Inventaire d'archives : 28J Forges d'Audincourt

Contenu :

Les dates principales de ce fonds courrent sur les années 1940-1971
Ce fonds comporte un grand nombre de photographies et de plans.
Compositionet intérêt du fonds

Le fonds se compose de documents qui couvrent la période allant de 1782 à 1978. Il n'englobe donc pas l'ensemble de la période d'activités des forges d'Audincourt puisque cette forge est crée en 1616 et montée en société civile en 1825. Cela peut aisément s'expliquer par le fait que la présence de ce fonds aux Archives départementales du Doubs résulte d'une série de transferts et d'éclatements des archives.
De plus, dans cette période que comprend le fonds, nous ne disposons que de quelques documents du début du XIXe siècle. Ainsi, l'essentiel du fonds est compris entre 1890 et 1980.
Ce fonds concerne dans sa majeure partie la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances, avec quelques dossiers sur ces filiales. Ainsi, il ne traite pas uniquement des forges d'Audincourt mais aussi des autres forges qui constituent la compagnie, comme l'usine de Bourguignon.

De cet ensemble de documents se distinguent quatre grands thèmes, de plus ou moins grande importance matérielle, qui correspondent aux quatre grandes fonctions représentatives de l'activité industrielle de la société que sont :

- la fonction administration, avec l'ensemble des documents de constitution de la société, des conseils et assemblées, de la direction, du patrimoine et des affaires contentieuses.

- la fonction comptabilité / finances,

- la fonction production et commerciale qui englobe l'approvisionnement, la production, la vente et la communication,

- la fonction personnelle.
Les documents faisant l'objet de ce présent répertoire témoignent de l'activité d'une entreprise née au XVIIe siècle qui a su se développer et se maintenir jusqu'en 1971, en faisant face aux vicissitudes de l'histoire tant politique qu'économique. De plus, cette société a marqué, et marque toujours le Pays de Montbéliard et notamment la ville d'Audincourt qui est encore appelé aujourd'hui « la cité des forgerons ». Les documents de ce fonds permettent ainsi de se pencher sur sa gestion et son fonctionnement, et de connaître l'histoire d'une telle activité industrielle. Le rayonnement économique de la Compagnie apporte une dimension historique supplémentaire.

Cote :

28J1-28J1037

Publication :

Archives départementales du Doubs
2006 ; 2009
Rue Marc-Bloch
BP 2059
25000 Besançon

Informations sur le producteur :

