Inventaire d'archives : Maison professe de la Doctrine chrétienne d'Avignon

Contenu :

On trouvera dans le fonds
Le fonds de la Maison professe de la Doctrine chrétienne d'Avignon présente la particularité d'être à la fois celui d'une maison et celui d'un chef-lieu de province. Le titre « Administration » regroupe à la fois les pièces relatives à la maison de Saint-Jean-le-Vieux et les pièces concernant les maisons et collèges de la province d'Avignon. Ainsi, ont été conservés de nombreux états des établissements, sur près d'un siècle, pour la période allant de 1619 à 1718. On trouvera aussi les états des maisons et collèges qui, sous le giron d'Avignon jusqu'en 1660, feront ensuite partie de la province de Toulouse. Il en va de même pour les états des maisons et collèges qui furent intégrés dans la province Romaine. Les actes des chapitres généraux conservés commencent en 1647 et les derniers, interrompus, sont ceux de Beaucaire en 1744 Les actes des chapitres provinciaux couvrent une période allant de 1714 à 1774 – mais certains sont disséminés dans d'autres registres. Les délibérations propres à la maison d'Avignon nous sont parvenues de 1617 à 1733. Quelques documents concernent les affaires parisiennes et italiennes.
Le religieux est à chercher plus particulièrement dans les titres relatifs au « Personnel » et aux « Confréries et chapellenies ». Des documents du fonds conservé aux archives départementales de Vaucluse, une seule pièce (1748-1749) concerne le procès de canonisation de César de Bus. Le spirituel est finalement peu représenté, mais quelques autres documents, et non des moindres (enquêtes pour la canonisation) sont à rechercher dans le fonds de l'archevêché d'Avignon, conservé aux archives départementales, et dans les collections de manuscrits de la bibliothèque municipale d'Avignon. L'enseignement est totalement absent. du fonds.
Une très grande partie du fonds est constituée de documents liés à la comptabilité, aux legs et au temporel, et, conséquence naturelle, aux contentieux qui en découlent..
ll convient d'attirer l'attention sur quelques documents notoires, à l'instar de l'inventaire, du mémorial, témoignage émouvant des premières années de la Congrégation qui, après être passé en des mains privées, a rejoint le fonds des archives en 2003 ; également, de la bulle et d'un rescrit du vice-légat, d'un authentique de relique et d'un cahier regroupant les réflexions théologiques d'un Doctrinaire resté anonyme.
Enfin, nous avons jugé pertinent d'intégrer dans le présent instrument de recherche de la sous-série 31 H - Fonds des Doctrinaires d'Avignon - quelques documents appartenant au fonds des Doctrinaires et qui en sont aujourd'hui détachés, étant conservés à la bibliothèque municipale d'Avignon.
Ce fonds de la Maison professe trouve des compléments dans ceux, malheureusement peu volumineux, des maisons de Bédarrides, Cavaillon, Courthézon et Orange ; la maison de l'Isle n'a pas laissé d'archives.

Publication :

Archives départementales de Vaucluse
2021
Avignon

Informations sur le producteur :

