Observatoire retrouve son activité à peu près normale après l'armistice de 1940 et pendant les années suivantes. Un chauffage parcimonieux sera même possible en hiver grâce au bois coupé dans le domaine de Meudon, où d'ailleurs le personnel se verra attribuer des parcelles pour la culture maraîchère. Les observateurs de nuit se voient délivrer des laissez-passer. Ernest ESCLANGON s’attache à maintenir les observatoires et leurs personnels à leurs postes, les relations avec l’Etat français et l’occupant restant administratives
Départ à la retraite
Prolongé d’un an en 1943, Ernest ESCLANGON quitte l’Observatoire de Paris en septembre 1944. André DANJON lui succède alors à la direction de l’Observatoire de Paris.

Informations sur l'acquisition :

La très grande majorité du présent fonds provient de la remise d’archives à l’Observatoire de Paris par Philippe ESCLANGON, Danielle PANSU et Thérèse THEUVENY.
Afin d’organiser plus rigoureusement le classement des archives à l’Observatoire de Paris, il a été décidé de classer les archives des directeurs/présidents de l’Observatoire de Paris en fonds distincts, en fonction des périodes de direction successives. Ainsi, le présent instrument de recherche rassemble les archives de la direction d’Ernest ESCLANGON et de l’intérim d’Armand LAMBERT (1929-1944). C’est pourquoi les quelques archives relatives à ces directions qui se trouvaient dans d’autres fonds ont été réintégrées ici, après avoir fait l’objet d’analyses plus détaillées. La concordance entre anciennes et nouvelles cotes est présentée ci-dessous :
- Ancienne cote : 01 AO 180 est devenu 02 AO 075-111
- Ancienne cote : 01 AO 315 est devenu 02 AO 119
- Ancienne cote : Ms 1060/I-A est devenu 02 AO 015; 016; 067; 148; 151; 153; 154
- Ancienne cote : Ms 1060/I-D est devenu 02 AO 002; 059; 061; 062; 076; 077; 124; 132
- Ancienne cote : Ms 1060/III-B-13 est devenue 02 AO 135
Historique de conservation :
Les archives ont été remises en septembre 2017 à la Mission archives de l’Observatoire de Paris par Philippe ESCLANGON, Danielle PANSU et Thérèse THEUVENY, petits-neveux d’Ernest ESCLANGON.
Un tri a alors été réalisé afin de distinguer les archives relatives à la direction de l’Observatoire de Paris (archives publiques) des archives propres à son travail de chercheur (archives publiques et archives privées).

Description :

Évolutions :
Les possibilités d’accroissement sont faibles.
Critères de sélection :
Les doubles extraits pour élimination ont fait l’objet d’un bordereau d’élimination (n° 2018-02).
Mise en forme :
De façon générale, le plan de classement a été organisé de façon chronologique ce qui a l'avantage de procurer au lecteur une certaine homogénéité et continuité de classement. Il respecte toutefois les grands lots qu’Ernest ESCLANGON avait constitués. Ainsi les archives datant de la Seconde Guerre mondiale mais portant sur ces différentes thématiques sont restées dans les dossiers maîtres et n’ont pas été réunies pour respecter le classement du producteur. Et la césure de 1944 comme fin de direction a été respectée. Deux exceptions ont cependant été faite pour les cotes 02 AO 101 et 107 où de la correspondance datant de 1945 a été conservée par souci de respect de l’intégrité des dossiers.
Les archives privées et les archives relatives aux travaux de recherche d’Ernest ESCLANGON ont été classées dans le fonds Ernest ESCLANGON (05 AO). Toutefois les dossiers relatifs à la conception et la mise en marche de l’horloge parlante ont été classés dans le présent fonds, le directeur de l’Observatoire étant alors Directeur du Bureau International de l’Heure. Les archives postérieures ont été classées dans le fonds Ernest ESCLANGON (05 AO).

Conditions d'accès :

L’ensemble du fonds est librement communicable excepté la cote 02 AO 056 (secret médical). Les dates de naissance et décès étant inconnues, et partant du principe que les agents avaient à minima 18 ans en 1934, les dossiers de la cote 02 AO 056 seront communicables en 2036.

Description physique :

Le fonds fait 0.9 ml

Ressources complémentaires :

Voir la version pdf  du présent répertoire
Observatoire de Paris :
Fonds d'archives
- Ms 1060 I A : Correspondance générale (1816-juin 1929). Le dossier de l’année 1929 comprend les candidatures à la direction de l’Observatoire de Paris.
- Ms 1062 : Fonds du Bureau International de l'Heure (B.I.H.) (1918-1988).
- Ms 1060/II-F : Bureau international de l'heure (B.I.H.) (1909-1924)
- 05 AO : fonds Ernest ESCLANGON (1894-2016). Comprend les archives de sa carrière, ses recherches scientifiques et des archives privées).
- 06 AO : fonds Armand LAMBERT (1911-1934). Comprend des archives sur ses recherches scientifiques.
Fonds iconographiques :
- Inv. I.1807 : groupe d'astronomes à bord du transatlantique Lafayette en route pour l'Assemblée Générale de l'UAI à Cambridge (août 1932).
- Inv. I. 1810 : portrait d’Ernest ESCLANGON (1932).
Archives nationales :
- F/17/21895-F/17/29294 : Fonctionnaires de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Dossiers personnels (1880 à 1968).

Références bibliographiques :

Afin de ne pas alourdir la bibliographie avec des ouvrages généraux sur l’histoire de l’astronomie, ou encore l’histoire des différents organismes compris dans le fonds (Observatoire Vallot, Observatoire de Haute-Provence etc.), nous avons fait le choix de n’indiquer ci-dessous que quelques articles et ouvrages sur la direction d’ESCLANGON et les évènements marquants.
BOBIS Laurence et LEQUEUX James (Dir.), L'Observatoire de Paris. 350 ans de science, 2012, 173 p.
CHALONGE Daniel, « L’astronomie française pendant la guerre », dans The Observatory, volume 66, 1945, p. 23-25.
DANJON André, Courte histoire de l’Observatoire de Haute Provence, 12 juin 1965.
LAMY Jérôme, La carte du ciel, 2008, 250 p.
Observatoire de Paris, Rapport annuel sur l'état de l'Observatoire de Paris, 1879-1942.
PARCELIER Pierre, « L'horloge parlante de l'Observatoire de Paris », dans l'Astronomie, volume 98, 1984, 12 p.
POULLE Yvonne, « La France à l’heure allemande », dans HUBERT Marie-Clotilde, Construire le temps : normes et usages chronologiques du moyen âge à l'époque contemporaine, 1999, p. 493-502.
VERON Philippe, « Pré-histoire de l’Observatoire de Haute Provence », dans BOISTEL Guy, Observatoires et patrimoine astronomique français, 2005, p. 117-134.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Observatoire de Paris
61, avenue de l'Observatoire
75014 PARIS
Tel : 01.40.51.21.41
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la.bibliotheque@obspm.fr
Site web :
www.bibli.obspm.fr/ 

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FR-920489801_maao_admin_esclangon

Où consulter le document :

Observatoire de Paris - Bibliothèque et Archives

Observatoire de Paris - Bibliothèque et Archives

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