Société anonyme de la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances (1825-1979)
(Autre forme du nom : CFA)
La Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances est constituée en société civile en 1824. Elle est transformée en société anonyme en 1896. Cette Compagnie a regroupé les Forges d'Audincourt, de Chagey, de Bourguignon, de Pont-de-Roide, et de Clerval. La Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances a compris un département sidérurgie et un département chauffage, tuyauterie et chaudronnerie. Le département sidérurgie a été spécialisé dans la fabrication de tôles, d'aciers au silicium pour moteurs, fermetures de magasins et pour carrosseries automobiles. Quant au département chauffage, tuyauterie et chaudronnerie, il a œuvré dans le chauffage industriel et a fourni des cuisines pour les collectivités et de la tuyauterie pour les établissements nucléaires. La Compagnie a procuré du travail, mais a construit aussi des logements, a organisé l'école et les loisirs, et a assuré les soins, pour les familles de son personnel. Les Forges d'Audincourt et leurs différentes filiales, qui ont été créées en 1961, ont fermé définitivement en 1971.
De la création des Forges sous l'Ancien Régime à la constitution de l'usine en société civile en 1824.
Le 5 décembre 1586, un haut fourneau et une forge sont construits à Chagey, près d'Héricourt, à coté de la rivière Luzine. La forge de Chagey appartient aux princes de Montbéliard.
Sur la rive droite du Doubs, près du village d'Audincourt, Paul Payer qui est fermier de la forge de Chagey, crée en 1616 un moulin à moudre le blé. Trois ans plus tard, il ajoute un haut fourneau. Ceci marque la création de la Forge d'Audincourt. Ce haut fourneau permet de produire de la fonte à partir du minerai de fer extrait dans la plupart des localités de la région. La rivière fournit la force motrice et permet au bois de la montagne d'être amené par flottage. La forge fonctionne exclusivement au charbon de bois. Le haut fourneau donne un fer de haute qualité utilisé surtout pour fabriquer des cuirasses, des armes à feu et des casseroles. Après avoir été lié à la forge de Chagey, l'établissement d'Audincourt est ensuite acquis en 1628 par le comte de Montbéliard Louis Frédéric. Occupée et incendiée en 1635 durant la guerre de Trente Ans, par l'armée du duc de Lorraine à la solde de l'Empire, l'usine d'Audincourt est reconstruite en 1650. En 1670, la fabrication de fer forgé atteint 330 tonnes.
A cette époque, les forges d'Audincourt ont beaucoup de mal à employer des ouvriers protestants puisque l'essentiel de la population locale est paysanne. Ainsi, cet établissement emploie de la main-d'œuvre en Suisse, en France et en Bourgogne. Etant principalement de confession catholique, ces ouvriers, en vertu du principe de la transmission du savoir, vont donner des lignées de forgerons qui resteront dans la région. Ces ouvriers forment une communauté unie par le travail et les mariages. Ces employés sont au service du maître qui, entre autres, les loge dans l'usine et met à leur disposition un jardin où ils peuvent cultiver la terre et élever des animaux.
Dès le début du XVIIIe siècle, les ouvriers sont logés dans deux parallélépipèdes qui sont de véritables casernes découpées en huit et treize logements. A ceci, est ajoutée une quinzaine d'habitations au nord de l'usine en 1739.
Par ordonnance ecclésiastique du comte Frédéric de 1559 qui rend l'instruction obligatoire pour tous les garçons et les filles de la principauté, une école est ouverte au village d'Audincourt dans une ferme, dès 1600. A ceci s'ajoute une autre école privée, de confession luthérienne, qui fait aussi office d'ouvroir où les filles font des travaux de couture ; cette école est également aménagée à la forge dans le grenier de la chambre du four. En 1764, l'école est installée au rez-de-chaussée dans un logement situé près de l'usine et à l'extrémité des logements. Habitant à l'étage de ce bâtiment, le maître est rémunéré en nature à la fois par les parents et la communauté.
En 1764, la Forge regroupe un haut fourneau, quatre feux de forge, une platinerie avec son martinet servant à la fabrication des tôles, une étamerie, quatre lavoirs à mine, des halles de charbon, de vastes magasins et des habitations pour cinquante familles et le directeur dans l'enceinte de l'usine. Les ouvriers y fabriquent des barres, des tôles et des fers pour faux. Dépassant la consommation locale, la production de la forge est vendue en Suisse puisque une barrière douanière mise en place par la France, coupe le comté de Montbéliard de la Franche-Comté et de l'Alsace. A la veille de la Révolution, l'usine occupe 180 personnes dont 48 spécialistes et produit 700 tonnes de fer par an qui rapportent 30.000 livres-tournois.
