Document d'archives : Correspondances et pièces relatives à la vente des offices d'inspecteurs créés par l'édit de février 1745. - Lettres de...

Titre :

Correspondances et pièces relatives à la vente des offices d'inspecteurs créés par l'édit de février 1745. - Lettres de l'intendant, mémoires et requêtes concernant une contestation entre Gontier, libraire à Montpellier, et le corps des maîtres imprimeurs et libraires de la même ville, ces derniers portant plainte contre Gontier de ce qu'étant leur syndic il a acquis pour son compte un office d'imprimeur dont il devait d'abord proposer l'achat à la communauté. En vertu d'un arrêt du Conseil du 31 mars 1739 le nombre des imprimeurs de Montpellier a été fixé à deux, et il ne peut être augmenté sans l'agrément de la communauté. 1745-1746. - Lettre de d'Aguesseau par laquelle il se prononce contre les prétentions dudit Gontier : « L'establissement des offices d'inspecteurs qui n'a eu pour objet que de procurer de nouveaux secours au Roy dans la conjoncture présente ne peut jamais avoir son effet en entier a l'égard des imprimeurs, par ce que le nombre en est fixé dans chaque ville principale du royaume par plusieurs arrests du Conseil et entr'autres par celuy qui fut rendu sur ce sujet en l'année 1739 ; c'est ce qui fait que l'on a obligé des communautés semblables a celles de Montpellier a achepter ces offices d'inspecteurs pour les reunir a leur corps et c'est aussy le seul bon party qu'il y ait a prendre a l'égard de la communauté des libraires et imprimeurs de la ville de Montpellier ; elle y paroist déjà tres disposée par les offres qu'elle fait de rembourser au sieur Gontier la finance qu'il a payée pour celuy de ces deux offices qu'il a levé, si le sieur Gontier faisoit difficulté d'accepter ces offres vous prendrés la peine de m'en informer, par ce que, dans ce cas, il seroit bien aisé d'y pourvoir par un arrest du Conseil. » 3 février 1746. - Lettre des régisseurs de la régie de Maurice Charvre, par laquelle ils acceptent Batizat pour remplir, en attendant la vente, les offices d'inspecteurs et contrôleurs des marchands et artisans nouvellement créés. 25 février 1746. - Tableau présentant l'état des offices d'arts et métiers dans le diocèse d'Alet, par Amand, syndic de ce diocèse : Alet : « il y a deux boulangers qui ne paitrissent pas deux setiers de bled tous les quinze jours qu'ils vont acheter à Limoux et qui n'y reviennent qu'après en avoir vendu le pain qui en est produit. Il n'y a pas de barbier, il est vray qu'il y a le valet d'un chanoine qui raze de même qu'un cardeur. Il y a une hôtesse qui vit de la mendicité. Il y a un chirurgien sans boutique et qui est toujours à la veille de quitter a cause du peu de travail. Quillan : Le commerce du bois se fait par cinq marchands du dit lieu et par plusieurs étrangers qui l'entreprennent et le quittent bientôt. Il n'y a qu'un particulier qualifié de chamoiseur, qui n'a pas travaillé depuis deux ans et chés qui on ne trouveroit pas de chamois pour une doublure... Il n'y a qu'un seul epicer qu'on qualifie de marchand droguiste, qui n'a aucun fonds et qu'un apothicaire âgé d'environ quatre vingts ans qui est hors d'état de travailler. Quoi qu'il semble qu'il y ait de l'altération dans ses observations on ne doutera pas qu'elles ne soient dictées par la vérité si l'on veut bien faire attention que le diocèse d'Allet est un pais tout de montagnes, extrêmement sujet aux accidents du ciel notamment aux orages de pluye et inondations qui entraînent souvent ce que les fonds de terre ont de meilleur, par conséquent très misérable et peu propre pour le commerce dont il est éloigné par sa position, ainsi le négoce ne sauroit y être fort brillant. Et pour donner une juste idée des quatre prétendues villes de ce diocèse comprises dans le dit état des finances, l'on observe que la citté d'Allet est