Inventaire d'archives : Déjardin (René), prêtre-ouvrier et militant de la Confédération générale du travail (CGT).

Contenu :

Le fonds est constitué des archives personnelles de M. René Déjardin et donne un aperçu des différentes activités exercées par ce dernier dans de multiples domaines, notamment au sein de la CGT, du conseil municipal de Burbure et de son équipe de prêtres-ouvriers.
Il renferme principalement des notes personnelles, des textes de réflexions, des comptes rendus de réunions, des brochures, revues et coupures de presse.

Cote :

2002 24 1 à 20

Publication :

Archives nationales du monde du travail

Informations sur le producteur :

Déjardin (René)
René Déjardin est né en 1940 a Burbure, d'un père ouvrier très influencé par les idées de la CGT. Il a très tôt la vocation de devenir prêtre-ouvrier et cette idée mûrit a une époque où l'expérience des prêtres-ouvriers est justement remise en cause. Ses origines sociales sont déterminantes dans son choix. C'est ainsi qu'il rejoint les Rédemptoristes en 1960 a Haubourdin et recevra l'ordination sacerdotale en 1967, après de longues études universitaires. Il forme une équipe de prêtres-ouvriers a Calonne-Liévin et s'engage comme ouvrier dans le bâtiment. Dès 1968, il rejoint la CGT et devient secrétaire de son syndicat. En 1976, il devient secrétaire général a la Direction Syndicale de la Construction du Pas-De-Calais. En 1977, il devient permanent régional a la CGT et quitte l'usine. Puis en 1981, il devient permanent national dans le secteur Cadre de Vie de la CGT et siège aux commissions du 1 % Logement. René Déjardin occupera également des fonctions municipales : il est conseiller municipal a Liévin de 1977 a 1984 sur une liste d'Union de Gauche puis premier adjoint a Burbure en 1989 et réélu en 1995.
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Le mouvement des prêtres-ouvriers
La Seconde Guerre mondiale voit l'apparition des prêtres-ouvriers en France. L'Église catholique avait déjà découvert la profondeur de la déchristianisation du monde ouvrier. En effet, la montée de la classe ouvrière est le trait le plus marquant de l'évolution de la structure sociale à la veille de la guerre. La classe ouvrière acquiert au travers des luttes sociales et politiques qu'elle mène, un certain degré de cohésion. Aux yeux des ouvriers et des hommes de gauche, l'Église est une puissante institution favorable aux riches mais totalement fermée aux pauvres.
En 1936, Pie XII condamne le communisme et estime que toute collaboration avec lui de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne ne peut être admise. Les silences de la hiérarchie pendant l'Occupation sur le statut des Juifs contribue au discrédit moral et politique de l'Église dans la classe ouvrière. Si dans la conscience prolétarienne Église et classe ouvrière s'opposent, dans cette même conscience, le Parti Communiste est le parti de la classe ouvrière. Ceci n'est pas sans conséquence sur les relations entre l'Église et la classe ouvrière, compte tenu du soubassement idéologique de l'action communiste qu'est le marxisme. Or le Parti Communiste représente une force incontestable à la veille de la guerre.
La déchristianisation de la classe ouvrière tient donc pour une part des prises de position anti-ouvrières prises par l'Église que ne peut contrebalancer l'action de catholiques d'exception. Comme le soulignait l'abbé Henri Godin, la France était devenue « Pays de Mission ». La conscience de cette réalité conduit le cardinal Suhard, archevêque de Paris, à créer la Mission de France en 1941, puis la Mission de Paris en 1944. Devant le fossé qui existe entre l'Église et la classe ouvrière, des prêtres choisissent de vivre leur ministère en usine. En 1948, la Mission de France affiche à son ordre du jour le mouvement ouvrier. Selon le compte-rendu de la session, une liaison doit être établie entre ce mouvement de l'histoire et le Royaume de Dieu.
Cette approche positive du monde ouvrier conduit de nombreux prêtres à s'engager dans des syndicats, le plus souvent à la CGT, et au mouvement de la Paix. Signe d'un engagement définitif et sans retour dans la classe ouvrière.
Le Nord connaît très tôt le phénomène des prêtres-ouvriers : dès 1946, Jacques Scrépel, prieur du couvent des Dominicains de Lille, fait son apprentissage de fraiseur avec l'accord de l'évêque de Lille, Monseigneur Liénart. Puis il forme avec Bernard Tiberghien, prêtre diocésain qui travaille chez Renault-Billancout, une équipe de prêtres-ouvriers à Hellemmes.
Mais en 1954, Pie XII met fin à l'expérience des prêtres-ouvriers : ils doivent alors quitter leur travail à l'usine. Le séminaire de la Mission de France doit fermer ses portes. Dès lors, articles et romans contribuent à faire du prêtre-ouvrier un personnage pour lequel l'opinion publique se passionne, héroïque pour les uns, fourvoyé selon les autres.
Parmi les prêtres-ouvriers, certains choisissent l'obéissance et arrêtent le travail. D'autres, les « insoumis », continuent discrètement leur activité professionnelle. En 1965, le Concile de Vatican II autorise le retour à l'usine. Souhaitant briser l'image traditionnelle que le monde ouvrier à de l'Église, les prêtres-ouvriers ne sont cependant pas en rupture avec les structures ecclésiales travaillent constamment avec celle-ci. De plus ils sont actifs dans les syndicats et les mouvements associatifs.
 

Informations sur l'acquisition :

Historique de conservation :
Ce fonds est entré en juillet 2002, suite à un don de M. André Lamiaux.

Description :

Mise en forme :
Les dossiers, déjà constitués, ont été reclassés et les pièces identifiées.

Conditions d'accès :

Archives privées.
Fonds communicable et reproductible suivant les délais légaux prévus par le code du patrimoine par analogie avec les archives publiques.
Publiable sur internet

Conditions d'utilisation :

La réutilisation des documents extraits du fonds est gratuite et libre, sous réserve des dispositions relatives aux droits de propriété intellectuelle et au respect de la vie privée (voir les modalités d'application sur le site internet des ANMT).

Description physique :

Importance matérielle :
3

Références bibliographiques :

Andreu, Pierre, Histoire des prêtres-ouvriers, Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1960.
Giard, Jean, Cinquante ans aux frontières de l'Église, Paris, L'Harmattan, 1994.
Loew, Jacques, Journal d'une Mission ouvrière, Paris, Les Éditions du Cerf, 1959.
Leprieur, François, Quand Rome condamne, Paris, Plon, 1989.
Poulat, Emile, Naissance des prêtres-ouvriers, Paris, Casterman, 1965.
Vinatier, Jean, Les prêtres-ouvriers, le cardinal Liénart et Rome, Paris, 1985.
Wattebled, Robert, Stratégies catholiques en monde ouvrier dans la France d'après-guerre, Paris, Les Éditions Ouvrières, 1990.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales du monde du travail

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRANMT_IR_2002_24

Où consulter le document :

Archives nationales du monde du travail - ANMT

Liens