Page d'histoire : Pierre de Fermat Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne), 1601 - Castres (Tarn), 12 janvier 1665

Portrait du mathématicien Pierre de Fermat,
huile sur toile de Roland Lefèvre,
XVIIe siècle, musée d’Art et d’Histoire de Narbonne.
© Musées de Narbonne / Jean Lepage

Grand mathématicien mais également juriste et humaniste averti, Pierre de Fermat oeuvra dans le domaine du droit. Si celui-ci ne lui a pas apporté la gloire, il a été l’élément majeur de toute sa vie. Il est allé s’initier aux rudiments de cette science à l’université des lois d’Orléans spécialisée dans l’étude du droit civil.

Le droit, profession honorable, lui a procuré ses moyens d’existence et surtout le calme et les loisirs nécessaires à l’élaboration et à la méditation de son oeuvre scientifique. L’importance de cette discipline dans sa vie n’a guère souvent été soulignée contrairement à ses théories scientifiques, son style ou sa philosophie ; elle n’en demeure pas moins légitime. Fermat comptait au nombre des avocats toulousains depuis au moins 1627 puis il se tourna rapidement vers la magistrature.

Selon la pratique de l’époque, un magistrat, pour exercer, devait être titulaire d’un office ; la nomination à celui-ci appartenait en principe au roi, mais la vénalité qui s’était progressivement instaurée aux siècles précédents avait conduit le souverain à autoriser le précédent titulaire, ou son ayant droit, à lui présenter son successeur. C’est ainsi que, le 29 décembre 1630, Ysabeau de La Roche, veuve et héritière de feu Pierre de Carrière, de son vivant conseiller du roi en sa cour de parlement à Toulouse et commissaire aux Requêtes du palais, s’engage à fournir à Pierre de Fermat procuration en vue de la résignation de l’office de son défunt époux contre une somme de 43 500 livres.

Conseiller ordinaire, Fermat fut naturellement appelé dans une des deux chambres d’enquêtes du Parlement. C’est à la première qu’il prit séance et qu’il resta plus de quatorze ans. Il abandonna la première chambre des enquêtes vers l’automne de 1652, car son tour était venu d’entrer à la Tournelle, qui formait la chambre criminelle du Parlement.

Cependant, Toulouse n’est pas la seule ville où Fermat ait eu à exercer son activité de magistrat. Chaque année, en effet, un certain nombre de conseillers au Parlement étaient détachés de la Cour et s’en allaient « servir le roi » en la chambre de l’Édit qui se tenait à Castres. Pierre de Fermat fut désigné une première fois, le 29 mai 1638. Sa désignation fut entérinée par le roi le 16 juillet et enregistrée officiellement le 31 juillet. Cette fois-là, il n’exerça qu’un an, mais en tous ses autres séjours il sera l’un des deux conseillers renouvelés. Il revint à Toulouse pour l’année judiciaire 1646-1647.

L’adjonction de la particule au nom de Fermat apparaît avec son entrée au Parlement. Elle figure pour la première fois sur l’acte de son mariage et sur un acte notarié du 28 octobre 1633 le faisant concessionnaire d’une créance de 130 livres.

On ne peut évoquer la vie de Fermat sans prêter une attention particulière à son engouement pour les mathématiques. Au titre de ses précurseurs, six noms s’imposent. Ce sont ceux d’Archimède (géomètre), d’Appolonius (géomètre et disciple d’Archimède), de Diophante (arithméticien), de Pappus (géomètre), de Viète (homme de science et de lettres) et de Bachet de Méziriac (homme de lettres). L’amorce d’une théorie des nombres est sans doute le plus grand titre de gloire de Fermat. Ce sera son oeuvre arithmétique. Roger Huron (1) a rappelé que « les problèmes relatifs aux nombres entiers ou rationnels étaient très à la mode au XVIIe siècle ».

Fermat découvrit notamment des nombres amicaux (2) à cinq chiffres. L’énoncé du grand théorème de Fermat (3) n’a été connu que cinq ans après sa mort. Descartes admettra la pertinence de la méthode de Fermat qui deviendra par la suite le fondement du calcul différentiel.

Fermat a été également un excellent helléniste. Faute de sources, on suggéra avec prudence qu’il a pu recevoir l’enseignement des Jésuites. On sait, en effet, qu’à la fin du XVIe siècle, presque tous les collégiens toulousains avaient une grammaire grecque, la Syntaxis de Varennius. L’influence des Jésuites a pu d’ailleurs s’exercer aussi au niveau de l’enseignement des mathématiques puisqu’une chaire de mathématiques fut créée en 1619 à Toulouse.

Des jésuites toulousains soutinrent que « M. Pierre de Fermat, M. Pascal, M. de Fontenelle, sont des preuves qu’on peut allier la plus belle éloquence avec la plus profonde géométrie ».

Paul Féron
mainteneur de l’Académie des jeux floraux
président honoraire de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse

 

 
1. Mathématicien et ancien directeur du Laboratoire de statistique et de probabilités de Toulouse.
2. Deux nombres sont dits amicaux (ou amiables) lorsqu’en quelque sorte ils échangent leur perfection, la somme des diviseurs de l’un étant égale à l’autre et inversement.
3. Il n’existe pas de nombre entier z tels que : xn + yn = zn, dès que n est un entier strictement supérieur à 2.

 

Voir Célébrations nationales 2001

Source: Commemorations Collection 2015

Personnes :

Féron, Paul

Liens