Inventaire d'archives : Secrétariat général du Quai d'Orsay / Dossiers thématiques, 1944-1966

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Présentation du contenu
La nature du fonds d'archives appelle quelques observations. Une première remarque s'impose à la seule lecture du présent inventaire : le fonds ne reflète certainement pas toute l'activité des secrétaires généraux de la IVe République. La correspondance « personnelle » n'y apparaît qu'en de rares occasions[1] et il est vraisemblable que certains dossiers n'ont jamais été versés au bureau d'ordre[2] : aussi n'existe-il qu'un seul volume évoquant les questions de personnel et d'organisation du ministère auxquelles Jean Chauvel consacra de longs mois à la Libération. S'agissant du traité de Bruxelles et du Pacte Atlantique, les archives du Secrétariat général comptaient à l'origine 18 cartons couvrant la période 1948-1950. À une date indéterminée mais postérieure à la constitution même des dossiers, ils ont été intégrés aux archives du Service des Pactes dont ils constituent actuellement les 19 premiers cartons. D'autres dossiers ont-ils subi un sort identique ? C'est bien possible.
Quoiqu'il en soit, la richesse du fonds, le caractère très dense et complet de certains dossiers permettront sans nul doute de combler les lacunes inhérentes aux séries géographiques où les pièces évoquant une négociation sont le plus souvent incomplètes et noyées dans la masse des documents reçus pour information. À la lecture des dépêches, télégrammes et notes, dans leur état préparatoire ou définitif, on peut saisir les intentions du Secrétaire général, les orientations qu'il entend donner dans tel ou tel domaine, ses réactions aussi qui se manifestent parfois par de simples mentions marginales, comme cette réflexion quelque peu impertinente de Jean Chauvel sur le voyage du général de Gaulle à Washington à l'été 1945, « lancé comme un dentifrice »[3].
Ces dossiers sont constitués de plusieurs ensembles : Allemagne, URSS, conférences (CMAE et réunions tripartites ou quadripartites des ministres des Affaires étrangères de 1945 à 1954), plan Schuman, CED, OTAN, désarmement, question de Berlin, Suez, etc.
 
[1] C'est le cas en 1945 entre Jean Chauvel et René Massigli, ambassadeur à Londres.
[2] Pour ce qui est de la courte période durant laquelle René Massigli exerça les fonctions de Secrétaire général, on pourra consulter les volumes 86 à 90 de ses papiers d'agents (fonds 217PAAP). Voir aussi les archives Alexandre Parodi déposées à la Fondation nationale des Sciences politiques, fonds n°41 (Centre d'histoire de l'Europe du XXe siècle-Archives d'histoire contemporaine).
[3] Voir volume 19.
 
SOMMAIRE :
articles 1-5 : Allemagne, 1945-1949
6-9 : Allemagne Réarmement, 1950-1951
10-15 : OTAN, 1950-1952
  • 10-11 : OTAN, 1950
  • 11-14 : OTAN, 1951
  • 15 : OTAN, 1952
16 : URSS, 1944-1950
17-22 : Conférences internationales, 1943-1953
23-28 : Conférences internationales, 1949-1952
29-31 : Conférences internationales, 1953
32-56 : Conseil des ministres des Affaires étrangères (CMAE), 1945-1954
  • 32-33 : 1ère session de Londres, 11 septembre-20 octobre 1945
  • 34-37 : 2e session du CMAE, Paris, 25 avril-12 juillet 1946
  • 37-38 : 3e session du CMAE, New York, 4 novembre-12 décembre 1946
  • 39-40 : CMAE, Conseil des Suppléants, Londres, 13 janvier-6 février 1947
  • 41-42 : CMAE, 4e session, Moscou, 10 mars-24 avril 1947
  • 43-45 : CMAE, Conseil des Suppléants : Commission du Traité avec l'Autriche, 1947-1950
  • 46-50 : CMAE, 6e session, Paris, 23 mai-20 juin 1949
  • 51-55 : CMAE, conférence des Suppléants au Palais rose, 5 mars-21 juin 1951
  • 56 : Réunion des ministres des Affaires étrangères, Berlin, 25 janvier-18 février 1954
57-61 : Plan Schuman, Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, 1950-1953
62-73 : Communauté européenne de Défense (CED), 1950-1954
  • 62-64 : CED I, septembre 1950-mai 1952
  • 65-66 : CED II-Allemagne, janvier 1951-mai 1952
  • 67-69 : CED III, 1952-1953
  • 70-71 : CED IV (du 1er janvier au 18 juin 1954, formation du gouvernement Mendès France)
  • 72-73 : CED V (du 18 juin 1954, formation du gouvernement Mendès France, au 30 août, rejet de la CED par l'Assemblée nationale)
74-77 : Afrique, 1948-1952
78-79 : Accords contractuels, 1951-1955
80 : Textes divers, 1950-1965
81 : Désarmement : textes et documents, 1959-1961
82 : Crise de Suez, 1956-1957
83 : Questions allemandes, 1939-1955
84-85 : Berlin, 1959-1965
86 : Espagne, 1946-1947
87 : Indochine, 1954
88 : Notes et dépêches des postes, 1950-1955
89 : Personnel du Quai d'Orsay, 1945-1955
90 : Service juridique du Quai d'Orsay, 1960-1963
91 : Relations avec le SGDN, 1966
 

