Notice d'autorité : Lafayette, Gilbert Du Motier (1757-1834 ; marquis de)

Activité :

  • député

    Député de la noblesse en 1789 ; député de la Seine pendant les Cent-Jours ; député de la Sarthe en 1818, de Meaux en 1827.

  • militaire

    lieutenant en 1773, maréchal de camp en 1782, commandant de la Garde nationale en 1789

Histoire :

Né le 6 septembre 1757 au château de Chavaniac en Auvergne, Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834), perd très tôt ses parents : son père, colonel aux Grenadiers de France, meurt en Westphalie à l'âge de vingt-six ans, tué par un boulet de canon au cours de la bataille de Minden, le 1er août 1759 ; sa mère, Marie Louise Jolie de La Rivière se retire à Paris au palais du Luxembourg et meurt en 1770. Élevé par ses tantes et par sa grand-mère en Auvergne, La Fayette est à douze ans, l'un des plus riches partis de France. Il est envoyé à Paris en 1770 pour parfaire son éducation, il étudie un an au collège du Plessis, suit les cours de l'Académie militaire de Versailles et une formation d'élève-officier à la compagnie des mousquetaires noirs du roi .

A 17 ans, le 11 avril 1774, La Fayette épouse Marie Adrienne Françoise de Noailles (1759-1807), fille du duc d'Ayen, qui lui donnera 4 enfants : Henriette (1776-1778) ; Anastasie (1777-1863), qui épousera en 1798 Juste-Charles de Latour-Maubourg ; Georges-Washington (1779-1849), qui épousera en 1802 Émilie d'Estutt de Tracy ; et Virginie (1782-1849), qui épousera en 1803 Louis de Lasteyrie du Saillant.

Après son mariage, La Fayette entre au régiment de Noailles, qui appartient à son beau-père, d'abord avec le grade de sous-lieutenant, avant d'être progressivement promu au rang de capitaine des dragons. Son chef est le comte de Broglie, ami de son défunt père. Le 8 août 1775, lors d'un dîner offert par le comte de Broglie au duc de Gloucester, frère du roi d'Angleterre, La Fayette découvre le soulèvement des Insurgents (nom que donnent les Anglais aux insurgés d'Amérique, eux-mêmes s'appelant les Patriotes), pour lesquels il prend fait et cause. Il fréquente à Paris des des sociétés de pensée qui débattent de l'engagement de la France dans la Révolution américaine et l'abbé Raynal, franc-maçon de la Loge « Les Neuf Soeurs » et auteur d'uneHistoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, qui est une critique contre le colonialisme et l'esclavagisme. La Fayette aurait été initié, dès 1775, à la loge « La Candeur » et sera reçu franc-maçon par George Washington, en 1777-1778, à la loge militaire « Union Américaine ».

En 1776, La Fayette se met en congé illimité de son régiment et signe à Paris le 7 décembre 1776 son engagement comme major général dans l'armée « américaine » commandée par George Washington. En mars 1777 il achète un bâtiment,La Victoire, pour se rendre en Amérique avec une petite troupe de gentilshommes. Louis XVI, qui pourtant ne voit pas d'un mauvais œil la cause américaine, s'oppose à son départ, et après plusieurs péripéties, La Fayette parvient à s'embarquer le 20 avril 1777 depuis un petit port espagnol. Arrivé à Philadelphie le 27 juillet, il rencontre le 1er août Georges Washington, alors âgé de 45 ans ; la sympathie entre les deux hommes est immédiate et c'est le début d'une longue et profonde amitié. Blessé à la bataille de Branwyne le 11 septembre 1777, La Fayette s'impose par sa sobriété, son mépris du confort, sa générosité, son enthousiasme pour la cause américaine. De retour en France en février 1779, avec une lettre de Washington à Benjamin Franklin, alors ambassadeur des États-Unis en France, pour contribuer à convaincre le roi d’envoyer des navires et des hommes à ses nouveaux alliés, il se fait l'ardent défenseur de la Révolution américaine et des idées nouvelles auprès de l'opinion publique. Il contribue à décider le gouvernement à apporter son aide officielle à la guerre d’Indépendance américaine et repart, officiellement cette fois, le 9 mars 1780 pour l’Amérique, à bord de l'Hermione. Nommé par Washington commandant des troupes de Virginie, il fait sa jonction à Yorktown avec les troupes de George Washington et du comte de Rochambeau, commandant le corps expéditionnaire français de 6 000 hommes. Cet encerclement permet aux alliés franco-américains de remporter, le 17 octobre 1781, la victoire décisive de Yorktown. En récompense de ses services, la Fayette recevra la médaille de Cincinnati et sera fait fait citoyen d’honneur des États-Unis.

Rentré en France au début de l'année 1782, La Fayette est nommé maréchal de camp et continue à entretenir des relations étroites avec Washington et Franklin. Il effectue un nouveau séjour aux États-Unis d'août à décembre 1784 où il reçoit partout un accueil enthousiaste. Il est ensuite accueilli en Prusse, en Autriche et en France en 1785. Pendant cette période il s'intérèsse activement à la cause des Noirs : il achète en 1786 une plantation en Guyane française, la Gabrielle, qui devient le théâtre d'expérimentation de ses idées sur l'émancipation des esclaves ; il adhèrera, dès sa création, à la société des Amis des Noirs fondée par Brissot en février 1788. Durant l'été 1786, il se rend sur ses terres d'Auvergne et prend possession du domaine de Langeac, près d'Aurillac. En mars 1789 il est élu député de la noblesse d'Auvergne pour les États-Généraux alors qu'au même moment Washington est élu président des États-Unis d'Amérique (30 avril 1789).

