Stéphane Gal, né d’une famille savoyarde, s ‘initie à l’histoire à travers les objets et récits du
passé, contés lors des veillées ou visites aux anciens de la famille. Au lycée, son professeur
d'histoire, Serge Cattet, éveille en lui une passion pour l’enseignement. Il décide donc après
le bac, d'étudier l’histoire dans une grande ville, et s'inscrit à l’Université Jean Moulin à
Lyon. L'université lui ouvre de nombreuses perspectives, il fait d'abord une maîtrise en
histoire contemporaine sur les missionnaires de St François de Salle à Visakhapatnam aux
Indes, avec Claude Prudhomme. Il explique que le travail paléographique sur ces
correspondances le conduira un peu plus tard vers l’histoire moderne. Il obtient en 1992, à la
fois le Capes et l'agrégation d'histoire, mais fait son service militaire, avant de partir en
stage à l'IUFM de Grenoble. Il est ensuite muté dans un lycée à Pont-de-Chéruy, en zone
d'éducation prioritaire, période dont il garde un très bon souvenir. Il découvre la recherche
durant son DEA, où il étudie le miracle au XVIIe siècle, sous la direction de l'historien Denis
Crouzet, de Lyon 3. À partir de 1994, le jeune enseignant est parallèlement chargé de cours à
l’université de Grenoble 2, puis attaché temporaire d'enseignement et de recherche auprès de
René Favier, spécialiste d'histoire urbaine de la France d’Ancien Régime. Avec ce dernier, il
prépare son doctorat et travaille cing ans sur les guerres de religions. Il soutient sa thèse «
Grenoble au temps de la Ligue : étude politique, sociale et religieuse d’une cité en crise » en
2000. Après son doctorat, il est nommé maître de conférences d'histoire moderne à Grenoble.
À l’université, il s’investit dans les projets d'accompagnement des étudiants, comme le « plan
réussite licence », participe activement à l'UFR et devient directeur adjoint du département.
En 2011, il soutient à Paris IV son habilitation à diriger des recherches, Vies, cultures et
sociétés en temps de guerre au XVIe siècle et au premier XVIIe siècle : France-Dauphiné-
Savoie-Piémont avec Denis Crouzet comme référent. Il se plait à écrire l’ego-histoire qu'il
perçoit comme un exercice introspectif à la Montaigne, mais témoigne dans l'entretien d'une
incompréhension face au dysfonctionnement du système universitaire, puisqu'il est
aujourd'hui encore sur un poste de maître de conférence HDR qualifié. Pour ses recherches,
il travaille sur plusieurs personnalités politiques de la région comme Louis Revol, Ennemond
Rabot d'Illins, le duc François de Bonne Lesdiguières, ou encore Charles Emmanuel I, qui
font l’objet de publication individuelle ou collective. À travers ces biographies, l'historien
évoque sa passion pour la période des guerres de religion, époque de confusion qui lui
permet d'étudier des personnages riches et complexes, en soulevant des questions d'identités
et de territoires. Membre du laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), il
pilote actuellement dans le cadre du Labex « Innovation de Territoire de Montagnes »
(ITEM) le projet TéLiMep : Territorialité, Liminalité et Métropolisation Périphériques,
programme de recherche visant à analyser sur un temps long et de manière pluridisciplinaire,
les transformations de la montagne autour des dynamiques territoriales et des processus
d'identités montagnardes. L'historien nous parle aussi avec enthousiasme des projets
patrimoniaux qu'il conduit avec des acteurs du territoires, auprès d'associations et dans des
musées, et défend le rôle des chercheurs dans la médiation scientifique. Pour finir l'entretien,
Stéphane Gal répond qu'heureusement il n'a pas fait de carrière militaire, quand bien même
il y avait songé. S'il n'avait pas été historien, il aurait peut-être été musicien ou moine.