Un comte de Poitiers, seigneur de Neuchâtel, près de Pont-de-Roide, reçoit de Louis XIV, en 1684, l'autorisation d'exploiter les mines de fer de ses domaines et de construire une forge et un fourneau. Il construit alors une écluse et une usine près du village de Bourguignon. En 1708, le fils du comte de Poitiers cède ses terres au roi de France. Celles-ci sont données à Guy-Michel de Durfort, Maréchal de Lorges, gouverneur de la Franche-Comté. De nombreuses constructions se font et l'usine comprend dès lors un fourneau, une forge, un martinet, une affinerie et une chaufferie.
Le haut fourneau de Pont-de-Roide est construit en 1792, sur le ruisseau de la Ranceuse par Pierre-François et Jean Louis Bouchot.
En 1784, Jean François Rochet père, maître et propriétaire des forges de Baignes et Grandvelle en Haute-Saône prend la Ferme générale de biens français du prince de Montbéliard ainsi que celle de la forge d'Audincourt avec son fils ainé Claude François Rochet. Par l'arrivée de nombreux ouvriers catholiques, logés dans des cités ouvrières entre le Doubs et le canal de flottage, la forge compte alors 176 habitants. Dirigée par Claude François Rochet aîné et son frère Jean François Rochet, l'usine est ensuite mise sous séquestre par le gouvernement de la République. Etant en guerre, la France a besoin du fer d'Audincourt pour forger les armes. Cependant, la forge voit sa production diminuer à cause d'une pénurie de matières premières comme le minerai et le bois.
A cette époque, l'usine des forges comprend un fourneau, une forge, quatre affineries, une platinerie, des martinets, une cisaillerie, une étamerie, un boccard, une ferblanterie, une halle à charbon, un atelier, des écuries, un laboratoire ainsi que plusieurs logements.
En 1797, la forge est vendue aux enchères avec les forêts comme biens nationaux. Après une lutte acharnée entre plusieurs particuliers, la forge est attribuée à Claude François Rochet aîné pour la somme de 5 687 000 francs. Son frère Jean François acquiert celles de Chagey et Bourguignon. Dès ce moment, les Rochet réorganisent les forges notamment en reconstruisant en pierre la digue en bois à Audincourt.
Cependant, acculés à la faillite, les usines d'Audincourt, Chagey, Bourguignon et Pont-de-Roide sont acquises en 1809 par la société en nom collectif Saglio, Humann et Gast. A ces associés (Michel Gast, Jean Georges Humann et Florent Saglio), s'ajoutent ensuite Michel et Joseph Saglio ainsi que Jean Pierre Carl. Unis par des liens de parenté et enrichis par le commerce, leurs descendants ont assurés la direction du comité d'administration de la Compagnie jusqu'à la fin du XIXe siècle.
En 1824, l'entreprise devient une société civile et prend le nom de Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances, par ordonnance du roi Louis XVIII. Cette compagnie regroupe les usines d'Audincourt, Chagey et Bourguignon. L'année 1828 voit l'apparition des premiers laminoirs à tôles.
Le développement et la modernisation de la Compagnie des Forges d'Audincourt au XIXe siècle
Au XIXe siècle, l'usine d'Audincourt est composée d'un haut fourneau au charbon de bois, de huit foyers d'affinage au charbon de bois munis chacun d'un four de chaufferie pour la fabrication de petits fers et de la tôle, d'une machine soufflante alimentant le haut fourneau et d'une autre alimentant les foyers d'affinerie, de trois marteaux-fronteaux, de trois laminoirs à tôle, de trois laminoirs à fer marchand, d'un martinet, d'un atelier de ferblanterie, d'un atelier d'ajustage, d'un patouillet et d'un boccard. Avec les forges de Bourguignon et de Chagey qui constituent ses annexes, les forges d'Audincourt disposent de plus de 1500 ouvriers qui produisent 3000 000 kilogrammes de fers coulés, entièrement employés dans les forges de l'établissement qui confectionnent de leur côté 2 000 000 kilomètres de fers forgés, par an. Ainsi, la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances est la plus importante entreprise du Pays de Montbéliard et occupe le huitième rang pour les sociétés sidérurgiques françaises. Tout au long du XIXe siècle, la compagnie a connu des crises économiques comme en 1848 où la forge est secouée par une mévente liée à l'augmentation du prix des combustibles. Ces crises sont surmontées par des réformes économiques et par la modernisation des moyens de productions. En effet, des turbines, des laminoirs et des fours à puddler sont installés. La Compagnie des Forges d'Audincourt rachète le haut fourneau et la fonderie de Clerval en 1859, qui permettent de produire les cercles, les bandages et les essieux de roues de wagons aux ateliers de construction des chemins de fer. C'est à partir de ces années que l'usine est raccordée à la ligne de chemin de fer Montbéliard-Delle par un embranchement privé.