Le 11 juillet 1789, La Fayette propose à l'Assemblée un projet de Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, emprunté à la déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique, que l'Assemblée ne retient pas (le texte final, après débats, sera voté le 26 août 1789). Le 15 juillet 1789, après la chute de la Bastille, sa popularité entraine son élection comme commandant de la garde nationale qui vient de se former. Il ordonne la démolition de la Bastille et propose aux électeurs de Paris, dès le 26 juillet, la cocarde tricolore. La Fayette se pose d'abord comme l 'instrument de la réconciliation du roi et de la Révolution, en organisant notamment la Fête de la Fédération au Champ de mars le 14 juillet 1790. Mais son rôle à la tête de la garde nationale est difficile à tenir : le roi et la reine ne lui font pas confiance depuis les journées du 5 et du 6 octobre 1789 et leur assignation à résidence aux Tuileries ; ils lui reprochent de ne pas assurer leur sécurité. Partisan du respect des lois et du maintien de l'ordre, La Fayette perd peu à peu son crédit auprès du peuple, surtout après avoir fait tirer le 17 juillet 1791 sur les manifestants du Champ-de-Mars venus demander la déchéance du roi. Partisan du maintien d’une monarchie libérale, il se sépare des Jacobins pour fonder avec Siéyès et Barnave le Club des Feuillants.

Le 8 octobre 1791, La Fayette démissionne de la garde nationale et se retire sur ses terres de Chavaniac en Auvergne, d'où il est rapidement rappelé pour être nommé à la tête de l'armée du Nord, l'un des trois corps d'armée formés en décembre 1791. Après la déclaration de guerre à l'Autriche le 16 avril 1792 il combat les Autrichiens à Maubeuge, Bavay, Sedan. Prenant conscience que la Révolution, avivée par le sentiment national, échappe à tout contrôle et que la vie du roi est en danger, La Fayette envoie le 16 juin 1792 une longue lettre à l'Assemblée législative, où il rappelle son attachement à la liberté et à la souveraineté des peuples, mais aussi à liberté religieuse et à l'intégrité du pouvoir royal.

Après la journée du 20 juin 1792 qui voit l'envahissement des Tuileries par la foule, le général revient à Paris pour défendre ses positions face à l'Assemblée et demander de s'opposer aux factieux et aux Jacobins ; son effigie est brûlée à Paris. Le 10 août 1792 il est décrété d'accusation puis le 19 août déclaré traître à la Nation. Décidé à fuir, il est arrêté par les Autrichiens à Rochefort (Belgique), ; ceux-ci ne voient en lui que le chef de l'insurrection française, et l'internent successivement à Wesel (auj. Allemagne), à Magdebourg (auj. Allemagne) et à Olmütz (auj. Olomouc, Moravie), où sa femme et ses filles viennent le rejoindre en 1795, malgré de terribles conditions de détention. Sa libération fait partie des conditions de la paix du traité de Campo-Formio (19 septembre 1797), mais il n'obtient pas l'autorisation de s'installer en France, autorisation que le général, après un séjour à Utrecht, s'octroie en 1800. Il s'installe alors dans son château de La Grange (auj. Seine-et-Marne) et s'occupe pendant plusieurs années, avec son épouse Adrienne, de reconstituer sa fortune mise à mal par la Révolution. Le général s'isole dans un repli ombrageux, refusant de cautionner le régime napoléonien, et déclinant plusieurs dignités : sénateur, légat de la France aux États-Unis, consul à vie, et la décoration de la Légion d'honneur. Le général La Fayette se rallie en 1814 aux Bourbons ; pendant les Cent-Jours, il est élu à la vice-présidence de la Chambre et fait partie de ceux qui exigent l’abdication de Napoléon.

Sous la Restauration, La Fayette est un tiède soutien des Bourbons, persuadé que ceux-ci vont à l'encontre des libertés acquises. Député de la Sarthe (1818) puis de Meaux (1827), il est toujours à la tête des opposants à la Chambre, il fréquente des sociétés secrètes qui organisent des complots contre le pouvoir, et devient membre de la Charbonnerie.

De juillet 1824 à septembre 1825, La Fayette retourne en Amérique pour une tournée triomphale dans 182 villes. Sa popularité en France est plus haut lors de la Révolution de juillet 1830 : il est nommé le 29 juillet commandant de toutes les gardes nationales de France, se pose en arbitre du départ de Charles X et du choix du nouveau régime pour la France, décline pour lui-même l'offre d'une présidence de la République et offre l'investiture populaire à Louis-Philippe d'Orléans en apparaissant avec lui au balcon de l'hôtel de ville de Paris le 7 août 1830. La Belgique, qui vient de faire sa Révolution, lui propose même la couronne.

Rapidement, les bonnes relations entre le roi Louis-Philippe et La Fayette se détériorent et dès décembre 1830, La Fayette donne sa démission de la garde nationale. Il passe à nouveau les dernières années de sa vie dans l'opposition parlementaire au nouveau régime et meurt le 20 mai 1834 à 77 ans. Il est enterré au cimetière de Picpus, à côté de son épouse Adrienne (+ 1807), dans de la terre d'Amérique rapportée spécialement lors de son dernier voyage.

Sources :

  • Fonds 252 AP.
  • Notice Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_du_Motier_de_La_Fayette
  • Notice d'autorité BnF n° FRBNF11910265

Identifiant :

  • FRAN_NP_050067
  • ISNI 0000 0001 2277 3264

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