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Claude Gauvard professeure émérite d'histoire du Moyen-Age à Paris 1, spécialiste de la justice et membre du CNU, partage ses réflexions sur les égo-histoires des médiévistes

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Claude Gauvard, historienne médiéviste spécialiste du moyen-âge, professeure émérite à l'université Paris 1, intervient dans le séminaire “l’écriture de soi des historiens” pour parler du mémoire de synthèse des activités scientifiques (MSAS) de l'habilitation à diriger la recherche (HDR), appelé plus communément égo-histoire. Elle vient témoigner ici de son expérience en tant que jury et garante d'habilitation, puisqu’elle explique n'avoir pas elle même soutenue d’habilitation, ayant fait une thèse d’État en 1989. Pour la présentation au séminaire, elle est donc venue avec deux exemples réussis de MSAS écrits récemment dans sa discipline, celui de Pierre Monnet et de Michelle Bubenicek. Pour évoquer les qualités des historiens, elle utilise étonnamment l’expression de “don pour l’histoire”. Ainsi, selon Claude Gauvard, Pierre Monnet qui a travaillé sur l'information médiévale, a parfaitement expliqué dans sa synthèse son cursus, le choix de sa période et de ses spécialités, évoquant notamment le pont entre l'historiographie allemande et française. Quant à Michelle Bubenicek, grande latiniste, chartiste de formation, qui était très mal à l'aise à l'idée de se mettre en avant dans un mémoire, elle a raconté dans son égo-histoire son parcours atypique: comment elle a laissé une carrière de conservateur contre vents et marées pour s’orienter vers ce qu’elle aspirait réellement et ainsi postuler à un poste de maître de conférence en histoire médiévale. La professeure émérite confie aux historiens du séminaire qu'elle n'aurait pas souhaité elle-même se livrer à un tel exercice, n'aimant pas s'exposer sur la place publique, soulignant que c’est un trait commun chez les médiévistes. En effet, l'égo-histoire est de l'ordre de la transgression pour ces historiens, formés encore plus que les autres spécialités de l'histoire (antique ou contemporaine) à entrer dans l'histoire par les sources, et peu enclins à parler d’eux. Leur formation passe par un apprentissage long des langues anciennes, puis ils sont soumis à des normes de métier qui exigent la modestie. Elle compare alors l’historien à un chercheur de cabinet travaillant au milieu de la poussière. Pourtant, elle montre un vif intérêt pour le projet histinéraire, estimant que ces mémoires de synthèse sont des sources à part entière pour l'historiographie française. Elle souligne qu’il faut toutefois savoir les décoder, les déconstruire, entre “coups de griffe et de chapeau”, car cet écrit reste un exercice académique. Donc, les garants ne doivent pas prendre les compliments au premier degré, d’ailleurs l’historienne montre que généralement cet écrit indispose plutôt les jurys, car il peut éveiller des jalousies. Elle répondra d’ailleurs plus loin dans le débat qu’on en fait rarement l’évocation durant la soutenance, excepté pour desservir un candidat. “Le métier d’historien relevant des savoirs et des luttes”, comme l’avait dit un de ses élèves, Nicolas Offenstadt. Revenant sur l’HDR, le point le plus positif qu’elle retient de ces mémoires d’égo-histoires, c’est qu’ils offrent la possibilité aux chercheurs de se définir, et se positionner eux-mêmes dans l’espace historiographique selon leurs ses spécificités, et permet donc d’aller au-delà des simples étiquettes. Elle illustre son propos en reprenant l’exemple de Michelle Bubenicek avec l’histoire des femmes (gender story), le rapport homme/femme en terme politique, puisqu’elle étudie les femmes au pouvoir. Dans les discussions qui suivent sa présentation, elle revient encore sur les pratiques différentes selon les spécialités des périodes. Elle assimile l’habilitation à une nouvelle thèse d’Etat, puisque ce sont les articles d’érudition et l’inédit qui comptent en médiéval, même si cela n’est pas officialisé. Elle évoque aussi la dérive historiographique dans l’histoire médiévale, montrant que le mouvement actuel néo-positiviste peut à l’extrême paralyser l’écriture. Pour en revenir à l’HDR, Madame le professeur affirme qu’elle a toujours été exigeante sur la qualité des manuscrits, mais qu’elle ne s’est jamais permis de proposer des modifications sur les égo-histoires, par respect pour la personne. Elle délivre en conclusion quelques consignes pour l’écriture de ces mémoires: être plus naturel et authentique, évoquer les influences, et montrer comment on veut faire de l’histoire. La présentation de Claude Gauvard est suivie d’une discussion avec les chercheurs du séminaire.

Cote :

MMSH-PH-5272

Inventaire d'archives :

ANR Histinéraires

Description physique :

Importance matérielle :
Durée : 1 h 25 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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