Article : L'héraldique

Arbre généalogique armorié de la famille de Sainte-Colombe

Généalogie de la famille de Sainte-Colombe (détail).

Conçus à l'origine (sans doute à partir du XIIe siècle), pour identifier les combattants pendant la bataille, les motifs portés sur les écus sont rapidement devenus les emblèmes d'individus ou de familles ; ils prennent le nom d'armoiries ou armes.
Lors des tournois, ces armes permettent aux Hérauts d'armes d'identifier et d'annoncer le nom des adversaires. Elles sont compilées dans un catalogue illustré appelé armorial.
Il devient vite nécessaire de savoir décrire les armoiries de façon précise : c'est la science de l'héraldique. Elle veille au respect des règles de création des blasons et en assure la description à l'aide d'un vocabulaire spécifique.
Aujourd'hui encore, des communes, des régions et des particuliers créent leurs blasons.

S'initier à l'héraldique

Blason des ducs de Bretagne. Archives Côte d'Or, fonds Du Parc.
Blason des ducs de Bretagne.
Archives de la Côte d'Or, fonds Du Parc.

L'héraldique est une science complexe. Voici une sélection de quelques notions pour en découvrir les bases.

Forme du blason

Le blason français représente un écu, c'est-à-dire un bouclier. La partie inférieure, légèrement effilée vers le bas, se nomme la « pointe » ; la partie supérieure, la plus large, est appelée le « chef », c'est-à-dire la tête.

Les blasons des femmes et des « filles » (célibataires) sont souvent en forme de losange.

Fille-Losange_DU BUISSON_dhozier.png
Blasons d'Anne et de Marie Anne du Buisson.
D'Hozier, province du Lyonnais,
Bibliothèque nationale de France.

Gauche et droite

Le langage des blasons utilise « dextre » pour désigner la droite et « senestre » pour désigner la gauche. 
Pour le chevalier qui porte l'écu, la gauche est bien à gauche. Mais, pour celui qui le regarde et se trouve en face de lui, c'est l'inverse : le côté gauche de l'écu est à sa droite. 
Dans une description de blason, on se place du point de vue du spectateur : « senestre » signifie donc « du côté droit » !

Partitions de base

Le blason peut se diviser, comme si il avait reçu un coup d'épée. Ces divisions, les plus fréquentes et les plus simples, sont appelées les partitions de base.

  • coup donné dans le sens vertical : le blason est dit « parti »
Blason de
Jean de Brandouy.
L'héraldique
Archives du Tarn, 2016.
Blason de la commune
d'Algans-Lastens.
L'héraldique,
Archives du Tarn, 2016.

 

  • coup donné dans le sens horizontal : le blason est dit « coupé »
    Blason de
    la communauté
    de Lempaut.
    L'héraldique
    Archives du Tarn, 2016.


  • coup donné de droite à gauche : le blason est dit « taillé »
    Blason de
    la communauté
    de Missècle.
    L'héraldique
    Archives du Tarn, 2016.


  • coup donné de gauche à droite : le blason est dit « tranché »
    Blason de la
    communauté de Mézens.
    L'héraldique, Archives du Tarn, 2016.

Brisures

Pour désigner la branche cadette ou la branche bâtarde d'une famille, on modifie le blason d'origine.
Par exemple, au Moyen-Âge, les ducs de Bourbon sont apparentés aux rois de France mais ils n'appartiennent pas à la famille régnante : une bande de gueules (rouge) apposée en travers du blason de France, permet de les identifier.

Portrait d'Isabelle de Bourbon
Isabelle de Bourbon
(1437-1465)

Les couleurs

L'héraldique utilise principalement six couleurs, rassemblées en trois groupes : les émaux, les métaux et les fourrures. 

Les émaux

  • rouge, dit « gueules » en terme héraldique

Blason de Mathieu Farge.
D'Hozier, province du Lyonnais, Bibliothèque nationale de France.



  • bleu, dit « azur » en terme héraldique

Blason de Benoite de Sainte-Colombe.
D'Hozier, province du Lyonnais, Bibliothèque nationale de France.



  • vert, dit « sinople » en terme héraldique

Blason d'Antoine Guayot.
D'Hozier, province du Lyonnais, Bibliothèque nationale de France.



  • noir, dit « sable » en terme héraldique
    blason noir
    Blason d'Antoine Carré. D'Hozier, province du lyonnais, BNF
    Blason d'Antoine Carré.
    D'Hozier, province du Lyonnais, Bibliothèque nationale de France.

Les métaux

  • jaune, dit « or » en terme héraldique

Blason jaune dit "or"

Blason de la communauté de Puycalvel. L'héraldique, AD Tarn, 2016
Blason de la
communauté de Puycalvel.
 L'héraldique, Archives du Tarn, 2016.



  • blanc, dit « argent » en terme héraldique

Blason blanc ou argent

Les fourrures

Modèles de fourrures sur les blasons

 

 

 

 

 

 

  • Hermine : ce terme désigne la fourrure hivernale de l'hermine.
  • Vair : ce terme désigne des clochettes.
Blason de la commune
d'Aucaleuc (Finistère).
Commission nationale
d'héraldique.
Blason de Philibert de La Palud.
Archives de la Côte-d'Or,
Armorial de la confrérie
Saint-Georges.

 

D'autres couleurs sont également utilisées : 

  • carnation (couleur de la chair) ;
  • pourpre ;
  • orangé ;
  • tanné (brun-orangé comme du cuir).

Règle de contrariété des couleurs

  • Émaux : les émaux ne peuvent pas être directement superposés ou juxtaposés entre eux. Il convient d'alterner un émail et métal. 
  • Métaux : les métaux ne peuvent pas être directement superposés ou juxtaposés entre eux. Il convient d'alterner un émail et métal. 
  • Les fourrures échappent à cette règle.

Notons que les exceptions à cette régle sont assez fréquentes : dans ce cas, les armes fautives sont tolérées, mais sont appelées armes à enquerre.

Meubles

Pour personnaliser son blason, on utilise des figures appelées meubles, qui en effet « meublent » l'espace. Elles recouvrent les domaines les plus variés, parmi lesquels :

Animaux

Fourmis. Blason de M. de Souech de Poudeau. L'héraldique, AD Tarn, 2016 <