Éléments historiques
ORIGINES ET INSTITUTION (1592-1607)
Les débuts de la congrégation de la Doctrine chrétienne frémissent dans les années 1590 à Cavaillon. De petits cénacles, où se mêlent laïcs et clercs, s'adonnent à des exercices de piété à l'initiative d'un prêtre charismatique, César de Bus. Né en 1544 à Cavaillon, ce fils de consul fut envoyé pour être instruit chez les pères Jésuites à Avignon. À l'instar de saint Ignace de Loyola, il fut un gentilhomme mondain jusqu'à ce que la grâce l'atteigne, à deux reprises, en 1574 et 1575. Le jubilé et les indulgences de 1575 le confirment dans son dessein d'embrasser pleinement la religion. Après quelques années de pénitence, de prières et d'études, le clerc tonsuré qu'il était déjà est nommé chanoine de la cathédrale de Cavaillon en 1580. Ordonné prêtre en 1582, César de Bus se pose en réformateur des mœurs, réintroduisant la règle dans les maisons religieuses et prêchant beaucoup, y compris hors du diocèse, imitant les catéchistes italiens et transformant ses prédications en enseignement systématique de la doctrine chrétienne.
Le 29 septembre 1592, à l'Isle, sur les bords de la Sorgue, aux prémices de la Réforme catholique, dans le sillage d'Ignace de Loyola, de Charles Borromée et de Philippe Néri, César de Bus et son compagnon Jean-Baptiste Romillon, chanoine de la collégiale de l'Isle-sur-la-Sorgue, qui avait commencé à enseigner la doctrine chrétienne sur place, rassemblent une poignée de disciples pour délibérer sur l'institution de la congrégation de la Doctrine chrétienne. Cet acte fondateur de ce qui apparaît d'abord comme une société pieuse de catéchistes est approuvé l'année suivante par l'archevêque d'Avignon Francesco-Maria Tarugi, qui attribue à César de Bus et ses compagnons l'église et le monastère de Sainte-Praxède d'Avignon. César de Bus en prend possession le 28 septembre 1593 ; le lendemain il y prêche pour la première fois la « petite doctrine » – celle adressée aux enfants – et le surlendemain la « grande doctrine » – celle à destination des adultes. Il est, dans le mois qui suit, rejoint par Pompée des Isnards, seigneur de Brantes, Antoine Vigier et plusieurs autres disciples. En 1594, la confrérie prend la charge de la paroisse Saint-Symphorien d'Avignon. Bientôt Pompée des Isnards transforme sa maison de l'Isle en église.
En 1597, la confrérie de catéchistes se transforme en un institut composé de prêtres et de laïcs qu'un bref du pape Clément VIII du 23 décembre 1597 autorise pour l'enseignement religieux. Le 27 juin 1598, l'archevêque et vice-légat d'Avignon Giovanni-Francesco Bordini érige la communauté de la Doctrine chrétienne sous la forme d'un institut séculier composé alors de douze membres, à savoir quatre prêtres, quatre « écoliers », quatre « coadjuteurs ». César de Bus en est élu recteur. Peu après, la communauté prend possession des église et couvent de Saint-Jean-le-Vieux, ancienne commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem, construite au début du XIIe siècle par les Hospitaliers, transformée au XIVe siècle en livrée cardinalice – dite livrée de Florence - puis occupée à partir de 1536 par les religieuses dominicaines de Saint-Véran ; les Doctrinaires viennent y remplacer les religieuses. Ils s'y installèrent et aménagèrent pour leurs besoins les bâtiments. En 1600, Clément VIII confirme la création de l'institut (bref du 30 août 1600) et en 1602, des règles sont approuvées. Devenu aveugle et ne pouvant plus administrer la maison, César de Bus est secondé par Gaspard Bonhomme et Antoine Vigier, son disciple préféré, formé comme lui chez les Jésuites. Le 15 avril 1607, César de Bus décède à Avignon en odeur de sainteté ; il est inhumé dans l'église Saint-Jean-le-Vieux au pied de l'autel du côté de l'évangile ; son corps sera par la suite placé dans la sacristie.
FONDATION DE L'ÉTABLISSEMENT DE TOULOUSE ET PREMIERS DÉVELOPPEMENTS (1604-1609)
L'établissement de Toulouse, le premier dans le Royaume, est fondé par Vigier, secondé par Sissoine, en 1604, à la demande de l'archevêque réformateur François de Joyeuse et du conseiller au Parlement Arnaud Boret. Les Pères enseignent le catéchisme dans l'église de la Dalbade, dont la fabrique est une chasse-gardée des messieurs du Parlement. Mais les Doctrinaires n'ont alors aucune église propre. Il faut attendre 1608 pour que l'église Saint-Rome leur soit cédée par les marguilliers de façon définitive. Dès l'année suivante, Vigier et Sissoine achètent deux maisons confrontant l'église. Les deux Doctrinaires maintiennent à Toulouse un contact permanent avec les Ursulines et avec les Dominicaines de Sainte-Catherine de Sienne. L'établissement à Toulouse, foyer de la Réforme catholique dans le sud-ouest du Royaume, n'est pas un hasard et s'inscrit dans la volonté qu'avait César de Bus d'évangéliser les protestants.
