Daniel Guérin ayant pris contact avec François Mauriac (animateur du Comité France-Maghreb de 1953-1954) dès la Toussaint 1965, le Comité pour la vérité sur l’affaire Ben Barka est né publiquement en janvier 1966 suite à un « appel » initié par l’association France-Maghreb et lancé dans la presse par 16 personnalités prestigieuses issues des milieux politiques, culturels et scientifiques (dont Louis Aragon, Robert Buron, René Capitant, René Cassin, Maurice Clavel, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Jean Guéhenno, François Mauriac — qui se désolidarisera de cet appel quelques jours plus tard —, Jacques Monod, Jean Rostand, Alain Savary, Laurent Schwartz).

« Très vite, le comité rassembla une large poignée de redresseurs de torts, plusieurs d’entre eux en provenance du gaullisme. Le mauvais coup perpétré, en plein Paris, en plein midi, par des policiers de divers acabits, apparemment couverts par leurs supérieurs en même temps que téléguidés de l’étranger, c’en était vraiment trop. Notre comité allait faire la vie dure aux plus hauts responsables. J’assurai les modestes taches de son fonctionnement matériel : convocation des réunions, des conférences de presse, diffusion d’innombrables appels, déclarations, pétitions et communiqués, représentation du comité aux séances du premier procès (séances interminables et scandaleuses), publication hebdomadaire dans le journal Combat de véhéments comptes rendus des débats. Puis le 29 octobre des années suivantes, la tenue de réunions commémoratives. Plus tard, j’aidai à la collecte des archives judiciaires et de celles du comité, qui furent confiées à la Fondation nationale des sciences politiques. En même temps j’activai les commissions qui rédigèrent le deuxième et le troisième Cahier du comité consacrés à l’affaire Ben Barka » (extrait de l’Avant-propos de Daniel Guérin à son ouvrage Ben Barka, ses assassins : seize ans d’enquête, Paris, Plon, 1981, pp. 12-13  ; ouvrage consultable à la contemporaine, conservé en deux exemplaires, cotes O 142519 et O 171047).