Inventaire d'archives : Société du port de Rosario puis Société financière de Rosario (et sociétés filiales ou alliées).

Contenu :

Les documents donnés aux Archives nationales par la Société financière de Rosario ne constituent qu’une partie modeste de l’ensemble des archives produites par cette société elle-même et par ses filiales, et ne donne qu’une vue très partielle des activités du groupe. Ils n’en possèdent pas moins l’intérêt de permettre de comprendre comment une entreprise, reposant à l’origine sur le savoir-faire d’un homme, Hildevert Hersent, a pu se transformer, grâce notamment à des investissements réalisés outre-mer, en un groupe financier aux ramifications multiples. Mais surtout, ces documents constituent un témoin précieux de l’expansion de l’influence française dans le monde entre 1880 et 1940, que ce soit dans des nations indépendantes, comme l’Argentine, ou dans des pays placés sous protectorat français, comme le Maroc et la Tunisie. On notera enfin l’intérêt tout particulier de la collection de photographies de la ville de Fedalah pour la connaissance de la vie quotidienne d’une communauté française expatriée, au temps des colonies.

Cote :

211 AQ 1 à 40

Publication :

Archives nationales du monde du travail
1992-2021

Informations sur le producteur :

Société financière de Rosario (et anciennes sociétés et filiales absorbées) (et Omnium tunisien d'électricité)
Hildevert Hersent, ingénieur autodidacte, (la Vacherie (Eure), 1827 - Paris, 1903), fonde en 1860 une entreprise de travaux publics qui acquiert rapidement une notoriété internationale grâce à sa maîtrise de la technique de l’air comprimé pour la réalisation de travaux de fondations en milieu fluvial ou marin : construction de ponts, de ports, travaux d’aménagement hydraulique… En 1897, il associe à son entreprise ses deux fils Jean-Baptiste et Georges ; ceux-ci fondent à leur tour en 1904 la société en nom collectif Hersent Jean et Georges, devenue en 1922 la « Société anonyme Hersent - Entreprises de travaux publics et maritimes ».
En 1902, la société Hersent et Fils obtient, en association avec la société Schneider et Cie, la concession par le gouvernement argentin de l’exploitation pendant quarante années d’un port à construire dans la ville de Rosario de Santa Fe, située sur le rio Parana, à trois cents kilomètres environ en amont de Buenos Aires, mais cependant accessible aux navires de haute mer.
Pour mener à bien cette opération, MM. Hersent et Fils et Schneider et Cie fondent en commun, à la fin de l’année 1902, la Société du port du Rosario, à laquelle ils cèdent le contrat de concession, et qui leur confie l’ensemble des travaux de construction du port. Dès son entrée en exploitation, en 1906, le port de Rosario devient le principal port de commerce de l’Argentine, et la société concessionnaire obtient des résultats financiers qui semblent avoir dépassé les espérances de ses fondateurs.
En 1942, il est mis comme prévu fin à la concession. Toutefois, l’approbation des comptes du concessionnaire par le gouvernement argentin se heurte à de graves difficultés ; il s’ensuit une longue procédure, menée devant les tribunaux argentins, et c’est en 1966 seulement qu’une solution définitive interviendra. Pendant toute cette période, la Société du port du Rosario poursuit son activité en développant un portefeuille de participations industrielles, en France, en Amérique du Sud et en Afrique, notamment au Maroc où elle possède des intérêts importants dans le port pétrolier de Mohammedia (anciennement Fedala). En 1947, la Société du port du Rosario prend une participation dans le capital de la Société anonyme Hersent, dont elle devient quelques années plus tard l’actionnaire majoritaire.
En 1964, l’impossibilité d’apprécier de façon certaine la valeur de l’actif de la société en Argentine, en raison du contentieux persistant avec le gouvernement de ce pays, et donc de procéder à une augmentation de capital sans léser soit les anciens soit les nouveaux actionnaires, conduit la Société du port du Rosario à céder l’essentiel de son portefeuille de participations à la Société financière Hersent, spécialement fondée à cet effet. Celle-ci paraît avoir réalisé une restructuration générale du groupe par la création de filiales spécialisées par secteur d’activité ; c’est ainsi qu’une nouvelle société, la Société de participations d’entreprises (SOPE), détient désormais l’ensemble des participations du groupe Hersent dans le secteur des travaux publics, et notamment dans le capital de la Société anonyme Hersent, tandis qu’une autre filiale développe de façon importante un nouveau secteur d’intervention pour le groupe, la promotion immobilière.
Le règlement du contentieux avec le gouvernement argentin, intervenu en 1966, permet à la Société du port du Rosario de tourner définitivement la page sur les activités qui sont à l’origine de sa fondation et en 1969, elle absorbe la Société financière Hersent et adopte la dénomination de Société financière de Rosario.
Au début des années 1970, la Société anonyme Hersent fusionne avec une autre filiale de la SOPE, la Compagnie générale d’équipements pour les travaux maritimes (G.E.M.), pour constituer la société G.E.M. - Hersent. Cette dernière est cédée par la SOPE au groupe Amrep en 1977.
L’année 1984 marque la disparition des liens unissant la famille Hersent et la Société financière de Rosario dont la majorité du capital est acquis par la société Besnard. C’est à cette date que le nom de Hersent disparaît de la liste des administrateurs de la société, qui avait été présidée par Hildevert Hersent durant les quelques mois qui séparèrent la fondation de la société de sa mort en 1903, par son fils Georges Hersent de 1903 à 1936, et par Gilbert Hersent, fils de Jean-Baptiste Hersent de 1940 à 1969.