À la mort de César de Bus, Antoine Vigier, qualifié par Jean de Viguerie de « deuxième fondateur de la Doctrine », poursuit pendant près d'un demi-siècle, l'entreprise de son maître et enracine la congrégation en France. Mais bien souvent l'arrivée des Doctrinaires, appelés par les élites consulaires ou parlementaires, n'est sanctionnée que par une indifférence générale ; et l'on ne conserve que peu de témoignages extérieurs.
Les lettres patentes de Louis XIII datées de Paris et du 29 septembre 1610 confirment et approuvent les établissements doctrinaires de Toulouse et de Brive, déjà créés, et ceux en cours de fondation, Bordeaux et Metz. Pour les futures créations, les Doctrinaires devront demander de nouvelles lettres patentes.
FONDATION DE L'ÉTABLISSEMENT DE PARIS (1626-1629)
À Paris, désormais capitale religieuse du Royaume, les Doctrinaires ne furent invités par personne, et l'implantation y fut moins aisée que dans le Midi. Après deux tentatives infructueuses en 1611 et 1624, c'est Vigier en personne qui se rend à Paris et qui fait fléchir l'archevêque Jean-François de Gondi, hostile aux réguliers. Rejetée par tous les curés parisiens, la congrégation est autorisée dans un premier temps à s'établir dans la paroisse Saint-Médard avant que l'archevêque ne les autorise à enseigner dans toutes les églises du diocèse. Vigier achète alors l'hôtel de Verberie, sur la même paroisse Saint-Médard, dans les faubourgs, pour y installer la maison des Doctrinaires. L'église, commencée en 1628, est achevée et dédiée à saint Charles Borromée en 1629. Contrairement à l'Oratoire et à la Mission, qui s'installent aussi à Paris à ce moment-là, les Doctrinaires ont dû s'établir eux-mêmes, ne jouissant pas de patrons illustres et généreux.
EXPANSION DANS LE ROYAUME DE FRANCE
Les débuts de la Doctrine chrétienne sont contemporains des fondations de Pierre de Bérulle, du Carmel, de l'Oratoire et des entreprises de saint Vincent-de-Paul. De 1592 à 1792, la Congrégation fonde pas moins de 65 établissements dans le royaume de France (la plus grande partie d'entre eux naissant des origines à 1690), ce qui en fait quantitativement le quatrième ordre né de la Réforme catholique. Pour une connaissance plus approfondie, nous renvoyons au tableau chronologique des fondations des établissements français dressé par Jean de Viguerie. Les trois quarts de ces établissements sont situés dans le Midi ; les autres sont concentrés dans quelques régions circonscrites (Limousin, Bourgogne, Champagne, Paris…). Se distinguent un groupe occidental dont l'épicentre est Toulouse et un groupe oriental, berceau de la Congrégation, autour d'Avignon. En 1660, la province de Toulouse apparaît par scissiparité de la province unique d'Avignon. En 1663, est créée la province de Paris.
Le système gouvernemental des Doctrinaires se subdivise en trois échelons : la Congrégation (dirigée par le chapitre général et le général, qui est élu par le chapitre du même nom et réside à Paris depuis 1676), la province (gouvernée par le chapitre provincial et le provincial, qui est élu pour trois ans par le chapitre homonyme) et la maison (gérée par un chapitre conventuel et un recteur, élu pour trois ans renouvelable par le chapitre provincial). La Congrégation, bien que sous la surveillance du roi de France et l'autorité du pape, qui n'agit jamais sans y avoir été sollicité, se gouverne d'elle-même via ses différentes structures.
AFFAIRES ITALIENNES
• Union avec les Somasques (1616-1647)
Le regard des Doctrinaires fut depuis toujours tourné vers la péninsule italienne. César de Bus est en contact avec l'Oratoire romain. Mais, sollicité pour confirmer officiellement en congrégation autonome, Paul V, par un bref daté du 11 avril 1616, préfère rattacher la Doctrine chrétienne à la congrégation des clercs réguliers de Somasque (créée en 1568 pour s'occuper des orphelins et des malades), transformant alors l'institut avignonnais en province "française" d'un ordre italien ; cette situation va durer une trentaine d'années, jusqu'à la séparation, longtemps réclamée et finalement obtenue en 1647. Cette union temporaire permit au pape de freiner les ardeurs des Doctrinaires qui voulaient se constituer en ordre indépendant. Le 30 juillet 1647, Innocent X rendit aux Doctrinaires de France leur indépendance comme société de prêtres. Alexandre VII confirma ce rétablissement en 1657 et les autorisa en 1659 à prononcer les trois voeux simples de religion, plus un quatrième de persévérance.
