"C'est l'unique témoignage d'une femme engagée comme Adjointe sanitaire et sociale auxiliare (ASSRA) au camp militaire de Fort-National. D'origine kabyle, l'informatrice raconte les premières relations avec les membres du FLN en 1955 ; tours de garde, ravitaillement. Son mari disparaît en 1958, et le mouvement du FLN se durcit, elle décide alors avec sa cousine de s'engager du côté français pour des raisons de sécurité. Le fort habritera environ 35 femmes qui seront logées, nourries et auxquelles on enseignera le français ainsi que la couture. Elle travaillera comme aide infirmière, se rendant dans les villages avec les ambulanciers. Bien qu'elle serve d'interprête à sa supérieure hiérarchique française, elle ne donne aucun renseignement sur ce qu'elle peut entendre au sujet du FLN. Elle ne s'est jamais sentie menacée et ne se doutait pas que la France allait réllement partir. Elle se remariera avec un harki dont le père et la mère avaient été tué par des membres du FLN. Se souvient du jour où la radio a annoncé le 'cessez le feu'. Son mari ayant été désarmé peu de temps auparavant. Elle se souvient avoir vécu dans la terreur que le FLN trouve son mari caché dans la forêt avec ses collègues. Elle évoque ensuite le chemin de l'exil vers la France ; la vie dans un camp qui ressemble à une prison, des condition de vie difficiles mais qui paraissent plus douces que la mort.

Notes. Il s'agit du premier premier entretien réalisé avec une femme au cours de cette enquête. Elle a été présentée a l'enquêteur par l'AMFRA sous la dénomination de "harkette", ce qu'il interprète comme une femme ayant porté les armes. L'entretien avec cette informatrice est intéressant à plus d'un titre, notamment car il montre la raison pour laquelle une femme passe du côté français, thématique rarement abordée dans les ouvrages. Intimidée au début de l'entretien, elle prend de l'assurance au fur et à mesure qu'elle décrit son action.