En 1885, sous la direction de Camille Streib, l'activité chauffage et tuyauterie commence. Cette activité fournit en particulier à la marine nationale des tuyaux ondulés appelés « lyres » qui sont utilisés pour le transport de la vapeur.
Au fur et à mesure que l'usine grandit, le quartier de l'usine s'enrichit de nouvelles cités ouvrières, d'équipements collectifs comme des écoles, des dispensaires et même d'une église. Se mettent en place aussi une caisse d'épargne et une caisse de secours aux malades. Ces différents équipements permettent à la Compagnie de renforcer sa position sur son personnel. Ainsi, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le quartier des Forges s'étend et donne à Audincourt son allure de cité industrielle.
La fin du XIXe siècle est marquée par la concurrence de l'ancien procédé de fabrication du fer à partir du charbon de bois par le procédé utilisant le coke. Ne disposant pas de bassin houiller à proximité, l'entreprise hésite à changer de procédé. Malgré la fermeture des hauts fourneaux en 1886, la Compagnie continue à utiliser des fontes au bois qui proviennent de Valay en Haute-Saône.
Il faut attendre l'impulsion de Raymond Joëssel, qui devient directeur des forges en 1904, pour que la Compagnie abandonne le fer au bois. A ce moment, l'usine se spécialise dans la fabrication de tôles minces destinées aux dynamos et transformateurs. Elle se dote aussi d'une machine à vapeur dès 1906, année où Bourguignon est vendu à Peugeot-Cie. La modernisation continue jusqu'au début de la Première guerre mondiale avec l'installation notamment de trains de laminoirs à tôles et à largets, de trains mécanisés et de fours électriques. Ainsi, l'établissement dispose d'un équipement automatisé et mécanisé complet.
En 1908, une société immobilière est créée, afin d'assurer le remplacement des anciens logements ouvriers par l'achat de maisons existant dans le quartier et surtout par la construction de nouvelles cités ouvrières.
Essor de la Compagnie à partir de la Première guerre mondiale
Pendant la Première guerre mondiale, les ouvriers sont mobilisés pour produire les fournitures de guerre en particulier les obus de 220 mm en acier forgé et les cuisines roulantes à deux marmites. La Compagnie livre également à l'armée française des tôles pour divers usages comme pour la fabrication de casques ou pour des articles de campements.
En 1919, le siège social et la direction générale de la Compagnie sont transférés à Paris, 86 rue de Courcelles. La société possède dans cette région deux sites : l'usine l'Alutol, située à Villeneuve-Saint-Georges (94), spécialisée dans la fabrication des tableaux et boîtes métalliques en fer-blanc ; et les émailleries de Rueil (92) qui fabriquent des articles de ménage et d'hygiène émaillés ou étamés.
Pendant l'entre-deux-guerres, la Compagnie fait appel à des travailleurs d'Espagne, d'Italie et de Pologne. De nouvelles cités sont construites et d'anciens équipements sont remis à neuf. En 1936, les nombreuses grèves permettent la mise en place de la semaine de quarante heures et des congés payés de quinze jours par an.
Sous l'occupation allemande, malgré la diminution du personnel à cause des réquisitions, l'usine continue de produire des tôles.
La fin des années 40 et le début des années 50 sont marqués par l'installation d'une tôlerie mécanisée à chaud, pour la première fois en France, et de la mise à feu de deux fours Martin. L'usine avec ses 1 400 employés produit 4 à 5 000 tonnes de tôles par mois.
En 1954, les aciéries sont arrêtées et l'usine qui fait venir la tôle de Thionville se contente de la transformer. La compagnie conserve la première place dans la production des tôles d'acier au silicium destinées à la construction électrique dans les dynamos, les moteurs, et dont une partie est exportée. La forge continue d'utiliser l'acier de Lorraine et à produire dans ses laminoirs, des tôles d'acier ordinaire et magnétique.
La Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances est composée de deux départements :
 
