Le Secrétariat général du Gouvernement (SGG) est un organe charnière entre différentes institutions (présidence de la République, Premier ministre, ministères, Conseil d’État, Conseil constitutionnel…) et un point de passage obligé pour les décisions gouvernementales. Organe interministériel de coordination, de régulation et de communication créé en 1934 (il s’appelait alors le Secrétaire général de la présidence du Conseil), le SGG est chargé d’assurer le bon fonctionnement et la régularité de l’action gouvernementale. Ses missions sont les suivantes :

- l’organisation du travail gouvernemental et le respect des procédures,

- la préparation du programme de travail du Gouvernement,

- le conseil juridique du Gouvernement,

-la formation d’un nouveau Gouvernement,

- la supervision des services du Premier ministre.

Il est en particulier en charge du secrétariat du Conseil des ministres, du suivi des projets de loi, de la promulgation et de la publication des lois, du suivi des décrets d’application ou encore de la tenue des réunions interministérielles, sans pour autant assumer de fonctions politiques.

A sa tête, le Secrétaire général du gouvernement, très haut fonctionnaire issu du Conseil d’État, joue un rôle décisif dans l’organisation du travail gouvernemental et le conseil juridique du gouvernement. Bien que méconnu du grand public, il constitue une pièce maîtresse du dispositif d'élaboration de la prise de décision gouvernementale.

Raymond Barre est né le 12 avril 1924 à Saint-Denis-de-La-Réunion (La Réunion). Agrégé des facultés de droit et diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, Raymond Barre débute en 1950 comme professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Caen (Calvados), puis à partir de 1963, de Paris. Dès 1958, il devient directeur du service de recherches sur l’activité économique à la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP).

Raymond Barre mène alors une double carrière, dans les sciences économiques et dans la politique. En 1959, il est nommé directeur du cabinet de Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l’Industrie et du commerce, puis ministre du Commerce. Il devient membre du conseil du Centre d’études des revenus et des coûts (CERC) auprès du commissariat général du Plan en 1966, puis dès 1967, vice-président français de la Commission unique des communautés européennes, responsable de la Communauté des affaires économiques et financières, avant d’entrer en 1973 au conseil général de la Banque de France. En janvier 1976, Raymond Barre entre dans le gouvernement formé par Jacques Chirac, Premier ministre, en qualité de ministre du Commerce extérieur. Mais après la démission du gouvernement Chirac, le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, le nomme en août 1976 Premier ministre et ministre de l’Économie et des finances, cumul de fonctions extraordinaire sous la Ve République.

Élu député du Rhône en mars 1978, il cède son siège à Jean Baridon et confie le portefeuille de l’Économie et des finances à René Monory, dans le troisième gouvernent qu’il forme sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing À la suite de la victoire de la gauche en 1981, Raymond Barre se consacre à la vie politique locale, comme député du Rhône, élu et réélu de 1981 à 2002, comme maire de Lyon (Rhône) de 1995 à 2001, et comme conseiller régional de Rhône-Alpes de 1986 à 1991. Il occupe en outre diverses fonctions en lien avec ses travaux universitaires. Il est ainsi nommé président de l’Institut d’études des relations internationales (IERI) et de la Convention libérale européenne et sociale (CLES) en 1988, de l’Institut international du droit d’expression française (IIDEF) en 1989, membre du conseil d’orientation d’Aspen France en 1994, et membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 2001. Raymond Barre est décédé le 25 août 2007 à Paris.

La grande majorité des interventions de Raymond Barre, Premier ministre, porte sur la politique économique du gouvernement, en écho immédiat au contexte économique de l’époque, marqué par les chocs pétroliers de 1973 et de 1979 et leurs conséquences. Raymond Barre cumulait alors les fonctions de Premier ministre avec celles de ministre de l’Economie et des finances, ce qui est exceptionnel dans l’histoire de la Ve République. Ainsi, Raymond Barre rend fréquemment compte, dans les médias en particulier, des mesures prises pour endiguer les effets de la hausse des prix du pétrole, en faveur de la stabilité monétaire et de la lutte contre l’inflation, en faveur de l’emploi et du pouvoir d’achat. Sur le plan politique, la période est marquée par les élections législatives de 1978 et les européennes de 1979, qui donnent lieu à une campagne active du Premier ministre, au travers de déplacements dans toute la France. Dans le contexte de la Guerre froide, les élections législatives de 1978 et l’hypothèse d’une alternance politique, est vue ou présentée comme une possible « soviétisation » du pays. Les interventions de Raymond Barre laissent transparaître la vivacité des débats idéologiques. Cette tension se retrouve dans les nombreuses motions de censure – une vingtaine – déposées contre le gouvernement, à l’occasion notamment du vote de lois de finances. Les relations avec la majorité gouvernementale ne semblent guère plus faciles. Présenté avant tout comme un économiste, Raymond Barre doit fédérer une coalition au sein de laquelle il ne représente qu’un parti minoritaire, l’Union pour la démocratie française (UDF). On note en revanche les fréquents échanges avec les formations politiques proches du mouvement giscardien, qui préfigurent les Think tanks : les Clubs Perspectives et réalités et le mouvement Autrement, devenu en 1979 le Mouvement des jeunes giscardiens.

Il convient de signaler également la fréquence des déplacements et l’attention de Raymond Barre pour Lyon et la région lyonnaise, sa future terre d’élection. Avec quarante ans de recul, cette collection d’intervention a le mérite de mettre en évidence l’éternel dilemme entre orthodoxie économique et politique, dans le contexte particulier de la fin des Trente Glorieuses et de la crise pétrolière, comme l’évoque explicitement une conférence de Raymond Barre sur ce thème, et décrit la construction poursuivie jusqu’à aujourd’hui d’un libéralisme « à la française ».