Notice d'autorité : Debré, Michel (1912-1996)

Lieu :

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  • Amboise (Indre-et-Loire) (lieu)
  • Amboise (Indre-et-Loire , canton) (lieu)

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  • Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire) (lieu)

Lieu général

  • Paris (nomLieu)
  • Paris (France) (lieu)

Activité :

  • parlementaire ( 1/01/1948-31/12/1988)
  • élu ( 1/01/1948-31/12/1992)
  • ministre ( 1/01/1958-31/12/1973)
  • premier ministre ( 1/01/1959-31/12/1962)
  • député ( 1/01/1963-31/12/1988)
  • dirigeant politique
  • écrivain

Histoire :

Michel Debré est né le 15 janvier 1912 à Paris de parents médecins : Robert Debré et Jeanne Debat-Ponsan. Après des études au lycée Montaigne puis au lycée Louis-le-Grand, il entre à l’École libre des sciences politiques, devient docteur en droit et intègre l’École des officiers de réserve de la cavalerie à Saumur. À l’âge de 22 ans, il est reçu au Conseil d’État en tant qu’auditeur. En novembre 1938, il entre au cabinet de Paul Reynaud, ministre des Finances.

Mobilisé en 1939 comme officier de cavalerie, il est fait prisonnier à Artenay en juin 1940, mais parvient à s’évader en septembre de la même année. Il reprend alors ses fonctions au Conseil d’État, puis, d’avril à octobre 1941, travaille comme directeur de cabinet d’Emmanuel Mönick, secrétaire général du Protectorat français du Maroc, où il est plus particulièrement chargé de la surveillance des prix. Dans ses Mémoires, c’est de cette époque qu’il date ses premières actions de Résistance, sous le pseudonyme de Fontevrault puis de François Jacquier. Il appartient au réseau « Ceux de la Résistance ».

Durant l’été 1943, il est chargé par le général de Gaulle d’établir la liste des préfets qui remplaceront, à la Libération, ceux que le régime de Vichy a mis en place. Il rédige ainsi l’ordonnance du 10 janvier 1944 portant division du territoire en commissariats régionaux de la République et création des commissariats généraux de la République.

En août 1944, lui-même devient commissaire de la République de la région angevine. En 1945, le général de Gaulle lui demande de le rejoindre à Paris, sans doute sur les conseils de son directeur de cabinet, Gaston Palewski, que Michel Debré a côtoyé au cabinet de Paul Reynaud à la fin des années 1930. Il est alors chargé d’une mission de réforme de la fonction publique et de recrutement des hauts fonctionnaires : c’est à cette occasion qu’il créé l’École nationale d’administration (ENA), reprenant ainsi un projet imaginé par Jean Zay dans l’entre-deux-guerres. Michel Debré souhaite que le premier concours soit ouvert aux jeunes gens issus de la Résistance ou revenus des camps de déportation et de prisonniers : il se fait nommer directeur provisoire et arrête la liste des candidats à la première promotion de l’ENA. Parmi eux, figurent notamment Jacques Duhamel, Simon Nora, Yves Guéna, Alain Peyrefitte. C’est également l’époque de la création d’une direction de la Fonction publique et la rénovation de l’École libre des sciences politiques. Enfin, le général de Gaulle le charge d’une mission de réforme de la carte administrative pour laquelle il imagine les « grands départements ». Cette réforme, compte tenu du départ du général de Gaulle n’aboutit pas.

Après le départ du général de Gaulle, Michel Debré quitte sa mission et accompagne Emmanuel Mönick, devenu gouverneur de la Banque de France, et Léon Blum, aux États-Unis.