  • Le département Chauffage, Tuyauterie et Chaudronnerie, qui a pris sa plus grande expansion depuis 1945, travaille principalement pour les raffineries de pétrole, les usines de produits chimiques et les centres nucléaires. Il travaille surtout pour l'industrie nucléaire en France comme à Marcoule (30) ou Pierrelatte(26), ou à l'étranger.
  • Le département sidérurgie, qui est le plus important comprend des aciéries, forges et laminoirs.
 
Création des filiales
La Compagnie des forges d'Audincourt et Dépendances, qui devient une holding, crée trois filiales en 1961. Ces trois filiales correspondent aux trois activités de la société :
 
  • la Société Sidérurgique des Forges d'Audincourt (SID) qui prend en charge l'activité de sidérurgie. L'activité de cette société s'occupe essentiellement du laminage de tôles fines spéciales, particulièrement tôles au silicium pour la construction électrique.
  • la Société de Chauffage, Tuyauterie et Chaudronnerie (SCTC). Son activité consiste en l'installation de tuyauteries spéciales pour l'industrie chimique, nucléaire et pétrolière.
  • la Société Alutol-Audincourt qui correspond à l'usine Villeneuve-Saint-Georges. C'est une fabrique de boîtes métalliques et impressions sur métaux.
 
En 1964, la Société Sidérurgique des Forges d'Audincourt absorbe la Société Chauffage, Tuyauterie et Chaudronnerie et change de dénomination en Société des Forges et Ateliers d'Audincourt (FAA). Elle est composée de deux départements : le Département Sidérurgique (DS) et le Département Chauffage, Tuyauterie et Chaudronnerie (DC).Ce regroupement des deux sociétés a été décidé afin que le Département Chauffage puisse bénéficier de l'actif industriel du Département Sidérurgique et afin que ce dernier puisse préparer sa reconversion.
En 1964, la Société des Forges et Ateliers d'Audincourt met en place une filiale espagnole dont le siège social est à Madrid. Cette filiale étrangère est dénommée TICSA (Tuberias Industriales y Calereria SA). La société Forges et Ateliers d'Audincourt détient 50% du capital, et les autres partenaires sont espagnols (société de travaux publics Agroman et le Banco espagnol de Credito).
En 1968, la filiale en Belgique, dénommée Sotube est créee : les Forges et Ateliers d'Audincourt possèdent 99 % des actions de cette société de tuyauterie.
Ces deux filiales à l'étranger s'occupent de la préfabrication et du montage de tuyauterie en acier au carbone acier inox, aluminium et alliage d'aluminium dans l'industrie, ainsi que de l'installation de tuyauteries spéciales pour l'industrie chimique, nucléaire et pétrolière. Ces filiales dépendent de la Société des Forges et Ateliers d'Audincourt et plus particulièrement du Département Chauffage.
Les différentes filiales se partagent avec la Compagnie des forges d'Audincourt et Dépendances le patrimoine.
La Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances possède 99% de la Société des Forges et Ateliers d'Audincourt et 72% de la société Alutol-Audincourt (le reste appartient à la Société Marine, Firminy, Saint-Etienne). Ses biens immobiliers sont composés de terrains bâtis et non bâtis dans le département du Doubs dans les communes d'Audincourt, Exincourt, Arbouans et Montbéliard, ainsi que de cités ouvrières et maisons sur ces terrains et de deux écoles à Audincourt. La société possède aussi un immeuble à Paris où se situe son siège social ainsi que plusieurs appartements dans la région parisienne qui correspondent à des logements de cadres.
La Société des Forges et Ateliers d'Audincourt possède deux usines à Audincourt qui situés dans la même enceinte correspondent à l'usine sidérurgique et à l'usine de chauffage, tuyauterie et chaudronnerie. Ses biens immobiliers sont aussi composés de centrales électriques à Audincourt et à Mathay de cités ouvrières et d'un grand nombre de terrains non bâtis. Elle est propriétaire également de deux immeubles et d'un garage à Lyon, et d'immeubles et de terrains à Codolet près de Marcoule (30).
La société Alutol-Audincourt possède un terrain et une usine à Villeneuve-Saint-Georges.