• Collèges et séminaires italiens (1651-1717)
Après quelques années de nostalgie italienne, les Doctrinaires sont appelés en 1651 par les habitants de la vallée de Barcelonnette – possession du duc de Savoie – pour reprendre leur collège, avec l'aide financière du duc. En 1666, le collège de Sospel, ville restée savoyarde, contrairement à Barcelonnette (devenue française par le traité d'Utrecht) est fondé ; les Doctrinaires, qui y sont formés, parlent italien et italianisent quelque peu la Congrégation. En 1687, ils fondent un collège à Yvrée. Ces deux derniers collèges appartiennent alors à la province d'Avignon. En 1701, c'est à Ferentillo, bourgade proche de Terni, dans les États de l'Église, qu'on leur confie un collège. Le succès tant espéré arrive : ils reçoivent alors les collèges de Ronciglione et San Martino (tous deux en 1702) et celui de Civitavecchia (en 1707) et les séminaires de Spolète (1713) et Bevagna (1717). Désormais, la province d'Avignon coiffe huit établissements italiens.
• Création de la province « romaine » (1725-1726)
La congrégation de la Doctrine chrétienne du royaume de Naples avait été fondée entre 1610 et 1620. Elle avait exactement les mêmes vocations que les Doctrinaires de César de Bus. En 1725, la Doctrine napolitaine comptait six maisons : Naples, Caserte, Sorbo, San Giovanni in Galdo, Laurito et Lauriano. Benoît XIII, désirant rénover la formation ecclésiastique dans la province de Rome, décide, sur les conseils de l'inquisiteur d'Avignon, d'unir, par un bref du 8 septembre 1725, les Doctrinaires français et la congrégation de Naples qui était quelque peu sur le déclin. Cette décision crée une quatrième province des Doctrinaires, la province italienne, aussi dite « romaine », qui regroupe les maisons des États de Savoie – ce faisant, la province d'Avignon redevient exclusivement "française" -, du royaume de Naples et des États de l'Église, soit quatorze établissements. Le pape unit en 1726 la paroisse romaine de Santa-Maria-in-Monticelli à la congrégation de la Doctrine chrétienne et en fait la maison à la tête de la nouvelle province ; l'église se situe en plein cœur de la Rome de la Réforme catholique.
• Union avec les Pères de la Doctrine chrétienne de Rome (1747)
Les Pères de la Doctrine chrétienne de Rome, appelés Agathistes, ont été fondés en 1560. Comme les Doctrinaires de César de Bus et ceux de Naples, ils enseignent le catéchisme et professent dans quelques petits collèges dans les environs de Rome. En 1747, la congrégation romaine est en piteux état et ne gère plus que sept établissements (Sant'Agata à Rome, Velletri, Palestrina, Orvieto, Segni, Rocca Massima et Ariccia). Tout semblait favorable à une union avec les Doctrinaires avignonnais, mais les négociations furent bien âpres, les oppositions venant tantôt du roi de France, tantôt du pape – les Doctrinaires romains sentant le souffre janséniste. Finalement, l'union est prononcée par un bref du 16 décembre 1747 de Benoit XIV, pape fortement intéressé par l'instruction religieuse des fidèles et le renouvellement de l'apprentissage du catéchisme. L'union est concrétisée définitivement en 1752. À ce moment-là, la province romaine comprend désormais en son sein 23 maisons – les quatorze maisons de la province créée en 1725, Santa-Maria-in-Monticelli, les sept établissements agathistes et le séminaire de Ponte Corvo transféré en 1743 à Rocca Secca.
• Création de la province « napolitaine » (1770)
En 1770, les maisons du royaume de Naples prennent leur indépendance pour former une province « napolitaine », la province « romaine », désormais plus restreinte, regroupant toujours les maisons de Savoie et des États de l'Église. Avec la disparition du séminaire de Rocca Secca en 1765, il ne subsiste plus que 22 établissements dans les provinces romaine et napolitaine.
LA QUESTION DES VŒUX
