Actualité : Le traité de Versailles à travers les archives

Représentation de la signature du traité de Versailles

Le 28 juin 1919, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et les États-Unis signent avec l'Allemagne un traité de paix : la Grande Guerre, dont les combats ont cessé depuis l'armistice du 11 novembre de l'année précédente, est terminée. Longuement préparé par les représentants des pays alliés pendant la Conférence de paix de Paris à laquelle les vaincus et la Russie bolchévique n'ont pas été conviés, le traité est signé symboliquement cinq ans après l'attentat de Sarajevo au chateau de Versailles, là-même où l'empire allemand avait été proclamé après l'humiliation de Sedan, dans une Galerie des Glaces spécialement aménagée pour l'occasion : toutes les délégations, sauf la Chine, sont présentes, assises autour d'un bureau dressé exactement sous la peinture centrale du plafond, Le Roi gouverne par lui-même par Charles Le Brun, qui y a associé une France toute-puissante à une grenade, symbole de l'union des peuples. Des soldats ont été conviés, notamment des Gueules Cassées dont Albert Jugon, placés ostensiblement en face des représentants allemands .

Les préliminaires de la paix
(AD du Cantal, 61 NUM 910)
© AD du Cantal

La rédaction du texte a été laborieuse, chacun des négociateurs poursuivant sa propre stratégie au delà de leur accord commun sur la responsabilité unilatérale de l'Allemagne dans le déclenchement du conflit. Pour Georges Clemenceau, le Père la Victoire, qui dirige la délégation française et préside la conférence, il s'agit d'obtenir des réparations pour une France exsangue après quatre ans d'un conflit meurtrier et d'empêcher un éventuel réveil de la puissance allemande ; le britannique Lloyd Georges veut éviter une suprématie française en Europe et y contrer le bolchévisme, l'américain Woodrow Wilson promouvoir le pacifisme et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et l'italien Vittorio Orlando obtenir les Îles Adriatiques. Malgré leurs divergences, ils imposent au vaincu des dispositions draconiennes : l'Allemagne perd une partie de son territoire et de sa population, dont l'Alsace-Lorraine, voit sa puissance militaire anéantie et la rive gauche du Rhin occupée. Elle doit livrer ses colonies et payer des milliards de marks-or de réparations.

 

M. Wilson signe le traité de paix de Versailles
© AD de la Marne

Le 16 juin, le traité est présenté  au gouvernement allemand qui refuse de signer ce qu'il considère comme un Diktat, mais la menace d'une intervention militaire alliée le contraint rapidement à en accepter les conditions et à le ratifier : à Berlin, on brûle en réaction des drapeaux français et le 21 juin, la flotte allemande se saborde à Scapa Flow pour éviter d'être livrée aux vainqueurs. Le texte signé le 28 juin n'entre en vigueur qu'en janvier de l'année suivante, mais le 14 juillet, on peut enfin célébrer la Victoire : deux millions de personnes suivent le défilé  dans les rues de Paris  pour fêter la fin de la der des der.

 

La signature du traité de Versailles
© AD du Cantal

Le Traité de Versailles et ceux qui le suivront, Saint-Germain-en-Laye, Neuilly, Trianon, Sèvres et Lausanne, ne font pourtant que préparer la prochaine guerre, malgré la création de la Société des Nations destinée à préserver la paix : la disparition des anciens empires provoquent de profonds bouleversements politiques et territoriaux et "la honte de Versailles", "le coup de poignard dans le dos" dénoncés en Allemagne seront bientôt repris par le national-socialisme à la faveur de la crise économique de 1929. L'armée du IIIe Reich n'aura d'ailleurs de cesse, dès 1940, de retrouver l'original du traité, mis à l'abri en Touraine lors de la déclaration de guerre avec celui de Saint-Germain-en-Laye, pour le présenter à Berlin aux dignitaires nazis. Emporté par les Russes à Moscou en 1945, il n'a pas encore été retrouvé.

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