Aux filiales à l'étranger, s'ajoutent des associations en participation. Une association en participation est le regroupement de plusieurs entreprises ayant signé un contrat d'association. Cette association permet aux entreprises de gérer et d'exploiter une usine : l'association en participation rend des comptes à chacun des associés qui sont propriétaires des produits bruts, finis, et en stocks. Un des avantages principaux de cette association en participation est la fluidité financière : chacun des associés prend sa part d'amortissement selon sa propre politique et peut utiliser l'annuité d'amortissement à financer des opérations autres que l'expansion de l'établissement industriel de l'association.
Par exemple, l'association Grhea, créée en 1958, a pour objet la mise en œuvre de tous les moyens propres à faciliter et développer l'activité économique de ses membres et notamment l'exécution en commun de certains travaux de construction, de montage de tuyauteries et de fabrication. A cette date, l'association regroupe la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances, Rhenameca et Entrepose. En 1961, Rhenameca est remplacé par Socaltra et en 1967, l'association Ghrea est transformée en groupement d'intérêt économique.
Fin de la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances
Malgré la création des filiales et le regroupement de certaines d'entre elles, la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances connaît un déclin. Celui-ci est principalement dû à la crise de la sidérurgie. En effet, la sidérurgie française est menacée par les autres continents qui possèdent des ressources minières abondantes et une main-d'œuvre moins chère. Cette crise que connaît la Compagnie entraîne le début, en 1967, des ventes de différents actifs, d'usines et de terrains divers du département sidérurgie. Malgré les nombreuses tentatives de reconversion, le département Sidérurgique des Forges et Ateliers d'Audincourt ferme.
A cette fermeture, s'ajoute l'absorption de la Société Alutol-Audincourt par la société Fer Embal, filiale de la société Marine, Firminy, Saint-Etienne: La Compagnie des Forges d'Audincourt reçoit 17% environ des actions de la Société Fer Embal.
Parallèlement à ceci, la direction des Forges et Ateliers d'Audincourt entreprend un programme de réorganisation pour essayer de maintenir et de développer les activités de tuyauterie et de chaudronnerie. Mais, malgré de nombreuses commandes, le Département Chauffage, Tuyauterie et Chaudronnerie ferme en 1971, ainsi que ses filiales. En effet, malgré la volonté de la direction en 1968 de redresser ce département, les difficultés rencontrées dans la mise en place des mesures de réorganisation, la très forte aggravation des charges salariales et financières depuis 1968 et la situation du marché n'ont pas permis de redresser la situation et le déficit d'exploitation n'a pu être résorbé. Dans ces conditions, il n'a pas été possible à la Compagnie des Forges d'Audincourt de continuer à assurer le financement des Forges et Ateliers d'Audincourt. De plus, les divers contacts qui avaient été pris pour essayer de maintenir l'atelier d'Audincourt en activité dans le cadre d'une autre société n'ayant pu aboutir, la direction a été obligée de fermer le Département Chauffage, Tuyauterie et Chaudronnerie. Le personnel a été reclassé essentiellement dans les usines d'Alsthom et de Peugeot.
Ainsi, la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances est mise en liquidation, liquidation qui se termine pour la Compagnie et ses filiales en 1979. D'autres petites entreprises ou de gros artisans se sont installés aux Forges d'Audincourt, créant ainsi une sorte de zone semi -industrielle et artisanale dans une structure ancienne.
Cette « fermeture des forges d'Audincourt fut l'anéantissement d'un monde, celui qu'avaient façonné ces générations d'ouvriers attachés à leur entreprise et à leur quartier et dont le dur labeur générait des liens de camaraderie et de solidarité » (VIEILLE, Daniel. Audincourt : un riche passé industriel. [Audincourt] : D. Vieille, 2007).