composée de 98 feux, celle de Quillan de 203, celle de Saint Paul de Fenouilhedes de 169, et celle de Caudiez de 127, ce qui fait ensemble environ six cens feux et qui fait comprendre en même temps et la considération de ces lieux et celle de leur commerce, en sorte qu'on peut dire sans craindre l'hyperbolle que ces villes qui n'en retiennent que le nom ne valent pas a beaucoup près les faubourgs de quelques villes de la province et qu'un seul des négociants des villes de Limoux et Carcassonne fait autant et plus d'affaires qu'on n'en fait à Allet, Quilhan, Caudiez et Saint Paul et dans tout le diocèse ensemble. De tout cela on conclud qu'on n'est pas en ce diocèse dans le cas de cette création : il est vrai que le Roy peut bien créer des offices mais quant a la finance il n'est pas moins vray de dire que de nihilo nihil fit. Il n'est pas hors de propos de rappeler ici en passant ce qu'on a dit anciennement et qui a passé en proverbe dans le pais, Beati qui habitant urbes, exceptis Allet, Saint Papoul et Lombez, en observant que dans cette exception on a donné a la ville d'Alet une juste prééminence. » 19 mai 1747. - État de fixation du prix des offices dans les communautés des marchands : du diocèse de Rieux. Rieux : « Les chirurgiens ne font que des saignées a raison de cinq sols chacune, dont ils sont souvent mal payés ; » 1747 ; - du diocèse de Bas-Montauban. Castelsarrasin : « Les maçons sont au nombre de douze. On voit leur famille mendier et eux-mêmes lorsqu'ils sont dans un âge avancé. Les menuisiers sont au nombre de huit ; ils travaillent quand on leur baille le bois, n'ayant aucun moyen d'en acheter. L'hôpital est leur demeure quand ils sont infirmes ou malades. » 1747. - Requête par laquelle Gros, syndic du Gévaudan, demande à l'intendant de décharger les tisserands de cette province de l'obligation d'acquérir des offices de contrôleurs et d'inspecteurs : « Les habitants du Gevaudan sont pauvres et misérables ; leur misère est connue dans la province de Languedoc et dans les autres provinces voisines auxquelles ils fournissent un grand nombre de servantes, de valets, de bergers, de bouviers, et encore beaucoup de mendiants Ceux qui restent dans le pays sont réduits a manger des châtaignes dans le quartier des Cevennes, du pain d'avoine aux environs de la montagne d'Aubrac, du pain d'orge aux quartiers qu'on appelle terroir du Causse et du pain de segle dans une certaine étendue du pays qui est moins mauvais. Le vin ny est connu que dans dix ou douze endroits et encore n'y a t'il que tres peu de familles qui en fassent usage, tout le reste en est privé et ne boit que de l'eau, la pauvretté les mettant hors d'état de faire porter du vin du Vivarez et des autres diocèses voisins. Les artisants se ressentent nécessairement de la misère du pays ; la classe des tisserants qui devroit ce semble être la plus commode par raport au lanifice est neammoins la plus pauvre ; la raison de cette pauvretté est fort claire, on ne donne que quatre livres a un tisserand pour la façon d'une serge, il employe ordinairement onze jours pour la fabriquer. Le remontrant observe encore qu'on ne donne les quatre livres qu'à Mende, Marvejols et quelques autres lieux principaux, car dans les autres paroisses du Gevaudan on ne paye que trois livres a l'ouvrier pour la façon d'une serge et a proportion pour la façon des cadis et des autres étoffes d'une moindre valeur ; les ouvriers de la campagne qui travaillent pour leur compte sont encore obligés de faire un voyage aux lieux ou se tiennent les marchez pour y vendre leur étoffe et acheter la chaîne, la laine et généralement tout ce qui leur est nécessaire pour travailler, se nourrir et entretenir. Les effets des tisserants consistent en un sceau ou ferrat de cuivre qui leur sert de cruche, un pot de métal pour faire la souppe, une poêle et un ou deux escabeaux