Les Doctrinaires trouvèrent dans les vœux un sujet fécond de discordes. Pendant les premières années, les vœux étaient facultatifs, les Doctrinaires se considérant comme des clercs séculiers associant des laïcs. Cette question fut à l'origine de la rupture entre César de Bus, favorable à l'émission de voeux, et son ami Jean-Baptiste Romillon, resté fidèle à l'esprit des origines ; cette rupture est consommée avec le départ de Romillon pour Aix. De 1616 à 1647, durant la période d'union avec les Somasques, les vœux solennels de la religion furent exigés, faisant des Doctrinaires des réguliers ; tous ont prononcé des vœux à la fin de 1618, mais un parti hostile à la régularité se créa. En 1647, date de la séparation avec les Somasques, les vœux solennels furent supprimés et rapidement remplacés par des vœux simples, mais la situation demeura incertaine jusqu'en 1655, date à laquelle la Congrégation, à l'unanimité, s'accorda sur les vœux simples. Les Doctrinaires devinrent ainsi des clercs séculiers. En 1776, ces vœux furent remplacés par une simple promesse, et cette situation dura jusqu'en 1792.
L'ENSEIGNEMENT DES DOCTRINAIRES
Il est dispensé dans leurs trente-neuf collèges. Le premier collège des Doctrinaires est celui de Brive fondé en 1619, assez tardivement puisqu'ils ne voulaient au départ enseigner que le catéchisme. Ils deviennent alors régents de collèges, dans le sillage des Jésuites et des Oratoriens. Paradoxalement, les collèges sont plus nombreux et anciens dans le sud-ouest que dans le sud-est. Les Doctrinaires préfèrent aux grandes villes celles d'importance moyenne voire les petites (comprenons celles qui n'ont pas de juridiction importante, dont les officiers fournissent pourtant la majeure partie des élèves des collèges), pour ne pas souffrir de la concurrence – tant qu'elle existe – des Jésuites. Ainsi, les pères de la congrégation de la Doctrine chrétienne prennent en charge de 1665 à 1764 quatorze séminaires ; ils n'en conservaient que dix en 1789. La spécialité des Doctrinaires est l'enseignement de la doctrine, reposant sur la théologie, accordant une grande importance aux notions de péché et de grâce, sur une pratique de la perfection chrétienne passant par une dévotion personnelle et l'exercice des vertus. L'enseignement est d'abord humaniste et fortement orienté vers la rhétorique, indispensable aux catéchistes, et les lettres humaines (grammaire, poétique et rhétorique d'abord exclusivement latines avant que le français ne s'y invite) puis s'élargit au cours du XVIIIe siècle pour aboutir à un corpus presque encyclopédique. Aux cinq années du cycle des lettres humaines s'ajoute un cycle de deux ans de philosophie. La philosophie enseignée fut d'abord aristotélo-thomiste, puis, un temps anticartésienne, elle finit par se convertir au cartésianisme dans la première moitié du XVIIIe siècle. La seconde moitié du siècle verra l'enseignement doctrinaire s'opposer frontalement aux idées des Lumières, à leur athéisme et à leur matérialisme. À la veille de la Révolution, les Doctrinaires se sont ouverts à l'apprentissage des sciences, déjà présent, mais qui prend une importance grandissante. L'importance de l'enseignement s'accroît dans la seconde moitié du siècle, puisque les Doctrinaires prennent en charge douze collèges jésuites (dont celui, prestigieux et symbolique, de La Flèche) lors de l'interdiction de la Compagnie de Jésus.
À Avignon, les Doctrinaires ne furent les régents du collège que de 1782 à 1792. À la suite de l'expulsion des Jésuites en 1768, le collège fut un temps géré par les Bénédictins, qui, du fait de leurs échecs, furent remplacés par les Pères de la Doctrine chrétienne. Ils redressent l'état du collège et les effectifs mais dès 1785 il semble que le collège se désertifie. Il ne reste malheureusement aucun document dans le fonds permettant d'appréhender l'activité pédagogique des Doctrinaires avignonnais.
Les Doctrinaires reçurent également en 1717 la gestion du collège d'Orange qu'ils conservèrent jusqu'en 1792. Quelques documents sont conservés dans les archives communales d'Orange.
À Carpentras, quelques membres de la Congrégation reprirent le collège dans les premières années de la Révolution.
Plusieurs doctrinaires poursuivirent une activité d'enseignant ou de maître de pension aux lendemains de la Révolution.
L'ACTIVITÉ RELIGIEUSE DES DOCTRINAIRES
