Alors que l’Allemagne et la Suède disposent depuis longtemps d’organismes puissants de conseil, de placement et de formation , gérés de façon paritaire ou tripartite, la France ne dispose au début des années 1960 que d’institutions publiques de placement aux moyens limités, confiées aux directions du travail et de la main-d’œuvre.

Les années 1966-1967 marquent un changement important. Un rapport du commissaire au plan, François-Xavier Ortoli, sur les conséquences sociales de l’évolution des structures de l’économie, met l’accent sur les réorganisations prévisibles avec la mise en place du Marché commun et les risques d’une augmentation du chômage. Il souligne l’archaïsme du système français d’aide aux chômeurs, la pauvreté et la dispersion des moyens du système public s’agissant de l’aide au placement, à la formation et aux reconversions, et suggère de créer un organisme tripartite, associant l’État, les syndicats et le patronat. L’arrivée au gouvernement d’un jeune secrétaire d’État à l’emploi, Jacques Chirac, hâte le processus de décision : l’Agence nationale pour l’emploi est créée par ordonnance le 13 juillet 1967.

Durant son évolution, l’Agence rencontre des diffcultés liées en partie aux choix de départ. Le ministère du Travail s’est opposé au tripartisme. Hormis l’intégration de l’indemnisation opérée en 2008, les différents moyens d’agir sur le chômage sont restés dispersés. L’ANPE s’est enfin trouvée confrontée à un nombre grandissant de chômeurs, mais avec des moyens beaucoup plus faibles que dans les autres pays européens.

Odile Join-Lambert, professeur d’université

Source: Commemorations Collection 2017