Cote :

235QO

Publication :

Archives diplomatiques du MAEE
MAEE

Informations sur le producteur :

France. Ministère des Affaires étrangères. Secrétariat général.
Histoire administrative
De l'activité du Secrétariat général de l'entre-deux-guerres, et principalement de ses deux prestigieux titulaires, Philippe Berthelot et Alexis Léger, il ne reste qu'une dizaine de cartons rescapés des destructions massives opérées le 16 mai 1940 juste avant l'entrée de l'armée allemande à Paris. Les 120 volumes[1] qui couvrent la période 1945-1971 constituent donc le premier véritable fonds d'archives émanant de cet organe au rôle essentiel dans la conduite de la politique étrangère de la France.
Tardivement créé au profit de Jules Cambon par un décret du 30 octobre 1915, le poste de Secrétaire général connut pourtant des débuts difficiles. Dans l'organigramme du ministère des Affaires étrangères, ses attributions n'avaient pas été définies de manière précise et Jules Cambon eut du mal à imposer son autorité tant vis-à-vis du directeur des Affaires politiques que du chef de cabinet. De fait, c'est Philippe Berthelot qui donna à partir de 1920 sa véritable nature à ce poste, exerçant, « sous l'autorité et au nom du ministre, la haute direction de tous les services ».
À la Libération, l'institution fut rétablie par le général de Gaulle au profit de Raymond Brugères. Jugée « superflue »[2], elle faillit tout bonnement être supprimée, d'autant plus que Georges Bidault ne supportait guère les incartades de son Secrétaire général dont il réclama le remplacement. « Prenez Chauvel, c'est celui qui vous donnera le plus de garanties », aurait conseillé le chef du GPRF à son ministre des Affaires étrangères. Conseil surprenant quand on sait que le général de Gaulle n'appréciait guère Jean Chauvel, venu tardivement le rejoindre à Alger. Mais dans un ministère en partie détruit au cours des combats de l'été 1944, il semblait l'homme de la situation. Animateur du « groupe Chauvel », cet organe semi-clandestin qui, à Vichy puis à Paris, avait établi les dossiers préparatoires à la future conférence de la Paix, Jean Chauvel se retrouvait au mois de janvier 1945 le chef d'une administration totalement désorganisée. Aussi s'attacha-t-il à régler en priorité les problèmes de personnel, avec le recrutement et l'admission dans les cadres du ministère d'agents venus d'horizons extrêmement divers. De cette activité, les archives ne gardent hélas que fort peu de traces.
Au cours de cette période de mise en train, il informait chaque matin Georges Bidault, homme peu préparé à assumer les fonctions de ministre des Affaires étrangères. Au bout de quelques mois, des relations de confiance et d'estime réciproque s'étaient établies entre les deux hommes. Le secrétaire général avait retrouvé sa position privilégiée au sein du ministère. Tout autant qu'au cours de l'entre-deux-guerres, la diplomatie française allait donc bénéficier sous la IVe République de la présence à sa tête d'un haut fonctionnaire dont la carrière n'était pas tributaire des bouleversements ministériels. De fait, l'influence du Secrétaire général tendit à s'affirmer ceci d'autant plus que le poste fut successivement confié à quatre fortes personnalités : Jean Chauvel en 1945, Alexandre Parodi en 1949, René Massigli en 1955 et Louis Joxe en 1956. Jean Chauvel et René Massigli étaient tous deux diplomates de carrière, Louis Joxe, agrégé ès-lettres et Alexandre Parodi, conseiller d'État.
C'est en premier lieu dans le domaine de la diplomatie multilatérale que l'action du Secrétaire général[3] s'avéra la plus déterminante avec la préparation et le suivi des conférences internationales qui se succédèrent à un rythme soutenu dans les années d'après-guerre. Fait significatif, le Secrétariat des Conférences, créé en 1945, dépendait directement de lui jusqu'à sa transformation en 1955 en direction des Nations Unies et Organisations internationales. Certes, la complexité grandissante des relations internationales interdisait à un seul homme d'embrasser à lui seul l'ensemble des dossiers, fut-il doué de capacités intellectuelles et de travail hors du commun. Il apparaît que l'action du Secrétaire général se concentra sur les questions européennes[4] et certains types d'affaires dont le caractère nouveau ne s'était pas immédiatement traduit par une adaptation de l'organigramme du Quai d'Orsay. Ce fut particulièrement le cas des questions stratégiques et de défense du monde occidental, d'où la richesse des dossiers relatifs à l'Alliance atlantique, à la CED, au désarmement, aux relations franco-américaines. De même, sa compétence couvrit les domaines où s'avérait indispensable une étroite collaboration entre différents services ; on pense naturellement aux affaires allemandes. Fort logiquement, le Secrétaire général fut à plusieurs reprises le chef de la délégation française au Conseil dit des « Suppléants » qui assurait la continuité entre les sessions du Conseil des ministres des Affaires étrangères. À l'inverse, il ne semble pas avoir pris une part déterminante à plusieurs des grandes questions « extra-européennes » de la juste-après-guerre comme tend à le prouver l'inexistence des dossiers portant sur les affaires du Levant en 1945-1946, l'Indochine, la Palestine ainsi que, au milieu des années cinquante, les indépendances marocaine et tunisienne ou la conférence de Genève.
Aux débuts de la Ve République, le rôle politique du Secrétaire général se vit amoindri de manière notable[5]. Il allait désormais se consacrer avant tout à la coordination des services et aux questions de gestion administrative et budgétaire. Néanmoins, comme le prouve l'abondance de la série des « entretiens et messages », à défaut d'être véritablement associé à la définition de la politique étrangère de la France, il fut de manière quasi-systématique tenu informé des entretiens qui avaient lieu au plus haut niveau à l'Élysée, à Matignon ou chez le ministre.
 
