Page d'histoire : Fondation de l'École française d'Extrême-Orient 26 février 1901

Conservation des manuscrits au Cambodge
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L'origine de l'École française d'Extrême-Orient remonte à la fondation, par arrêté du gouverneur général de l'Indochine Paul Doumer, en date du 15 décembre 1898, d'une Mission archéologique permanente, dont le projet avait été élaboré par des académiciens et approuvé par l'Académie des inscriptions et belles-lettres. C'est à l'Académie que l'arrêté confiait le contrôle scientifique de la nouvelle institution, renommée un an plus tard, par arrêté du 20 janvier 1900, École française d'Extrême-Orient (EFEO) et consacrée dans ses statuts par décret du président de la République Émile Loubet, le 26 février 1901.

Envisagé un moment à Chandernagor, puis établi à Saigon, le siège de l'École fut transféré à Hanoi, avec la plus grande partie des administrations du gouvernement général, en 1902. En 1920, Albert Sarraut, ministre des Colonies, conférait à l'École un nouveau statut, calqué sur celui de l'Institut français d'archéologie orientale (IFAO) du Caire, qui lui reconnaissait la personnalité civile.

Dès l'origine, l'École reçoit pour mission de travailler à l'exploration archéologique, à la collecte des manuscrits, à la conservation des monuments, à l'étude du patrimoine linguistique des régions qui constituaient alors l'Indochine française, mais aussi plus largement de contribuer à l'étude de l'histoire de toutes les civilisations asiatiques depuis l'Inde jusqu'au Japon.

L'École française d'Extrême-Orient étend peu à peu ses installations avec la création, à Hanoi, d'une bibliothèque et d'un musée, puis, à partir de 1907, elle obtient le service public de la Conservation du site monumental d'Angkor, au Cambodge. C'est donc sous la direction des archéologues et des architectes de l'EFEO que sont entrepris les grands travaux de repérage et d'entretien, ainsi que les relevés topographiques et photographiques de l'ancienne cité royale khmère, puis les grands travaux de reconstitution par la méthode de l'anastylose.

Conséquence des événements politiques, l'EFEO est contrainte de quitter Hanoi en 1959, et le Cambodge en 1975. Le siège central, transféré à Paris dès 1956, s'installe en 1968, dans l'immeuble de la Maison d'Asie, 22 avenue du Président-Wilson. L'EFEO modifie alors son type d'implantation. Un centre permanent est ouvert dès 1955, en Inde, à Pondichéry, chargé de recherches en histoire et en indologie, et en 1964 à Pune. À Jakarta, un centre permanent fonctionne depuis la fin des années 1950 et accueille aussi bien des spécialistes d'épigraphie que des archéologues et des historiens. Depuis 1968, à Kyôto, l'Institut du Hôbôgirin, installé dans une dépendance du grand temple Zen du Shôkokuji, accueille des spécialistes de l'histoire du bouddhisme. De même est ouvert à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, en 1975, un centre de recherche pour l'étude des textes anciens du bouddhisme de la région.

L'École poursuit l'élargissement de ses implantations dans les années quatre-vingts avec l'ouverture de centres permanents à Kuala Lumpur (Malaisie) et à Hong Kong. Depuis 1990, elle a rouvert un centre à Phnom Penh et travaille de nouveau sur le chantier d'Angkor ; un accord, signé en 1993 avec les autorités vietnamiennes, a permis de rouvrir le centre de Hanoi. Une convention, signée cette même année, avec les autorités laotiennes, a permis la réouverture d'un centre permanent à Vientiane, tandis qu'une autre, signée en 1994 avec les autorités khmères, confirme la présence de l'EFEO au Cambodge. En 1994 également, de nouvelles antennes ont été installées à Tôkyô et à Séoul. Confirmant sa présence en Chine, l'École crée en 1992 un centre à Taipei, puis en 1997 à Pékin.

Jean-Pierre Drège
directeur de l'École française d'Extrême-Orient

Source: Commemorations Collection 2001

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