Les Doctrinaires s'associent aux combats de l'Église militante, en répondant aux volontés de laïques et d'ecclésiastiques. L'enseignement de la doctrine chrétienne était la raison-même de la fondation de la congrégation de César de Bus. Les Doctrinaires font œuvre d'évangélisation dans les campagnes et les villes, luttant notamment contre le protestantisme. À côté de la prédication, des ouvrages d'enseignement religieux sont imprimés ; mais l'enseignement se fait plus par la parole que par l'écrit. Des doctrines, appelées rapidement « catéchismes », sont fondées rapidement. Elles sont souvent à l'intention des malheureux, des malades, des enfants et des prisonniers. Les Doctrinaires distinguent la petite doctrine (rudiments de la foi pour les enfants et les gens simples), la moyenne doctrine (aussi dite sommaire, c'est un exercice scolaire qui consiste en un exposé simple d'un sujet unique qui se termine par une conclusion brève, leçon qui est récitée au début de la doctrine suivante) et la grande doctrine (qui, plus complexe, se rapproche de la prédication). Ces initiatives vont de pair avec les fondations de missions, œuvres de conversion que faisait aussi César de Bus de son vivant. Tous ces actes contribuent autant au salut du fondateur qu'à celui des gens à évangéliser. Les Doctrinaires acceptèrent aussi un grand nombre de fondations de messe, et autres œuvres pieuses.
Pour financer la Congrégation, les Doctrinaires comptent sur les revenus des legs, des pensions et des rentes foncières, donnés soit par les membres-mêmes soit par des particuliers, fidèles de leur catéchisme ou élèves de leurs collèges. De nombreux titres de pensions et documents fonciers ont été conservés, et, avec eux, comme corollaires indispensables, des pièces de procédure.
LES DOCTRINAIRES ET LE JANSENISME
Comme d'autres congrégations tels les Oratoriens, les Doctrinaires furent influencés par le jansénisme : un cinquième des membres s'est opposé au concile d'Embrun, majoritairement des Doctrinaires de la province de Paris, et une infime minorité, presque nulle, de celle d'Avignon. Ce n'est qu'en 1744, une fois les opposants chassés, que le chapitre général accepta la constitution Unigenitus promulguée en 1713, et à laquelle devront se soumettre les novices. Cette opposition massive et durable fit longtemps suspecter les Doctrinaires par les évêques.
En 1792, la Congrégation de la Doctrine chrétienne, comme toutes les autres congrégations et ordres religieux, est dissoute. Les 420 pères n'ont que peu de mal à adhérer aux nouvelles idées et ils furent nombreux à accepter la Constitution civile du clergé. La Congrégation tenta de renaître en France, en particulier dans le diocèse d'Avignon, sous la Restauration.
LA CANONISATION DE CESAR DE BUS
César de Bus meurt, aveugle, le jour de Pâques de 1607 dans la maison de Saint-Jean-le-Vieux à Avignon. Considéré comme un saint de son vivant, son tombeau dans l'église des Doctrinaires attire les pèlerins et les visiteurs. Une "Vie" lui est consacrée ; l'imagerie religieuse ose même le représenter avec une auréole ; le culte populaire ne faiblit pas. Son corps est transféré – sans aucune corruption – dans une châsse placée dans la sacristie. Des miracles se produisent, particulièrement sur des malades des yeux. Des enquêtes sur sa vie sont menées à Cavaillon dès sa mort par le P. doctrinaire Antoine Larme. En 1611, une procédure en vue de béatification est ouverte par l'archevêque d'Avignon ; des enquêtes sont reprises au milieu du siècle. Mais la procédure est interrompue du fait des querelles liées à l'union des Doctrinaires et des Somasques. Une nouvelle instruction reprend en 1662 et court sur plus de vingt ans, sans porter davantage ses fruits. Le soupçon de jansénisme, des doutes sur la vie du personnage et de probables falsifications n'encouragent guère la sollicitation doctrinaire dans la première moitié du XVIIIe siècle. Le P. Valentin reprend le dossier en 1740 et fait passer la cause devant la Congrégation des Rites en 1747 ; elle est rapportée par le pape Benoît XIV en personne. Dans le cadre de cette procédure, de nouvelles enquêtes sont menées à Avignon et à Cavaillon, et la Congrégation des Rites se prononce favorablement sur ses écrits, sans aller cependant au-delà. En 1817, les Doctrinaires de France donnent une nouvelle impulsion à l'affaire et obtiennent une réouverture de la cause de 1818 à 1820; celle-ci se conclue par une proclamation par Pie VII, en 1821, de l'héroïcité des vertus théologales et cardinales de César de Bus. La cause pour la béatification reste soutenue à Rome. C'est le pape Paul VI qui accorde, le 27 avril 1975 au fondateur des Doctrinaires la béatification, et le 26 mai 2020, le pape François, prononça sa canonisation au vu d'un second miracle survenu en 2016. Le corps du bienheureux, qui avait été déplacé après la Révolution de l'église des Doctrinaires dans celle de Saint-Pierre d'Avignon, fut transféré en 1836 dans l'église Santa-Maria-in-Monticelli à Rome.
Consulter la