Informations sur l'acquisition :

Dons successifs

A la liquidation de la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances en 1979, les archives sont dispersées.

Une grande partie est récupérée par Monsieur Henry De Dreux Brézé, président directeur général de la Compagnie des Forges d'Audincourt : les archives sont entreposées dans des garages de sa propriété à Bernouville, près des Andelys, dans l'Eure. Le sauvetage de ce fonds a été fait en 1980 par les Archives départementales de l'Eure qui se sont rendus sur place. (Le personnel des Archives départementales de l'Eure a dû intervenir très rapidement : c'est la raison pour laquelle on peut parler véritablement de sauvetage.)

Monsieur Dreux Brézé effectue alors un don de ses archives, aux Archives nationales. Ses archives, pour la plupart en vrac et en mauvais état, ont été triées sur place et des éliminations ont été opérées. Après avoir transités aux Archives départementales de l'Eure, les archives ont ensuite été conservées aux Archives nationales.

A ce premier don, s'ajoute un autre don, aux Archives nationales, celui de la Société de Placements internationaux (SPI) qui ayant racheté la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances en 1979, conservait une partie des archives relatives aux forges dans des locaux à Paris.

L'ensemble de ces archives a ensuite été cédé aux Archives départementales du Doubs.

Lors du classement définitif du fonds en 2009 sont venus s'ajouter un autre ensemble de documents, constitué principalement de registres du personnel, registres qui avaient pu servir pour des demandes de retraite : ils ont été donnés par Monsieur Paul Hérard, ancien des Forges habitant à Audincourt. Ces registres lui avaient été confiés par Monsieur Minazzi, ancien employé du bureau du personnel.
Historique de conservation :
Une partie de ces archives ont fait l'objet d'un premier classement partiel en 2006, par Elodie Faivre, vacataire et étudiante en Licence de la formation archivistique de Mulhouse (GEIDOC). En 2009, un deuxième classement a été opéré par Elise Lambey, étudiante en Master1, Sciences de l'Information et Métiers de la Culture (SCIMEC).

Description :

Critères de sélection :
Avant son traitement, la sous-série mesurait environ 70 mètres linéaires. Au cours du traitement, des éliminations ont été effectuées dans l'ensemble du fonds. En effet, les doublons, les brouillons lorsqu'ils ne différaient pas de l'original, ainsi que les bordereaux d'envoi et de réception ont été éliminés. D'autres documents ont fait l'objet d'éliminations comme les notifications de redressement : le choix de la conservation ou de l'élimination de ces documents a été orienté par l'ouvrage de l'Association des archivistes français, Les archives dans l'entreprise, guide des durées de conservation (in ASSOCIATION DES ARCHIVISTES FRANÇAIS. Les archives dans l'entreprise : guide des durées de conservation. Paris : 1997.) et par l'intérêt historique de ces dossiers. Par exemple, même s'il est recommandé d'éliminer les factures, celles-ci, qui datent de la fin des années 60 et du début des années 70, ont été gardées à défaut de livres ou de journaux récapitulatifs.
Mise en forme :
Le classement du fonds s'est effectué selon la logique d'organisation des différentes fonctions de l'entreprise. Ses fonctions sont l'administration, la finance/comptabilité, la production et le commerce, et le personnel. Le présent répertoire a donc été établi sur la base de ces différentes fonctions d'où un plan de classement avec quatre grands thèmes.

A ces quatre thèmes, s'ajoutent une cinquième partie qui est celle des filiales et des associations en participation. En effet, une des caractéristique de la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances est la présence, à partir de 1961, de nombreuses filiales qui au fil du temps se regroupent, changent de dénomination ou sont absorbés par d'autres sociétés. Ainsi, le parti a été pris de séparer les filiales de la société holding. Cependant, dans certains cas, la distinction entre la Compagnie des forges d'Audincourt et ses filiales n'a pu être faite. Ainsi, les dossiers de la direction et les dossiers relatifs à la fonction personnelle concernent à la fois la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances et ses filiales.

Ce fonds a été classé en s'inspirant du modèle du cadre de classement des archives d'entreprises fourni par Isabelle Guérin-Brot dans son ouvrage Les archives d'entreprises. Conseils pratiques d'organisation

GUERIN-BROT, Isabelle. Les archives des entreprises, conseils pratiques d'organisation. 2è éd. Paris : Archives nationales, 1989.

ainsi que du plan de classement proposé dans l'ouvrage Les archives privées, manuel pratique et juridique de Christine Nougaret et de Pascal Even

EVEN, Pascal ; NOUGARET, Christine. Les archives privées, manuel pratique et juridique. Paris, la Documentation française, 2008

Ainsi, les différentes parties du répertoire sont :

La première partie « administration » concerne la création de la Compagnie, les conseils et assemblée, la direction, le domaine et le contentieux. La sous partie « direction » traite à la fois de la Compagnie des Forges d'Audincourt et des filiales.