On constate vers la même époque la concentration sur la France des activités de la Société financière de Rosario, qui cède en 1984 la totalité de ses actifs au Maroc et achève en 1985 son retrait de l’Argentine.
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En plus des documents provenant de la famille Hersent, de la Société anonyme Hersent - Entreprises de travaux publics et maritimes et de la Société financière de Rosario, le fonds donné aux Archives nationales en 1992 comprend des documents provenant de plusieurs autres sociétés filiales ou alliées du groupe Rosario. Nous nous sommes efforcés de préciser, pour chacune de ces sociétés, les liens qui pouvaient l’unir à la famille Hersent ou à la Société financière de Rosario.
La Compagnie du port de Bizerte (Tunisie) a été fondée en 1890 par Hildevert Hersent et deux autres entrepreneurs de travaux publics, Abel Couvreux fils et le sénateur Georges Lesueur, en vue de la construction et de l’exploitation du nouveau port de Bizerte, conformément à la concession obtenue du gouvernement tunisien l’année précédente par les deux premiers cités ; cette concession fut rachetée par le gouvernement tunisien en 1942. La date de dissolution de la compagnie ne nous est pas connue.
La Société d’énergie électrique de la ville de Bizerte a été fondée en 1911 par Emile Javaux, président de la Société Gramme, et Georges Thomas, beau-frère de Jean-Baptiste Hersent, en vue de la production et de la distribution de l’énergie électrique dans la ville de Bizerte, conformément à la concession accordée par la municipalité à la Société Gramme. Présidée par Jean-Baptiste Hersent jusqu’en 1940, puis par son fils Gilbert Hersent, la Société d’énergie électrique de la ville de Bizerte fut dissoute en 1960, date à laquelle le gouvernement tunisien mit fin à la concession ; toutefois, la liquidation définitive de la société n’était pas encore intervenue en 1972.
En 1971, la Société financière de Rosario possédait des participations minoritaires dans ces deux sociétés, directement ou par l’intermédiaire de sa filiale la SOPE.
  • La Compagnie franco-marocaine de Fedalah a été fondée en 1912 en vue de la construction d’une ville nouvelle, d’un port et d’installations industrielles à Fedala1 (aujourd’hui Mohammedia), localité située sur la côte atlantique du Maroc, à trente kilomètres au nord de Casablanca, et destinée à devenir un port-annexe de cette ville, notamment pour le trafic pétrolier. Cette société, présidée par Georges Hersent à partir de 1919, fut dissoute en 1940 et sa liquidation définitive fut prononcée en 1943. Elle paraît avoir été à l’origine d’un réseau de sociétés constituées à l’occasion des travaux d’aménagement de la ville de Fedala, et dont plusieurs furent ses filiales directes ; certaines de ces sociétés furent par la suite intégrées dans le groupe de la Société financière de Rosario, avant que celle-ci ne se désaisisse, en 1984, de la totalité de ses intérêts au Maroc.
  • La Société des briqueteries de Fedalah, créée en 1914, figure au nombre des filiales de la Compagnie franco-marocaine de Fedalah ; présidée par Georges Hersent à partir de 1930, elle fut dissoute en 1941 et sa liquidation définitive intervint en 1948.
La Compagnie du port de Fedalah fut également créée en 1914, en vue de la construction et de l’exploitation du port concédé l’année précédente par le gouvernement marocain à la Compagnie franco-marocaine de Fedalah ; d’abord filiale de cette dernière, elle fut par la suite intégrée au groupe Rosario. Ayant adopté la dénomination de Compagnie du port de Mohammedia, puis en 1981 celle de Compagnie financière de Mohammedia, elle s’était à cette époque totalement détachée de son objet original pour se consacrer à la gestion d’un portefeuille de participations, notamment dans le secteur de l’immobilier. Elle a quitté le groupe Rosario en 1988.
Les trois sociétés suivantes, en raison de leur dissolution précoce, n’ont jamais à proprement parler appartenu au groupe Rosario. La présence ici de quelques registres de délibérations de leurs organes statutaires s’explique par le rôle qu’ont joué au sein de ceux-ci des membres de la famille Hersent ou des dirigeants des sociétés du groupe.
  • La Compagnie des nouvelles machines élévatoires de Marly a été fondée en 1901 par Alexandre Barbet et Jean-Baptiste Hersent. Elle fut dissoute en 1930, à la suite du rachat par le gouvernement français des installations dont elle avait obtenu la concession ; les conditions de ce rachat furent à l’origine de plusieurs procédures, menées devant les tribunaux administratifs et qui ont retardé la liquidation de la société jusqu’en 1944.
  • La Société franco-brésilienne de travaux publics, fondée en 1910, a été dissoute en 1913. Elle fut présidée par Abel Suais, par ailleurs administrateur délégué de la Société foncière de l’Argentine jusqu’en 1926.
  • La Société foncière de l’Argentine a également été fondée en 1910 ; présidée par Georges Hersent jusqu’en 1936, elle fut dissoute en 1938.
Quant à l’Omnium tunisien d’électricité, il s’agit d’une société de droit tunisien dont les activités se sont interrompues en 1960, lorsque la production et la distribution d’électricité furent nationalisées en Tunisie. Elle n’avait apparemment aucun lien avec la famille Hersent ou le groupe Rosario, et la présence ici d’un registre provenant des archives de cette société reste inexpliquée.