Informations sur l'acquisition :

Modalités d'entrée
Séquestre révolutionnaire; dons et achat

Description :

Mise en forme :
Mode de classement
Entré aux Archives départementales de Vaucluse à la Révolution, le fonds des Doctrinaires d'Avignon fut sommairement classé et répertorié par les premiers archivistes du département. Le classement fut entièrement repris par Françoise Chauzat, chargée d'études documentaires, de 2007 à 2012, dans le cadre du retraitement systématique des inventaires des fonds d'ordres religieux masculins de Vaucluse, dans l'ordre alpabétique de ceux-ci et désormais des sous-séries ; le fonds "H Doctrinaires d'Avignon" est devenu alors la sous-série 31 H ; ce classement était malheureusement inachevé lors du départ à la retraite de son auteur fin 2012.
Trois ans plus tard, il revint à Matias Ferrera, élève de l'École nationale des chartes, lors de son stage pratique à Avignon en juin 2015, de poursuivre la fin du classement sur une trentaine d'articles, de normaliser les analyses en vue d'une publication en ligne de l'instrument de recherche selon les normes fixées pour le corpus des inventaires des archives de Vaucluse, et d'en rédiger l'introduction.
À l'issue de ce travail, il restait encore deux ou trois liasses de "vrac" à traiter, la refonte des index et une ultime révision de l'inventaire, ce dont s'acquitta au début de l'année 2021, Bernard Thomas, archiviste aux archives départementales, pour une publication programmée de l'instrument de recherche définitif sur le site des archives départementales de Vaucluse.
La cotation des articles avait déjà été modifiée par rapport à celle d'origine, utilisée notamment par Jean de Viguerie dans son livre sur la Doctrine chrétienne en France et en Italie, publié en 1976. Une nouvelle cotation, dans le nouvel ordre du plan de classement de l'instrument de recherche, a été établie ; un tableau de concordance avec les cotes utilisées par Jean de Viguerie a été réalisé.

Langues :

Langue des documents: français, latin, provençal, italien

Description physique :

Description physique: Document d'archives

Nombre d'éléments
Nombre d'éléments: 161 articles, dont 152 en série H des archives de Vaucluse, et 9 articles de la bibliothèque d'Avignon
Métrage linéaire
Métrage linéaire: 6,00

Ressources complémentaires :

Sources complémentaires
Aux archives départementales de Vaucluse
Hors archives départementales de Vaucluse
Consulter la liste des sources extérieures 

Références bibliographiques :

Bibliographie
Consulter la

Localisation physique :

Localisation du fonds: Archives départementales de Vaucluse ; Bibliothèque municipale d'Avignon

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD084_IR0000069

Liens