Inventaire d'archives : Fonds de l'usine de fabrication de colorants de Saint-Clair-du-Rhône
Contenu :
Extrêmement parcellaire, le fonds contient une série de registres chronologiques d'entrées de produits ou mélanges en magasin (1961-1973), une collection de documentation technique rassemblée (1929-1951) et quelques fascicules publicitaires disparates.
ARCHIVES PRIVEES D'ENTREPRISES
Publication :
Archives départementales de l'Isère et du Dauphiné
15/12/2023 à 11:36
Informations sur le producteur :
En 1858, François-Emmanuel Verguin découvre la fuchsine (colorant synthétique) au hameau de Port-Vieux sur la commune de Saint-Maurice-l'Exil. Malgré cette découverte, les colorants synthétiques tirés des goudrons de houille se développent essentiellement en Allemagne, obligeant la France à en importer la plus grande partie. La Première Guerre Mondiale stoppe les importations de colorants au détriment de l'industrie textile française. Pour répondre à ce besoin, l'ingénieur chimiste lyonnais Jean Rogemond (1864-1920) installe un atelier de production de colorants synthétiques aux Roches-de-Condrieu en 1916. Un an après, il transfère les installations de la Compagnie française des produits chimiques et matières colorantes à Saint-Clair-du-Rhône. Cette société comprend deux sites : l'usine A dont la construction démarre à Saint-Clair-du-Rhône et l'usine B correspondant à un site lyonnais de la Manufacture lyonnaise des matières colorantes.
En 1917, les fabrications commencent sur le site de Saint-Clair du Rhône. Elles comprennent divers colorants au soufre, quelques colorants azoïques et des colorants pour denrées alimentaires. A partir de 1929, les colorants indigoïdes démarrent à leur tour. En 1936, l'usine s'agrandit et se modernise avec le transfert depuis Lyon de l'usine B. Francisque Rogemond (1890-1960), succède à son père et assure la direction de l'usine. Face au besoin de main d'oeuvre, la société développe une politique sociale de construction de logements à destination du personnel. En 1930, la cité Berthelot est érigée à proximité de l'usine groupant 22 maisons de quatre logements réservées aux ouvriers et contremaîtres. Sept villas de deux logements, réservés aux ingénieurs, sont également construites dans le prolongement est du village. Une seconde cité ouvrière de 18 maisons jumelées voit le jour en 1952, dans une zone agricole à deux kilomètres du site chimique.
Durant la Deuxième Guerre Mondiale et la période d'occupation, les usines françaises productrices de matières colorantes du groupe Kuhlmann (Villers-Saint-Paul et Oissel), de la Société de matières colorantes et produits chimiques (Saint-Denis) et de Compagnie française des produits chimiques et matières colorantes (Saint-Clair-du-Rhône) sont forcées de se regrouper pour former une société unique Francolor, dont l'occupant allemand détient 51 % du capital par l'intermédiaire du conglomérat IG Farben. A la Libération, l'Etat lui succède et la nouvelle société est mise sous séquestre. En 1951, les anciennes sociétés-mères se voient restituer leurs biens personnels à la suite d'un procès intenté à l'Etat. Elles décident de conserver la formule de la société unique en créant la Compagnie française des matières colorantes (CFMC), le sigle Francolor subsistant comme marque déposée des produits fabriqués.
En novembre 1962, les Etablissements Kuhlmann absorbent leur filiale (CFMC), qui se transforme en une société de gestion dénommée Française des matières colorantes (FMC). A la fusion entre Pechiney et Ugine Kuhlmann en 1971, la FMC est intégrée à une nouvelle société Produits chimiques Ugine Kuhlmann (PCUK), dont elle devient la division colorants ; l'ensemble relève de la branche chimie du groupe Pechiney Ugine Kuhlmann. Suite à la nationalisation de 1982, la société est vendue à ICI Organics Division et devient Ici Francolor.
Sur le site de Saint-Clair-du-Rhône, on trouve alors les fabrications suivantes :
- produits intermédiaires
- colorants pour textiles naturels et fibres synthétiques
- colorants pour cuir, encres, papier et matières plastiques
- pigments
- dénaturants pur fuels
En septembre 1983, le centre cuir d'Ici Francolor s'installe sur le site et la production de produits auxiliaires du caoutchouc s'arrête en avril 1984. L'usine passe ensuite successivement dans le giron de Zeneca Ltd en 1993, Avecia puis Stahl Industrial Colorants Sas en 2002, jusqu'à la cessation d'activités de 2005.
Informations sur l'acquisition :
Ces quelques archives ont été collectées le 2 mai 2005 par Hervé Joly et François Robert du LAHRA (laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes) au sein de l'usine Stahl Industrial Colorants Sas de Saint-Clair-du Rhône, en cours de fermeture. Conservés un temps aux archives du Rhône, les documents ont été donnés le 5 juin 2014 aux Archives départementales de l'Isère.
Conditions d'accès :
Le fonds est librement communicable et reproductible selon les délais définis dans le Code du Patrimoine.
Description physique :
Le fonds comprend 14 articles et représente 1,3 mètre linéaire.
Ressources complémentaires :
Références bibliographiques :
Aron (Robert), Histoire de l'épuration, volume 1 le monde des affaires 1944-1953, Fayard, 1974.
Destrem (Pauline et Dominique), A la botte. La Bourse sous l'occupation, Editions L'Age d'Homme, 2003.
Guironnet (Michel), Saint-Clair-du-Rhône son histoire, 1980.
Joly (Hervé), « La contribution de l'industrie chimique française à l'effort de guerre allemand : le cas de Francolor », Frankreich und Deutschland im Krieg. Okkupation, Kollaboration, Résistance (Nov. 1942-Herbst 1944), Bouvier, Bonn, pp.297-316, 2000.
Laferrère (Michel), « Les industries chimiques de la région lyonnaise », Revue de géographie de Lyon1 952, pp.219-256.
Identifiant de l'inventaire d'archives :
FRAD038_355J_usine_colorants_Saint_Clair_du_Rhone