En novembre 1946, il fait sa première tentative en politique : sur les conseils du général de Gaulle, il se présente aux élections législatives à la tête d’une liste dite du Rassemblement des gauches républicaines en Indre-et-Loire. Il s’agit d’un échec à la suite duquel il revient dans l’administration : chargé de mission au commissariat général aux Affaires allemandes et autrichiennes, il a pour tâche de coordonner les études liées au projet de rattachement économique de la Sarre à la France. Lorsqu’en 1947 sa mission prend fin, il devient secrétaire général aux Affaires allemandes et autrichiennes. Mais, en désaccord avec la politique menée par le Gouvernement vis-à-vis de l’Allemagne, il se présente aux élections sénatoriales de novembre 1948 où il est élu au sénateur d’Indre-et-Loire au Conseil de la République. Il entame alors près de quarante-cinq années d’élu de ce département. Il fait du Conseil de la République, où il prend la parole plus de trois cents fois en dix ans, sa tribune contre le système politique issu de la constitution de la IVe République.

Fidèle au général de Gaulle, Michel Debré participe à la mi-janvier 1947, à la création du Rassemblement du peuple français (RPF). Toutefois par fidélité à ses électeurs, il s’inscrit au Conseil de la République au sein du groupe radical puisqu’il a été élu sur une liste bénéficiant du double patronage radical et gaulliste, mais aussi à l’intergroupe gaulliste. Cela n’empêche pas qu’on le considère un moment comme rallié à la IVe République.

Au sein du RPF, il est chargé de présenter au général de Gaulle un projet de gouvernement et entame une réflexion sur les réformes à mettre en œuvre dans le cas où le Général reviendrait au pouvoir.

L’année 1951 marque un tournant pour Michel Debré : il quitte définitivement le parti et le groupe radical au Conseil de la République. C’est également l’année de son élection au conseil général d’Indre-et-Loire dans le canton d’Amboise où il reste élu jusqu’en 1970.

En ces années de construction européenne, Michel Debré s’illustre par son opposition farouche au projet de Communauté européenne de défense (CED) qu’il qualifie, dans plusieurs lettres à Paul Reynaud, de « nouvelle affaire Dreyfus », s’aliénant des amis de longue date tels Raymond Aron ou Georges Bidault. Il était pourtant quelques années auparavant le partisan d’une Europe uniforme, et participa, au côté de Paul Ramadier et François Mitterrand notamment, au Conseil de l’Europe unie, la branche française de l’United European Movement. En 1949, il est également rapporteur du projet de ratification des statuts du Conseil de l’Europe.

Élu en 1952 par le Conseil de la République à l’assemblée parlementaire de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, il est chargé d’élaborer la future Communauté politique européenne (CPE) qui doit chapeauter l’armée européenne prévue par le traité de la CED. Opposé à toute idée de fédéralisme, il y est très isolé. Adoptée mais très vite enterrée avec le projet de CED, la CPE ne voit jamais concrètement le jour. Le combat fébrile qu’il a mené contre le traité de CED a conféré à Michel Debré une forme de reconnaissance politique, y compris au sein du RPF.

L’autre grande question politique qui anime ces années est la colonisation. Héritier d’une vision du monde opposant le monde occidental à l’URSS et ses alliés, Michel Debré se prononce contre la décolonisation et pour l’Algérie française. La présence de la France dans ses colonies est un des instruments de sa grandeur. Il est partisan de réformes dans le sens d’une participation plus grande des élites indigènes à l’administration de leurs pays.

La loi sur les apparentements, qu’il considère comme un truquage électoral destiné à empêcher le retour des gaullistes au pouvoir ainsi que les positions des gouvernants sur l’Afrique du Nord à partir de 1955, consacrent la rupture de Michel Debré avec le régime de la IVe République. À compter de 1957, il ne cesse de réclamer un gouvernement de salut public présidé par le général de Gaulle et créeLe Courrier de la colère, tribune dans laquelle il publie de violents articles tels que « Jusqu’à la guillotine… » en novembre 1957, ou encore « Mourrons-nous du gâchis ? » en décembre 1957.