ou scelles pour s'asseoir ; ils n'ont point d'autres meubles et un grand nombre couchent sur la paille avec une seule couverture pour toute la famille. Si on doutte de la vérité de ces faits on peut s'en ecclaircir avec les marchands de Montpellier qui commercent dans le Gevaudan ; ils sont instruits de tout ce détail et de la misère des tisserants. Les tisserants du Gevaudan sont hors d'état de payer la finance qu'on leur demande pour l'acquisition des offices de controlleurs et inspecteurs, on ne scauroit tirer d'eux cette somme. Les ventes de leurs ferrais et de leurs marmites suffiront a peine pour payer les fraix des dilligences si on en fait contre eux. » 1747. - Circulaire contenant les instructions de Francain, directeur de la régie I du recouvrement des offices d'inspecteurs sur les arts et métiers à Toulouse, à ses agents. « Je suis persuadé que vous trouverés dans le cœur du peuple cette douce obéissance que le roi doit attendre de ses sujets dans des circonstances où il faut secourir l'État auquel sa majesté ne pourroit accorder une aussi forte protection si les sujets ne lui en fournissoient les moyens ; et c'est une preuve de tendresse et de fidélité que de payer les tributs lors qu'ils sont demandés. C'est a vous a présent de justifier des sentiments qui vous sont personnels en facilitant le recouvrement par tous les moyens que vous pourrés imaginer pour aider le peuple dans le payement de ces impositions. La sage administration qui exige des forces pour les besoins de la guerre nous fait espérer des douceurs prochaines dans le calme d'une paix que la situation heureuse des affaires de la France semble nous annoncer. » 18 avril 1747. - État des corporations d'arts et métiers de Narbonne, au point de vue de la réforme des prix proposés pour l'achat des offices d'inspecteurs, par de Joubert, syndic-général, et Rome, subdélégué à Narbonne : « Les particuliers qui composent les corps des maistres boulangers et pâtissiers sont pour la plupart peu aisés ; il y en a même sur le nombre qui ont peine a vivre. On peut assurer que tous les maitres chirurgiens sont fort pauvres et qu'ils sont hors d'état de payer la taxe. Il n'y a a proprement parler que trois ou quatre hôtes ou traiteurs, tout le reste sont des gargottiers qui donnent a manger aux paisans de la campagne et aux soldats de recreue. Il n'y a que deux orphévres qui travaillent, les deux autres sont pauvres et n'ont aucun fonds. De tout les corps des artisans celuy des perruquiers est le plus pauvre, ils n'ont presque point de travail à Narbonne, et sur le nombre il y en a trois qui ne vivent qu'au moyen des secours des personnes charitables. Il n'y a qu'un tonnelier qui travaille les autres sont pauvres ; il en est de même des cordiers. De trois tapissiers il y en a un qui est mort à la mendicité et l'un des autres est tout a fait misérable. Il n'y a qu'un tanneur qui travaille, les deux autres ne font presque rien. » 28 octobre 1747. - Lettre par laquelle le ministre Machault invite l'intendant à taxer les sculpteurs et les peintres de Montpellier comme les autres corps d'état, les peintres et sculpteurs de l'Académie de Saint Luc à Paris n'ayant pas été exceptés de l'exécution de l'édit. » 8 novembre 1747. - Procès-verbal contenant la plainte portée devant le subdélégué de Nîmes par Pierre André, garçon cordonnier, contre la corporation des cordonniers de cette ville qui exige comme droit d'entrée des nouveaux maîtres la somme de 350 livres. 1er décembre 1747. - Correspondance entre l'intendant, la régie de Charvre et les marchands de Toulouse, concernant la vente des offices d'inspecteurs. 1747.

Cote :

C 2778

Inventaire d'archives :

Intendance de Languedoc

Description physique :

Liasse. - 79 pièces, papier (3 imprimées).

Archives départementales de l'Hérault

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