Page d'histoire : Avènement de Charles le Téméraire Juin 1467

Philippe le Bon et Charles le Téméraire, extrait du Recueil d’Arras (ms. 266), oeuvre attribuée à Jacques Le Boucq, XVIe siècle, Arras, médiathèque municipale.

 

Le 15 juin 1467 meurt Philippe le Bon, duc de Bourgogne, un des plus puissants et des plus riches princes d’Occident. Servi par ses héritages, son habileté politique et par la chance, il avait placé sous sa domination, dans le royaume de France, le comté de Flandre et le duché de Bourgogne et, dans l’Empire germanique, la Franche-Comté, les duchés de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg, les comtés de Hollande, Zélande, Hainaut et Namur. Les possessions bourguignonnes du nord et du sud étaient disjointes par une large fracture : la Lorraine, ce qui compliquait les communications entre les deux ensembles territoriaux. Le fils de Philippe, Charles, né le 10 novembre 1433, bénéficiait d’une grande expérience des affaires militaires et politiques ; il avait exercé, en l’absence de son père, les fonctions de lieutenant général ; il avait vécu la situation diplomatique compliquée née de la présence du dauphin de France, le futur Louis XI, à la cour de Bourgogne où ce dernier, en conflit avec son père Charles VII, s’était réfugié. Devenu roi en 1461, Louis oubliera l’accueil que lui avait réservé le duc Philippe ! Les pays bourguignons du nord étaient traversés par la « faille » que formait la principauté épiscopale de Liège. Philippe le Bon y avait installé comme seigneur son neveu Louis de Bourbon, individu faible et maladroit qui ne tarda guère à soulever contre lui ses ombrageux sujets… soutenus par Louis XI ! La réaction de Bourgogne fut brutale : les troupes liégeoises seront défaites le 20 octobre 1465 et, quelques mois plus tard, la ville de Dinant-sur-Meuse détruite. En 1468, ce sera au tour de la cité liégeoise elle-même d’être anéantie par le duc Charles. Dès son avènement, en 1467, le nouveau prince bourguignon – d’un tempérament actif, impétueux… téméraire – semble frappé par le sceau du destin. Sa puissance politique et militaire est certes considérable, mais il a pour adversaire un individu retors et sans scrupules : Louis XI. Il n’a pas – et n’aura jamais – d’héritier mâle. Ses États, formés de deux grands blocs, sont séparés par l’espace lorrain. On ne s’étonnera donc pas qu’au terme d’un règne aussi bref que tonitruant le duc Charles ait été tué au combat, le 5 janvier 1477, sous les murs de Nancy, capitale de la Lorraine. Avec lui disparaîtra le rêve bourguignon d’un nouveau royaume édifié entre la France et l’Empire.

Jean-Louis Kupper
professeur émérite à l’université de Liège, membre correspondant de l’Institut de France, membre de l’Académie royale de Belgique.

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  • A l'issue de la bataille de Grandson (1476), la Confédération suisse, victorieuse, pilla le camp bourguignon et en remporta un  fabuleux butin, aujourd'hui exposé au musée du château de Grandson, en Suisse.

Source: Commemorations Collection 2017

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