Page d'histoire : Création de l’INRIA 3 janvier 1967

L’ordinateur CII 90-80 installé au centre de calcul de l’IRIA, 1969.
© Inria / Photo Dovifat
Après un an de pourparlers et à l’issue de longs débats parlementaires, le projet d’Institut de recherche en informatique et automatique (I.R.I.A.) est adopté par l’Assemblée nationale en décembre 1966. Il est officiellement créé le 3 janvier 1967. Certains députés auraient volontiers vu plus grand. Ils ont d’ailleurs appelé de leurs voeux la création d’un centre national, sur le modèle du CNES. Ils suivent ainsi à la lettre l’avis du Conseil consultatif de la recherche scientifique et technique (C.C.R.S.T.), sollicité par le ministère des Finances, indiquant un effort à faire porter sur l’électronique et les grands calculateurs.
C’est l’avenir de la recherche industrielle qui est en jeu, et l’IRIA naît des mêmes réflexions que l’ANVAR 1 , dans le contexte du plan Calcul. Pour installer cette recherche si cruciale, si nouvelle et si dépendante du monde industriel, on décide que l’Institut, dédié à la science du logiciel, doit être lui-même d’un genre assez nouveau.
Avec peu de moyens financiers et sans aucun ordinateur, la poignée de chercheurs installés sur l’ancien quartier général de l’OTAN à Rocquencourt construit alors le modèle si particulier de l’Institut : petites équipes, agiles, réunies autour d’un leader scientifique pour mener à bien un projet évalué tous les quatre ans. Les ambitions scientifiques (informatique médicale, bioinformatique) et industrielles (défense, automobile, aéronautique) ne se recouvrant pas toujours, le modèle tire sa pertinence de ces frottements. Dès sa création, l’IRIA a une double exigence d’excellence scientifique et de transfert technologique. Il a également une mission programmatique et stratégique et une mission de formation par la recherche. Dès les années 1970, l’éventail des sujets de recherche est large, de la robotique à la prévention des pannes, en passant par la reconnaissance des formes ou le traitement numérique des images. À titre d’exemple, les préfigurations de l’internet mondial sont à l’étude à l’IRIA, au sein du projet Cyclades. Ces premiers travaux valent à l’Institut ses lettres de noblesse, son renom à l’international et… son statut national. L’IRIA devient ainsi l’INRIA en 1979. Au gré des priorités scientifiques et des évolutions rapides de l’informatique, les sujets de recherche se diversifient et couvrent aujourd’hui les principaux champs des sciences du numérique. Le maillage territorial s’est également pour suivi à mesure que l’Institut s’est développé avec la création de centres à Sophia Antipolis en 1983, Nancy en 1986, Grenoble en 1992 et enfin Bordeaux, Lille et Saclay en 2008. L’INRIA compte aujourd’hui 2 700 personnes et environ 180 équipes de recherche. Comme en 1967, l’INRIA vise à mettre l’excellence scientifique au service du transfert technologique et de la société.
Antoine Petit
président-directeur général de l’INRIA
Pour aller plus loin...
- Le ministère de la Culture et l'INRIA ont signé le 12 décembre 2016 une convention-cadre de recherche et de développement (R&D) visant à développer la collaboration entre les institutions culturelles et le monde de la recherche en sciences du numérique. Ils étaient déjà partenaires depuis la création en 2012 de la plate-forme collaborative Semanticpedia, destinée à créer des programmes de recherche et de développement en matière culturelle à partir des données extraites de Wikipédia francophone.
Source: Commemorations Collection 2017