Les Secrétaires généraux du Quai d'Orsay de 1944 à 1966 :
Raymond Brugère : du 21 septembre au 4 octobre 1944.
Jean Chauvel : nommé le 18 janvier 1945.
Alexandre Parodi : nommé le 23 février 1949.
René Massigli : nommé le 5 janvier 1955.
Louis Joxe : nommé le 5 juillet 1956.
Éric de Carbonnel : nommé le 29 juillet 1959.
Hervé Alphand (jusqu'en 1973) : nommé le 7 octobre 1965.
 
[1] Pour faciliter la commande des volumes par les lecteurs, le versement a été divisé en deux fonds ayant chacun sa numérotation propre : les « dossiers » (fonds 235QO), et les « entretiens et messages » (fonds 231QO).
[2] Jean Chauvel, Commentaires, d'Alger à Berne (1944-1952), Paris, Fayard, 1972, p. 46 et s.
[3] On trouvera un descriptif relativement complet des fonctions du Secrétaire général à la page 673 de l'ouvrage Les Affaires étrangères et le corps diplomatique français, tome II, 1870-1980. Paris, Éditions du CNRS, 1984.
[4] On ne trouvera cependant aucun dossier sur la conférence de Messine et les premières années du Marché commun.
[5] Il ne retrouvera vraiment sa place à la tête du Quai d'Orsay qu'en 1981.
 

Informations sur l'acquisition :

Modalités d'entrée
Versement administratif entré aux Archives diplomatiques le 1er novembre 1972.
Historique de conservation :
Historique du versement et de la conservation
Ces dossiers sont entrés aux Archives diplomatiques accompagnés d'un bref descriptif dactylographié. Cet état de versement primitif a été repris en 2001, avec une description enrichie, par Pierre Fournié, conservateur en chef du patrimoine. Celle-ci a été révisée en 2024 par Emmanuelle Jouineau, responsable des fonds du Secrétariat général à la direction des Archives ; ont notamment été ajoutés en fin de classement des dossiers issus de ce versement et qui à l'origine contenaient des documents sensibles (articles 83 à 91), désormais communicables.

Description :

Mise en forme :
Mode de classement
Thématique.

Conditions d'accès :

Conditions d'accès
Selon les dispositions du Code du patrimoine, article L 213-2. Le délai de 50 ans est appliqué pour les documents portant atteinte au secret de la défense nationale, aux intérêts fondamentaux de l'État dans la conduite de la politique extérieure, à la sûreté de l'État, à la sécurité publique, à la sécurité des personnes ou à la protection de la vie privée.

Conditions d'utilisation :

Conditions de reproduction
La reproduction est libre pour les documents communicables dans les conditions prévues par le règlement de la salle de lecture.

Langues :

Français majoritaire.
 

Description physique :

91 articles

Ressources complémentaires :

Sources complémentaires
Voir aux Archives diplomatiques le fonds 231QO : Secrétariat général du Quai d'Orsay. Entretiens et messages, 1956-1971.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRMAE_235QO

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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