Dès lors, avec le « groupe des 6 » (Jacques Foccart, Olivier Guichard, Christian de La Malène, René Ribière, Pierre Lefranc et lui-même) il ne cesse d’œuvrer activement au retour du général de Gaulle au pouvoir. En mars 1958, sa campagne pour les cantonales se fait largement l’écho des questions nationales tout comme ses interventions au Conseil de la République.

De Gaulle, devenu chef du Gouvernement, nomme Michel Debré garde des Sceaux, ministre de la Justice. Avec un groupe de constituants, il s’attelle dès lors à la rédaction de la Constitution qui doit être soumise à référendum huit semaines plus tard. Il est unanimement considéré comme le « père » de la constitution de la Ve République. Outre la rédaction de la constitution, Michel Debré conduit plusieurs réformes au ministère de la Justice, dont celles de la carte judiciaire et de la rénovation du statut des magistrats.

Après l’adoption par référendum de la nouvelle Constitution et la victoire des gaullistes aux législatives, il devient le premier homme à occuper la fonction de Premier ministre à compter du 8 janvier 1959, formant un gouvernement majoritairement issu des rangs de l’Union pour la nouvelle République. Il entend exercer pleinement les prérogatives que prévoit pour lui le texte de la Constitution et notamment ses articles 20 et 21 qui attribuent au chef du Gouvernement le choix de celui-ci ainsi que la conduite de l’action du Gouvernement. Il a de nombreux projets – mûris de longue date – afin de rénover la France. Ardent partisan de la présence française en Algérie, il évolue cependant en faveur d’une large autonomie et c’est très fermement qu’il réagit au putsch des généraux le 21 avril 1961. Les autres aspects de son action concernent à peu près toutes les facettes de l’action publique : encouragement et assouplissement du crédit, dissuasion nucléaire, promotion sociale par le mérite, augmentation du budget de la recherche scientifique, création du centre d’études spatiales, loi sur l’enseignement privé, réforme de la Sécurité sociale,etc. Il contribue ainsi à la modernisation de la France.

De 1962 à 1966, il n’exerce plus de fonctions gouvernementales mais n’en est pas moins très actif sur la scène nationale à travers son mandat de député de La Réunion où il est élu pour la première fois en mars 1963. En juillet 1966, il est également élu maire d’Amboise et le reste jusqu’en 1988.

À compter du 8 janvier 1966, Michel Debré succède à Valéry Giscard d’Estaing comme ministre de l’Économie et des Finances. Il le reste durant deux années ponctuées de nombreuses réformes : installation de la mission de rationalisation des choix budgétaires, généralisation de l’assujettissement à la taxe sur la valeur ajoutée des commerçants, artisans et prestataires de services, mise en place des contrats de programme destinés à modérer l’inflation, création de l’Institut national de la consommation, de la Commission des opérations de bourses, des groupements d’intérêts économiques,etc. Dotée d’une conception extensive de son domaine de compétence, il met également sur pied une loi sur la formation professionnelle qui crée le congé formation. En mai 1968, écarté des négociations de Grenelle par Georges Pompidou, il démissionne.

À partir de juin 1968, à la suite du remaniement du gouvernement de Georges Pompidou, il devient ministre des Affaires étrangères et le demeure le mois suivant lors de la formation du gouvernement de Maurice Couve de Murville. Entre autres actions, il réforme la carrière des fonctionnaires, crée une direction des Affaires juridiques, fonde un bureau de prospective, qui deviendra le Centre d’analyse et de prévision, et modifie les rapports entre l’administration centrale et les postes diplomatiques.

Après l’accession de Georges Pompidou à la présidence de la République en 1969, Michel Debré accepte de faire partie du gouvernement de Jacques Chaban-Delmas comme ministre d’État chargé de la Défense nationale. Là encore il met en œuvre de nombreuses réformes et fait notamment paraître, en 1972, le premier Livre banc de la Défense.