Informations sur l'acquisition :

Don, 1992.
Historique de conservation :
Deux collections de photographies, l’une concernant le port de Rosario, et l’autre, beaucoup plus importante, concernant la ville de Fedalah, ont été données aux Archives nationales alors que le classement des archives de la Société financière de Rosario et de ses filiales était en voie d’achèvement ; ces deux collections ont simplement été rajoutées à la fin de l’ensemble.
Ces photographies ont fait l'objet d'une nouvelle identification en 2021 par Emmanuel Vandecavez, agent d'accueil, de surveillance et de magasinage. Elles ont été recotées à cette occasion (les articles 24 à 30 sont devenus 34 à 40 - voir la table de concordance disponible dans cet instrument de recherche).

Conditions d'accès :

Archives privées.
Fonds communicable et reproductible suivant les délais légaux prévus par le code du patrimoine par analogie avec les archives publiques.
Publiable sur internet

Conditions d'utilisation :

La réutilisation des documents extraits du fonds est gratuite et libre, sous réserve des dispositions relatives aux droits de la propriété intellectuelle et au respect de la vie privée (voir les modalités d’application sur le site internet des ANMT).

Description physique :

Importance matérielle :
3,92

Ressources complémentaires :

Aux Archives nationales du monde du travail (Roubaix) :
Sous-série 7 AQ, fonds de la Compagnie universelle du canal de Panama : 7 AQ 22, contrats passés par MM. Couvreux et Hersent avec la Compagnie universelle du canal de Panama, et procès engagé contre eux par le liquidateur et le mandataire des porteurs d'obligations de celle-ci, 1880-1897.
Sous-série 89 AQ, fonds de la Société de construction des Batignolles : 89 AQ 1481, documentation technique sur la construction du port de Rosario, 1902-1912.
Sous-série 103 AQ, fonds de la Banque hypothécaire franco-argentine : 103 AQ 409 à 483, papiers de la Compagnie du chemin de fer de Rosario à Puerto Belgrano, puis de la Société financière Rosario-Puerto Belgrano (cette société, créée en 1906 avec la participation de MM. Hersent frères, fut absorbée en 1960 par la Banque hypothécaire franco-argentine), 1901-1966.
Sous-série 65 AQ, documentation imprimée concernant les sociétés :
  • 65 AQ (a) 2058, étude financière sur la Société du port du Rosario, dans Informations et études financières de la Banque Lambert-Biltz (bulletin hebdomadaire), Paris, année 1938, p. 86-88.
  • 65 AQ (s) 2033, Entreprises de travaux publics et maritimes. Fondations à l'air comprimé, dragages, dérochements, bassins de radoub, etc. Hersent (Jean et Georges), ingénieurs, 60 rue de Londres, Paris ; brochure publiée à Paris, 1905, 96 p. et 1 planche en couleurs. Dans cette brochure qui décrit les principaux travaux réalisés par l'entreprise Hersent, depuis sa fondation, selon un modèle qui sera repris à partir de 1958, (voir 211 AQ 1, dossier 3), on trouve notamment une description des travaux du port de Rosario (p. 69-77).
Aux Archives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine) :
Sous-série 475 AP, fonds Lyautey : 475 AP 284, correspondance adressée par Georges Hersent au maréchal Lyautey, 1919, 2 pièces.
À l'Académie François Bourdon (Le Creusot) :
Fonds de la Société Schneider et Compagnie (ex fonds 187 AQ des Archives nationales)
  • 187 AQ 72, dossier 8 : note sur les relations de la Société SCHNEIDER et Cie avec la Société du port du Rosario, 1914.
  • 187 AQ 517, dossier 9, pièce 24 : notice de renseignements sur la Société du port du Rosario, 1919.
  • 187 AQ 522, dossier 14 : dossier constitué sur la Société du port du Rosario, 1901-1902.
  • 187 AQ 535, dossier 4 : dossier constitué sur la Société du port du Rosario, 1921-1957.

Références bibliographiques :

Dominique BARJOT, La Grande entreprise française de travaux publics, 1974-1983. Contraintes et stratégies, thèse de doctorat d'État en lettres et sciences humaines, Université de Paris IV - Sorbonne, sans date.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales du monde du travail.

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRANMT_IR_211_AQ

Où consulter le document :

Archives nationales du monde du travail - ANMT

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