La seconde partie du plan de classement « finances et comptabilité » comprend deux sous- parties : la partie finance est consacrée au capital, aux emprunts et crédits ainsi qu'aux assurances ; alors que la partie comptabilité concerne à la fois la comptabilité générale avec les bilans des exercices, les inventaires et le Grand livre, la comptabilité annexe et la comptabilité des chantiers.

La troisième partie intitulé « production et commerce », moins abondante, concerne l'activité industrielle et commerciale de la Compagnie.

La quatrième partie « personnel » est consacrée aux mouvements et effectifs du personnel, aux conditions de travail et aux conventions c'est-à-dire au comité d'entreprise, aux syndicats, aux œuvres sociales. Cette partie regroupe à la fois des informations sur la Compagnie des Forges d'Audincourt et sur les filiales.

La cinquième partie intitulée « filiales », la sixième partie « sociétés immobilières » et la septième partie « associations en participation » reprend les archives pour chaque filiale et pour chaque association. Au sein de ces parties, le plan de classement est le même que pour la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances (administration, comptabilité).

Conditions d'accès :

La communication est immédiate pour l'ensemble du fonds sauf pour les cotes : 28J553-559, 571-610, 612-139, 641-645, 661, 673, 675-676, 863-866 : délai de 50 ans (protection de la vie privée), conformément à la loi du 15 juillet 2008.

Description physique :

Importance matérielle :
55

Ressources complémentaires :

Une partie de ces archives ont fait l'objet d'un premier classement partiel en 2006, par Elodie Faivre, vacataire et étudiante en Licence de la formation archivistique de Mulhouse (GEIDOC). En 2009, un deuxième classement a été opéré par Elise Lambey, étudiante en Master1, Sciences de l'Information et Métiers de la Culture (SCIMEC).

427 S 1 Patouillets pour la Compagnie des Forges d'Audincourt à Bethoncourt, Nommay et Vieux-Charmont 1845-1863
Série U
Voir les dossiers du tribunal d'instance de Montbéliard, notamment pour les changements de statuts de la société.

Serie W

171 W 12 Fabrication de gaz de gazogène, atelier de laminage (1948). Atelier de vernissage des bandes de tôles (1963). 1948-1963 1948-1963

312 W 29 Stockage de fioul. 1964-1966

1132 W 388 Pollution du Doubs. 1970

1132 W 389 Pollution avant 1970

1132 W 391-392 Usine de métaux, pollution. 1927

1571 W 10 Sous préfecture de Montbéliard. note et article de presse sur la Société de Chauffage, Tuyauterie et Chaudronnerie d'Audincourt (juillet) et sur les forges d'Audincourt. 1963
Documents figurés
Cartes postales : commune d'Audincourt
6 Fi 25031/1 Vue des forges, côté du doubs.

6 Fi 25031/3 Entrée principale des forges.

6 Fi 2503/49 Les forges.

6 Fi 25031/50 Un coin des forges.

6 Fi 25031/52 Compagnie des forges et grande rue.

6 Fi 25031/53 Les forges et le barrage sur le Doubs
S (plan) 7/1 ou 2 Plan de situation des forges par Froté 1812
1Fi 1136 Autre copie du S (plan) 7

Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg

Conclusions motivées pour Monsieur le Duc de Broglie, en réplique à la plaidoirie de la Compagnie des forges d'Audincourt. Colmar : [s.n.], 1853.

Conclusions motivées pour la Compagnie anonyme des forges d'Audincourt, intimée au principal, incidemment appelante, ayant pour Avoué Me Rollet, contre M. Charles-Achille-Victor-Léonce Duc de Broglie, propriétaire, demeurant à Paris, appelant au principal, incidemment intimé, comparant par Me Wilhelm. Colmar : [s.n.], 1853.

Références bibliographiques :

Cette présente bibliographie, qui ne vise pas l'exhaustivité, présente un certain nombre de sources relatives aux forges comtoises et à la Compagnie des Forges d'Audincourt et Dépendances.
 
 
 
SITOGRAPHIE

Identifiant de l'inventaire d'archives :

a011449480151mdOOg2

Liens