Après avoir quitté ses fonctions gouvernementales en mars 1973, Michel Debré reste un parlementaire très actif et participe aux grands débats de son temps. En 1979, il est élu au Parlement européen et un an plus tard il annonce sa candidature aux élections présidentielles de 1981. Il ne recueille que 1,66 % des voix au premier tour et appelle à voter au second tour pour Valery Giscard d’Estaing. En 1988, il ne se représente pas à la députation. En 1989, il quitte la mairie d’Amboise et en 1992 le conseil général d’Indre-et-Loire où il est élu depuis 1951.

Il consacre les dernières années de sa vie à l’écriture : élu le 24 mars 1988 au premier fauteuil de l’Académie française, il rédige sesMémoiresgrâce à ses dossiers de fonction qu’il conserve dans une dépendance de sa propriété de Montlouis-sur-Loire.

Atteint de la maladie de Parkinson, il décède le 2 août 1996 à Montlouis-sur-Loire.

Fonctions gouvernementales

- garde des Sceaux, ministre de la Justice (1er juin 1958-8 janvier 1959) et par intérim ministre de la Reconstruction et du Logement et ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre (3-9 juin 1958)

- Premier ministre (8 janvier 1959-14 avril 1962) et par intérim ministre de l’Éducation nationale (23 décembre 1959-15 janvier 1960)

- Ministre de l’Économie et des Finances (8 janvier 1966-31 mai 1968)

- Ministre des Affaires étrangères (31 mai 1968-20 juin 1969)

- Ministre d’État chargé de la Défense nationale (22 juin 1969-28 mars 1973)

Fonctions électives

- Sénateur d’Indre-et-Loire (7 novembre 1948-1er juin 1958)

- Conseiller général d’Indre-et-Loire, canton d’Amboise (14 octobre 1951-15 mars 1970 et 19 mars 1976-3 avril 1992)

- Conseiller municipal d’Amboise (15 mars 1959-2 juillet 1966) puis maire d’Amboise (2 juillet 1966-24 mars 1989)

- Député de La Réunion (2 avril 1963-14 mai 1988)

- Député européen (1979-1980)

Liste d'élements
  • Biographie
  • Résumé des fonctions électives et gouvernementales

Textes de référence :

  • Journaux officielsdes :

    - 2 juin 1958, p. 5279 : nomination comme garde des Sceaux, ministre de la Justice (décret du 1er juin 1958 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000673471)

    - 4 juin 1958, p. 5333 : nomination comme ministre par intérim de la Reconstruction et du Logement et ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre (décrets du 3 juin 1958 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000492954)

    - 9 janvier 1959, p. 611 : nomination comme Premier ministre (décret du 8 janvier 1959 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000869460)

    - 25 décembre 1959, p. 12335 : nomination comme ministre par intérim de l’Éducation nationale (décret du 23 décembre 1959 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000669997)

    - 9 janvier 1966, p. 268 : nomination comme ministre de l’Économie et des Finances (décret du 8 janvier 1966 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000854915)

    - 8 avril 1967, p. 3515 : nomination comme ministre de l’Économie et des Finances (décret du 7 avril 1967 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000511102)

    - 31 mai 1968, p. 5322 : nomination comme ministre des Affaires étrangères (décret du 31 mai 1968 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000682993)

    - 13 juillet 1968, p. 6659 : nomination comme ministre des Affaires étrangères (décret du 12 juillet 1968 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000510886)

    - 23 juin 1969, p. 6371 : nomination comme ministre d’État chargé de la Défense nationale (décret du 22 juin 1969 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000520463)

    - 7 juillet 1972, p. 7059 : nomination comme ministre d’État chargé de la Défense nationale (décret du 6 juillet 1972 : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000514468)

Sources :

  • Perrier (Jérôme), Michel Debré, Paris, Ellipses, 2010.
  • Samuel (Patrick), Michel Debré, l’architecte du Général, Suresnes, Franel, 2000.

Identifiant :

  • FRAN_NP_009905
  • ISNI 0000 0001 0815 2015

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